Caligula est une pièce de théâtre écrite par Albert Camus et publiée pour la première fois en 1944. Elle a été commencée en 1938 et a fait l’objet de nombreuses retouches avant sa publication. La pièce de cet auteur français se compose de quatre actes. Découvrons ensemble cette pièce du XXème siècle.
Résumé détaillé scène par scène de la pièce Caligula d’Albert Camus
ACTE 1
Scène 1
Les patriciens de l’Empire de Rome sont inquiets par rapport à l’absence de Caligula. Ce dernier vient de perdre son amante et sœur, Drusilla. Hélicon suggère que l’idée de l’absence de Caligula pourrait être différente de ce que pensent les patriciens. Dans cette scène, les patriciens ne sont pas différenciés par des noms.
Scène 2
Scipion arrive et précise à Cherea qu’il ne trouve pas Caligula. Celui-ci a touché sa sœur et amante Drusilla lorsqu’elle est morte. Il a réfléchi puis il est parti. Depuis, impossible de lui tomber dessus. Les patriarches pensent à le remplacer s’il ne le trouve pas, mais ils admettent que ce Caligula était parfait. Il compte lui faire entendre raison. Lorsque le Premier Patricien évoque un possible coup d’Etat, Scipion sort offusqué par ce qu’il a entendu. Un garde arrive pour dire qu’on a vu Caligula au jardin du palais. Tout le monde sort.
Scène 3
Caligula entre furtivement. Il a l’air perdu et sale, avec les cheveux mouillés et les jambes souillées. Il porte la main à sa bouche et semble grommeler des paroles indistinctes. Il s’assoit à droite, les bras pendants entre les genoux écartés. Hélicon entre et observe Caligula en silence avant de s’arrêter à l’extrémité de la scène. Caligula se retourne et le voit, et il y a un temps de pause avant que quelque chose ne se passe.
Scène 4
Hélicon et Caligula s’entretiennent ensemble. À la mort de son amante et sœur, Drusilla, Caligula avait besoin de tester ses limites en obtenant l’impossible. Il voulait la lune, mais il n’a pas réussi à l’obtenir. Ils entendent des personnes arriver. Caligula s’enfuit en demandant à Hélicon de l’aider. Ce dernier lui dit qu’il fera de son mieux.
Scène 5
Hélicon ment quand il dit qu’il n’a pas vu Caligula. Caesonia, la vieille maîtresse, n’est pas dupe et lui demande ce que Caligula lui a dit. Hélicon précise qu’il n’est que son spectateur. Il ajoute que Caligula n’a pas compris quelque chose. Lorsqu’il le comprendra, tout ira pour le mieux.
Scène 6
Scipion et Caesonia discutent ensemble. Caesonia sait que Caligula était amoureux de Drusilla et que sa perte doit lui être douloureuse. Elle compte prier son corps pour que Caligula lui revienne. Caligula revient.
Scène 7
L’intendant explique à Caligula qu’il doit se pencher sur des questions relatives au Trésor public. Caligula s’assure que son intendant lui est fidèle et il demande à tous ses patriarches de sortir. Il souhaite s’entretenir avec lui sur un plan qu’il souhaite réaliser pour “bouleverser l’économie politique en deux temps”.
Scène 8
Dès cette scène, on se rend compte que Caligula a été profondément attaqué par la perte de Drusilla. D’un “parfait empereur” bon et juste, il se montre tyrannique. Il souhaite s’arranger pour que tous les patriarches qui disposent d’une grande ou petite fortune déshéritent leur enfant en faveur de l’Etat. Il compte également annoncer, de manière arbitraire, leur exécution à tour de rôle.
Scène 9
Scipion lui dit que ce qu’il demande est impossible. C’est justement ce que souhaite Caligula. Rendre possible l’impossible. Il prend conscience que son pouvoir n’a pas de limites et il veut en disposer. Cherea entre.
Scène 10
Caligula demande à Cherea de partir. Il n’aime pas les littérateurs qu’il estime être des menteurs. Il se rend compte qu’à part lui, personne n’est libre et il compte leur enseigner la liberté. Il demande à Scipion et à Cherea de partir. Les deux s’en vont et Caligula leur tourne le dos.
Scène 11
Caligula exprime ses états d’âme. Il est obsédé par son pouvoir absolu et sa liberté illimitée, ce qui le pousse à poser des gestes tyranniques, comme ordonner l’exécution de jeunes innocents. Sa maîtresse, Caesonia, essaie de l’avertir contre la notion de l’hybris, ou démesure, qui peut faire perdre leur humanité aux personnes occupant une position très élevée, mais Caligula refuse de l’écouter et oblige même Caesonia à devenir sa complice dans de futurs actes immondes.
ACTE 2
Scène 1
Les patriarches sont chez Cherea, un homme de lettres. Ils se sentent humiliés. Caligula a usé de son pouvoir pour les destituer. Il a même été jusqu’à tuer le père de Scipion. Ils souhaitent se venger de Caligula. Cherea entre.
Scène 2
Cherea leur indique qu’il est encore trop tôt pour confronter Caligula. Ils doivent encore patienter, que la folie de l’empereur soit à son paroxysme et qu’il n’y ait autour de lui que des cadavres et des morts. À ce moment, seulement, ils pourront agir. Les patriarches acceptent d’attendre.
Scène 3
Caligula et Caesonia entrent avec Hélicon et des soldats. Caligula examine les conjurés en silence, arrange leur coiffure et les contemple avant de sortir sans dire un mot.
Scène 4
La pièce de chez Cherea est en désordre, Hélicon suggère que tout soit bien ordonné avant l’arrivée de Caligula. Le vieux patricien se demande ce qu’ils lui ont fait. Hélicon lui explique qu’ils ne sont rien pour Caligula, que des êtres insignifiants. Toutefois, il leur rappelle qu’ils ont cherché à conspirer contre lui.
Scène 5
Caligula arrive chez Cherea et lui dit qu’il compte manger chez lui. Il exige que les sénateurs soient les esclaves pour lui servir sa nourriture. Caligula se tient mal à table et fait ce qu’il lui chante. Caligula voit Lepidus de mauvaise humeur. Il lui demande si c’est parce qu’il a tué son fils. Celui-ci que ce n’est pas le cas. Ce mensonge amuse Caligula qui invente une histoire dans laquelle il raconte la mort du fils de Lepidus. Puis il souhaite que tout le monde rit de son histoire. Tout le monde s’exécute. Caligula demande à Mucius, qu’il traite de femme, que son épouse soit présente à ses côtés. Puis il leur fait savoir qu’il était au courant de leur manigance pour le renverser. Il se dit que c’est sans importance étant donné qu’ils ne sont pas assez courageux puis il s’éclipse dans la pièce voisine avec la femme de Mucius prétextant qu’il a des affaires d’Etat à régler.
Scène 6
Mucius souhaite partir, mais il est retenu par Caesonia qui lui demande du vin. Celle-ci demande à Cherea pourquoi ils se sont battus. Ce dernier ment en expliquant qu’ils ont débattu sur le point de savoir si la poésie pouvait être meurtrière ou non. Cela amuse Caesonia.
Scène 7
Caligula revient et rend son épouse à Mucius avant de repartir.
Scène 8
Caesonia prétend que Caligula est parti réaliser un grand traité qui pourrait déplaire aux patriarches puisqu’il se nommera “Le Glaive”.
Scène 9
Caligula revient et demande à l’intendant que les greniers soient fermés. L’intendant précise que cela entraînerait la famine. Caligula le sait et il se sent puissant de pouvoir arrêter ce fléau quand il le voudra. Il parle de la jalousie et fait des allusions à la femme de Mucius avec laquelle il s’est absenté. Mucius serre les poings. Caligula demande à Hélicon qu’il leur lise un petit passage de leur traité sur l’exécution. Cela fait rire Caligula. Ce dernier demande à ce que tout le monde sorte sauf Caesonia, Lepidus, Octavius et Mereia.
Scène 10
Caesonia s’entretient avec Cherea concernant un titre honorifique aux citoyens qui viendraient le plus souvent chez Caligula. Ceux qui seront venus le moins souvent seront, à leur guise, exilés ou exécutés. Caligula, qui s’était endormi, se réveille au moment où Mereia boit une petite fiole qu’il a tirée de sa poche. Caligula s’emporte et croit que celui-ci, persuadé que son empereur allait l’empoisonner, buvait de l’anti-poison. Merei lui assure que c’est un produit pour son asthme, mais Caligula ne veut rien savoir. Il lui fait boire du poison et Mereia meurt. Caligula tend la fiole de Mereia à Caesonia et lui demande ce que c’est. Celle-ci lui affirme que c’est un produit contre l’asthme. Caligula se fiche de la mort injuste de Mereia étant donné qu’il devait mourir de toute façon. Il sort de la pièce.
Scène 11
Lepidus est atterré et se demande ce qu’ils doivent faire. Caesonia suggère de mettre le cadavre ailleurs qu’ici. À part, Lepidus suggère à Cherea qu’ils doivent vite s’occuper de Caligula. Pour Cherea, ils ne sont pas assez nombreux.
Scène 12
Caesonia s’entretient avec le jeune Scipion. Ce dernier souhaite la mort de Caligula et le fait clairement comprendre à Caesonia. Cette dernière relate la mort du père de Scipion afin qu’il puisse comprendre la douleur de Caligula puis elle part laissant Scipion complètement désemparé. Hélicon entre dans la pièce.
Scène 13
Hélicon invite le jeune Scipion à manger et lui explique qu’il sait que Caligula a tué son père. Il lui apprend que Caligula ne verrait pas d’un mauvais œil le fait qu’il pourrait le tuer. Hélicon sort et Caligula entre.
Scène 14
Caligula et le jeune Scipion ont un dialogue qui montre qu’ils ne sont pas disposés à se comprendre ou à écouter l’autre. Ils ont des points de vue divergents, Caligula se définissant comme “pur dans le mal” alors que Scipion est “pur dans le bien“. Malgré une réconciliation, Caligula réalise qu’il ne peut plus éprouver d’amitié pour quiconque et ne ressent plus que du mépris. La fin de l’acte 2 est donc pessimiste.
ACTE 3
Scène 1
Avant le début de la scène, il y a du bruit de cymbales et de caisses. Quand le rideau s’ouvre, on voit une sorte de parade foraine avec une tenture au centre et Hélicon et Caesonia sur une petite estrade. Il y a des cymbalistes de chaque côté et quelques patriciens et le jeune Scipion assis sur des sièges tournant le dos aux spectateurs.
Caligula, déguisé en Vénus de manière grotesque, apparaît avec les patriciens. Il les oblige à réciter une prière moqueuse qui pourrait être considérée comme une parodie religieuse. Caligula joue avec les patriciens comme s’il s’agissait de marionnettes.
Scène 2
Le poète Scipion est choqué que Caligula blasphème les dieux, même s’il ne croit pas aux dieux pour autant, mais Caligula lui répond qu’étant donné qu’il jouit d’une liberté absolue, il peut prétendre être un dieu et décider du sort de ses sujets.
Scène 3
Hélicon essaie de mettre en garde Caligula contre les dangers du complot qui est en train de se tramer contre lui. Néanmoins, Caligula ne l’écoute pas et exige qu’Hélicon lui apporte la lune afin de rendre possible l’impossible. Caligula semble plus préoccupé par le vernis rouge qu’il applique sur ses ongles ou son idée de décrocher la lune que du complot qui se trame.
Scène 4
Le vieux patriarche vient voir Caligula pour l’avertir qu’un complot vise à le tuer. Caligula pense que tout cela est faux. En effet, pour Caligula, le vieux patriarche n’est pas un homme déloyal et si un complot se tramait réellement contre lui, il n’aurait jamais trahi ses amis. Pour Caligula, tout ça n’est qu’une bonne plaisanterie. Caligula lui demande de partir. Pendant toute la scène, Caligula appelle le vieux patriarche par des adjectifs féminins.
Scène 5
Caligula demande à un garde qu’on lui amène Cherea. Pendant ce temps, Caligula se rend bien compte qu’il y a de moins en moins de monde et qu’il a tué de nombreuses personnes, mais il souhaite aller jusqu’au bout. Il compte rendre possible l’impossible.
Scène 6
Caligula son désir de mettre fin à la comédie qui se joue. Il s’attend à être condamné à mort pour sa trahison, mais Caligula surprend tout le monde en détruisant la tablette de cire portant l’inscription de la trahison. Cet acte transforme l’atmosphère comique en une atmosphère tragique où Caligula semble finalement accepter son destin.
ACTE 4
Scène 1
Cherea demande à Scipion de les aider, mais celui-ci ne peut pas conspirer contre Caligula prétextant qu’il se ressemble trop. Cherea souhaiterait tuer Caligula pour ce qu’il a fait de Scipion.
Scène 2
Hélicon vient dire à Cherea que Caligula va venir. Il demande également à Scipion de sortir. Cherea prit Scipion de comprendre, mais celui-ci ne veut pas et sort.
Scène 3
Le premier patricien et le vieux patricien sont arrêtés par les gardes. Ils attendent d’être torturés.
Scène 4
Cherea s’assit auprès du premier patriarche et du vieux patriarche. Les deux derniers ont peur. Ils se disent qu’ils auraient dû agir avant. Que tout est trop tard. Cherea s’en rend compte.
Pendant que le vieux patriarche tente de s’échapper, deux gardes le retiennent de force après l’avoir giflé. Pendant ce temps, Caligula fait une entrée théâtrale en robe de danseuse et en mimant des gestes ridicules, avant de disparaître derrière le rideau. Caesonia, qui est entrée discrètement, annonce alors que le spectacle est terminé. La scène se termine sur une note comique, mais avec une tension sous-jacente due à la situation du vieux patriarche et à la présence menaçante des gardes.
Scène 5
Caesonia arrive pour leur demander ce qu’ils ont pensé de la danse de Caligula. Ceux qui ne répondront pas auront la tête coupée. Tous les trois répondent à tour de rôle pour avoir la vie sauve.
Scène 6
Hélicon est amusé d’entendre le mensonge de Cherea qui prétend que la danse de Caligula est “du grand art”. Hélicon précise qu’il aime son maître et que s’il est aujourd’hui au-dessus d’eux, c’est grâce à Caligula. En effet, Hélicon était un esclave que Caligula a affranchi.
Scène 7
Cherea se retire pour aller chercher du monde afin d’affronter Caligula. Les deux patriarches restent seuls à leur sort.
Scène 8
Les patriciens entrent en scène. Ils demandent ce que leur veut Caligula. Le premier et le vieux patricien leur parlent de la danse effectuée par Caligula. Le premier patricien sort pour rejoindre Cherea.
Scène 9
Caesonia vient pour annoncer que Caligula est mourant. Cassius, le troisième patriarche, implore Jupiter de prendre sa vie à la place de la sienne. Caligula n’est pas mourant, ce n’est qu’une mise en scène et lorsque Cassius explique qu’il veut échanger la vie contre la sienne, il le prend au mot et ordonne son exécution. Cherea arrive et Caligula ordonne à Caesonia de jouer son rôle.
Scène 10
Caesonia annonce à Cherea que Caligula est mort à la suite de sa danse. Cherea ment en disant que c’est un grand malheur. Caligula entre en scène et félicite Cherea. Avant de repartir, il dit à Caesonia : “N’oublie pas ce que je t’ai dit”.
Scène 11
Caesonia apprend aux patriarches ainsi qu’à Cherea que Caligula n’est pas malade, mais qu’il souffre profondément. Elle leur explique ce qu’il a décidé de faire : “une composition improvisée sur un sujet donné”. Il a désigné certains poètes pour réaliser cette composition, dont Metellus et Scipion. Metellus prétend qu’ils ne sont pas prêts. Caesonia leur explique qu’il y aura des récompenses et des punitions.
Scène 12
Caligula ordonne à ses patriciens de participer à un concours de poésie sur le thème de la mort, avec un délai d’une minute pour rédiger leur poème. Ils s’exécutent, mais Caligula arrête le concours avant que le temps ne soit écoulé, rejetant toutes les poésies sauf celle de Scipion, qui traite des leçons de la mort. Caligula estime qu’il est trop jeune pour comprendre les leçons de la mort. Cette scène met en scène l’arbitraire et l’absurdité de la volonté de Caligula, qui joue avec la vie et la mort de ses sujets.
Scène 13
Scipion choisit de s’exiler et s’en va en disant adieu à Caligula. Ce dernier finit par rejeter Caesonia. Durant leur échange, Caligula finit par tuer Caesonia en l’étranglant. Il avait compris que l’amitié ne donnait pas de sens à sa vie. En tuant Caesonia, il réalise également que l’amour ne lui permet plus non plus.
Scène 14
Caligula, plongé dans la solitude devant son miroir, réalise qu’il a emprunté la mauvaise voie et que l’exercice d’une liberté absolue ne peut pas triompher de la mort inévitable de chaque humain. Il accepte finalement sa propre mort. C’est alors que les patriciens le tuent en lui plantant un couteau dans le dos, mettant ainsi fin à sa vie et à son règne tyrannique.
Présentation des personnages principaux
Caligula, Caïus, dit “César” est l’empereur romain qui, après la mort de sa sœur et amante, Drusilla, a été désillusionné par le monde et a cherché à se rebeller contre lui en exerçant un pouvoir sans limite. Il a tenté de rendre l’impossible possible grâce à son intelligence, ses capacités d’argumentation et sa manipulation.
Caesonia était la maîtresse, plus âgée, de Caligula. Après la mort de Drusilla, elle a essayé d’aider et de comprendre Caligula, qui n’avait pour elle que de vieux sentiments d’affection. Tout au long de la pièce, elle espère guérir Caligula.
Hélicon était un esclave qui fut libéré par Caligula et devint son confident et son serviteur personnel. Il était fataliste et mourut en essayant de sauver Caligula.
Cherea est un homme de lettres qui fait preuve de courage en tentant de comploter contre Caligula dans son dos. Bien qu’il ait été impliqué dans ce complot avec les patriciens, il ne les aiment pas particulièrement. Il est en désaccord avec Caligula sur des opinions philosophiques plutôt que sur des questions politiques. Il en veut également à Caligula d’avoir contribué aux changements de Scipion.
Le jeune Scipion est un jeune poète qui, au départ, hait Caligula pour avoir tué son père. Cependant, lorsqu’il se rend compte que Caligula et lui partagent les mêmes pensées, sa haine disparaît et ils se réconcilient. Lorsque Caligula sombre dans la folie, Scipion décide d’abandonner la conspiration visant à le tuer et choisit de s’exiler.
Les patriciens (Lepidus, Mereia, Metellus, Mucius, Octavius, etc.) sont la cible de Caligula. En raison de leur nature craintive, ils manquent de courage et n’osent pas se rebeller contre Caligula. Ils lui reprochent leurs propres défauts : le mensonge, l’égoïsme et la lâcheté.
Analyse de l’oeuvre
Caligula, initialement un prince relativement sympathique, devient désabusé par le monde et rejette l’amitié, l’amour et la solidarité humaine de base. Il laisse pervertir les valeurs de sa société, et ces valeurs ne sont pas seulement celles acceptées ou défendues par les patriciens qui l’entourent, mais des valeurs universelles. André Durand décrit que Caligula se transforme en un être déçu, malheureux, désespéré. Il est comme un ange déchu qui devient un criminel, colérique et détestable, avec une versatilité et une imprévisibilité constantes.
Caligula, l’empereur, dévalorise la valeur intemporelle et universelle de l’amour. Caesonia, la maîtresse et confidente de Caligula qui professe toujours son amour et montre son côté protecteur et maternel, est étranglée par son amant. Cette femme, qualifiée de “vieille maîtresse” de l’empereur, tente de ramener Caligula à l’amour, un sentiment qu’elle évoque fréquemment : “On ne peut pas nier l’amour” ; “Je n’ai pas besoin de jurer, car je t’aime<:I>” ; “Utilise ton pouvoir pour aimer ce qui peut encore l’être. Viens. Allonge-toi près de moi. Pose ta tête sur mes genoux“. En réponse à une telle déclaration d’amour, Caligula parle de “tendresse honteuse” et dévalorise complètement le concept d’amour.
Dans la pièce, l’amitié est symbolisée par le lien entre Caligula et Scipion. Avant la mort de Drusilla, Caligula a montré un intérêt et un amour pour la poésie qui l’a lié au jeune poète. Scipion se caractérise par sa loyauté envers Caligula. Trois ans plus tôt, Caligula a tué le père de Scipion, mais malgré la haine que cela a provoqué chez Scipion, il refuse de participer à la conspiration organisée par les patriciens pour tuer Caligula. Est-ce parce qu’il le craint ? Non, il comprend vraiment et adopte la logique désespérée de son empereur, qui est lui-même victime de la même idée. Lui aussi a découvert l’absurdité de la vie lorsqu’il a perdu son père. Caligula dit lui-même : “Il y a quelque chose en moi qui lui ressemble. La même flamme brûle nos cœurs“. Scipion préfère toujours être honnête et parle ouvertement avec l’empereur, et surtout n’hésite pas à s’opposer à ses excès et même à l’accuser d’être un tyran : “Quel cœur ignoble et souillé de sang vous devez avoir. […] Comme je vous plains et comme je vous hais. […] Et quelle obscène solitude doit être la vôtre !“. L’entourage de Caligula est plein de patriciens flatteurs, mais cette flatterie est cultivée par la peur. Scipion, en revanche, échappe à ces caractéristiques. Il ne ment pas et se distingue des autres grâce à cela. Caligula le remarque : ” Tu es pur dans le bien comme je suis pur dans le mal“. L’empereur résume avec justesse leurs sentiments par cette belle phrase ; ces deux êtres sont bien les deux faces d’une même pièce, ils sont frères en lyrisme. Scipion est le seul personnage de la pièce à se montrer sans masque ni artifice devant Caligula.
Dans cette pièce, d’autres valeurs sont clairement rejetées par Caligula comme l’art qui est symbolisé entre les différentes opinions philosophiques entre Cherea et l’empereur. La religion est tournée également vers le ridicule. Caligula s’habille de façon grotesque en Vénus. Il parodie les prières et souhaite être considéré comme un dieu.
Aussi, la vie humaine n’a aucune valeur pour Caligula. Il tue sans vergogne et met le trésor public au centre de ses préoccupations. La mort ne vaut rien, ce qui explique qu’il tue à tour de bras, s’amusant à exécuter les patriciens. Le passage qui illustre le plus le désintérêt à la vie humaine est la scène 10 de l’acte II où Caligula lui fait boire du poison en pensant que Mereia buvait de l’anti-poison. Ce dernier assure que ce n’est qu’un produit de l’asthme mais Caligula ne veut rien entendre. Mereia finit par mourir et Caesonia confirme que ce n’était qu’un produit pour l’asthme. Caligula finit par répondre : “Cela ne fait rien. Cela revient au même. Un peu plus tôt, un peu plus tard…”.
“Caligula” d’Albert Camus est une pièce théâtrale qui m’a profondément marqué et m’a fait réfléchir de manière intense. Je suis véritablement fasciné par la manière dont Camus explore les thèmes de la folie, du pouvoir et de l’absurdité à travers le personnage complexe de Caligula.
Ce qui m’a particulièrement captivé dans cette pièce, c’est la façon dont Camus a réussi à donner vie à la lutte intérieure de Caligula. À travers ses monologues percutants et ses répliques poétiques, j’ai ressenti une profonde empathie pour cet empereur tourmenté qui cherche désespérément un sens dans un monde qui semble dépourvu de valeurs.
Les questionnements moraux et philosophiques soulevés par “Caligula” ont suscité en moi une réflexion profonde sur ma propre vision de la liberté individuelle, de la responsabilité et de la révolte contre les normes établies. J’ai été poussé à remettre en question mes propres croyances et à réévaluer la nature même de l’autorité et du pouvoir.
Le langage utilisé par Camus est d’une beauté saisissante. Les mots choisis avec soin et la façon dont ils sont exprimés ont ajouté une dimension poétique à la pièce. Chaque réplique semble avoir été pensée minutieusement pour susciter des émotions fortes et provoquer une réflexion profonde.
L’exploration de l’absurdité de la vie dans “Caligula” est une véritable claque intellectuelle. Camus a réussi à me confronter à la réalité que nous vivons dans un monde où la quête de sens peut sembler vaine. Cela m’a poussé à me remettre en question et à chercher activement un sens personnel dans un univers qui peut sembler dénué de toute signification intrinsèque.
En fin de compte, “Caligula” d’Albert Camus est une pièce théâtrale qui m’a profondément touché et qui a élargi mes horizons intellectuels. La façon dont Camus explore les thèmes universels de la folie, du pouvoir et de l’absurdité est à la fois fascinante et perturbante. C’est une œuvre qui me hantera longtemps et qui continuera à alimenter mes réflexions sur la condition humaine.
Je kiff Nathan mais faut pas le dire chuttttt c’est un secret 🤫🤫🤫