Peau d’Âne est un des contes de Perrault, un auteur français. Il a été publié en 1697 pour la première fois. Partons à la découverte de ce conte.
Résumé détaillé de Peau d’Âne de Charles Perrault, tiré de Recueil de Contes et nouvelles en vers
Le désir de la reine
Un roi aimé de tous vit heureux avec sa femme et sa fille dans un palais magnifique. Parmi les animaux royaux, un âne extraordinaire produit des pièces d’or, ce qui surprend les visiteurs.
Un jour, la reine tombe malade. Avant de mourir, consciente qu’elle n’a donné qu’une fille au roi, elle autorise son époux à se remarier pour avoir un fils, à la condition que sa nouvelle épouse soit plus belle qu’elle. Après la mort de la reine, ses conseillers suggèrent au roi de se remarier au plus vite. Néanmoins, le roi persiste dans sa quête de beauté. Les conseillers lui expliquent que la beauté importe peu, qu’il devrait opter pour une femme vertueuse et fertile, mais le roi reste sur sa position.
Les robes de l’impossible
Avec le temps, le roi se rend compte que la seule femme qui peut remplacer sa reine est sa fille. Celle-ci surpasse la beauté de sa mère. La jeune princesse tente de l’en dissuader, mais en vain. De plus, le roi obtient le soutien d’un vieux druide, plus ambitieux que vertueux, qui lui fait croire que c’est une “œuvre pieuse” que de se marier avec sa fille. S’apercevant que son père souhaite réellement se marier avec elle, la princesse se rend chez sa marraine, la fée des Lilas. Cette dernière est au courant de la situation. Elle lui demande d’accepter de se marier avec son père à condition qu’il lui confectionne une robe couleur du temps, pensant que la chose est impossible. Le roi met tous ses ouvriers au travail, les menaçant de les pendre en cas d’échec. Finalement, la robe couleur du temps est conçue. La Princesse retourne voir sa marraine qui lui suggère d’accepter seulement si elle a une robe couleur de la lune. La robe est confectionnée en vingt-quatre heures. La marraine ne désespère pas et lui conseille de demander à son père une robe couleur du soleil. Le roi donne aux ouvriers ses diamants et ses rubis. La robe du soleil est créée. Celle-ci enchante la princesse autant que ça la désespère. La marraine lui conseille de réclamer la peau de l’âne qui fournit l’or au roi. Ce dernier, étonné de la demande, accepte de tuer son âne.
La fuite de la princesse
La princesse reçoit la peau et la marraine lui conseille de fuir en gardant la peau d’âne sur elle. La bonne fée lui donne également sa baguette pour qu’elle puisse récupérer sa cassette remplie d’habit et de bijoux qui la suivra sous terre.
En apprenant que sa fille est partie. Le roi est inconsolable. Il envoie des milliers d’hommes à sa recherche, mais la princesse, aidée par sa marraine, est invisible. Fatiguée, elle arrive dans une ville et une fermière accepte qu’elle reste chez elle pour faire le ménage et prendre soin des animaux. Elle travaille dur et gagne la protection de la fermière. En raison de sa saleté et de son accoutrement, on lui donne le nom de Peau d’Âne. Un jour, peinée de voir son apparence dans le reflet de l’eau, elle décide de se laver le visage et constate qu’elle n’a rien perdu de sa beauté. Elle utilise alors sa cassette remplie d’habits et de bijoux pour se parer les dimanches et les jours de fête.
Un prince amoureux
Un jour de fête, le fils du roi vient se reposer dans la ferme après sa partie de chasse. Curieux, il aperçoit Peau d’Âne à travers la serrure d’une porte fermée. Celle-ci porte une robe couleur du soleil et le jeune prince est ébloui par tant de beauté, la prenant pour une divinité. Plus tard, il apprend que cette femme est une souillon appelée Peau d’Âne. Il retourne au palais, amoureux et résolu à la revoir. Néanmoins, il finit par tomber malade. Après avoir essayé tous les remèdes, sa mère tente de l’aider du mieux qu’elle peut. Celui-ci n’a qu’une seule demande : il veut qu’on fasse venir Peau d’Âne pour qu’elle lui fasse un gâteau. Celle-ci arrive au palais et s’exécute, mais, sans s’en rendre compte, elle fait tomber une bague à l’intérieur. Le prince manque de s’étouffer en mangeant le gâteau, mais arrive à extirper la bague de sa bouche. C’est une bague en or, surmontée d’une émeraude.
La révélation
Le prince était obsédé par cette bague. Le prince décide d’épouser la personne à qui la bague irait. Le roi fait venir toutes les femmes de la ville pour essayer la bague, mais celle-ci ne va à aucune d’entre elles. Finalement, Peau d’Âne est amenée. Le prince est surpris de son accoutrement avec la Peau d’âne et il se demande s’il s’agit bien de la même. La bague sied au doigt de Peau d’âne qui, en faisant tomber son accoutrement laisse resplendir toute sa beauté. La fée des Lilas arrive pour leur raconter l’histoire de cette princesse. Le roi et la reine donnent leur accord pour que son fils et elle se marient.
Présentation des personnages
Peau d’âne est la fille unique d’un roi et d’une reine, tous deux très beaux et très riches. Elle vit dans une famille aimante et aimée de tous. Néanmoins, à son lit de mort, sa mère demande à son époux de se marier à une femme qui pourra la surpasser en beauté. Dès lors, son père tombe amoureux d’elle, convaincu qu’il ne trouvera jamais de femme aussi belle qu’elle. La Princesse parvient à s’enfuir à l’aide de sa bonne fée qui s’est arrangée pour que le roi tue son âne favori. Cette peau permet alors de dissimuler la beauté de la princesse. Peau d’Âne est une fille douce et bienveillante. Elle incarne la pureté et l’innocence. Intègre, elle est capable de renoncer à sa position sociale pour rester fidèle à ses valeurs. Auprès de la fermière, elle se révèle être une femme courageuse et travailleuse qui n’a que faire du regard des autres.
La Fée des Lilas est la marraine de Peau d’Âne. Cet être surnaturel joue un rôle crucial dans l’histoire. Sage et bienveillante, elle apporte son aide à Peau d’Âne pour s’assurer que son père ne puisse pas l’épouser. Néanmoins, lorsqu’elle se rend compte que celui-ci est trop déterminé, elle s’arrange pour qu’il tue son âne afin que sa peau serve la princesse pour s’enfuir facilement du royaume. La Fée des Lilas symbolise la bonté et la générosité. Elle incarne également la figure maternelle pour Peau d’Âne.
Le premier roi du conte est le père de Peau d’Âne. Dévasté par la mort de son épouse, il finit par tomber amoureux de sa fille. Si au départ, il incarne l’amour paternel, progressivement, il sombre dans la folie et dans la perversion. Incapable de contrôler ses pulsions, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour que sa fille accepte de l’épouser.
La première reine est la mère de Peau d’Âne. Elle meurt dès le début de l’histoire. Bien qu’elle soit présentée comme une femme belle et aimante, c’est une femme orgueilleuse. En effet, elle consent à ce que son mari épouse une autre femme à condition que celle-ci soit plus belle qu’elle. En réalité, elle est convaincue que son mari ne trouvera jamais une telle femme. Toutefois, elle n’avait pas pensé que son mari jetterait son dévolu sur leur fille.
Le druide est un personnage secondaire qui apporte son soutien au père de Peau d’Âne en présentant son désir d’épouser sa propre fille comme une “œuvre pieuse“. En réalité, le druide se révèle plutôt ambitieux. Plutôt que de jouer son rôle d’intermédiaire entre les dieux et les hommes, il se sert de la crédulité du roi pour servir ses propres intérêts.
La fermière est un personnage secondaire qui accepte de loger Peau d’Âne à condition que celle-ci l’aide pour son travail. En voyant qu’elle a à faire à une femme travailleuse, elle consent à la prendre sous sa protection. La fermière incarne la bienveillance et la générosité.
Le prince est un personnage secondaire. Il tombe amoureux de Peau d’Âne lorsqu’il la voit par le trou de la serrure. Il est fasciné par sa beauté et par son charme. Il incarne l’amour véritable et représente, pour Peau d’Âne, l’espoir et la possibilité de retrouver son statut social.
Le roi et la reine sont les parents du prince. Constatant que leur fils est malade, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour qu’il se rétablisse. Ce sont des parents aimants qui ne souhaitent que le meilleur pour leur fils.
Analyse de l’oeuvre
Dans Peau d’Âne, l’intrigue tourne autour d’une princesse qui fuit son royaume pour échapper au mariage avec son propre père, en se déguisant en servante et en portant une peau d’âne. Finalement, un prince découvre sa véritable identité et l’épouse. Peau d’Âne aborde des thèmes profonds tels que l’inceste, l’indépendance, la métamorphose.
Le complexe d’Oedipe et le désir d’émancipation
Le conte met en lumière l’interdit de l’inceste, un tabou universel. La princesse est confrontée à une situation traumatisante, ce qui pourrait représenter les conflits œdipiens que les enfants traversent pendant leur développement psychologique. En effet, selon Freud, le garçon souhaite épouser sa mère et tuer son père qu’il voit comme un rival et la fille désire tuer sa mère pour être la seule dans le cœur de son père. Néanmoins, dans Peau d’Âne, c’est le père qui, en ayant perdu sa femme, souhaite épouser sa fille. Cette dernière lui ressemblant et, incarnant sa beauté, on peut supposer que son désir d’épouser sa propre fille est plus lié à un transfert qu’à de l’inceste à proprement parler. La Princesse, quant à elle, ne s’inscrit pas dans le processus typique du complexe oedipien. Elle refuse catégoriquement de se marier à son père. Ainsi, même si nous n’avons pas l’âge exact de la princesse, nous savons qu’elle est plus proche d’un désir d’indépendance que du stade du complexe d’oedipe.
En effet, la princesse a à cœur de s’émanciper. Elle s’inscrit dans un processus logique où les enfants doivent, un beau jour, quitter leurs parents pour trouver leur propre voie. Le fait d’échapper à son père n’est pas seulement motivé par son refus de s’unir à cette relation incestueuse. Elle souhaite également s’émanciper. Ainsi, cette histoire peut symboliser le processus de maturation et d’indépendance que les enfants vivent en grandissant. On retrouve ce genre de thématique dans de nombreuses histoires de Charles Perrault comme Le Petit Poucet ou encore Cendrillon.
La métamorphose
Ce qui est intéressant dans le conte de Peau d’Âne, c’est le fait que la princesse soit obligée de passer par une phase de transformation pour s’émanciper. En se cachant sous la peau d’âne, elle devient hideuse et sale. En plus d’avoir fui son royaume et d’avoir perdu son statut social privilégié, elle dissimule sa beauté et sa richesse. On pourrait se demander pourquoi elle continue de se cacher alors qu’elle se trouve dans un royaume différent du sien. Si la crainte reste une raison valable, on peut supposer qu’il y a une autre raison plus profonde. En effet, le fait de cacher son identité lui permet de rester libre. Elle peut donc vivre sa vie comme elle l’entend. Conscient que son identité la contraint à des obligations, en apparaissant aux yeux du monde comme une femme sale, elle est maître de son destin. Finalement, comme dans de nombreuses œuvres de Perrault, c’est le pouvoir de l’amour qui va l’amener à révéler sa véritable identité. En ce sens, on peut émettre l’hypothèse que c’est elle qui choisit son prince et non l’inverse. Effectivement, si elle ne s’était pas présenté sous sa véritable identité, le roi et la reine auraient refusé que leurs fils épousent une femme pareille.
Une autre piste d’analyse
Si cette analyse précédente est intéressante, on peut en lire une autre selon laquelle la princesse est contrainte d’abandonner son statut social pour éviter une relation incestueuse avec son père. En devenant Peau d’Âne, elle reste libre et indépendante, mais elle prend vite conscience que cette vie-là ne l’intéresse pas. Elle a de la peine lorsqu’elle voit son visage sale dans le reflet de l’eau. Elle ressent de la tristesse de s’apercevoir que ses beaux habits ne sont vus que par les animaux. Tous ces petits détails montrent qu’elle aimerait retrouver son statut social, mais que, par crainte d’être découverte et ramenée chez son père, elle préfère se dissimuler aux yeux du monde. En choisissant de courtiser Peau d’Âne, le prince lui offre la possibilité de retrouver son statut social tout en la protégeant de son père. Ainsi, Peau d’Âne peut être lu comme l’histoire d’une femme en quête de ce qu’elle a perdu.
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