Lorenzaccio est une pièce de théâtre écrite par Alfred de Musset en 1833. Cette œuvre s’inscrit dans le contexte particulier de l’Histoire italienne du XVIe siècle, et en particulier dans l’histoire de la ville de Florence. Néanmoins, elle est aussi très influencée par le contexte historique et culturel dans lequel l’auteur français lui-même vivait au XIXe siècle. Étudions cette œuvre ensemble.
Résumé détaillé scène par scène de Lorenzaccio d’Alfred de Musset
Acte 1
Scène 1
Durant le carnaval, dans un jardin au clair de lune, le Duc Alexandre de Médicis attend impatiemment une jeune fille, d’une quinzaine d’années, que Lorenzo de Médicis lui a promise. Lorenzo vante les qualités de la jeune fille, suggérant sa vulnérabilité et son innocence. Tandis que le Duc s’impatiente, Maffio, le frère de la jeune fille, se réveille d’un rêve troublant la montrant dans le jardin. Découvrant que sa sœur a disparu, il confronte Giomo et le Duc, sans savoir l’identité de ce dernier. Après une lutte, Giomo désarme Maffio. Le Duc, révélé comme Alexandre de Médicis, quitte les lieux, laissant Maffio choqué et désespéré.
Scène 2
Nous suivons la conversation entre un marchand de soieries et un orfèvre qui ouvrent leurs boutiques au petit matin, alors qu’une fête bruyante se déroule dans une maison à proximité. L’orfèvre est l’ennemi d’Alexandre. Ils discutent de divers sujets, y compris des jeunes qui essaient d’apercevoir la fête, de la robustesse des murs des palais locaux, et de la façon dont la présence des grands seigneurs dans leur ville a affecté leur vie quotidienne. Leurs discussions révèlent une certaine désapprobation de la gouvernance des Médicis, mettant en lumière la tension entre les classes sociales et le mécontentement à l’égard du pouvoir en place.
Au fur et à mesure que la scène se déroule, nous voyons des écoliers discuter de leur plan pour se mêler aux invités du bal, un bourgeois et sa femme rêvant d’une vie meilleure tout en observant la fête. Dans cette atmosphère festive et légèrement chaotique, le duc et Julien Salviati sortent déguisés en religieuses et participent à un bal masqué. Salviati, alcoolisé, flirte lourdement avec Louise Strozzi, mais cette dernière l’éconduit et finit par s’échapper.
Scène 3
Le Marquis Cibo prépare un court voyage, laissant sa femme, la Marquise, derrière. Ils échangent des adieux tendres. Le Cardinal Cibo et la Marquise discutent du duc, de ses actions et de la politique de l’époque, révélant leurs opinions divergentes. La Marquise montre du dédain pour le duc et la situation politique, tandis que le Cardinal semble plus indulgent et informé des actions cachées de la noblesse, notamment d’une lettre secrète du duc adressée à la Marquise. On évoque le mariage de la fille Nasi.
Scène 4
Le Duc Alexandre discute avec Valori et d’autres sur les nouvelles de la cour de Rome et les rumeurs entourant son cousin Lorenzo de Médicis, également connu sous le nom de Lorenzaccio. Le Duc défend Lorenzaccio, soulignant sa valeur en tant qu’informateur sur les républicains bannis qui complotent contre lui. Cependant, une confrontation survient lorsque Sire Maurice tire son épée, incitant le Duc à forcer Lorenzaccio à se défendre. Lorenzaccio, apparemment incapable de tenir une épée sans s’évanouir, s’effondre, confirmant dans l’esprit du Duc l’idée que Lorenzaccio est loin d’être une menace. Le Duc, tout en se moquant de la faiblesse de Lorenzaccio, protège également son honneur contre les insultes de Maurice. Le Cardinal Cibo exprime des doutes sur la faiblesse apparente de Lorenzaccio, suggérant que tout cela pourrait être une feinte.
Scène 5
Dans une place publique près de l’église Saint-Miniato à Montolivet, différents groupes de personnes discutent après un sermon. Les thèmes abordés varient de la dévotion personnelle à la tyrannie en passant par les derniers événements à Florence. L’atmosphère est tendue, mettant en évidence les conflits sociaux et politiques du temps, avec des échanges où l’honneur, la morale et les jeux de pouvoir sont au centre des préoccupations. Le discours des personnages illustre une société divisée et en proie à des tensions significatives, chacun exprimant ses frustrations, craintes et désirs de manière directe ou insinuée.
Salviati fait des remarques déplacées sur Louise Strozzi, la sœur du prieur. Salviati prétend qu’il a une entente intime avec Louise, et que celle-ci voulait coucher avec lui dès le premier soir. Cette affirmation choque et offense le prieur. Malgré cela, Salviati maintient une attitude désinvolte, faisant preuve de manque de respect envers le prieur et sa famille.
Scène 6
Catherine et Marie Soderini, deux femmes nobles, discutent de la déchéance morale et politique de Lorenzo, le fils de Marie. Elles déplorent l’érosion des nobles idéaux qu’elles avaient espéré voir chez lui et s’inquiètent pour l’avenir de Florence sous la tyrannie des Médicis. Plus tard, un groupe de bannis exprime son désespoir et sa colère contre Florence, une ville qu’ils considèrent maintenant comme corrompue et trahie par ses dirigeants, dont Lorenzo fait partie. La scène dépeint une Florence en déclin, une ville emplie de corruption et de trahison, où les rêves de justice et de liberté semblent désormais hors de portée.
Acte 2
Scène 1
Philippe réfléchit profondément sur la corruption et la misère humaine, exprimant son désir de voir une société plus vertueuse. Alors qu’il est rejoint par le Prieur de Capoue et Pierre, ils discutent des rumeurs déplaisantes et offensantes que Salviati a répandues sur leur sœur. L’échange devient de plus en plus tendu, menant Pierre à une rage furieuse, prêt à confronter Salviati avec une épée.
Scène 2
Lorenzo et Valori discutent de l’art et de la religion devant une église. Tebaldeo, un jeune artiste, se joint à eux, montrant une profonde dévotion pour l’art et exprimant une vision romantique et spirituelle de l’œuvre artistique. Alors que Valori apprécie l’enthousiasme et la sincérité de Tebaldeo, Lorenzo est plus cynique, émettant des remarques dédaigneuses sur l’art et les artistes. Tebaldeo défend son amour pour Florence et sa vision de l’art, malgré la cruauté des gouvernants de la ville. Le dialogue explore des thèmes profonds tels que la foi, l’art, la liberté et l’oppression, illustrant le contraste entre l’innocence et la corruption. Tebaldeo est finalement invité par Lorenzo à créer une œuvre d’art importante pour son mariage, ajoutant une note d’espoir pour l’artiste qui chérit l’indépendance et la liberté d’expression.
Scène 3
Le Cardinal complote en utilisant sa position pour que la marquise devienne la maîtresse du duc. Ainsi, il espère le manipuler et arriver à ses fins pour mettre fin au désordre. Le dialogue expose les intrications du pouvoir, de la séduction, et de la manipulation, sur fond de drame religieux et familial. Le passage se termine par l’annonce de l’arrivée du duc, amplifiant la tension et l’incertitude de la Marquise vis-à-vis de ses propres sentiments et de la situation complexe dans laquelle elle se trouve.
Scène 4
Marie partage un rêve dans lequel elle voit une apparition de son fils Lorenzo tel qu’il était dans sa jeunesse, ce qui trouble profondément ce dernier. Cette expérience mystique semble éveiller en lui une certaine urgence ou prise de conscience.
Par la suite, l’oncle Bindo et un dénommé Venturi confrontent Lorenzo sur une rumeur concernant sa lâcheté et son allégeance politique. Malgré le ton grave de la discussion, Lorenzo répond avec un sarcasme incessant, ce qui frustre Bindo. Cependant, dans un revirement, Lorenzo assure à son oncle qu’il est de leur côté : il est du côté des anciennes familles de Florence.
Le duc s’entretient avec Lorenzo et discute de faveurs politiques et personnelles. Lorenzo présente deux hommes cherchant les faveurs du duc : son oncle Bindo qui espère devenir ambassadeur à Rome, et Venturi, un fabricant de soie, qui souhaite obtenir un privilège pour ses entreprises. Le duc accorde rapidement ces demandes. Après leur départ, le duc exprime son ennui pour la marquise Cibo et s’intéresse à une femme qu’il voit par la fenêtre (Catherine). Il insiste pour que Lorenzo l’amène à souper, même après que Lorenzo l’ait mis en garde contre sa vertu et sa pédanterie. Lorenzo a ensuite l’intention de visiter Strozzi, un homme considéré comme un fou qui soutient les personnes bannies. Il prévoit de profiter de l’hospitalité de Strozzi tout en recueillant des informations pour le duc.
Scène 5
Dans une salle du palais des Strozzi, Philippe Strozzi, le prieur, Louise, et Lorenzo sont présents. Philippe exprime ses inquiétudes quant aux conflits de famille déclenchés par de simples propos insultants. Ils discutent de l’insulte faite à Louise par les Salviati et des conséquences potentiellement graves. Pierre, le fils, est particulièrement en colère et décide de venger l’honneur de sa sœur en tuant Salviati. Après l’assassinat, Pierre revient couvert de sang, provoquant la terreur de Louise. Malgré ce que lui dit son père, il refuse d’aller se cacher.
Scène 6 & Scène 7
Au palais du Duc, le Duc est à moitié nu, Tebaldeo fait son portrait, et Giomo joue de la guitare. Giomo chante une chanson sur la mort. Lorenzo entre et s’arrange pour jeter la cotte de maille dans un puits. Par la suite, le Duc cherche la cotte, mais elle semble avoir disparu. Lorenzo chante et joue de la guitare, tandis que Giomo se demande où est passée la cotte de mailles.
Devant le palais, Salviati, couvert de sang et boitant, est soutenu par deux hommes. Il crie à Alexandre de Médicis pour attirer son attention, affirmant avoir été agressé par les Strozzi parce qu’il avait mentionné que leur sœur était éprise du Duc. Alexandre de Médicis s’interroge sur les coupables et décide de le venger.
Acte 3
Scène 1
Dans la chambre à coucher de Lorenzo, une scène violente se déroule. Lorenzo s’entraîne aux armes avec Scoronconcolo, devenant de plus en plus agressif. Lorenzo perd le contrôle, évoque des sentiments de vengeance et s’évanouit. Scoronconcolo lui propose de l’aide pour se débarrasser de son ennemi, mais Lorenzo refuse. Ils discutent de leur tapage précédent et de la possibilité de faire peur aux voisins. Scoronconcolo insiste sur le fait que Lorenzo a un ennemi, mais Lorenzo ne dévoile pas son nom. Cependant, il exprime son intention de régler le problème dans cette chambre, demandant à Scoronconcolo de l’aider si nécessaire.
Scène 2
Au palais Strozzi, Pierre et Philippe discutent de la tentative ratée d’assassiner Salviati. Pierre regrette de ne pas avoir réussi à tuer Salviati, mais Philippe rappelle que leur vengeance est tout de même accomplie. Pierre exprime son désir de quitter Florence, mais Philippe refuse de partir, craignant pour sa fille Louise. Ils évoquent ensuite une conspiration contre les Médicis, mais Philippe met en garde contre les conséquences graves de leurs actions. Pierre insiste sur le besoin de vengeance, mais Philippe rappelle les défis de la révolution et les incertitudes qui en découlent. Ils débattent de l’avenir de Florence et de la nécessité d’un changement de pouvoir. Finalement, Philippe décide de rejoindre son fils dans son projet de conspiration.
Scène 3
Des soldats allemands et un officier arrêtent les frères Strozzi dans la rue sur ordre du duc de Florence. Les citoyens protestent, mais les frères sont emmenés. Philippe Strozzi exprime sa colère contre l’injustice et se prépare à agir.
Philippe implore l’aide de Lorenzo, lui demandant de prendre des mesures pour libérer ses fils, Pierre et Thomas, emprisonnés par les Médicis. Lorenzo, initialement réticent, promet son soutien. Cependant, il révèle un côté sombre de lui-même, confessant qu’il a juré de tuer Alexandre de Médicis, le tyran au pouvoir. Lorenzo conseille à Philippe de ne pas se mêler des affaires des hommes, car il a plongé dans la vie et a vu la corruption. Philippe croit en l’honnêteté des républicains et prévoit d’agir ouvertement. Lorenzo explique sa propre descente dans le vice et affirme qu’il est trop tard pour lui. Il révèle qu’il va tuer Alexandre, mais Philippe décide d’agir pour sauver ses enfants. Lorenzo lui demande de garder le secret.
Scène 4
Catherine a reçu la lettre d’amour de Lorenzo. Dans celle-ci, Lorenzo exprime son enthousiasme pour leur liaison naissante. Cependant, la mère de Lorenzo est submergée de tristesse à l’idée de leur relation.
Scène 5 & Scène 6
La Marquise se prépare pour une rencontre avec le duc, mais elle est surprise par la visite du Cardinal. Elle le chasse poliment. Cependant, elle se sent constamment surveillée par le Cardinal, ce qui l’inquiète. Finalement, elle reçoit un message et part pour sa rencontre avec le duc, laissant derrière elle ses pensées sur le rôle de servante qu’elle joue.
Le Duc Alexandre est insensible aux aspirations politiques de la Marquise, préférant la légèreté à la réflexion. Elle le conjure de considérer le bien-être de Florence et de défier l’empereur. Malheureusement, il la quitte pour la chasse. La Marquise pense à son mari, Laurent, et regrette d’avoir terni son honneur en poursuivant cette passion futile.
Scène 7
Chez les Strozzi, un repas se transforme en tragédie. Philippe Strozzi annonce que deux de ses fils sont en prison pour avoir tué Salviati, l’insulteur de sa fille Louise. La famille et les convives décident de prendre les armes pour les libérer. Louise meurt subitement, apparemment empoisonnée. La colère et la vengeance montent parmi les convives, mais Philippe, dévasté, préfère s’éloigner de la situation. Une tempête éclate, symbolisant le chaos qui règne dans la famille Strozzi.
Acte 4
Scène 1
Au palais du Duc, le Duc et Lorenzo discutent de la mort de Louise, de l’absence de Philippe à Venise, et de la perte de la cotte de mailles du Duc. Lorenzo suggère au Duc de rencontrer sa tante, qui est amoureuse de lui. En réalité, il cherche à l’attirer dans un piège pour le tuer. Le Duc accepte l’idée et prévoit de la rencontrer ce soir.
Scène 2
Pierre et Thomas Strozzi, fraîchement libérés de prison, rentrent chez eux pour retrouver leur père. Cependant, ils sont accueillis par un portier effrayé qui leur annonce une terrible nouvelle : la mort de leur sœur Louise Strozzi. Deux moines apparaissent pour récupérer le corps de Louise, laissant Pierre et Thomas sous le choc. Pierre, déterminé à découvrir la vérité sur la mort de sa sœur, se résout à suivre les moines pour retrouver son père, laissant planer la menace d’une vengeance implacable.
Scène 3
Lorenzo prépare un plan sinistre pour la nuit. Il se questionne sur les motivations qui l’ont poussé à cette action, se demandant s’il est le bras de Dieu ou un instrument du destin. La perspective du meurtre le hante, et il craint que son épée ne devienne l’épée flamboyante de l’archange.
Scène 4
La marquise et le cardinal se trouvent chez le marquis de Cibo. Le cardinal menace la marquise avec des informations compromettantes sur sa liaison avec le duc Alexandre. La marquise résiste, mais finit par révéler sa liaison au marquis pour éviter les machinations du cardinal. La marquise s’évanouit à la fin de la conversation.
Scène 5
Dans la chambre de Lorenzo, il donne des instructions à ses domestiques pour préparer la chambre. Catherine entre et lui annonce que leur mère est malade à cause d’une lettre du duc, présumant que Lorenzo a parlé d’amour pour le duc à Catherine. Lorenzo nie cette accusation et s’interroge sur la lettre du duc. Catherine est perplexe.. Lorenzo reconnaît ses propres tendances corrompues et s’inquiète de la tentation qu’il représente pour Catherine. Il s’en veut pour sa faiblesse et son influence négative.
Scène 6
Dans une vallée près d’un couvent, Philippe Strozzi assiste à l’enterrement de sa fille Louise. Il se remémore les moments heureux avec elle. Pierre Strozzi arrive et l’incite à se joindre à une rébellion contre Florence. Philippe refuse et rejette une offre du roi de France. Pierre quitte la scène en colère, laissant Philippe seul, résolu à ne pas se joindre à la révolte.
Scène 7
Lorenzo se rend au bord de l’Arno pour avertir des personnalités influentes que le duc Alexandre sera tué cette nuit. Cependant, personne ne le prend au sérieux, et tous le rejettent en le prenant pour un ivrogne. Lorenzo se rend compte que personne ne le croira s’il ne révèle pas que c’est lui qui va tuer le duc, mais il hésite à le faire.
Scène 8
Pierre Strozzi tente en vain de persuader son père, Philippe, de rejoindre la cause des bannis pour renverser le duc Alexandre. Cependant, Philippe refuse catégoriquement. Pierre envoie finalement des bannis à Sestino pour annoncer son propre engagement dans la lutte, mais ils hésitent en l’absence du nom de famille “Strozzi” sans précision sur lequel des Strozzi il s’agit. Frustré, Pierre les traite d’imbéciles et les menace de l’intervention du roi de France. Les bannis partent, laissant Pierre en colère.
Scène 9
Lorenzo envisage de commettre un meurtre, planifiant minutieusement son attaque contre le duc Alexandre. Il médite sur les détails de son plan, y compris le choix du moment opportun pour l’agression. Cependant, il se perd dans ses pensées, évoque des souvenirs de jeunesse, et semble hésitant quant à la nature de son projet. Finalement, Lorenzo se dirige vers une église où il observe des travailleurs sculptant une statue religieuse, tout en exprimant son désir de voir ces sculptures prendre vie et s’attaquer à leurs créateurs. Lorenzo se laisse emporter par ses émotions et quitte les lieux en courant.
Scène 10
Le Cardinal Cibo et Sire Maurice mettent en garde le Duc contre Lorenzo, qui aurait proféré des menaces de meurtre à son encontre. Cependant, le Duc ne semble pas prendre ces avertissements au sérieux et considère que Lorenzo est souvent sous l’influence de l’alcool. Le Duc se prépare pour une sortie, apparemment pour un rendez-vous galant. Les conseillers quittent la scène, et la situation reste incertaine quant aux intentions réelles de Lorenzo envers le Duc.
Scène 11
Le Duc se prépare à dormir après un souper copieux. Lorenzo entre dans la chambre et le frappe, dévoilant son intention de le tuer. Un autre complice nommé Scoronconcolo les rejoint. Malgré les préoccupations de Scoronconcolo, Lorenzo ne semble pas pressé de partir. Finalement, ils quittent tous les deux la chambre du Duc.
Acte 5
Scène 1
Le duc a disparu, et les rumeurs annoncent sa mort. Les courtisans sont inquiets, et plusieurs suggestions pour élire un nouveau duc sont proposées. Le cardinal Cibo semble orchestrer la situation pour favoriser la montée de Côme de Médicis comme gouverneur de la république florentine. Certains citoyens s’opposent à l’idée de nouveaux princes ou ducs, préférant une république sans gouvernement monarchique. Finalement, une élection a lieu, et Côme de Médicis est choisi comme gouverneur provisoire de la république. La situation est tendue et incertaine quant à son acceptation.
Scène 2
À Venise, Philippe Strozzi découvre que Pierre est en correspondance avec le roi de France et prépare une révolte. Lorenzo arrive avec une clé qui ouvre sa chambre, révélant qu’il a assassiné Alexandre de Médicis. Philippe est ému par l’acte de Lorenzo, mais Lorenzo est pessimiste quant à la réaction du peuple. Une proclamation offre une récompense pour le meurtre de Lorenzo, décidé par le conseil des Huit à Florence. Philippe demande à Lorenzo de se cacher.
Scène 3 et 4
Dans une rue de Florence, deux gentilshommes discutent du Marquis de Cibo, qui a été clément malgré le passé de sa femme en tant que maîtresse du défunt duc. Ils remarquent que le marquis et sa femme semblent réconciliés, même s’ils trouvent sa réaction étonnante. Les deux gentilshommes concluent en disant que le marquis est un homme original et puissant dans l’art de l’escrime, et ils préfèrent ne pas l’aborder directement.
Scène 5
Dans une place de Florence, deux artisans discutent des événements récents, notamment la mort du duc Alexandre. Ils essaient de trouver une signification dans le fait que le duc est mort à l’âge de vingt-six ans, le 6 du mois, à six heures de la nuit, avec six blessures, après avoir régné pendant six ans en 1536. Ils spéculent sur les coïncidences de ces chiffres. La conversation s’anime, mais ils ne parviennent pas à une conclusion. Cependant, ils discutent également des troubles dans la ville, de la trahison présumée du provéditeur Roberto Corsini, et des manifestations populaires pour la liberté. Ensuite, deux précepteurs discutent avec le petit Salviati et le petit Strozzi. Les précepteurs sont fascinés par un sonnet écrit par l’un d’entre eux en l’honneur de la liberté. Les enfants se chamaillent, perturbant la discussion des précepteurs.
Scène 6
Dans une rue de Florence, des étudiants et des soldats s’affrontent lors d’une manifestation pour défendre les droits du peuple et empêcher l’élection d’un duc sans le vote du peuple. Malheureusement, la confrontation tourne à la violence, et l’un des étudiants est tué par un soldat. Les autres étudiants réagissent en attaquant les soldats, créant ainsi un affrontement dans la rue.
Scène 7
Dans le cabinet de Strozzi à Venise, Philippe et Lorenzo discutent de la situation de ce dernier, qui est maintenant recherché par toute l’Italie après avoir tué le duc Alexandre. Lorenzo exprime son désespoir et son ennui envers sa vie actuelle. Philippe tente de le convaincre de quitter l’Italie pour échapper à ses poursuivants, mais Lorenzo résiste. Finalement, Lorenzo insiste pour sortir, malgré les risques, et quitte la pièce. Philippe décide de le faire suivre pour sa sécurité. Cependant, un domestique entre précipitamment et informe Philippe que Lorenzo a été assassiné par un inconnu et que la foule l’a poussé dans la lagune. Philippe est horrifié par cette nouvelle tragique et se précipite pour essayer de sauver son ami, mais il est trop tard.
Scène 8
À Florence, sur la grande place, l’annonce est faite que Côme de Médicis est devenu le duc de Florence. Le cardinal Cibo lui fait prêter un serment, l’engageant à rendre la justice, à respecter l’autorité de Charles Quint, à venger la mort d’Alexandre, et à bien traiter les enfants naturels de ce dernier, Jules et Julia. Côme prête serment sur l’Évangile et adresse des paroles de remerciement à la foule, promettant d’être un dirigeant juste et honnête.
Présentation des personnages
Lorenzo de Médicis, aussi connu sous le sobriquet de Lorenzaccio, est un personnage complexe. Il est directement inspiré d’un personnage historique réel évoluant dans le contexte politique tendu de la Florence de 1537. Cette période fut marquée par le règne d’Alexandre de Médicis. Lorenzo est portraituré comme un individu peu fiable, chétif, débauché et aux mœurs légères. Cette réputation est non seulement due à son physique, mais aussi à son comportement immoral et à ses fréquentations. Il est en effet connu pour être le proxénète du duc, arrangeant pour lui des rencontres avec des jeunes femmes, souvent issues de leur propre famille, la dynastie des Médicis. Cette immoralité est soulignée par son langage grivois bien que soutenu, par exemple lorsqu’il fait usage de métaphores pour parler des femmes, comparant une jeune fille. Malgré cette facette dépravée, Lorenzo est également un individu intelligent et rusé, capable de manipuler les personnes autour de lui pour atteindre ses objectifs. Ce talent pour la manipulation est clairement mis en avant dans sa relation avec le duc Alexandre, à qui il arrive d’offrir des cadeaux afin de gagner sa confiance. Son caractère multifacette fait de lui un personnage ambigu, capable de jouer de nombreux rôles, y compris celui d’un espion, récoltant des informations précieuses pour servir ses desseins. Il est décrit par le duc comme étant “glissant comme une anguille“, illustrant bien cette capacité à changer de masque selon les circonstances. Mais Lorenzo ne se résume pas seulement à un homme de vice et de manipulation. Sous cette façade se cache une personnalité plus profonde, qui agit selon un plan bien précis : assassiner son cousin, le duc, pour libérer Florence de son joug. Il s’associe pour cela à un assassin nommé Scoronconcolo, et parvient à orchestrer l’assassinat du duc. Dans cette entreprise, il montre une détermination sans faille, prêt à aller jusqu’au bout de son plan même s’il doit pour cela renoncer à toute moralité et s’abaisser aux pires vices. Cette dualité entre débauche et un certain sens du devoir ou de la mission à accomplir donne à Lorenzo une profondeur et une complexité qui vont au-delà de la simple caricature d’un personnage immoral. Au-delà de l’homme débauché, Lorenzo se révèle être un idéaliste, aspirant à un changement radical, quitte à utiliser des méthodes extrêmes pour y parvenir. Il est mue par une volonté de libération et de justice, et son acte d’assassinat devient ainsi une tentative désespérée de rétablir un certain ordre dans une Florence chaotique et corrompue.
Alexandre de Médicis est l’un des personnages centraux. Issu de la puissante dynastie des Médicis et désigné par le pape, il est chargé de gouverner la ville de Florence afin de maintenir l’ordre et d’éviter une insurrection des prorépublicains, désireux d’instaurer un régime moins arbitraire. Alexandre endosse ainsi le rôle de tyran, régnant avec une main de fer et imposant le pouvoir de l’Église catholique ainsi que les directives du pape et de Charles Quint sur les citoyens de Florence. Alexandre est décrit comme un dirigeant autoritaire, impitoyable, et dénué de respect envers son peuple. Sa cruauté et sa volonté de domination absolue sur la cité italienne le rendent méprisable aux yeux de nombre de ses sujets, y compris son cousin Lorenzo qui, à la fois attiré par le pouvoir et désireux de libérer Florence de la tyrannie, se fixe pour objectif de le supprimer. Le personnage d’Alexandre est également marqué par un certain orgueil et une arrogance qui l’aveuglent, notamment dans sa relation avec Lorenzo. Bien que profitant des services d’entremetteur de ce dernier, Alexandre n’accorde que peu de respect à son cousin, qu’il considère davantage comme un lâche plutôt que comme une réelle menace. Il emploie d’ailleurs diverses expressions dénigrantes pour le décrire, le qualifiant de « fieffé poltron », de « femmelette », et lui attribuant le diminutif méprisant de « Lorenzetta ». Cette perception erronée de Lorenzo, doublée d’un sentiment de supériorité, constitue sa grande faiblesse, le rendant vulnérable aux manipulations et au stratagème ourdi par son cousin. Alexandre n’appréhende pas l’influence croissante que Lorenzo exerce sur lui, restant convaincu que celui-ci n’est qu’un suivant, un membre de plus à sa cour qui ne pourrait jamais le défier sérieusement. Ce mépris est illustré dans une scène où Lorenzo s’évanouit à la vue d’une épée tirée devant lui, confortant ainsi Alexandre dans l’idée de la lâcheté de son cousin et sous-estimant la menace qu’il représente.
Le cardinal Cibo est caractérisée par une dualité qui l’installe à un carrefour d’influences et de desseins secrets dans la complexe intrigue de la pièce. Il s’incarne tout d’abord comme un proche et conseiller d’Alexandre de Médicis, évoluant avec habileté et éloquence dans les sphères du pouvoir. Sa maîtrise oratoire et sa capacité à exercer une influence substantielle sur le Duc (excepté lorsqu’il s’agit de mettre en garde Alexandre contre les intentions de Lorenzo) font de lui un personnage politique d’envergure, commandant respect et déférence dans l’entourage du dirigeant. Toutefois, le cardinal Cibo est également doté d’une perception aiguisée des dynamiques sous-jacentes du pouvoir, identifiant clairement la menace que Lorenzo représente pour le règne d’Alexandre. Sa position privilégiée lui permet d’exprimer ouvertement ses inquiétudes, bien que celles-ci soient ignorées par un Duc sourd aux mises en garde et aveugle face au danger imminent. En dépit de sa clairvoyance, le cardinal Cibo n’est pas exempt de vices et de pratiques moralement répréhensibles. Dans une manœuvre à double tranchant, il instrumentalise la marquise Cibo, sa belle-sœur, encourageant sa liaison avec Alexandre pour ainsi mettre en lumière les excès du Duc en termes de débauche. En orchestrant ce scandale, il utilise sa position ecclésiastique comme un bouclier moral, arguant que son statut de prêtre de l’Église romaine le dédouane de tout péché. Cette justification moralisante révèle une conception manipulatrice et corrompue de l’autorité religieuse qu’il incarne, suggérant qu’il est prêt à compromettre la vertu et le bien-être d’autrui pour servir ce qu’il perçoit comme un dessein plus grand. Le cardinal Cibo est donc un personnage éminemment complexe et nuancé, naviguant habilement entre les divers niveaux de pouvoir et d’intrigue présents dans la société florentine de l’époque. Son éthique flexible et sa volonté de manipuler les situations à son avantage font de lui un acteur clé du drame, symbolisant l’entrelacement du religieux et du politique, ainsi que les compromissions morales qui peuvent découler de la quête du pouvoir. Sa présence constante et son action orientée vers un objectif bien précis soulignent sa centralité dans l’intrigue, le positionnant comme un observateur lucide mais moralement ambivalent des événements tragiques qui se déroulent dans l’œuvre.
Le marquis de Cibo appartient à l’élite florentine, il est intégré à la sphère du pouvoir et entretient des relations complexes avec les autres figures centrales de la pièce, dont son épouse, la marquise de Cibo, et son beau-frère, le cardinal Cibo. Le marquis est un personnage qui incarne une certaine forme de noblesse d’esprit et de moralité, contrastant ainsi avec des figures plus corrompues et perfides présentes dans l’intrigue. En dépit de sa position avantageuse sur l’échiquier politique, il demeure un homme profondément moral. Il est animé par des principes de justice et d’honneur. Cela le place en opposition avec le duc Alexandre de Médicis, un dirigeant tyrannique et débauché. Son mariage avec la marquise de Cibo est au cœur de l’un des arcs narratifs importants de la pièce, révélant la tension entre les impératifs de la politique et ceux du cœur. Lorsque la marquise devient l’objet des désirs d’Alexandre, sous l’orchestration du cardinal Cibo, cela crée une dynamique complexe et douloureuse. Le marquis est tourmenté par les infidélités de son épouse. Cette situation explore les profondeurs de son affection pour elle et souligne la douleur personnelle engendrée par les jeux de pouvoir politiques. La figure du marquis de Cibo est celle d’un homme pris dans les filets du pouvoir. Sa noblesse est mise à rude épreuve dans le contexte corrompu et perfide de la cour florentine. Il est une victime des manigances et des intrigues qui entourent le régime d’Alexandre de Médicis.
Julien Salviati est un personnage qui incarne le libertinage et la corruption des mœurs qui prévalent à la cour de Florence à cette période. Il est lié à plusieurs personnages importants de l’histoire, dont Lorenzo, par le biais des divers complots et intrigues qui animent la cour. Salviati est représenté comme un homme au comportement débauché, aux motivations souvent gouvernées par son désir et sa soif de pouvoir. C’est un homme impétueux, parfois violent. Son comportement libertin s’inscrit parfaitement dans la société décadente de Florence sous le règne d’Alexandre de Médicis. Son intérêt pour Louise Strozzi est un élément central de sa caractérisation. En poursuivant de manière obsessionnelle Louise, il montre non seulement son côté impétueux, mais aussi son manque de respect pour les femmes. Sa tentative de ravissement de Louise démontre une volonté de domination et de prise de pouvoir par tous les moyens, y compris en violant les normes sociales établies.
La famille Strozzi occupe une place importante, représentant une faction importante de la société florentine du XVIe siècle, en opposition à la famille de Médicis qui est au pouvoir. La famille Strozzi est notamment représentée par quelques personnages clé. Pierre Strozzi se pose en figure d’opposition politique aux Médicis. Pierre est un homme d’honneur et de principes, incarnant l’espoir d’un avenir républicain et démocratique pour Florence. Il est déterminé et prêt à se battre pour défendre ses idéaux. Thomas Strozzi joue un rôle moins central que celui de Pierre, mais il contribue à représenter la dynamique familiale des Strozzi et leur position dans le paysage politique de Florence. Louise Strozzi occupe une place particulière. Sa pureté et sa vertu sont mises en contraste avec la dépravation qui règne à la cour des Médicis. Elle est l’objet d’un désir non-réciproque de la part de Julien Salviati, ce qui va entraîner des conséquences dramatiques. Léon Strozzi joue également un rôle dans le soutien moral et stratégique de l’opposition aux Médicis. Sa position ecclésiastique lui confère une certaine influence et une perspective morale et philosophique sur les événements qui se déroulent. La famille Strozzi est donc une incarnation des forces républicaines et des idéaux de résistance à la tyrannie. Elle représente une sorte de contrepoids moral à la corruption et à la décadence des Médicis. À travers les différentes interactions et les destins des membres de la famille Strozzi, Musset illustre les coûts humains de la lutte pour la justice et l’intégrité dans un monde gouverné par le cynisme et la soif de pouvoir.
Analyse de l’oeuvre
Lorenzaccio d’Alfred de Musset : un Romantique contre une tyrannie
Au XVIe siècle, la ville de Florence est un des centres les plus importants de la Renaissance italienne, un mouvement culturel qui a profondément renouvelé les arts et les lettres en Europe. Les Médicis sont une famille puissante qui règne sur Florence. La pièce met en scène Alexandre de Médicis, un jeune duc débauché et violent.
Lorenzo est un cousin éloigné du duc. Déçu par la décadence morale de la cour et par le comportement du duc, il ourdit un complot pour l’assassiner et libérer Florence de son emprise.
À l’époque où Musset écrit Lorenzaccio, le mouvement romantique est à son apogée en France. Le romantisme se caractérise par une nouvelle approche de l’art qui met l’accent sur l’expression des émotions, l’individualisme et une certaine mélancolie. Musset, qui fait partie de ce mouvement, imprègne son œuvre de ces thèmes.
La Monarchie de Juillet (1830-1848) est une période de relative stabilité politique en France, mais aussi de désillusion vis-à-vis des idéaux révolutionnaires. Cela se reflète dans la personnalité complexe et ambivalente de Lorenzaccio, qui est à la fois idéaliste et cynique, et dans le dénouement tragique de la pièce.
Entre rêve et réalité : la Quête impossibles de Lorenzaccio
Dans Lorenzaccio, Musset propose une réflexion profonde sur les thèmes du pouvoir, de la morale et de la corruption. Le personnage de Lorenzaccio est complexe dans la mesure où il est partagé entre son idéalisme initial et la désillusion profonde qui le gagne au contact de la cour décadente.
Lorenzaccio est également un personnage double. En effet, il présente une face publique dépravée pour mieux cacher ses intentions révolutionnaires. Cette dualité est une source de tension dramatique importante dans la pièce.
Malgré son courage et sa détermination à changer le monde, Lorenzaccio est finalement vaincu par les forces du conservatisme et de la corruption. Il devient ainsi une figure tragique, symbole de l’échec des idéaux révolutionnaires.
Ainsi, la pièce s’articule autour du contraste entre les aspirations élevées de Lorenzaccio et la réalité sordide de la cour des Médicis. Elle propose une méditation sur la possibilité (ou l’impossibilité) de changer le monde par l’action individuelle.