La Belle au Bois Dormant est un conte de fées qui, à l’origine, a été écrit par Charles Perrault au XVIIe siècle. Il a été publié pour la première fois en 1697 dans son recueil intitulé Les Contes de ma Mère l’Oye. Découvrons ensemble l’un des contes les plus célèbres de cet auteur français.
Résumé détaillé de La Belle au bois dormant (Recueil de Contes et nouvelles en vers) de Charles Perrault
La malédiction de la vieille fée
Après avoir tout tenté pour avoir des enfants, une reine tombe enceinte et finit par accoucher d’une fille. Pour son baptême, le roi et la reine invitent les sept fées du royaume pour qu’elles lui donnent chacune des dons. Toutefois, ils oublient d’inviter une vieille fée qui ne s’était pas montrée depuis presque cinquante ans. Cette dernière prend place au festin. N’étant pas reçu avec le même égard que les autres, étant donné qu’elle n’était pas prévue, elle murmure des menaces. En entendant la vieille fée grommeler, une des jeunes fées décide de se cacher afin de prononcer son vœu en dernière. Toutes les fées donnent des dons merveilleux à la princesse, hormis la vieille fée qui lui prédit un destin funèbre : elle se percera la main avec un fuseau et elle en mourra. La jeune fée sort de sa cachette pour conjurer le mauvais sort. Cependant, n’étant pas assez puissante, elle n’arrive qu’à échanger la mort contre un profond sommeil de cent ans.
Le profond sommeil de la princesse
Le roi décide de bannir les fusains de son royaume. Tout se déroule bien jusqu’à ce que la princesse atteigne les quinze ou seize ans. En se baladant dans le château, elle tombe sur une vieille femme qui file au fuseau. La princesse est subjuguée par ce procédé qu’elle ne connaît pas et décide d’essayer. En essayant de filer, elle finit par se piquer et elle s’endort. Tout le monde essaie de la réveiller, en vain.
Le roi installe sa fille dans un lit et fait venir la bonne fée qui a conjuré le sort. Cette dernière décide d’endormir toutes les personnes du royaume pour que la princesse ne soit pas seule lorsqu’elle se réveillera. Le roi et la reine quittent le château qui, en très peu de temps, est encerclé par une immense forêt avec des ronces. Avec le temps, cette histoire est oubliée. Cent ans plus tard, un prince se demande ce que sont ces tours qu’il voit au-dessus de la forêt. On lui parle d’histoires d’esprits, de sorciers et d’ogres. Un vieux paysan lui raconte l’histoire d’une belle princesse endormie qui attendrait qu’un prince vienne la délivrer. Tenté par cette dernière histoire, le jeune prince décide de s’aventurer dans la forêt et gagne le château. Il y trouve les domestiques et les animaux ainsi que la belle princesse, tous endormis. La princesse finit par se réveiller tout comme les autres domestiques. Après avoir soupé, le prince et la princesse se marient dans la chapelle du château et ils passent la nuit ensemble.
La mère du prince : une reine ogresse
Le lendemain, le prince prétend qu’il s’est perdu dans la forêt. Son père le croit, mais sa mère reste sceptique. D’autant plus que le prince s’absente de plus en plus. Le prince et la princesse ont deux enfants : Aurore et Jour. Toutefois, le prince garde son mariage secret étant donné que sa mère est de race ogresse et qu’elle a un penchant pour les enfants.
Lorsque le roi meurt, le prince devient maître des lieux et il fait venir sa femme et ses enfants auprès de lui. Toutefois, le nouveau roi est obligé d’aller faire la guerre. Il s’absente et laisse sa femme et ses enfants, tout en donnant la régence du royaume à sa mère. Cette dernière décide de profiter de l’occasion pour manger Aurore, âgée de quatre ans, puis Jour, âgé de trois ans à la sauce Robert. Le maître d’hôtel s’arrange pour tromper la reine régente. Il envoie ses enfants auprès de sa femme et il cuisine des animaux de sa basse-cour (agneau, chevreuil) que la reine trouve excellente. Néanmoins, cette dernière ordonne qu’on lui fasse un plat avec la femme de son fils. Le maître d’hôtel est bien embêté, car il n’a pas d’animal sous la main pour tromper la reine. Mais ne voulant pas séparer la mère de ses enfants, il décide de tuer et de cuisiner une biche que la reine trouve excellente.
Cependant, elle finit par se rendre compte qu’on l’a trompé. Furieuse, elle ordonne qu’on lui commande une grande cuve pour qu’elle puisse la remplir de serpents venimeux.
Au moment où elle s’apprête à y jeter la mère ainsi que ses deux enfants, son fils arrive et se demande ce qu’il se passe. La reine régente décide de se jeter elle-même dans la cuve et trouve la mort.
Présentation des personnages
La princesse est le personnage principal de cette histoire. Dans le conte de Perrault, à aucun moment, elle n’est appelée la belle au bois dormant. C’est une femme d’une grande beauté, d’une bonté sans égale et d’une grâce infinie. Toutefois, lorsqu’elle se réveille, cent années plus tard, elle se retrouve “démodée” par rapport au nouveau siècle. Dans un premier temps, ce personnage représente la pureté, la beauté et l’innocence, qui sont des valeurs très prisées dans la société de l’époque de Perrault. Ce long sommeil de cent ans dans lequel elle est plongée peut faire référence à la mort. Ainsi, on peut supposer que son réveil est associé à l’idée de la résurrection.
“Un Roi“ est le père de la belle au bois dormant. Ce personnage secondaire est aimant et protecteur. Préoccupé par la malédiction, il s’arrange pour faire disparaître tous les fuseaux. Toutefois, malgré toutes les précautions qu’il prend, il ne réussit pas à protéger sa fille. Ce personnage incarne le fait que la protection d’un père a ses limites. Même si on tente de protéger nos enfants du mieux que nous pouvons, nous ne pouvons pas les protéger de tout.
“Une Reine” est la mère de la belle au bois dormant. Elle n’est pas très présente dans le conte. À l’instar de son mari, elle se retrouve impuissante à protéger sa fille.
La vieille Fée est très âgée. Étant donné qu’elle n’a pas été invitée au baptême de la princesse, elle décide de s’inviter elle-même et use de ses pouvoirs à mauvais escient. Elle incarne la malveillance et la jalousie. Contrairement aux autres fées, elle représente le côté obscur. On peut la voir comme un avertissement pour les personnes qui refusent d’inviter les autres, en montrant les conséquences négatives. Estimant qu’elle n’a pas été traitée avec respect, elle décide de se venger. D’ailleurs, dans cette histoire, elle symbolise plutôt la sorcière. Toutefois, son pouvoir malveillant est battu par la force de l’amour.
La jeune Fée est celle qui protège la princesse. Avec ce personnage, la jeunesse s’oppose à la vieillesse. Néanmoins, dans un premier temps, la jeune Fée paraît faible comparée à la vieille Fée. En effet, en essayant de conjurer le sort de la vieille fée, elle n’arrive qu’à limiter la dangerosité. Toutefois, elle fait preuve de perspicacité en utilisant le pouvoir de l’amour. Ainsi, on peut dire que l’amour vainc la mort.
Le Prince est un personnage courageux, noble et déterminé. Animé par le désir de sauver la princesse, il incarne l’idéal du héros romantique. Il permet à l’amour de vaincre “la mort” et de briser le sortilège qui maintient la princesse endormie depuis cent ans. Tout comme le roi, le prince est un personnage qui joue le rôle de protecteur vis à vis de la princesse. Il maintient le secret sur sa relation avec elle pour la préserver de sa mère, la reine de race ogresse. Néanmoins, à l’instar du roi, il aura du mal à la protéger. Si le maître-d’hôtel n’était pas un personnage bienveillant, il aurait perdu son épouse ainsi que ses deux enfants.
Les enfants du prince et de la princesse, Aurore et Jour, incarnent la fragilité et l’impuissance. Ils sont victimes d’une grand-mère qui souhaite les dévorer. Cette dernière ne le fait pas d’une seule traite. Elle souhaite s’en prendre à Aurore puis à Jour. Toutefois, ces deux enfants, à l’instar de leur mère, ont un personnage qui les protège : le maître-d’hôtel qui prend des risques pour tromper la reine-mère.
La Reine est la mère du prince. Elle est décrite comme une ogresse et représente le deuxième personnage malveillant de ce conte. Toutefois, à la différence de la vieille fée, ce personnage antagoniste n’a aucun pouvoir. Elle se sert simplement de ses privilèges pour obtenir ce qu’elle veut : manger Aurore, Jour et la princesse. Bien que l’auteur ne l’explicite pas, on peut supposer que la reine-mère ne souhaite pas les dévorer uniquement pour les manger. En épousant son fils, la princesse est devenue reine et a acquis plus de pouvoir qu’elle, tout comme leurs enfants. Ainsi, en les dévorant, la reine-mère souhaite garder son pouvoir tant sur son royaume que sur son fils.
Le Maître-d’hôtel est un personnage qui apparaît à la fin du conte. Il reçoit l’ordre de tuer et de cuisiner Aurore, puis Jour et enfin la princesse pour la reine-régente. Bien qu’il soit censé incarner l’autorité et la discipline, ce personnage est trop bienveillant pour accepter les ordres de sa maîtresse. Son caractère rebelle n’est qu’une réponse à une demande injuste et inhumaine. Même s’il doit accomplir ses devoirs en tant que sujet, il a conscience du bien et du mal. Il a la capacité de s’affranchir de la volonté de sa supérieure pour ne pas commettre un acte qui serait en totale contradiction avec ses valeurs : tuer des enfants ou les priver de leur mère.
Analyse de l’oeuvre
Le sommeil magique est un thème récurrent dans les mythes et contes de différentes cultures. Il implique généralement une personne endormie par un sort ou un événement surnaturel, qui est ensuite réveillée par un acte d’amour ou de bravoure. Parmi les exemples notables, on retrouve l’histoire de Psyché et Éros (légende grecque), Brynhild et Siegfried (légende nordique), ainsi que d’autres histoires similaires comme celle de la belle Guillardon, Blanche-Neige, Troylus et Zélandine. A l’instar de ces contes, La belle au bois dormant illustre souvent la puissance de l’amour et la capacité à surmonter les obstacles et les malédictions.
La Belle au Bois dormant s’inspire du conte Le soleil, la lune et Thalie de Basile. Cette dernière comprend l’histoire de la belle endormie et de la méchante reine ogresse. Toutefois, Perrault le modifie à sa façon en décidant de ne pas inclure certaines scènes comme celle où le roi viole la jeune fille endormie. Bien que le conte de Perrault présente des éléments fantastique typiques ( les fées, le chiffre sept, le sommeil léthargique, etc.) il ajoute de l’humour pour désamorcer le fantastique.
“elle [la princesse] était tout habillée et fort magnifiquement ; mais il [le prince] se garda bien de lui dire qu’elle était habillée comme ma mère-grand, et qu’elle avait un collet monté ; elle n’en était pas moins belle.” / “Les violons et les hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes, quoiqu’il y eût près de cent ans qu’on ne les jouât plus“. En mêlant des éléments réalistes à son monde imaginaire, Perrault annule le sentiment d’intemporalité. Ainsi, on n’est pas vraiment dans une histoire réaliste, mais nous ne sommes pas vraiment dans un conte de fées.
De ce fait, cette histoire de Perrault s’inscrit plus dans une œuvre moraliste qu’un réel conte. Notamment du fait de sa morale en vers à la fin du conte où il évoque le désir naturel des femmes d’attendre un mari idéal. La morale est que les mariages heureux peuvent être retardés, mais il faut être patient et actif dans sa recherche. Il souligne donc que les jeunes filles ne devraient pas se hâter de se marier. Dans Les psychanalystes des contes de fées, Bettelheim voit le conte comme une illustration symbolique de l’éveil sexuel et de la maturité. Les cent ans de sommeil représentent la latence adolescente, tandis que la rencontre avec le prince signifie le passage vers la maturité et l’intimité sexuelle. Le récit insiste sur la nécessité d’être prêt pour ces expériences sans les précipiter.
Les Autres Contes de Perrault
Cendrillon ou la Petite Pantoufle de Verre
L’Adroite Princesse ou les Aventures de Finette
La Marquise de Salusses ou La Patience de Grisélidis
Le Maître Chat ou Le Chat Botté