Littérature

Anna Gavalda, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, Cet homme et cette femme : résumé, personnages et analyse

Couverture de la fiche de lecture d'Anna Gavalda, Cet homme et cette femme du recueil : Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.
Ecrit par Les Résumés

Cet homme et cette femme est une nouvelle d’Anna Gavalda publiée en 1990 dans le recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. Dans cette nouvelle, l’auteure française dessine le portrait d’un couple qui roule en voiture en direction de leur maison de campagne. Le trajet révèle des tensions. L’homme est préoccupé par l’argent et le travail, la femme, Mathilde, par des regrets personnels. Explorons cette œuvre qui offre une perspective assez sombre sur la communication d’un couple dans le cadre d’un mariage malheureux.

Résumé détaillé de Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part – “Cet homme et cette femme” de Anna Gavalda

Un homme roule avec sa femme dans une voiture qu’il a achetée pour 320 000 francs. Il est agacé car le gicleur droit est défectueux. Lundi, il demandera à sa secrétaire de contacter Salomon. Il évite les liaisons professionnelles et reste fidèle à sa femme, ayant compris à quel point les pensions alimentaires peuvent être onéreuses. Ensemble, ils se dirigent vers leur ferme près d’Angers, qu’ils ont acquise à un prix modique avant d’y réaliser de luxueuses rénovations. Malgré un style un peu “nouveau riche”, ils en sont pleinement satisfaits.

Vêtu élégamment, l’homme conduit d’un pas décidé vers sa propriété. Il envisage de discuter avec les gardiens, car leur attitude le contrarie. L’idée de les renvoyer lui effleure l’esprit, mais il manque de temps pour y penser sérieusement. Puis, il se perd dans ses pensées, irrité par ses associés, son pare-brise marqué par les moustiques et, bien sûr, ce maudit gicleur droit.

Marquée par de nombreux renoncements, sa femme, Mathilde, sait que par le passé, son mari ne lui a pas toujours été fidèle. Durant leurs voyages du week-end, elle est souvent mélancolique. Elle a le sentiment de n’avoir jamais été vraiment aimée et regrette de ne pas avoir eu d’enfants. Une ancienne conversation sur l’adoption lui revient en mémoire, mais son esprit dérive rapidement vers un tailleur vert qu’elle avait repéré chez Cerruti. Dans la voiture, la musique classique joue en fond. Elle aime ce genre de variété et apprécie également les flashs d’informations.

Ils sont encore loin de leur destination. Chacun est profondément englouti dans ses pensées, rendant tout échange impossible. Ils ne se parleront sûrement pas.

Présentation des personnages

L’homme porte un pantalon de vieux tweed et un col roulé bleu ciel en cachemire, cadeau de sa femme pour ses cinquante ans. Ses chaussures proviennent de chez John Lobb, et il porte des chaussettes en fil d’Écosse montant jusqu’au mollet. Pensif, il est irrité par certaines imperfections, comme le gicleur droit de sa voiture. Fatigué par ses associés et son quotidien, il déteste interagir avec les gardiens de sa maison de campagne, les jugeant nonchalants. Bien qu’il songe à des relations extraconjugales, il reste fidèle à sa femme, principalement en raison des conséquences financières. Symboliquement, cet homme pourrait incarner le malaise de la bourgeoisie, piégée dans les conventions, les apparences et les soucis matériels.

Mathilde, la femme de l’homme, est décrite comme une belle femme, mais le renoncement de sa vie transparaît sur son visage. Elle est mélancolique, résignée et semble accablée par un sentiment de non-accomplissement. Consciente des infidélités passées de son mari, elle regrette l’absence d’enfants dans sa vie et se souvient douloureusement d’une discussion sur l’adoption. Malgré tout, elle trouve de la joie dans des détails comme un tailleur aperçu dans une vitrine. Elle incarne la tristesse et la résignation des femmes dans une société où elles sont souvent reléguées au second plan ou définies par leur relation avec les hommes.

La secrétaire de l’homme est évoquée brièvement dans le texte. Sa mention éclaire les réflexions intérieures de l’homme sur la tentation de l’infidélité. Elle peut symboliser le renoncement ou la retenue.

Les gardiens de la maison de campagne semblent être nonchalants dans leur travail. Ils incarnent à la fois une classe sociale différente ainsi que l’opposition entre employeur et employé.

Kevin, le petit garçon de la gardienne aura trois ans en janvier. Il représente peut-être ce que Mathilde n’a pas – un enfant. Cela renforce son sentiment de non-accomplissement en tant que mère.

La voiture semble être une source de fierté mais aussi de tracas pour l’homme. Bien qu’elle ne soit pas un personnage à proprement parler, ce véhicule étranger, assez coûteux, est presqu’aussi important que Mathilde. Du moins dans les pensées de l’homme puisque celui-ci y pense beaucoup plus qu’il ne pense à sa femme. En effet, en plus de symboliser le statut et la richesse, la voiture peut également incarner la distance (émotionnelle et physique) entre le couple.

Analyse de l’oeuvre

Schéma narratif

Étape Description
Situation Initiale Cet homme et cette femme sont dans une voiture étrangère. Ils roulent vers leur maison de campagne, un corps de ferme près d’Angers.
Élément Perturbateur L’homme est agacé par le dysfonctionnement du gicleur droit de la voiture.
Péripétie L’homme pense à sa secrétaire et à sa vie conjugale. Il se remémore également une partie de golf avec Antoine Say. Sa femme, Mathilde, regrette de ne pas avoir été mère. Elle ne se sent pas aimée.
Dénouement Le couple arrive au péage.
Situation Finale L’homme est fatigué et insatisfait de sa vie professionnelle et personnelle. La femme, Mathilde, se sent mélancolique et réfléchit à sa propre vie. Chacun est dans ses pensées. Ils ont arrêté de parler entre eux.

Analyse thématique

La nouvelle Cet Homme et Cette Femme de la romancière française dresse un tableau critique de la bourgeoisie contemporaine. L’auteure y dépeint le vide existentiel de deux individus englués dans leur confort matériel, mais spirituellement et émotionnellement appauvris.

La matérialité et l’obsession du paraître

Dans la nouvelle, les personnages se définissent nettement à travers leurs possessions. Leurs biens et les coûts qui y sont associés sont explicitement mentionnés : une voiture coûteuse, une maison de campagne près d’Angers, des boiseries, une cheminée d’antiquaire, etc. Cependant, malgré cette opulence matérielle, l’esthétique de leur domicile est décrite comme étant “nouveau riche” – un terme souvent utilisé de façon péjorative pour évoquer un manque de finesse ou de raffinement culturel.

D’autre part, cette obsession pour les apparences semble dissimuler le vide existentiel que leur vie a pris. En réalité, l’homme ne peut poursuivre ses désirs, comme celui d’être infidèle à sa femme, en raison de la crainte des conséquences financières. Ses pensées restent donc centrées sur ses biens matériels : sa maison de campagne, sa voiture. Il est important de souligner que ces objets prennent plus de place dans ses pensées que sa femme elle-même. Mathilde, quant à elle, cache son mal-être en se remémorant ce tailleur qu’elle a aperçu dans une vitrine. Ainsi, dans cette nouvelle, les objets semblent offrir aux protagonistes un moyen de s’évader d’une existence morne.

L’aliénation émotionnelle et relationnelle

Il est flagrant que le couple ne communique plus vraiment. Ils sont engloutis dans leurs pensées individuelles, révélant leurs frustrations, leurs regrets et leurs renoncements. L’homme est irrité par des choses mineures, comme le gicleur de sa voiture, ses domestiques nonchalants et ses associés. En réalité, c’est un moyen de s’extirper de ses réelles frustrations comme le fait de ne pas pouvoir être infidèle à sa femme. Mathilde est mélancolique, elle regrette les enfants qu’elle n’a jamais eus. Outre le sentiment de non-accomplissement en tant que mère, c’est surtout le manque d’amour qui lui fait mal. Elle a bien conscience que son mari a arrêté de la tromper pour des raisons financières. Elle estime qu’il ne l’a jamais aimé et on peut supposer que son souhait d’être mère relève plus d’un besoin affectif.

La superficialité des relations

L’homme pense brièvement à sa secrétaire de manière objectivante. En effet, il évoque ses seins, qu’il trouve plutôt petit. Le texte suggère qu’il ne la voit pas comme un individu à part entière, mais plutôt comme un objet de désir. D’ailleurs, il est intéressant de mettre en évidence que l’homme considère plus ses biens matériels que ses relations (sa secrétaire, sa femme). On pourrait penser que cette attitude révèle un homme misogyne et pourtant, il se montre aussi agacé par la gente masculine : ses associés, ses domestiques. On pourrait donc supposer que l’homme accorde plus d’importance aux objets inanimés qu’aux personnes.

La vacuité de l’existence moderne

La critique de la superficialité est également présente dans les détails, comme le fait que le couple écoute Fip, une station qui leur donne l’illusion d’être culturellement raffinés sans vraiment s’engager. Leur trajet en voiture, marqué par le silence et la distance, est une métaphore de leur vie ensemble : un voyage sans but ni véritable connexion. Ils ne partagent rien ensemble. Chacun est plongé dans ses propres pensées, aspiré par des désirs propres qu’ils gardent enfouis secrètement. C’est comme une échappatoire, un havre de paix dans lequel ils sont happés et peuvent oublier leur morne existence.

Le contraste entre l’intérieur et l’extérieur

Il est intéressant de noter la manière dont Gavalda décrit les objets et les environnements. Tout ce qui est associé au couple est détaillé et matérialiste, tandis que le monde extérieur, symbolisé par les “moustiques” et les brèves informations à la radio, est traité de manière éphémère et fugace. Ainsi, le couple est comme déconnecté de la réalité.

À travers cette nouvelle, Anna Gavalda offre un regard acéré sur les travers de la bourgeoisie, dénonçant un monde où les possessions matérielles l’emportent sur les relations humaines authentiques. En décrivant la solitude et le vide intérieur de ses personnages principaux, elle met en lumière les sacrifices faits au nom du confort et du statut social. Elle pose la question de ce qui est véritablement important dans la vie.

Quelles sont les figures de styles qui renforcent les thématiques de cette nouvelle ?

Anaphore : Répétition de “Évidemment” pour insister sur les détails précis de la tenue de l’homme. Cela renforce son attachement à la tradition et à un certain style de vie.

Métaphore : “Le pare-brise est criblé de moustiques” compare les traces de moustiques sur le pare-brise à des impacts de balles. Cette métaphore crée une image visuelle vivante et suggère également une forme d’agression subie par la voiture, accentuant les frustrations ressenties par les personnages.

Énumération : la liste des tâches à discuter avec les gardiens (“propriété, ménage, élagage des hêtres, braconnage“) crée une énumération d’éléments à traiter. Cela souligne les responsabilités et les préoccupations des personnages vis-à-vis de leur maison de campagne, tout en montrant l’étendue de leur mode de vie. Toutefois, le fait que l’homme ne souhaite pas les congédier, parce qu’il manque de temps, peut souligner le manque de communication.

Métalepse : “L’emmerdent” est une expression familière qui suggère que les associés causent des problèmes à l’homme. L’utilisation de cette métalepse révèle le mécontentement de l’homme vis-à-vis de ses associés, donnant un aperçu de sa situation professionnelle.

Parallélisme : la répétition de “elle pense” dans les phrases sur les pensées de la femme crée un parallélisme qui met en évidence ses réflexions. L’auteure met en avant les pensées introspectives de la femme, soulignant son état d’esprit mélancolique et ses regrets. D’autre part, on peut penser que ce parallélisme permet de rendre son personnage plus vivant. En effet, aux yeux de l’homme, elle semble n’être qu’un personnage inanimé, pas plus important que sa voiture ou leur maison de campagne. Peut-être peut-on y voir là, une sorte de clin d’œil au cogito ergo sum de Descarte : je pense donc je suis. Le fait qu’elle pense lui donne l’occasion d’être en vie, elle qui est reléguée au second plan par son mari.

Comparaison : la comparaison “comme son père” est utilisée pour exprimer le choix du prénom si la femme avait eu un fils. Cela révèle les préférences personnelles de la femme en matière de prénom et évoque ses aspirations à une vie différente.

Allitération : la répétition du son “m” dans “Mathilde“, “mélancolique“, “mais elle pense aussi” crée une allitération. Celle-ci crée un rythme doux qui reflète la tonalité contemplative de la scène.

Zeugma : “Des musiques du monde entier qui donnent le sentiment d’être ouvert” utilise le terme “ouvert” de manière figurée pour se rapporter à la fois à la diversité musicale et à l’état d’esprit. Ce zeugma renforce le caractère évocateur de la musique et son impact sur les personnages.

Euphémisme : l’utilisation du terme “interminables allers-retours du week-end” adoucit le fait que les trajets sont longs et ennuyeux.

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Catgut

Clic Clac 

I.I.G. 

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Le Fait du Jour 

Pendant des Années

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Petites Pratiques Germanopratines

The Open Touch

Epilogue

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