Littérature

Chrétien de Troyes, Cligès ou la fausse morte

Illustration de la 1ère page de couverture de la fiche littéraire sur Cligès ou la fausse morte de Chrétien de Troyes
Ecrit par Les Résumés

Cligès ou la Fausse Morte est une œuvre de Chrétien de Troyes, maître français des romans courtois du Moyen Âge. Écrite en vers vers la fin du XIIe siècle, elle s’inscrit dans la tradition arthurienne tout en introduisant des éléments byzantins. Le récit explore les thèmes de l’amour interdit, de l’identité et de la ruse. Il met en scène Cligès et Fenice qui, pour vivre leur amour à l’abri des regards, mettent en œuvre une ruse où Fenice feint la mort. Le texte illustre la finesse narrative de Chrétien, combinant la tension romantique avec une réflexion sur les contraintes sociales.

Résumé de “Cligès ou la fausse morte” de Chrétien de Troyes

Alexandre, le descendant du roi Arthur

Alexandre, un jeune Grec, est le fils d’Alexandre, empereur de Grèce et de Constantinople, et de l’impératrice Tantalis. En tant que descendant du roi Arthur, il veut rencontrer ce dernier. Son père lui donne sa bénédiction et des fournitures pour le voyage. D’avril et mai, il voyage en mer avec son frère. Ils arrivent à Southampton en Angleterre. Puis, ils se rendent à Winchester pour voir le roi Arthur. Ce dernier les reçoit chaleureusement. Quand Arthur part pour la Bretagne, il confie l’Angleterre au comte Angrès de Windsor. Il embarque avec sa nièce Soredamor, ses dames de compagnie et les Grecs. Alexandre et Soredamor développent des sentiments l’un pour l’autre. Mais ils sont trop timides pour se regarder.

La Guerre contre Windsor le traître

En octobre, des messagers de Londres et de Canterbury alertent le roi Arthur concernant la traîtrise du comte Angrès de Windsor. Celui-ci convoiterait ses terres. Arthur forme alors une grande armée. Alexandre souhaite devenir chevalier et le roi l’équipe Alexandre avec ses amis. La reine, reconnaissante envers Alexandre, lui offre une chemise. Soredamor l’a délicatement ornée, ajoutant un de ses cheveux avec des fils d’or aux manches et au col.

En route pour Windsor, le roi Arthur est contraint de camper près de la Tamise en raison des fortifications renforcées du château. Alexandre voit des chevaliers jouter sans protection. Courageusement, il les défie. Il bat treize chevaliers et en capture quatre. Il les offre à la reine pour les protéger afin que le roi ne les tue pas. Néanmoins, le roi met la main sur eux afin de les humilier publiquement. En voyant cela, le comte Angrès est furieux. Parallèlement, Alexandre voit secrètement Soredamor chaque soir.

La victoire d’Alexandre

La nuit venue, les sentinelles royales surprennent les forces du comte traître, incitant tout le monde à se précipiter pour s’armer. Dans ce chaos, Alexandre a une idée brillante : se déguiser avec l’équipement des traîtres abattus pour s’infiltrer dans le château. Une fois à l’intérieur, les Grecs, menés par Alexandre, prennent de court les traîtres sans défense. Ils en éliminent 31. Alexandre capture plusieurs ennemis, y compris le comte lui-même. Ses prouesses lui valent l’admiration de tous. Pour couronner ces événements, la reine orchestre le mariage entre Alexandre et Soredamor, célébré ce même jour à Windsor. En une seule journée, Alexandre se voit honoré de trois manières distinctes :

  • la prise du château ;
  • une promesse royale lui attribuant le royaume de Galles ;
  • son mariage avec Soredamor. De cette union émerge Cligès.

Le règne court d’Alexandre

Pendant ce temps, l’empereur de Grèce meurt. Des messagers sont envoyés chercher Alexandre en Bretagne toutefois, au retour, ils rencontrent une tempête. Un seul survit et annonce faussement la mort d’Alexandre. Alis, son frère cadet, est couronné. Alexandre apprend la nouvelle. Il souhaite résoudre la situation pacifiquement avec Alis.

Un mois après, Alexandre arrive à Athènes avec Soredamor et Cligès. Alis propose à Alexandre de diriger, mais souhaite rester empereur. Alexandre accepte, mais souhaite qu’Alis ne se marie jamais pour que Cligès hérite du trône. Alis promet. Plus tard, Alexandre meurt, suivis de près par Soredamor, submergée par le chagrin.

La rencontre entre Cligès et Fénice

Les conseillers d’Alis le poussent à se marier. Ayant oublié sa promesse, il accepte et part en Allemagne, à Ratisbonne. L’empereur allemand lui propose sa fille, Fénice. Toutefois, celle-ci est déjà promise au duc de Saxe. Alis envoie ses meilleurs chevaliers, y compris Cligès. Lorsqu’ils rencontrent la jeune Fénice à Cologne, Cligès en tombe éperdument amoureux, bien qu’elle soit destinée à son oncle. En combat singulier, Cligès affronte le neveu du duc de Saxe, qui revendique également Fénice. Victorieux, Cligès suscite l’émoi de la jeune femme qui a assisté à la joute.

La nuit des noces, Thessala, confidente de Fénice, concocte une potion. Elle fait en sorte qu’Alis, bien que conscient, vive dans un rêve, croyant partager l’intimité avec Fénice sans jamais le faire réellement. Lors de leur retour, les Saxons les surprennent en lançant une attaque surprise. Occupés par le combat, les Grecs ne remarquent pas que Fénice est enlevée, à l’exception de Cligès. Ce dernier s’élance seul, terrasse les Saxons et sauve Fénice. Confronté à nouveau par le duc, Cligès prend l’avantage lors de leur duel, mais ils parviennent à un accord et le duc regagne la Saxe.

Cligès, le chevalier aux multiples apparences

Ayant promis à son père de se rendre en Grande-Bretagne, Cligès sollicite la permission d’Alis, qui acquiesce. Il se prépare pour son voyage en emportant des biens, des compagnons et quatre chevaux aux robes distinctes : blanc, alezan, fauve et noir. Traversant la mer, ils débarquent à Wallingford. Sans tarder, Cligès participe anonymement au tournoi d’Oxford, arborant une armure et des armes noires, montant son cheval noir. Il sort victorieux contre Sagremor. À la tombée de la nuit, il regagne discrètement sa demeure, dissimule ses équipements noirs et présente ceux de couleur verte. Le “chevalier noir” devient le sujet de toutes les conversations. Il suscite la curiosité de tous, y compris celle du roi Arthur qui se lance activement à sa recherche.

Le jour suivant, paré de vert, Cligès triomphe de Lancelot du Lac. Après sa victoire, il dissimule ses équipements verts et revêt ses équipements de couleur vermeil. Dans cette nouvelle parure, il domine Perceval le Gallois. Cependant, le soir venu, lorsqu’il opte pour son armure blanche, les chevaliers commencent à percevoir qu’ils ont été défaits par un seul chevalier aux multiples apparences. Le jour d’après, Gauvain cherche à le défier, mais le roi intervient pour éviter le combat. Il ne souhaite pas voir l’un d’entre eux blessé. Il convie Cligès à sa cour, où ce dernier se distingue par de nombreux hauts faits. Malgré l’affection du roi Arthur, l’amour de Cligès pour Fénice l’appelle.

La Fausse morte

Après son retour, Cligès rend fréquemment visite à Fénice. Voulant éviter une fin tragique comme Tristan et Yseut, ils montent un plan avec l’aide de Thessala et de Jean l’artisan. Fénice feint la maladie puis sa mort. Tout le royaume est en deuil. Trois médecins de Salerne veulent vérifier si elle est vraiment morte. Ils se rendent compte qu’elle est toujours en vie et annoncent au roi qu’ils pensent pouvoir la “ressusciter“. Ils sont menacés s’ils échouent. Les médecins tentent d’abord de lui parler et de négocier. Voyant leur échec, ils la retirent de son cercueil et la maltraitent avec violence. Malgré les tortures, Fénice reste silencieuse, protégée par le philtre de Thessala. Les servantes de Fénice surprennent les médecins dans leur acte odieux et les précipitent du haut d’une tour.

Lors de la cérémonie funéraire, la tristesse est si intense que beaucoup s’évanouissent. Profitant de cette confusion, Jean scelle la tombe de Fénice de manière à pouvoir la rouvrir ultérieurement. À la tombée de la nuit, Jean et Cligès reviennent. Ils récupèrent Fénice et l’emmènent dans une tour secrète, dont seul Cligès connaît l’accès.

Cligès et Fénice y passent de nombreux mois à l’abri des regards. Mais avec le retour des beaux jours, ils désirent profiter du verger. C’est alors que Bertrand, un chasseur ayant perdu son épervier, les découvre, dévêtus et endormis. Cligès tente de le capturer, mais se contente finalement de le blesser.

Les amoureux prennent la fuite vers la Bretagne et sollicitent l’aide du roi Arthur. Ce dernier leur garantit son soutien militaire. Bientôt, des nouvelles arrivent de Grèce : Alis serait mort, accablé par la disparition de son neveu.

Cligès et Fénice retournent alors en Grèce où ils sont accueillis chaleureusement. Ils sont couronnés et leur union est célébrée en grande pompe.

Présentation des personnages

Cligès est un personnage à la croisée de deux univers. Éduqué dans une culture prônant la bravoure, l’honneur et la loyauté, il cherche à incarner l’idéal chevaleresque. Ses qualités transparaissent dans ses actions, ses confrontations et sa quête personnelle. Son courage est évident, que ce soit au combat ou lorsqu’il brave les conventions par amour pour Fénice. Toutefois, cet amour pour Fénice le place en opposition avec ses obligations familiales et sociales, créant une tension palpable. La dualité de son allégeance envers son père Alexandre, symbole de la tradition, et son oncle, le roi Alis, représentant l’autorité, accentue ce dilemme. Ce conflit entre désirs intimes et devoirs familiaux définit sa personnalité. Cligès fait preuve d’une maturité croissante, conciliant amour et responsabilités, reflétant une résilience et une volonté de braver les normes pour ses convictions. Dans le roman courtois, il incarne le “parfait chevalier”. Il allie bravoure, honneur, courtoisie et un amour profond pour Fénice, illustrant l’idéal amoureux médiéval. Symboliquement, Cligès incarne la transition entre générations : tandis qu’Alexandre représente la tradition, Cligès est le visage du changement et de l’évolution. Son histoire met en lumière les défis de cette période de transition. Son amour interdit pour Fénice, qui est promise à son oncle, témoigne de sa résistance face aux conventions sociales. Il incarne la recherche d’authenticité et de liberté dans une société aux normes strictes.

Fénice, sous ses traits de beauté et de vertu typiques de l’héroïne médiévale, cache une résilience et une force intérieure notables. Son amour pour Cligès est sincère, et elle est déterminée à surmonter les obstacles pour le protéger. Malgré le poids de son mariage forcé avec le roi Alis et les contraintes sociétales, Fénice ne se résigne pas à la fatalité. Elle utilise son intelligence et sa ruse pour évoluer dans un monde où la liberté féminine est restreinte. Sa décision audacieuse de feindre la mort témoigne non seulement de son ingéniosité, mais aussi de sa détermination à vivre selon ses principes. Elle incarne l’amour courtois médiéval, souvent marqué par la passion et l’aspiration à une union parfaite. Son histoire avec Cligès défie les conventions, reflétant les idéaux romantiques de leur époque. Fénice symbolise également le conflit intérieur de nombreuses femmes médiévales, tiraillées entre devoir et désir. Son acte de résistance, en simulant sa mort, montre sa capacité à influencer son destin, même dans un contexte patriarcal. Elle illustre la potentialité des femmes à s’affirmer et à gagner en autonomie malgré les défis imposés.

Alexandre est un chevalier intègre qui vit selon un code d’honneur, mettant en avant le courage, la loyauté et la justice. Sa fidélité envers les rois, Arthur ou son propre père, découle de sa vision authentique de la chevalerie. Pour lui, le devoir et la parole donnée prévalent sur les désirs individuels, même au péril de sa vie. En tant que père, il guide et modèle Cligès, lui inculquant les valeurs de la chevalerie et de l’intégrité. Derrière sa stature de guerrier se cache une tendresse, surtout envers sa famille. Il aspire à ce que Cligès puisse lui succéder dignement. Son amour pour Soredamors révèle sa capacité à aimer sincèrement, malgré sa rigueur guerrière. Alexandre représente la génération des chevaliers traditionnels, servant de repère dans le monde de Chrétien de Troyes. Il est le symbole de la tradition, en contraste avec Cligès, figure de l’innovation. Leur dynamique père-fils apporte une profondeur au récit, explorant les évolutions des valeurs chevaleresques. Son union avec Soredamors, comparée à celle de Cligès et Fénice, illustre les défis générationnels et l’universalité des dilemmes du cœur.

Soredamors, épouse d’Alexandre, est profondément éprise de lui, un sentiment bien au-delà d’une simple attirance. Elle est fascinée par ses prouesses et son caractère, le plaçant souvent au centre de ses rêveries. Dotée d’une douceur naturelle, elle démontre une tendresse tant envers Alexandre qu’envers leur fils, Cligès. Elle incarne l’idéal de la compagne fidèle dans l’amour courtois, avec une loyauté envers Alexandre qui demeure inébranlable malgré les épreuves. Dans le contexte du récit, Soredamors représente un idéal féminin traditionnel. Son amour avec Alexandre est contrasté par celui, plus tumultueux, de Cligès et Fénice. Là où Fénice défie les conventions, Soredamors symbolise la continuité des traditions. Leur relation reflète les normes amoureuses établies de leur époque. En tant que mère de Cligès, elle sert de lien entre les générations, connectant les histoires d’amour de deux époques différentes.

Alis, à la différence de son frère Alexandre, est principalement animé par la quête du pouvoir et du statut. Devenu roi, il cherche à solidifier son règne, ce qui l’amène parfois à prendre des décisions éthiquement discutables. En effet, il est prêt à rompre la promesse qu’il a faite avec son frère, en envisageant un mariage avec Fénice pour sécuriser sa succession. Bien qu’Alexandre, chevalier renommé, suscite admiration et éloges, Alis ressent à la fois du respect et une certaine envie envers lui, ce qui complexifie leur relation fraternelle. Conscient des enjeux politiques de sa position, Alis est disposé à faire des sacrifices moraux et relationnels pour maintenir sa souveraineté. Cela est manifeste dans son choix de s’unir à Fénice malgré les conséquences familiales et sentimentales. Alis symbolise ainsi la tension entre le devoir de sa charge et l’intégrité personnelle. Sa figure met en lumière les défis des responsabilités royales, où les intérêts personnels et ceux du royaume peuvent entrer en collision. Il incarne également la difficulté de vivre à l’ombre d’un proche, reflétant les challenges ressentis par ceux qui se mesurent constamment à d’autres. En fin de compte, à travers Alis, le récit explore comment les impératifs politiques peuvent éclipser les émotions profondes et les aspirations individuelles.

Thessala est bien plus qu’une simple servante pour Fénice ; elle est une amie loyale et une confidente précieuse. Sa fidélité ne se limite pas à son rôle professionnel. En effet, elle découle d’un véritable attachement et d’une estime sincère pour Fénice. Douée d’une intelligence notable et experte en herbes et potions, Thessala joue un rôle crucial pour aider Fénice à feindre sa mort. Sa capacité à naviguer habilement dans des situations compliquées atteste de son ingéniosité. En tant que confidente, elle comprend intimement les dilemmes et sentiments de Fénice. Elle offre un soutien émotionnel indispensable. Même si Thessala pourrait être perçue comme un personnage secondaire, elle illustre parfaitement comment des figures en arrière-plan peuvent influencer profondément le cours des événements. Fénice se repose énormément sur elle, soulignant l’importance des figures de soutien dans une narration. À une époque où les femmes peuvent être éclipsées par les ambitions des hommes, la solidarité entre Thessala et Fénice offre une perspective rafraîchissante. Elles parviennent ensemble à contrecarrer les plans des hommes, affirmant leur autonomie et leurs désirs. Thessala est l’incarnation même de la loyauté. Elle montre que cette vertu peut surpasser les simples attentes du rôle et s’ancrer dans un respect et un amour véritable.

Analyse de l’oeuvre

Dualité Générationnelle : amour courtois et Chevalerie dans Cligès ou la Fausse Morte

Écrit au XIIe siècle par Chrétien de Troyes, le roman Cligès ou la fausse morte se déroule dans un contexte où l’amour courtois, les idéaux chevaleresques, et le sens du devoir dominent la littérature médiévale. Les romans de cette époque reflètent souvent les tensions entre le devoir féodal, les attentes sociales et les désirs individuels. Ainsi, cette œuvre s’inscrit parfaitement dans ce moule, tout en introduisant des éléments uniques qui la rendent unique.

Une structure en deux parties

Première partie – Alexandre

Alexandre est présenté comme un noble Grec ambitieux, issu de la couronne. Désireux de faire ses preuves et de gagner en notoriété, il décide de quitter sa Grèce natale pour la Bretagne, centre névralgique des idéaux chevaleresques à cette époque. Son voyage est motivé par la quête de gloire, d’honneur et de reconnaissance. En Bretagne, Alexandre fait face à plusieurs défis. Il se distingue par ses prouesses, établissant rapidement sa réputation. Il se lie d’amitié avec d’autres nobles. Sa présence devient significative dans le paysage politique et social de la Bretagne. Outre ses exploits chevaleresques, la vie romantique d’Alexandre joue un rôle crucial. Il tombe amoureux et se marie, posant les bases pour la deuxième partie du roman. Cette section sert non seulement à établir le contexte familial pour Cligès, mais aussi à introduire les thèmes d’amour et de trahison qui seront explorés plus en détail dans la suite.

Seconde partie – Cligès

En tant que fils d’Alexandre, Cligès hérite des attentes et des responsabilités de son père. Son éducation et son apprentissage reflètent la tradition chevaleresque et l’influence de son père. Le cœur de cette section est la relation entre Cligès et Fénice. Malgré les interdictions et les obstacles, leur amour se développe. Cette romance est emblématique de l’amour courtois, avec ses défis, ses sacrifices et ses dilemmes moraux. La relation de Cligès avec Fénice n’est pas sans heurts. Les deux amoureux doivent naviguer dans les eaux troubles des intrigues politiques, des jalousies et des devoirs familiaux. Leurs stratégies pour surmonter ces défis, notamment l’ingénieuse ruse de la “fausse morte”, témoignent de la complexité des situations auxquelles ils sont confrontés et de leur détermination à être ensemble.

Ainsi, la structure bipartite de Cligès ou la fausse morte permet à Chrétien de Troyes d’explorer deux générations de chevaliers. De ce fait, il offre une perspective riche sur les idéaux, les défis et les évolutions de l’amour courtois et de la chevalerie au Moyen Âge.

Les thématiques de cette œuvre de Chrétien de Troyes

L’idéal de l’amour courtois dans Cligès ou la fausse morte

L’amour courtois, tel qu’exploré par Chrétien de Troyes, est un amour chaste et secret, souvent caractérisé par des obstacles insurmontables. Dans Cligès ou la fausse morte, cet amour est incarné par la relation entre Cligès et Fénice.

La relation entre les deux amoureux transcende la simple passion physique. Ils sont profondément respectueux l’un envers l’autre, mettant l’accent sur la tendresse, la courtoisie et la dévotion mutuelle. Cette représentation de l’amour contraste avec les unions plus pragmatiques de l’époque médiévale. En effet, celles-ci sont souvent basées sur le pouvoir et la politique. Comme le veut l’amour courtois, Cligès et Fénice doivent surmonter d’énormes obstacles pour être ensemble, allant des conventions sociales aux intrigues familiales. Leur amour est mis à l’épreuve à de nombreuses reprises, soulignant la pureté et la force de leurs sentiments.

Dilemme médiéval : le combat de Cligès entre amour et obligation

Le conflit entre les désirs personnels et les obligations sociales est au cœur du récit. Cligès, en tant que jeune noble, se retrouve à la croisée de ces deux forces.

L’amour de Cligès pour Fénice entre en conflit avec son devoir familial, en particulier envers son oncle Alis. Cela crée un dilemme moral, où Cligès doit choisir entre suivre son cœur et respecter les conventions familiales et sociales. La manière dont Cligès navigue dans ce conflit est révélatrice de la complexité des valeurs médiévales. Sa décision finale témoigne de la prédominance des sentiments personnels sur les obligations, tout en soulignant les sacrifices nécessaires pour parvenir à un équilibre.

Chevalerie en transition : du modèle d’Alexandre à l’évolution de Cligès

La chevalerie, avec ses idéaux et ses codes de conduite, est omniprésente dans l’œuvre de Chrétien de Troyes.

Alexandre incarne la quintessence du chevalier médiéval. Ses aventures en Bretagne montrent son courage, sa quête d’honneur et sa loyauté. À travers lui, le récit explore ce que signifie être un chevalier, allant au-delà des simples combats pour englober des notions de noblesse de cœur et d’esprit. Si Alexandre représente les idéaux chevaleresques traditionnels, Cligès illustre une évolution de ces valeurs. Tout en respectant les codes de la chevalerie, il est également confronté à des dilemmes modernes liés à l’amour et au devoir, reflétant les changements subtils dans la société médiévale.

Ainsi, Cligès ou la fausse morte est une exploration riche des thèmes de l’amour courtois, du conflit entre devoir et désir, et des idéaux de la chevalerie. Cette œuvre offre une fenêtre sur les valeurs et les dilemmes de la société médiévale.

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