Paru en 1902, L’Immoraliste d’André Gide est un roman introspectif qui explore les thèmes de la moralité, de l’authenticité, de la liberté individuelle et du conflit entre l’individu et la société. Le récit suit l’évolution psychologique et morale du protagoniste, Michel. Il sert de médium à l’auteur français pour examiner la nature de la moralité et de l’authenticité. Explorons cette œuvre plus en détail.
Résumé chapitre par chapitre de L’Immoraliste d’André Gide
Partie 1
Chapitre 1
Michel raconte à ses amis fidèles qu’il s’est marié il y a trois ans à l’église, unissant sa vie à une femme qu’il n’aimait pas véritablement, dans le but de rassurer son père en fin de vie. Bien que sa femme soit catholique et lui, à l’origine protestant mais peu pratiquant, ils se sont unis. Son père était athée et sa mère, de conviction puritaine, était décédée prématurément.
Malgré cela, Michel a grandi sous des principes puritains et a reçu une éducation stricte. Il s’est consacré à ses études, a acquis des connaissances en langues anciennes et a contribué aux recherches archéologiques de son père, devenant ainsi . Ainsi, il est devenu un historien renommé spécialisé dans l’Antiquité. Michel et son père vivaient de manière frugale, et à la mort de ce dernier, quand Michel avait vingt-cinq ans, il s’est trouvé riche. Ce n’est qu’alors qu’il a découvert sa santé précaire, sa vie ayant été jusqu’à ce point plutôt tranquille.
Très vite, Michel se sent fatigué et malade, mais il essaie de cacher sa maladie à Marceline. Lors d’un voyage en diligence vers El Djem, sa toux devient de plus en plus grave et il crache du sang. Au bout d’un moment, il est obligé de le lui dire. En apprenant la nouvelle, Marceline s’effondre. Le médecin diagnostique une maladie grave. Malgré sa résignation initiale, la foi et les soins dévoués de Marceline lui redonnent de l’espoir. Elle l’accompagne dans un voyage difficile vers Biskra, où il espère guérir.
Chapitre 2
Marceline prend soin de son mari affaibli, dont la vie redevient progressivement précieuse et fascinante. Il vit des journées paisibles sur sa terrasse ensoleillée. L’arrivée d’un enfant nommé Bachir apporte de la joie, malgré la santé déclinante de Michel. Face à la gravité de sa maladie pulmonaire, il décide de lutter activement, élaborant une stratégie axée sur une bonne alimentation et renforçant sa détermination, tout en refusant l’aide spirituelle.
Chapitre 3
Michel choisit de prioriser son bien-être physique au détriment de son esprit. Sa santé est précaire; il est fébrile, sensible aux variations de température et fréquemment épuisé, se contentant de rester assis à respirer. Sa sensibilité accrue le dérange lorsqu’il est malade, mais il sait qu’elle sera source de joie une fois rétabli.
Son état s’améliore. Il dort avec les fenêtres ouvertes et, un jour, décide de visiter le jardin, dont la beauté le frappe. Là, il croise des enfants arabes. Sa femme l’accompagne partout, ce qui le dérange. Le jour suivant, il retourne seul au jardin et fait la connaissance de Bachir, puis de sa sœur et de sa mère. Peu après, il rencontre également Ashour, un jeune Soudanais borgne, qui lui parle d’une rivière traversant les oasis.
Il bénéficie enfin d’un sommeil réparateur. Désirant rencontrer de nouvelles personnes, il retourne seul dans le jardin. Il y éprouve une multitude de sensations. Il a l’impression de renaître, ses sensations étant aussi vives que des pensées. Il ne croise personne, lit et savoure simplement son bonheur.
Chapitre 4
Heureuse de voir la santé de son mari s’améliorer, Marceline lui suggère une promenade à travers les oasis. Ils s’y aventurent et tombent sur un joueur de flûte nommé Lossif. Michel prend un moment pour rencontrer Lossif qui lui présente son frère Lachmi. Lossif lui apprend le système d’irrigation de l’oasis, tout en lui servant du vin de palme. Michel décide d’explorer d’autres jardins de l’oasis, constatant qu’ils sont tous assez similaires, alors qu’auparavant il ne s’était limité qu’à un seul.
Michel entreprend souvent des promenades avec Marceline, mais finit par rester dans le premier jardin tandis qu’elle continue seule. Il se lie d’amitié avec les enfants du jardin, jouant et rentrant avec eux, et leur offrant de l’argent. Il invite des enfants chez lui, tout comme Marceline, mais ils amènent des enfants différents : ceux de Marceline sont calmes et doux, tandis que ceux de Michel sont plus turbulents.
En janvier, la météo se dégrade, obligeant Michel à rester dans sa chambre. Son état de santé se détériore de nouveau, les enfants devenant sa seule source de distraction. Il puise de l’énergie dans leur vitalité pour se rétablir. La sagesse et la fragilité des enfants que Marceline affectionne particulièrement irritent Michel. Un jour, Moktir, un des favoris de Marceline, dérobe ses ciseaux de couture. Michel fait semblant de ne pas le remarquer. Toutefois, il éprouve une certaine joie que Moktir les ait pris, et le choisit comme favori.
Chapitre 5
Après une période de pluies à Biskra, le ciel redevient clair, et Michel se sent revigoré. Ils retournent au verger de Lossif, mais il se lasse des enfants qui l’accompagnent. Finalement, il se reconnecte avec Marceline, mais il faut plus d’un mois pour qu’il ressente son amour pour elle. La chaleur augmentant, ils décident de quitter Biskra rapidement, préparant leurs bagages en trois heures pour un départ en train au lever du jour.
Au cours de sa dernière nuit à Biskra, Michel se réveille et sort de sa chambre pour contempler la lune et ressentir la vie qui le brûle. Il se sent soudainement confronté à la tragédie de sa vie et à sa propre mortalité en réfléchissant sur un passage de la Bible.
Chapitre 6
Au cours du voyage, l’état de santé de Michel fluctue. Finalement, ils arrivent à Syracuse, où Michel aspire à reprendre ses études et recherches. Cependant, il n’y parvient plus comme auparavant ; pour lui, le passé représente désormais des choses révolues. Il souhaite se focaliser sur le présent. Son érudition le pèse : il recherche ce qui est vivant et lutte continuellement contre son inclination à visualiser le passé des monuments qu’il observe. Il préfère donc flâner dans les vergers. Michel se sent idiot, se considérant trop intelligent, la confrontation à la mort ayant révélé en lui un homme différent.
Il entreprend alors un changement moral et physique, s’efforçant de le dissimuler pour ne pas entraver son progrès. Il évite de visiter des villes imprégnées d’histoire, comme Agrigente. Michel renforce son corps, marche beaucoup, prend des bains de soleil nu et se baigne en pleine nature. Il commence à se trouver séduisant.
Chapitre 7
Michel intensifie progressivement ses activités physiques, se rase la barbe et laisse ses cheveux pousser. Il perçoit un changement et un renouvellement en lui, mais, afin de ne pas heurter Marceline qui est éprise de sa personnalité d’antan, il lui cache la vérité. Ce subterfuge devient peu à peu une habitude presque plaisante.
Chapitre 8
Michel prend la route seul de Ravello à Sorrente étant donné que Marceline doit le retrouver plus tard à Positano en voiture. Cependant, en chemin, il aperçoit le véhicule de Marceline et distingue le cocher ivre et agressif. Le cheval s’effondre. Il se précipite vers Marceline, une altercation éclate entre lui et le cocher, qu’il maîtrise et attache dans la voiture. Marceline et Michel échangent des regards particuliers face à cette situation inhabituelle : Michel a démontré sa force et l’a protégée.
Le soir même, ils font l’amour pour la première fois. Le matin, alors qu’il est encore dans les bras de Morphée, il repense à cette nuit, qu’il gardera en mémoire toute sa vie, car il était vierge. Il observe Marceline, la trouvant tour à tour gracieuse, vulnérable, puis mélancolique. Il s’en veut de l’avoir délaissée et redoute le moment où il lui faudra, à son tour, la soigner comme elle l’a fait.
Chapitre 9
Michel vit des jours heureux à Syracuse, mais sent que la vie errante ne lui convient plus. Cherchant à retrouver sa passion, il se focalise sur l’histoire du jeune roi Athalaric et de l’empire des Goths. Marceline voit cela comme une crise, et ensemble, ils voyagent à travers l’Europe. Fatigués, ils envisagent l’avenir et choisissent de s’installer en Normandie. Finalement, Michel reçoit une offre de poste de professeur du Collège de France et ils passent l’été dans leur maison normande avant de se décider.
Partie 2
Chapitre 1
Michel et Marceline s’installent en Normandie où Michel renoue avec ses souvenirs d’enfance. Il retrouve le vieux garde, Bocage, et ils améliorent progressivement la propriété. Marceline annonce qu’elle est enceinte et Michel réfléchit sur sa vie et ses désirs. Le fils de Charles, un jeune homme dynamique, revient et ouvre les yeux de Michel sur la mauvaise gestion de ses terres. Ensemble, ils élaborent une stratégie pour améliorer la situation.
Michel découvre qu’on le trompe sur ses fermes et adopte un cheval avec l’aide de Charles. Deux fermiers partent après des négociations de bail, laissant Michel avec cent hectares à gérer avec Bocage et Charles. Ils préparent l’exploitation des terres tout en passant du temps avec Marceline. Charles repart et Michel et Marceline s’en vont pour Paris.
Chapitre 2
À Paris, Michel et Marceline louent un appartement coûteux. Si Marceline s’inquiète des coûts, Michel est optimiste grâce aux revenus de ses nouvelles terres. Malgré sa notoriété d’érudit, Michel se sent incompris dans ses cours. Il retrouve Ménalque, figure libre et sans contraintes, et le reconnaît comme un modèle de vie authentique. Ils se rapprochent malgré les ennuis judiciaires de Ménalque. Ce dernier, lui rappelant certains principes comme la non-possessivité, devient pour Michel une illustration de la liberté véritable. Ainsi, Michel se questionne sur la valeur de sa propre existence.
Un jour, Ménalque, réhabilité auprès du public, visite Michel et Marceline, révélant l’attachement mutuel entre lui et Michel. Avant un long voyage, Ménalque invite Michel à passer la nuit avec lui. Ce dernier accepte, malgré l’état de santé préoccupant de Marceline. Ils partagent une soirée mélancolique où Michel envie la liberté de Ménalque. Bien que tenté par l’idée du voyage, Michel est retenu par l’arrivée imminente de son enfant, seul élément donnant de la valeur à sa vie. Malheureusement, il rentre pour découvrir que Marceline a fait une fausse couche. Cela le plonge dans une profonde tristesse et une intense quête de soi.
Chapitre 3
UN NOUVEAU SOUFFLE DE VIE
Après que le Docteur leur ait affirmé que Marceline est hors de danger, ils se rendent en Normandie, où Michel doit gérer deux fermes. Il se plonge dans le travail agricole, se reconnectant avec la nature et les ouvriers agricoles. Les amis rejoignent bientôt le couple, mais Michel préfère la compagnie des gens de la ferme. Il devient profondément connecté à eux. Il ressent leurs sensations physiques et émotionnelles d’une manière étrange et intense. Cette expérience le rapproche de la nature d’une manière nouvelle et inhabituelle.
L’ADORATION DE L’INHUMANITÉ
Michel se lie d’amitié avec des individus imprévisibles, tels que Pierre l’alcoolique, et entre en conflit avec Bocage lorsqu’il le renvoie. Michel exprime son désir de revoir son fils Charles. Lorsque celui-ci revient, Michel est déçu tant il a changé. Leur relation n’est plus aussi bonne qu’avant, et Michel regrette les souvenirs qu’il a conservés de Charles. Néanmoins, il doit le revoir pour gérer la coupe et la vente des bois sur ses propriétés. Michel trouve un certain plaisir à observer les tentatives de tromperie consistant à retarder la coupe. Il se rend sur place pour superviser le travail, mais son attention se porte principalement sur les travailleurs eux-mêmes.
Grâce à Bute, un des fils de la famille Heurtevent, Michel apprend que le père Heurtevent a battu sa femme à mort et qu’il entretient une relation incestueuse avec sa fille. Outre ces scènes odieuses, Bute lui explique que son père aidait ses fils à violer les servantes.
LE DOUBLE JEU DE MICHEL
D’autre part, Bute lui révèle qu’on le braconne sur ses terres : il s’agit d’Alcide que Michel prend en flagrant délit. Dix de ses collets sont découverts et confisqués. En guise de récompense, il offre dix sous pour chaque collet saisi, tout en mettant discrètement cent sous à Bute pour créer de nouveaux pièges. Cette situation perdure pendant une période.
Un jour, Bocage informe Michel que Bute est rentré ivre à la ferme et l’a violemment insulté. Bocage demande l’autorisation de le renvoyer. Michel hésite, mais finit par consentir à son départ. Plus tard, Michel apprend que Bute a révélé des détails compromettants, mais Bocage croit que Bute est le seul coupable. Le braconnage est oublié, et la tension diminue. Toutefois, Charles n’est pas dupe. Il confronte Michel au sujet de sa participation au braconnage. Il exprime son désaccord avec ses actions, affirmant que cela nuit à ses propriétés. Charles lui rappelle qu’il a des devoirs envers sa propriété et lui suggère de renoncer à jouer avec ceux qui sont arrêtés pour braconnage. S’il refuse, Charles le menace de démissionner. Choqué par les paroles de Charles, Michel annonce qu’il met la Morinière en vente.
Cependant, une rechute survient chez Marceline. Elle suspecte qu’il n’éprouve plus le même amour qu’auparavant. Dans le but de la rassurer, il propose de partir en vacances avec elle, espérant qu’un changement de lieu améliorera la situation.
Partie 3
Les vices de Michel
Michel soigne sa femme Marceline, mais ressent du dégoût dû à sa maladie ainsi que sa faiblesse. Malgré les difficultés, Marceline garde espoir. Ils voyagent de la Suisse à l’Italie, puis en Tunisie, cherchant la guérison pour Marceline, confrontés à des désaccords et à des conditions difficiles. Michel est tiraillé entre amour et répulsion, et cherche des expériences “sauvages“. Marceline perçoit son manque de respect, mais reste à ses côtés. Le voyage met en lumière les vices de Michel et les tensions au sein du couple.
Le décès de Marceline
Le couple revient à Biskra, retrouvant leur chambre d’hôtel, le jardin et les enfants. Cependant, tous les enfants le déçoivent, s’étant soit assagis, soit devenus grotesques. Il désire uniquement revoir Moktir, qui a conservé toute sa sauvagerie et a passé quelque temps en prison. Il invite Moktir à les rejoindre pour un voyage à Touggourt. Le périple s’avère très difficile : entre le sable, le vent, l’eau salée et l’état médiocre de la chambre d’hôtel. Marceline est plongée dans l’angoisse, son mari ne pouvant plus la regarder sans ressentir du dégoût.
Un soir, il sort avec Moktir et passe la nuit avec sa maîtresse. À son retour à l’hôtel, il découvre Marceline agrippée au lit, sale, saignante, en suffocation et en souffrance. Elle décède dans ses bras. Il utilise le peu d’énergie qui lui reste pour l’enterrer à El Kantara, dans un jardin. On découvre que cela s’est produit il y a trois mois, et c’est à ce moment que son récit prend fin.
Retour au présent
Le calme apparent de Michel pendant la narration a rendu ses auditeurs mal à l’aise et ils se sont sentis presque complices. On ne sait pas si le narrateur cachait ses émotions par orgueil, par force ou par pudeur.
En fuite dans le désert algérien, Michel exprime sa frustration face à son existence actuelle. Il se sent jeune et plein de potentiel, mais il ne sait pas comment se réorienter. Il a l’impression d’avoir perdu sa volonté et sa capacité de penser de manière constructive. Il attribue son mal-être au climat du désert, qu’il trouve oppressant et décourageant. Il se sent incapable de trouver un but dans une vie où la volupté est omniprésente.
Michel décrit également sa relation avec un enfant algérien, Ali. Ce dernier est un garçon sauvage et indépendant, mais il est également très attachant. Le narrateur trouve du réconfort dans la présence d’Ali, qui vient lui apporter de la nourriture, et sa sœur, une prostituée avec qui il a couché plusieurs fois avant de provoquer la colère d’Ali. Dès lors, Michel a arrêté de coucher avec la sœur d’Ali. Cette dernière, amusée, commence à se demander si ce n’est pas son frère qui le retient dans le désert.
Présentation des personnages
Michel est représenté comme étant faible et fragile, au début du récit, en raison de sa maladie tuberculeuse. Cette faiblesse physique contraste fortement avec l’image de vigueur et de vitalité qu’il acquiert au fur et à mesure qu’il guérit et se libère des contraintes de la moralité et de la société. Sa transformation physique est étroitement liée à sa métamorphose intérieure et symbolise la renaissance de ses désirs et de ses instincts primaires. Alors qu’il explore de nouveaux aspects de la vie et s’engage dans des expériences sensorielles, il gagne en vitalité. Sa santé s’améliore, reflétant son émancipation des conventions sociales. Initialement, il est présenté comme un intellectuel sérieux, voire détaché, centré sur ses études et son travail. Cependant, sa maladie agit comme un catalyseur, déclenchant une réévaluation profonde de ses valeurs et de sa vie. Il commence à questionner les fondements moraux et éthiques de son existence et à s’ouvrir à des impulsions et des désirs qu’il avait auparavant ignorés ou réprimés. Cette exploration de son moi intérieur conduit Michel à adopter des comportements de plus en plus égoïstes et immoraux. Il se laisse guider par ses désirs, souvent aux dépens des autres, notamment de sa femme Marceline. Michel découvre une forme de jouissance dans la transgression des normes sociales et morales, ce qui l’éloigne de plus en plus de son ancienne vie et de ses responsabilités. Ce personnage sert de représentation symbolique de l’individu en conflit avec la moralité et les conventions sociales. Il incarne la tension entre la liberté individuelle et les attentes de la société. Sa transformation met en lumière la dualité de la nature humaine. Il explore les limites de la moralité subjective et questionne les valeurs imposées par la société. D’autre part, ce personnage incarne la quête de l’authenticité et de la vérité intérieure. Sa rupture avec les normes sociales et son exploration de ses désirs les plus profonds illustrent le conflit entre l’individu et la société, ainsi que les sacrifices et les conséquences liés à la poursuite de la liberté personnelle.
Marceline, la femme de Michel, est décrite comme étant belle, douce et aimante. Sa beauté et sa douceur sont constamment évoquées tout au long du roman et sont mises en contraste avec l’évolution de Michel. Malgré la transformation de Michel et son rejet progressif des valeurs morales, Marceline reste fidèle et dévouée à son mari. Elle l’accompagne dans ses péripéties et dans ses souffrances, y compris lorsqu’il est au plus mal pendant sa maladie. Sa présence physique constante et rassurante incarne l’amour inconditionnel et le dévouement. On peut voir Marceline comme un pilier de force et de stabilité pour Michel. Elle est altruiste, se mettant constamment en retrait pour soutenir son mari dans sa guérison et ses explorations. Cette dévotion à son mari met en lumière son caractère profondément empathique et généreux. Cependant, sa bonté et son dévouement sont exploités, et elle devient, tragiquement, une victime des choix égoïstes et immoraux de Michel. Sa souffrance psychologique contraste fortement avec la libération et l’égoïsme de Michel. Elle souligne la dualité et le conflit entre l’individu et l’autre. Marceline représente plusieurs concepts importants dans le roman. Elle incarne d’abord la moralité traditionnelle et les valeurs éthiques, offrant un point de repère moral constant dans le récit. Son dévouement et son altruisme sont mis en contraste avec l’immoralité croissante de Michel. Cela illustre le conflit entre le bien et le mal, l’altruisme et l’égoïsme. En outre, Marceline peut être vue comme un symbole de la victimisation. Son sacrifice et sa souffrance sont le résultat direct de la quête de liberté et d’authenticité de Michel. Elle met en lumière les conséquences souvent dévastatrices des choix égoïstes sur les personnes innocentes. Son destin tragique soulève des questions sur la responsabilité individuelle et les limites de la liberté personnelle.
Ménalque est représenté comme étant séduisant et libre. Il est libre d’esprit, indépendant et vit en dehors des contraintes de la société. Il influence Michel et représente un mode de vie alternatif. Il incarne la liberté ainsi que la rébellion contre les normes sociales. Il est à la recherche de plaisirs personnels.
Bocage est présenté comme un homme pragmatique et terre-à-terre. Il représente les valeurs traditionnelles de la ruralité et de la terre. Il peut être interprété comme un symbole de la simplicité et de l’honnêteté, en contraste avec la complexité morale de Michel.
Les Enfants sont généralement décrits comme étant jeunes et innocents, souvent des figures de paysans ou des enfants des rues. Ils représentent l’innocence, la spontanéité et la liberté. Ils jouent un rôle important dans l’éveil de Michel à ses propres désirs et à une vie plus authentique. Ils symbolisent la vie non corrompue par la société et la morale. Ils représentent un état de liberté naturelle et de joie, attirant Michel loin de sa vie antérieure.
Analyse de l’oeuvre
Le style d’écriture de Gide
Dans L’Immoraliste d’André Gide, la structure narrative et le style d’écriture jouent un rôle crucial dans la façon dont les thèmes du roman sont développés et interprétés.
Narration à la première personne
Le roman est narré par Michel, le protagoniste, ce qui offre au lecteur un accès direct et intime à ses pensées, ses sentiments et ses motivations. Cette perspective est cruciale pour comprendre les dilemmes moraux et éthiques de Michel et pour suivre son évolution psychologique et philosophique tout au long de l’histoire.
La narration à la première personne crée une atmosphère d’introspection et de réflexion, permettant au lecteur de plonger dans la complexité de la conscience de Michel. Cela renforce la nature introspective du récit et souligne les questionnements internes et les contradictions du personnage principal.
Style prosaïque et introspectif
Gide adopte un style d’écriture prosaïque et introspectif, mettant l’accent sur l’exploration approfondie de la psyché de Michel. Le texte est dense, riche en réflexions philosophiques, en dialogues intérieurs et en dilemmes moraux, reflétant le tourment intérieur et la quête de soi de Michel.
Le style introspectif du récit met en lumière les nuances et les subtilités de l’expérience humaine, invitant le lecteur à réfléchir aux thèmes de l’authenticité, de la moralité, et de la liberté. Gide utilise une prose raffinée et réfléchie pour capturer la complexité des sentiments et des pensées de Michel, créant ainsi une expérience de lecture immersive et contemplative.
Les thématiques exploitées par André Gide dans cette oeuvre
La Quête de Soi et l’Authenticité : Michel, le protagoniste, subit une transformation radicale tout au long du roman. En luttant contre la maladie, cet érudit déclenche une réévaluation de ses valeurs et un désir de vivre de manière authentique. La quête de soi de Michel l’amène à défier les normes sociales et morales, à explorer ses désirs et à chercher la liberté personnelle.
La Moralité et l’Immoralité : le roman explore la subjectivité de la moralité. Michel remet en question les normes morales établies et agit de manière égoïste et immorale selon les standards sociaux. Le titre “L’Immoraliste” suggère une exploration de l’immoralité, reflétant les actions et les choix de Michel, ainsi que la tension entre la moralité individuelle et collective.
La Liberté et la Responsabilité : Michel cherche à se libérer des contraintes de la société et à vivre selon ses propres termes. Sa quête de liberté soulève des questions sur les limites de la liberté individuelle et les conséquences des actions égoïstes. Le roman examine la responsabilité de l’individu envers les autres, notamment à travers la relation entre Michel et Marceline, et les conséquences de la liberté individuelle sur autrui.