Ivanov est la deuxième mouture d’une première version d’Anton Pavlovitch Tchekhov, un dramaturge russe, créée le 19 novembre 1887. Ce drame en quatre actes obtient un triomphe en 1889. Résumé de la pièce du 19e siècle, présentation des personnages, analyse de l’œuvre, examinons tout ça ensemble.
Résumé scène par scène d’Ivanov d’Anton Pavlovitch Tchekhov
Acte 1
L’acte se déroule dans le jardin de la propriété d’Ivanov.
Scène Première
Ivanov, un membre permanent de la Commission pour les affaires paysannes, est tranquillement en train de lire un livre quand un de ses parents éloignés, Borkine, lui fait peur en le mettant en joue avec son fusil. Ivanov n’apprécie pas la plaisanterie. Borkine lui explique qu’il vient de faire 17 verstes* en trois heures, soit un peu plus de 18 km, il lui demande de toucher son pouls, mais Ivanov est déjà retourné à sa lecture. Borkine lui demande s’il serait triste s’il venait à trouver la mort puis lui confie que s’il empeste la vodka, c’est qu’il a vu le juge d’instruction et qu’ils ont bu ensemble. Troublé dans sa quiétude, Ivanov lui demande de le laisser tranquille. Avant de repartir, Borkine lui demande quatre-vingt-deux roubles pour les ouvriers, une somme qu’il n’aura que le premier du mois.
* verste : ancienne unité de distance (1 067 mètres) en Russie (Petit Robert)
Scène 2
Du haut de la fenêtre, on entend Chabelski, l’oncle d’Ivanov, qui se plaint de la personne avec laquelle il joue du piano. Anna Petrovna, la femme d’Ivanov, parait à la fenêtre. En voyant Borkine, elle lui demande de donner l’ordre afin qu’on aille chercher du foin au croquet, mais il refuse. Après lui avoir fait la morale, elle se tourne vers son mari pour lui demander s’il ne veut pas faire des “culbutes dans le foin”. Celui-ci lui demande à son oncle de fermer la fenêtre, car ce n’est pas bien pour sa femme que celle-ci soit ouverte. Borkine rappelle à Ivanov qu’il doit payer les intérêts de Lébédev, le Président du District. Ivanov le sait et c’est pour cette raison qu’il compte aller aujourd’hui même chez Lébédev. Borkine se rend compte que c’est l’anniversaire de la fille des Lébédev, Sachenka. Avant qu’ils ne partent tous deux, Borkine explique à Ivanov que s’ils s’alliaient ensemble, il pourrait lui faire gagner beaucoup d’argent, mais Ivanov n’aime pas les combines que lui décrit Borkine. Ce dernier se sent incompris.
Scène 3
Chabelski sort de la maison avec Lvov, un jeune médecin. Ce dernier apprend à Ivanov que sa femme est atteinte de phtisie* et qu’elle a besoin de partir en Crimée pour se reposer. Ivanov en a conscience, mais il ne dispose pas d’une somme suffisante pour la faire partir. De son côté, Chabelski doute de la sincérité des médecins. Il les voit comme des imposteurs qui courent après l’argent. Borkine continue de dire à Ivanov qu’ils seraient riches s’il lui faisait confiance puis il s’en va avec un Chabelski intéressé de connaître ses idées ingénieuses pour devenir riche.
Chabelski et Borkine ayant quitté les lieux, Lvov explique à Ivanov qu’il doit absolument partir avec sa femme en Crimée s’il veut qu’elle se rétablisse. Ivanov lui répète qu’il n’a pas les moyens nécessaires et il lui confie que, même si sa femme a tout abandonné par amour pour lui, il se demande si, après 5 ans, il est encore amoureux d’elle. En effet, en sachant qu’elle est proche de la mort, il n’éprouve ni pitié, ni tendresse.
* phtisie : tuberculose pulmonaire (Petit Robert)
Scène 4
Chabelski revient après s’être entretenu avec Borkine qui lui propose de se marier avec Babakina, une jeune veuve qui est propriétaire. Ce mariage pourrait le rendre riche. En voyant Chabelski, Petrovna se met à rire, car elle s’est souvenue d’une blague qui l’a dit plus tôt dans la journée. Puis elle s’interroge sur les raisons de sa méchanceté. Celui-ci lui fait comprendre qu’il est aussi perfide et noir que tout ceux qu’ils critiquent. Il se met à rêver de fortune ce qui lui permettrait de séjourner à Paris et d’aller rendre visite à sa femme qui est enterrée en France. Pétrovna lui propose de continuer à jouer de la musique.
Scène 5
Ivanov revient avec Lvov tout en lui conseillant ce qu’il ne doit pas faire. En un sens, il lui explique tous les mauvais choix qu’il a faits dans sa vie. Chabelski arrive et est vite renvoyé à la maison par Ivanov. Lvov explique à ce dernier qu’il le trouve antipathique. Ivanov entre dans sa maison.
Seul sur scène, Lvov explique à quel point il hait Ivanov. Celui-ci a la chance d’avoir une femme qui est profondément amoureuse de lui, mais lui, étant trop égoïste, ne lui donne que trop peu en retour. Nous apprenons également que Lvov connaît les raisons qui poussent Ivanov à se rendre tous les soirs chez les Lébédev.
Scène 6
Ivanov s’apprête à sortir, mais il est retenu par sa femme qui ne comprend pas pourquoi il part tous les soirs et Chabelski qui le supplie de l’amener avec lui. Il accepte que son oncle vienne avec lui et celui-ci court dans la maison pour récupérer un chapeau de paille. Pétrovna demande à son mari de rester ce soir, celui-ci refuse. Trouvant qu’il a changé depuis un an, elle lui demande des explications. Ivanov lui confie que lorsqu’il est tourmenté, il cesse de l’aimer. Sa femme lui conseille de s’amuser, de chanter, de rire, de rester à la maison avec elle, mais voyant qu’il est décidé à partir, elle capitule. Lvov demande à Pétrovna de rentrer, car l’air humide, n’est pas bon pour elle. Pétrovna lui répond par un “à vos ordres”, pour se moquer gentiment de lui, mais elle se met à tousser.
Scène 7
Chabelski et Ivanov sont partis. Lvov se demande comment une femme aussi intelligente et aussi honnête a pu tomber dans les griffes d’un si odieux personnage entouré d’un oncle perfide et d’un parent voyou. Pétrovna lui fait comprendre qu’à l’époque où ils se sont rencontrés, Ivanov voyait ses deux membres de sa famille tels que le médecin le décrit aujourd’hui. Autrefois, c’était un homme remarquable, bien différent de l’homme que Lvov connaît depuis six mois. Aujourd’hui, elle sait : son mari cesse de l’aimer quand vient le soir et elle sait qu’il s’amuse avec d’autres femmes. Pétrovna fait comprendre au médecin qu’elle a tout abandonné pour vivre auprès de l’homme qu’elle aime. En effet, elle est née dans une famille juive et elle a épousé le nom d’Anna Pétrovna, en délaissant son nom de naissance : Sarah Abramson. Son père et sa mère ne lui parlent plus. Pétrovna décide d’ignorer les recommandations du médecin et compte partir pour aller chez les Lébédev.
ACTE 2
Tout l’acte II se déroule dans la salle de bal de la maison des Lébédev.
Scène Première
Savichna, la femme de Lébédev, est assise sur le divan. Les personnes les plus âgées sont dans des fauteuils tandis que les plus jeunes sont assis sur des chaises. Au fond de la pièce, certaines personnes jouent aux cartes dont :
- Kossykh, un fonctionnaire de la Régie des tabacs ;
- Nazarovna, une vieille dame ;
Iégorouchka, le pique-assiette des Lébédev.
Gavrila, la domestique, est près de la porte à droite pour servir les invités des Lébédev.
Babakina entre et se dirige vers la maîtresse de maison. Après quelques formules de politesse, Babakina lui parle de finance. Elle lui apprend que l’emprunt s’est remis à monter. Pour elle, ce n’est pas intéressant d’immobiliser son capital. Un invité se mêle à la conversation. Babakina s’ennuie.
Scène 2
Savichna revient avec son mari, Lébédev, pour qu’il se mêle aux invités. En voyant Babakina, il prend place à côté d’elle. Kossykh et Nazarovna ont perdu la partie de carte. Cette dernière rejette la faute sur Kossykh qui va retrouver Lébédev pour qu’il lui donne raison, mais celui-ci lui demande qu’il le laisse tranquille. Kossykh s’en va. En voyant Babakina, Nazarovna va à sa rencontre en déclarant qu’on ne l’amènera pas dans son cercueil tant qu’elle n’aura pas trouvé de bons époux pour Babakina et Sachenka.
Scène 3
Sachenka entre dans la scène et s’étonne de voir tout le monde étouffer à l’intérieur alors qu’il fait si beau dehors. Son père est en pleine explication avec Babakina et Nazarovna sur les hommes d’autant et les hommes de maintenant qui ne savent plus danser, n’ont aucune conversation et ne savent pas boire. Toutefois, il y a bien un homme qui sort considérablement du lot pour lui, mais il est marié. Il s’agit d’Ivanov.
La discussion tourne alors sur Ivanov qui, en se mariant avec sa femme, aurait espérer la dot, mais Pétrovna fut déshérité par ses parents. La mère de Sachenka précise qu’Ivanov ne paie aucun intérêt sur la somme qu’il leur doit à savoir neuf mille roubles. Certains prétendent qu’ils ne cessent de se disputer, que par moment, il l’enferme dans une cave. Certains colportent des rumeurs comme le fait qu’il soit combinard. Sachenka défend Ivanov et finit par préciser aux convives qu’ils devraient s’amuser, danser, rire, plutôt que de passer leur temps à critiquer un homme qui ne leur a rien fait.
Scène 4
Le comte Chabelski et Ivanov entrent dans la pièce. Lébédev est heureux de voir le comte, lui qui s’ennuie à mourir habituellement. Chabelski lui explique que s’il ne vient pas plus souvent, c’est parce qu’il doit “garder” Sarah (Pétrovna). Il avoue que ce Lvov l’agace, il l’a insulté d’antipathique dernièrement. Il n’a aucune confiance en ce garnement et pense que son diagnostic sur la femme d’Ivanov n’est qu’une ruse pour passer du temps avec elle. Tout le monde se met à parler de ce jeune médecin qui, sous ses airs d’homme parfaitement honnête, irrite et agace tout le monde.
Scène 5
Borkine arrive dans la pièce et fait le tour des différents personnages présents pour les saluer. En guise de cadeau d’anniversaire, il offre à Sachenka des fusées d’artifices. En moins de deux, Borkine réveille tous les invités et les convient à aller dehors pour leur offrir un feu d’artifice. Sachenka et Ivanov s’éclipsent tous les deux.
Scène 6
Ivanov confie à Sachenka la lassitude de son existence. Il se sent de trop dans ce monde et plus rien ne l’égaye. Il abandonne sa maison et sa femme pour ne pas s’ennuyer et lorsqu’il arrive chez les Lébédev, il veut déjà repartir, car il s’ennuie aussi en leur compagnie. Sachenka plaisante en lui proposant qu’ils fuient tous deux en Amérique. La mine grave, Ivanov lui explique qu’il a déjà du mal à quitter le seuil de cette porte, alors partir en Amérique… Il plaint Sachenka. Il espère qu’un lieutenant de passage tombe amoureux d’elle afin de l’épouser et lui permettre de quitter ses lieux.
Scène 7
Savichna entre dans la pièce pendant que Sachenka sort. Ivanov demande à Savichna de lui accorder encore un délai pour rembourser sa dette. Il lui demande de lui pardonner et il s’en va au jardin laissant Savichna toute tremblante.
Scène 8
Kossykh entre dans la pièce toujours en train de maudire Nazarovna qui, selon lui, n’est pas capable d’annoncer un petit chelem. Il sort par la porte de droite.
Scène 9
Nazarovna se plaint auprès d’un invité sur la mauvaise réception des Lébédev. Ensemble, ils décident d’aller trouver Iégorouchka.
Scène 10
Pétrovna et Lvov arrivent dans la pièce. Ce dernier se demande ce qu’ils font là, eux qui sont des honnêtes personnes. Pétrovna lui confie qu’un honnête homme n’a pas besoin de le dire, il le prouve. Que les femmes découvrent toute seules les vertus d’un homme sans que celui-ci ne soit obligé de les vanter. Elle le compare avec Ivanov, qui par le passé, n’a jamais eu besoin de feindre l’honnêteté pour séduire les femmes et lorsqu’il s’indignait, il prononçait “Que j’ai été injuste aujourd’hui“ ou “j’ai pitié de cet homme !”. Ils sortent en direction du jardin.
Scène 11
L’invité et Nazarovna n’ayant pas trouvé Iégorouchka au buffet, ils se dirigent dans le garde-manger.
Scène 12
Babakina entre dans la pièce avec Chabelski et Borkine. Elle leur avoue qu’elle s’ennuie. Borkine en profite pour mettre son plan à exécution afin de marier le Comte Chabelski, qui n’a pas d’argent, à Babakina, qui sera alors comtesse. Cette dernière propose à Chabelski de venir trois jours chez elle puis s’évanouit, toute retournée de la situation. Chabelski et Borkine la portent et sortent de la pièce.
Scène 13
Sachenka avoue l’amour qu’elle a pour Ivanov. Ce dernier réticent au début finit par être séduit par la fille de Lébédev. Il la prend dans ses bras. C’est à ce moment que Pétrovna entre dans la pièce. Son cœur s’arrête quand elle les voit tous les deux. Après leur baiser, Sachenka et Ivanov tournent la tête et s’aperçoivent que Pétrovna est présente dans la pièce.
ACTE 3
Scène 1
Chabelski apprend à Lébédev que Borkine a l’intention de le marier à Babakina. Cela fait sourire Lébédev. En voyant que Chabelski n’a pas vraiment envie de se marier à cette femme, Borkine lui explique qu’il faut arrêter de souffler le chaud et le froid, car en apprenant qu’elle pourrait devenir comtesse, Babakina n’en dort presque plus. Chabelski se dit que ce mariage pourraît être marrant.
Scène 2
Lvov entre et demande si Ivanov est présent. Il annonce que Pétrovna est au plus mal. Lébédev ne comprend pas ce qu’il s’est passé, ils l’ont retrouvée effondrée devant son mari et sa fille, Sachenka qui sanglotait. Chabelski provoque le médecin qui décide de s’en aller. Lébédev lui demande pourquoi il n’arrête pas de le tourmenter. Celui-ci lui répond qu’il ne pense pas qu’une personne puisse mourir soudainement comme le prétend Lvov.
Scène 3
Kossykh entre pour voir si Ivanov n’est pas présent. Remarquant son absence, il se met à raconter ce qu’il s’est passé la nuit dernière lorsqu’il jouait aux cartes. Après lui avoir demandé plusieurs fois de partir, Lébédev pointe son revolver et Kossykh quitte la pièce en se plaignant que personne ne prend plus le temps d’écouter.
Scène 4
Nazarovna entre et s’adresse au Comte Chabelski. Babakina lui a demandé de lui délivrer un message : s’il refuse de venir ce soir, elle en pleurera toute la nuit. Chabelski se dit toujours que ce mariage pourrait être drôle.
Scène 5
Ivanov et Lvov entrent dans le bureau. Ivanov se plaint que son bureau soit aussi en désordre. Ivanov demande que tout le monde parte et il s’entretient avec Lébédev qui lui demande de rembourser les intérêts auprès de sa femme, car il n’en peut plus de l’avoir sur le dos. Il se propose même de l’aider à récupérer l’argent. Ivanov lui confie qu’il est las et fatigué de sa vie, de son existence. À vingt ans, il était plein de volonté et aujourd’hui, il sent qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. Lébédev pense qu’il est victime de son milieu.
Scène 6
Ivanov se plaint de ce qui le fait tant souffrir. Il a promis d’aimer une fille qu’il a cessé d’aimer au bout de cinq ans. Il a été prêt à renouveler l’expérience du renouveau avec Sachenka, sous les yeux de sa femme, ce qui lui a brisé le coeur. Il s’en veut énormément. Lvov entre à ce moment et s’entretient avec Ivanov. Ce dernier lui demande ce qu’il veut à vouloir l’importuner sans cesse. Lvov lui demande un peu de pudeur et d’agir en tant qu’honnête homme pour ne pas précipiter la mort de Pétrovna. Il lui en veut de penser à son avenir en courtisant Sachenka alors que sa femme est au plus mal. Pour le médecin, Ivanov s’est marié avec Pétrovna uniquement pour avoir la dot, mais celle-ci n’est jamais arrivée, car les parents ont renié leur fille. Il y a une profonde inimitié entre lui et le médecin. Ce dernier ne fait que le juger sans le comprendre.
Scène 7
Sacha entre dans le bureau d’Ivanov au moment où Lvov sort. Elle n’a pas eu de nouvelles de lui depuis deux semaines. Ivanov se plaint de la situation que Sachenka résume en un seul point : il n’est plus amoureux de sa femme, et cela ne sert à rien de se tourmenter étant donné que personne n’est maître de ses sentiments. Ivanov ne peut pas se résigner à abandonner sa femme maintenant qu’elle est malade et il ne veut pas prendre le risque de lui faire plus de mal qu’il lui en fait déjà. Sachenka accepte qu’ils arrêtent de se voir à condition qu’il continue de lui écrire de temps à autre. Par amour, elle est prête à prendre le peu qu’il pourra lui donner.
Scène 8
Borkine entre et s’étonne de voir Sachenka dans le bureau d’Ivanov. Genée, Sachenka sort de la pièce. Borkine se dit que cette fille est le meilleur parti du district toutefois, il faut attendre que sa mère meurt et lui lègue tout l’héritage. Excédé par ses magouilles, Ivanov lui ordonne de le laisser et de quitter sa maison. Il en a assez qu’il le déshonore de la sorte. Borkine n’en fait pas cas et prend ces insultes comme un excès de colère.
Scène 9
Pétrovna entre dans le bureau de son mari pour lui demander ce que Sachenka est venue faire dans son bureau. Borkine en profite pour quitter la pièce. Ivanov ne lui donne aucune explication et elle se met à le haïr, prétextant avoir enfin ouvert les yeux sur l’homme qu’elle a épousé. Elle a cru à ses paroles et à ses beaux projets, reniant son père, sa mère ainsi que sa religion alors qu’il n’en avait que pour l’argent de ses parents. Aujourd’hui, en sachant que ses parents ne reviendront jamais vers elle, il se tourne vers la fille des Lébédev pour essuyer une dette qu’il a contracté auprès d’eux. Elle se sent trompée, humiliée. Elle est déçue de cet homme qu’elle croyait être un homme de bien. Excédé, Ivanov laisse échapper la sentence du médecin, celle de la mort de sa femme qui, chaque jour, se rapproche un peu plus.
ACTE 4
Plus d’un an s’est écoulé entre l’acte III et l’acte IV. Les scènes se déroulent dans le salon des Lébédev.
Scène Première
Lvov est seul sur scène. On apprend que Sarah (Pétrovna) est morte et qu’Ivanov s’apprête à se marier avec Sachenka. Il veut à tout prix sauver cette malheureuse de cet homme qui, selon lui, est responsable de la mort de Pétrovna.
Scène 2
Kossykh arrive sur scène, toujours en train de parler de cartes. Lvov lui explique qu’il ne connaît rien aux jeux de cartes. Il apprend que la mère de Sachenka regrette la dot, car en épousant Ivanov, elle peut dire adieu à ses dettes.
Scène 3
Babakina arrive dans la pièce. Lvov s’entretient avec Kossykh pour lui demander ce que vaut Ivanov. Il apprend qu’il est nul aux jeux de carte et lui confie qu’il pense qu’avant la fin de l’année, Ivanov va dépouiller Sachenka et que le Comte Chabelski fera pareil avec Babakina.
Scène 4
Lébédev arrive avec Sachenka et ordonne à tout le monde de quitter les lieux. Lébédev, chargé par sa femme, annonce à sa fille que la dot prévue de quinze mille roubles sera déduite des neuf mille roubles que leur doit Ivanov. Sa fille s’insurge qu’à un moment pareil, il soit question d’argent. Lébédev confie à sa fille qu’il n’est pas spécialement pour ce mariage. Sachenka lui avoue que depuis qu’ils sont fiancés, Ivanov ne lui fait plus de sourire, il est constamment malheureux et il l’ennuie. Elle ne sait pas si elle a assez d’amour pour lui. Son père lui conseille de refuser ce mariage quitte à ce qu’il y ait un scandale, mais sa fille s’y refuse et compte tenir ses engagements auprès d’Ivanov. Son père n’y comprend plus rien.
Scène 5
Chabelski entre dans la pièce et annonce qu’il a demandé à Babakina d’annoncer à tout le monde leur fiançaille. Puis en apercevant le violoncelle, il se met à pleurer, suivis par Sachenka qui éclate en sanglots. Chabelski explique que ce violoncelle lui rappelle la femme qu’il a perdue. Ils avaient pour habitude de jouer de la musique ensemble. Lébédev comprend la situation de son ami, un homme qui n’a ni enfants, ni argent, ni occupation. Chabelski demande à Lébédev de lui prêter de l’argent pour qu’il puisse quitter ses terres et se reposer sur la tombe de sa femme à Paris.
Scène 6
Babakina cherche le comte, mais celui-ci lui demande de le laisser tranquille. Il lui annonce qu’il la hait. Babakina s’assoit dans son fauteuil et se met à pleurer également. Savichna arrive en pleurant annonçant à sa fille que le garçon d’honneur est arrivé et que les bénédictions vont commencer. Entouré de toutes ces personnes qui pleurent, Lébédev se met à pleurer lui aussi.
Scène 7
Ivanov arrive dans la pièce et demande à voir Sachenka, seule, car il doit absolument lui parler. Tout le monde quitte la pièce.
Scène 8
Ivanov annonce à Sachenka qu’il est temps de se raisonner. Bien qu’il soit amoureux, elle ne peut pas l’épouser. Elle ne cherche qu’à l’aider, mais elle s’enfoncera dans les ténèbres quand elle se rendra compte qu’elle ne peut pas le faire. Tout lui semble insipide et partout où il va, il est source d’ennui et de torts. Il a fait souffrir la femme qu’il a aimée jadis et elle est morte, par sa faute. Lébédev se met à ne plus comprendre les gens à cause de lui. Sachenka ne souhaite pas l’abandonner, mais Ivanov est sûr de ce qu’il souhaite, ils doivent renoncer à ce mariage.
Scène 9
Lébédev entre dans la pièce et apprend qu’Ivanov souhaite annuler le mariage. Il en explique les raisons. Lébédev lui explique qu’il se prend trop la tête. Il essaie de lui faire comprendre que s’il ne l’aime pas, qu’il s’en aille toutefois s’il est amoureux de Sachenka, il se doit de l’épouser. Les choses sont aussi simples que ça. En voyant qu’Ivanov continue à vouloir renoncer au mariage, Sachenka part chercher sa mère en lui annonçant haut et fort qu’elle ne le lâchera pas.
Scène 10
Ivanov donne plus d’explications à Lébédev sur les raisons qui le poussent à renoncer à ce mariage. Alors qu’il n’est âgé que de trente-cinq ans, il se sent déjà écrasé par le poids de la vie. Il se sent vieux et plus rien ne trouve grâce à ses yeux.
Scène 11
Tout le monde rejoint le salon étonné de trouver Ivanov ici. Lvov en profite pour l’insulter. Sachenka demande des explications, mais celui-ci se cache encore sous les traits de “l’honnête homme”.
Sachenka se met à lui dire les quatre vérités à cet homme qui pendant des mois n’a pas arrêté de calomnier, de juger et d’accuser Ivanov. Lui qui pendant des mois lui à envoyer à elle et des amis des lettres anonymes. Lui qui est resté auprès de Pétrovna pour la troubler alors qu’elle était proche de la mort, lui suggérant à quel point son mari était un homme malveillant.
Ivanov est amusé de la situation puis, trouvant enfin son énergie d’autant, il se dit qu’il est l’heure de se retirer. Il sort son revolver et se suicide.
Présentation des personnages
Nicolas Alexéïevitch Ivanov est un fonctionnaire de l’administration des affaires paysannes. Cet homme de 35 ans croule sous les dettes et a du mal à joindre les deux bouts. Il se rend compte qu’il n’est plus amoureux de sa femme et commence à éprouver de l’amour pour Sachenka. Toutefois, les jugements, les calomnies et les critiques de Lvov, le médecin de sa femme, finissent par le rendre de plus en plus morose au point qu’il en vienne à n’être que l’ombre de lui-même. Il finit par se suicider.
Anna Pétrovna est la femme d’Ivanov. De son vrai nom, Sarah Abramson, elle a renié son père, sa mère et sa religion pour se marier avec son époux. Si au début de la pièce, elle arrive encore à voir en son mari une personne de bien, progressivement elle ne voit en lui qu’un vil personnage. Elle est malade et atteinte d’une phtisie selon le médecin Lvov qui, n’appréciant pas Ivanov, se met à jouer le justicier en apportant à Pétrovna des propos odieux sans fondements. Il ne fait que lui colporter des ragots qu’il prend pour vrai. Pétrovna finit par mourir.
Matveï Sémionovitch Chabelski est l’oncle d’Ivanov. Cet homme d’une soixantaine d’années possède le titre de comte, mais il n’a pas d’argent, pas d’enfants et aucune occupation. Il passe son temps libre à garder la femme d’Ivanov pendant que celui-ci s’absente. C’est cette raison qui l’amène à vouloir se fiancer à Babakina. Il ne le fait pas par amour ou pour l’argent. Il le fait simplement pour se distraire. Il n’a qu’un seul objectif, rejoindre le tombeau de sa femme à Paris et finir ses tristes jours là-bas.
Mikhaïl Mikhaïlovitch Borkine est un parent proche d’Ivanov. C’est lui qui gère ses propriétés. Il est toutefois prêt à réaliser n’importe quelle combine pour gagner de l’argent. C’est lui qui, progressivement, déshonore Ivanov.
Pavel Kirillitch Lébédev est le président du District. C’est un homme compréhensif et assez simple. C’est le père de Sachenka et il est toujours chargé par sa femme, Savincha, d’annoncer les mauvaises nouvelles (dettes d’Ivanov, la dot avec Sachenka) car il sait mieux se tempérer. C’est un grand ami de Chabelski.
Zinaïda Savichna est la femme de Lébédev. C’est une femme qui ne pense qu’à l’argent comme on peut le voir dès l’acte I où elle ne fait qu’éteindre les cierges allumaient pour les économiser ou le fait de réclamer la dot à son gendre alors qu’il se marie avec sa fille.
Sacha ou Sachenka est une jolie femme d’une vingtaine d’années qui est amoureuse d’Ivanov. Si au départ, elle pense avoir les épaules assez solides pour le rendre heureux, très vite elle se rend compte que cet amour actif est un martyr. Toutefois, elle refuse de renoncer au mariage avec Ivanov.
Evguéni Constantinovitch Lvov est le jeune médecin du district. Il ne cesse de se cacher sous des airs “d’homme honnête”, toutefois son honnêteté n’est qu’une façade. Il n’aime pas Ivanov et le juge sans le connaître alors qu’il ne le connaît que partiellement depuis seulement six mois. Il ne cesse de le calomnier, de le critiquer. Il rapporte les ragots sans fondements à Pétrovna au point qu’elle en vienne à douter de la sincérité de son propre mari. En un sens, c’est lui qui participe à la mort de Pétrovna ainsi qu’à la chute d’Ivanov.
Marga Egorovna Babakina est une jeune veuve propriétaire issue d’une famille de riches marchands. Cette femme riche est en quête d’un mari. Elle voit en Chabelski une union idéale, car elle pourrait devenir comtesse.
Dimitri Nikititch Kossykh est un fonctionnaire de la régie des tabacs. Il ne vit que pour les jeux de cartes.
Advotia Nazarovna est une vieille dame aigrie qui n’accepte pas beaucoup de choses.
Iegorouchka est le pique-assiette des Lébédev.
En plus de tous ces personnages, nous avons également le Premier invité, le Deuxième invité, le Troisième invité, le Quatrième invité, Piotr (Valet d’Ivanov) et Gavrila (Valet des Lébédev).
Analyse de l’oeuvre
Quand Sartre disait “L’enfer, c’est les autres”, il ne connaissait pas encore Ivanov. En effet, cette phrase illustre bien cette pièce de théâtre où le personnage principal se retrouve confronté aux ragots ainsi qu’à la critique au point qu’il ne devienne plus que l’ombre de lui-même. Il est devenu le sujet de tous comme nous le constatons dans l’acte II où tous les personnages se mettent à colporter les ragots sans fondement à son sujet. Seule Sachenka le défend. Ces mêmes personnes, qui le critiquent, font preuve d’hypocrisie à son égard quand il arrive dans la salle de bal. Une manière de montrer que l’honnêteté n’est pas la plus grande qualité de ce district.
Durant toute la pièce de théâtre, la notion d’honnêteté est très présente. Lvov, le jeune médecin, se revendique lui-même dès le premier acte comme une personne honnête. Toutefois, l’auteur utilise Pétrovna pour amener le lecteur à s’interroger sur la notion d’honnêteté : “Ne parlez jamais aux femmes de vos vertus. Elles se chargeront bien de les découvrir.”. Ainsi, il ne sert à rien de scander une vertu, il suffit de le prouver. Bien souvent, les gens qui prétendent posséder telle ou telle vertu, ne les ont pas réellement. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe avec Lvov. Il se cache sous sa prétendue “honnêteté” pour montrer à la femme d’Ivanov, la personne qu’il est. Qui est-il pour prétendre connaître Ivanov ? Personne ! Il ne le connaît que depuis 6 mois et tout ce qu’il connaît de lui sont des rumeurs sans fondement qu’il vient rapporter à Pétrovna.
D’ailleurs, on pourrait se demander quelles sont les intentions cachées de cet homme qui s’affiche comme un justicier voulant montrer à tous qui est Ivanov. Nous pouvons penser qu’en tant qu’homme, il tombe amoureux de sa patiente, Pétrovna, et en voyant les agissements de son mari et en entendant les rumeurs qui circulent sur lui, il souhaite la “délivrer” de ce monstre sans cœur. Mais ce “héros”, qui n’en est pas un, finit par vouloir gâcher le mariage pour que Sachenka puisse voir Ivanov tel qu’il est. Ici, nous pouvons voir une vengeance, une envie d’entrer en duel, contre cet homme responsable de la mort de la femme qu’il aime, Pétrovna. Même si cet amour n’est pas explicité dans la pièce, les agissements de ce jeune médecin laissent entendre qu’il entretient une certaine passion pour Pétrovna. Il continue de la voir régulièrement alors qu’il sait pertinemment qu’elle est condamnée, il écarte son rival afin que Pétrovna puisse détester son mari et enfin, il cherche à gâcher le mariage d’Ivanov. En un sens, il réussira son coup, il réussira sa vengeance, car Ivanov finit par se suicider. Néanmoins, il ne gagnera pas la partie en homme de bien. En effet, lui qui souhaitait révéler la méchanceté de cet Ivanov aux yeux de tous, c’est finalement son manque d’honnêteté qui est révélé au grand jour par Sachenka.