Le premier livre de Dany Laferrière, un auteur français, canadien et haïtien, est une satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes. Il se présente comme un récit amusant du style de vie bohème du point de vue des Noirs. L’histoire suit la vie de deux jeunes colocataires non oisifs vivant dans un quartier pauvre de Montréal. Le narrateur, qui a pour objectif d’écrire un roman, passe le temps en s’engageant dans diverses rencontres romantiques et en réfléchissant à la dynamique raciale d’être Noir, Blanc et entre les deux. Il s’agit d’une forme de rétribution pour les injustices et les luttes auxquelles le narrateur a été confronté dans le passé. Découvrons ensemble ce roman.
Résumé chapitre par chapitre de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière
Chapitre 1 : Le nègre narcisse
Bouba, un fou de jazz, est dans “sa semaine Parker”. Le narrateur, appelé Vieux, décrit la chambre petite et misérable dans laquelle ils vivent. Le narrateur dort “sur un lit crasseux”. Bouba s’est fait un petit nid douillet dans lequel il vit constamment. Le seul avantage de leur chambre est que même s’ils mettent la musique à fond, personne ne vient les déranger. Bouba lit le Coran et s’applique des “cures de sommeil” qui peuvent durer jusqu’à trois jours. Bouba est une personne très croyante et semble passionné par Freud. Bouba pense que Sigmund Freud a dû inventer le jazz parce qu’il a vécu à New York. Il demande au narrateur s’il connaît le jazz et lui lit des sourates tout en mettant de la musique.
Bouba et Vieux, écoutent de la musique de jazz de Charlie Parker sur une table tournante. Tandis qu’ils écoutent, un bruit fort et dérangeant se fait entendre, qui semble provenir du ciel. Les personnages se demandent si c’est le courroux d’Allah, le dieu de feu vaudou Ogoum ou le diable en personne qui est à l’origine de ce bruit. Le bruit devient de plus en plus violent, et ils imaginent que c’est peut-être la fin du monde qui se produit. Mais finalement, le bruit s’arrête et ils entendent un cri aigu et inhumain qui semble accompagner le saxophone de Parker.
Chapitre 2 : La roue du temps occidentale
Début des années 80, le narrateur explique que les jeunes femmes blanches, après avoir raffolé des noirs, se sont lancés à vouloir coucher avec les “jaunes”, les Japonais. Avant tout ça, il raconte que, dans les années 70, les jeunes femmes blanches aimaient coucher avec les “rouges” (indiens). Le narrateur ironise en expliquant que c’était plus classe de coucher avec un homme dont le nom était “Taureaux fougueux”. Après les Indiens, les noirs ont eu la cote pendant un moment. Les noirs se vengeaient en couchant avec les femmes noires : “la haine dans l’acte sexuel est plus efficace que l’amour”. Toutefois, il confie que “le noir était la dernière bombe sexuelle capable de faire sauter la planète” mais il est mort entre les cuisses d’une blanche.
Chapitre 3 : Belzébuth, le dieu des Mouches, habite l’étage au-dessus
Le narrateur lit différents livres selon des situations spécifiques et des contextes. Il mentionne des écrivains tels qu’Hemingway, Bashô, Proust, Cervantes, Simenon, Dante, Dostoevsky, Miller et Mishima. Il décrit également une situation dans laquelle une femme lui demande des serviettes tout en sortant de la salle de bain, ce qui le distrait de sa lecture. Il reprend sa lecture, mais finit par s’endormir.
Le narrateur se sent somnolent à cause de la chaleur, et il décrit sa chambre en désordre avec des boîtes de carton, des sacs d’ordures, et des objets divers qui traînent par terre. Il remarque une mouche verte qui vole dans la pièce et finit par tomber dans l’eau de vaisselle. Il retourne à sa lecture mais trouve les mots difficiles à comprendre. Il se sent responsable de la mort de la mouche et se sent comblé après avoir bu un peu de vin de “mauvaise qualité”.
Chapitre 4 : Le nègre est du règne végétal
Le narrateur décrit une scène matinale où il se réveille et se lave le visage dans le lavabo, puis il fait une description de son ami Bouba qui est un ermite qui sort une fois par semaine et qui cherche à devenir un “pur d’entre les purs” en essayant de relever un défi religieux pour aider les personnes aveugles, sourdes et perdues.
Miz Littérature, rencontrée à l’université McGill, a laissé un billet décrivant une visite à une pâtisserie grecque. Elle a été surnommée ainsi par Bouba. Le narrateur a également eu une conversation avec elle lors d’une soirée littéraire à l’université où il a exprimé un point de vue sur Virginia Woolf qui a pu être mal perçue étant donné que c’est un “nègre”.
Le narrateur décrit une chambre sombre et en désordre où il range des objets divers. Il prend ensuite une douche dans une salle de bain équipée d’une baignoire, d’un lavabo et d’une douche, ce qui est inhabituel pour cette zone. En effet, les vieux immeubles ont souvent des baignoires mais pas de douches.
Le narrateur est frustré et irrité envers Miz Littérature qui a apporté son nécessaire de toilette dans leur salle de bain partagée. Il exprime également de l’irritation envers les produits de soin personnel de cette fille, en utilisant des stéréotypes raciaux et des termes offensants.
Le narrateur admire un couple formé par Carole Laure et Lewis Furey, en particulier Lewis Furey qui représente tout ce qu’il aimerait être : “gosse de riche, intelligent, sophistiqué, doux, futé à souhait”. Il rêve également de passer du temps avec Carole Laure dans sa chambre crasseuse. Il y a aussi des réflexions sur la planète et les microbes, et l’idée qu’il pourrait y avoir des femmes chinoises qui le considèrent comme le “Mao Nègre“.
Chapitre 5 : Le cannibalisme à visage humain
Le narrateur se fait servir un repas par Miz Littérature. Le narrateur réfléchit à l’apparence et au comportement de cette femme, notant qu’elle est fascinée par la façon dont il mange. Il réfléchit également aux différences culturelles entre cette femme et lui, et à la facilité avec laquelle il peut la manipuler en lui racontant des histoires à dormir debout.
Il dit qu’elle est trop crédule et qu’elle a la possibilité de se permettre une conscience pure, tandis qu’il, en tant qu’homme noir, ne peut pas se le permettre car cela pourrait causer des ennuis. Il exprime également son désir pour les avantages et les luxes de l’Amérique, mais affirme qu’il n’a pas les moyens d’avoir une conscience. Il mentionne également qu’il doit être prudent en taquinant Miz Littérature car elle est le meilleur parti possible pour un homme noir en temps de crise.
Chapitre 6 : Quand la planète sautera, l’explosion nous surprendra dans une discussion métaphysique sur l’origine du désir
Les personnages discutent de la beauté, Bouba soutient que c’est une illusion créée par l’imagination et que c’est le désir qui est à l’origine de l’attraction pour les autres. Il donne l’exemple d’une bouche sensuelle en disant que c’est l’image de cette bouche dans sa tête qui est importante. Vieux est d’accord mais souligne les différences dans les manières de percevoir la beauté. Bouba se décrit comme un “Nègre freudien” et suggère que la beauté est un concept absurde.
Bouba est décrit comme transpirant et ayant un débit de parole rapide, une intelligence vive et une vision personnelle des choses. Il utilise ses mains pour décrire des arabesques dans l’air en parlant, qui semblent liées à ses idées. Le décor de la scène est d’un appartement crasseux de la rue Saint-Denis, au petit matin, et il n’y a pas de distractions modernes telles que la radio, la télévision ou les journaux. L’autre personnage, le narrateur, se concentre sur cette conversation avec Bouba, la décrivant comme gratuite et grave, mais importante pour la civilisation judéo-chrétienne. Il mentionne également que Bouba aime faire de lui une bouillie verbale et qu’il peut parler pendant des heures, c’est une machine rhétorique terrifiante.
On demande à Bouba ce qu’il a contre la beauté, et il répond que la beauté est “impudente” et qu’il préfère “l’implosion” à “l’explosion“. Il déclare également que les personnes considérées comme belles ont une “température extérieure” qui crée le désir, tandis que celles qui ne sont pas considérées comme belles ont une “température intérieure” qui est plus satisfaisante pour lui dans les relations sexuelles. Il affirme que les relations avec des personnes qui ne sont pas considérées comme belles sont plus satisfaisantes et bénéfiques pour lui. Il fait référence au Coran pour exprimer sa conviction que seul Allah doit être loué.
Chapitre 7 : Faut-il lui dire qu’une bauge n’est pas un boudoir
Le narrateur est en train de lire un livre de Bukowski alors que Miz Littérature arrive avec un bouquet de pivoines. Il se trouve dans sa chambre à une heure où il a l’habitude de lire et où l’immeuble est calme. Il observe Miz Littérature qui semble s’être habillée avec soin et se demande pourquoi elle est là pour faire la vaisselle dans un appartement crasseux alors qu’elle est une femme cultivée, membre d’un club littéraire féministe et prépare une thèse sur Christine de Pisan. Il se demande si c’est à cause de l’amour mais elle lui répond qu’elle ne dérange pas sa lecture. Il se dit qu’elle doit mener deux vies, une où elle est la princesse et une autre où elle est l’”esclave d’un Nègre”. Faire l’esclave apporte une touche de suspense car on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. Il voit d’ici ce que dirait la Presse s’il la mangeait.
Vieux a posé le livre au pied du lit quand Miz Littérature est venue dans son lit. Il a renversé la bouteille de vin sur elle.
Chapitre 8 : Et voilà Miz Littérature qui me fait une de ces pipes
Il s’agit d’un passage érotique décrivant une scène d’amour entre Vieux et Miz Littérature, avec des références à des commentaires sur les rapports sexuels et des citations de Miller et du Coran.
Vieux explique que Miz Littérature lui fait une fellation. Il fait part de son hypothèse selon laquelle : “il n’y a de véritable relation sexuelle” que lorsqu’elles sont “inégales”. La blanche étant inférieure au blanc, cette dernière doit faire jouir le blanc. La blanche étant supérieure au noir, ce dernier doit la faire jouir. C’est pour cette raison qu’un “nègre” est considéré comme un “bon baiseur”. Toutefois, il explique que cela n’est vrai qu’avec une blanche, pas avec les “négresses” en raison de l’inégalité qui existe entre eux. De plus, le fait que Miz Littérature effectue cet acte, il peut considérer qu’elle est “vraiment” à lui.
Vieux a toujours imaginé l’Univers comme cette toile de Matisse (“Grand Intérieur Rouge”). Il pense à ce tableau avant d’éjaculer sur le visage de Miz Littérature. Il qualifie leur rapport de “baise carnivore”.
Miz Littérature annonce “Tu es mon homme” et apprend à Vieux qu’elle n’a jamais dit ça à personne. Ils refont l’amour. Une heure après, Miz Littérature prend sa douche et repart pour ses cours. Elle est en retard. Elle embrasse Vieux une dernière fois alors qu’il lit un livre de Bukowsky. Vieux ne veut pas se doucher après avoir fait l’amour, il veut garder l’odeur sur lui. Bouba dort encore.
Chapitre 9 : Miz après-midi sur une radieuse bicyclette
Vieux sort une vieille machine à écrire Remington 22 de son étui, l’essuie avec du pétrole et l’utilise pour écrire. Il dit que la machine à écrire est comme une fleur et s’est installé à une table qui fait face à une cloison séparant la chambre d’un cycliste professionnel. Il ouvre un nouveau ruban, glisse une feuille de papier blanc et s’assoupit en rêvant de ressembler à Ernest Hemingway.
Vieux décide de faire un grand ménage dans sa chambre alors qu’il essaie d’écrire. Il passe le balai partout et vide la poubelle, décrit la chambre comme étant très sale et oppressante à cause de la chaleur. Il a des pensées sur l’Amérique et des citations religieuses. Il décide ensuite d’aller faire un changement d’adresse au bureau de poste, en descendant la rue Sainte-Catherine. Pendant cette promenade, il est distrait par deux jeunes femmes : l’une sortant d’une librairie avec un livre et l’autre en train de pédaler à vélo. Il décrit ses réactions physiques et émotionnelles face à ces deux jeunes femmes, notamment la chaleur intense et l’émotion de la douleur de voir quelqu’un partir.
Dans le bureau de poste, Vieux, qui s’intéresse aux livres, voit une personne qui lit un livre devant lui dans la longue file d’attente. Il commence à lui poser des questions sur le livre, mais la femme se met en colère et lui demande de la laisser tranquille. Puis une autre femme dans la file, qui a les cheveux courts, prend la parole et exprime sa colère à l’égard des “dragueurs folkloriques” qui dérangent les gens en été, en mentionnant spécifiquement les Noirs et les Latinos. Un homme intervient, disant qu’il n’est pas juste de généraliser et que le vrai problème est le colonialisme. La femme aux cheveux courts répond alors qu’à cause de ce “colonialisme”, les “nègres” ont donc le dois de baiser leur femme. Vieux comprend que cette femme au cheveux court, qu’il surnomme Miz Cheveux Ras est une lesbienne. Il fait son changement d’adresse et déambule dans les rues de Sainte-Catherine. En se réfugiant dans une banque à cause de la chaleur, il voit la femme du bureau de poste avec Miz Cheveux Ras. Elle l’a eu. Il juge cette concurrence “déloyale”.
Chapitre 10 : Une Remington 22 qui a appartenu à Chester Himes
Bouba est allé au marché et a acheté de la nourriture pour la maison, incluant de la viande de porc, des échalottes fraîches, des boîtes de soupe, du détergent, une boîte de margarine, du sel iodé, un sac de riz, et des pâtes. Il prépare un riz-poulet à la sauce arachide. Vieux s’assoit devant sa machine à écrire, une Remington 22 qu’il a achetée chez un brocanteur qui vend des machines à écrire utilisées par des écrivains célèbres, avec différents modèles pour différents styles d’écriture. Vieux décrit les différentes machines disponibles et comment il a finalement choisi celle qu’il possède maintenant qui a appartenu à Chester Himes, un écrivain américain.
Vieux qui garde depuis longtemps dans un carton des notes, un journal et des fiches annotées d’observations sur des personnes, des objets, des réflexions sur le jazz, les filles et la faim. Il se sent dépassé par cette quantité de matériaux et décide de les brûler, se rappelant d’un verset coranique avant de le faire.
Vieux est en train d’écrire, tandis que Bouba écoute de la musique et prépare la table pour le repas. Bouba demande à Vieux sur quoi il travaille, il lui dit qu’il écrit un court roman sur un homme noir qui vit avec un ami qui passe son temps allongé sur un canapé, à lire le Coran, à écouter du jazz et à faire l’amour quand l’occasion se présente. Bouba est intrigué et aime l’idée de cet homme qui ne fait rien. Vieux mentionne qu’il a utilisé les traits de caractère de Bouba pour le personnage. Bouba rit et plaisante en disant que tous les écrivains sont des “salauds“. Ils écoutent “Body and Soul” de Hawkins tout en dégustant leur riz-poulet.
Chapitre 11 : La drague immobile
Miz Littérature arrive chez Bouba et Vieux en portant un gâteau au fromage et une bouteille de vin. Elle ne peut pas rester longtemps car elle a un cours plus tard dans la soirée. Ils boivent un peu de vin, et Miz Littérature se met à danser de façon joyeuse mais maladroite. Elle porte une robe blanche et des bas gris, et le sol de la pièce est sale et jonché de cendres de cigarettes. Miz Littérature parle à Bouba, qui est sur le canapé, et mentionne que son amie Valérie ne croit pas à son existence. Bouba est décrit comme une sorte de saint homme qui mène une vie simple et ascétique, lisant le Coran et dormant. Miz Littérature dit aussi que Valérie est belle et elle est surprise lorsque Bouba lui révèle qu’il déteste la beauté. Quelqu’un sonne à la porte et Madame Litterature a un sourire enjôleur qui suggère qu’elle a peut-être organisé la venue de Valérie.
Valérie entre, c’est le genre de femme magnifique qui nous laisserait “baba”. Bouba reste impassible pendant que Miz Littérature fait les présentations. Bouba finit par sortir, prétextant que c’est son jour de sortie. Vieux n’en revient pas. Valérie est le genre de femme qui porte en horreur sa beauté, sa richesse et son intelligence qui, selon elle, l’éloigne de la vérité. Elle est en quête d’un “gourou”. Vieux se dit qu’il aurait dû y penser : “pour avoir la plus belle fille” de la ville, il suffit de rester chez soi. Il nomme ça “la drague immobile”.
Chapitre 12 : Miz suicide sur le divan
Bouba est avec Miz Suicide, une “longue fille maigre, aux cheveux filasse et aux grands yeux comme perpétuellement écarquillés.”. Vieux présente Bouba comme étant “son conseiller en matière de suicide”. Il lui apprend la façon de boire le thé. Il lui explique qu’elle doit le sentir avant de prendre sa première gorgée.
Miz Suicide fait des grimaces en buvant son thé. Vieux ouvre la fenêtre et regarde ce qui se passe dehors. Il voit des jeunes jouer au hockey. Une fille présente essaie de retenir son chien tant bien que mal, mais celui-ci finit par se dégager pour aller chercher la rondelle du jeu de hockey.
Vieux essaie d’écrire pendant que Bouba et Miz Suicide discute. Il essaie de trouver l’inspiration en regardant un cafard dans l’évier qui est en train de se battre contre la mort. Bouba explique à Miz Suicide la façon dont Papini, un écrivain italien, a raconté dans un de ses livres comment un Allemand a finit par se suicider. Il a décidé de se laisser dépérir physiquement, et ce, de façon méthodique. Miz Suicide finit et son thé et repart.
Vieux essaie de comprendre quel est son intérêt avec cette Miz Suicide. Il lui explique que c’est “la charité”.
Chapitre 13 : un bouquet de Lilas ruisselants de pluie
Miz Littérature et Valérie Miller arrivent avec des fleurs. Bouba est en train de dormir pendant que Valérie s’est posé sur le divan avec son bouquet de lilas ruisselant de pluie. Elle demande à Vieux ce qu’il fait. Il lui explique qu’il écrit un roman. Il explique que le mot “phantasme” a énormément de succès en Occident. Vieux nous décrit Valérie comme une beauté à nous “couper le souffle”. En se déplaçant dans la chambre, elle constate qu’il n’a pas beaucoup d’œuvres de femme dans sa collection. Elle a raison, mais il lui montre qu’il a des poèmes de Erica Jong. Les deux femmes se mettent à scander ses poèmes.
Après qu’elles soient parties, Vieux reste seul dans la chambre et constate qu’il a le cafard. Bouba dort avec un bouquet de lilas dans ses bras.
Chapitre 14 : Comme une fleur au bout de ma pine nègre
Vieux et Bouba partage un dernier repas avec une fille de l’université Sir George William, surnommée Miz Sophisticated Lady par Bouba. La jeune fille exprime son amour du jazz et Vieux, qui est noir, réfléchit à son désir de devenir blanc et à la signification de la “négritude“. Il contemple également un livre de calories que la jeune fille a apporté et réfléchit à la place centrale qu’occupe le riz dans le régime et la culture des Noirs. Il réfléchit à la possibilité d’une compréhension psychanalytique de l’âme noire et à la façon dont elle diffère de l’âme blanche et termine en disant qu’il n’est pas complètement désintéressé par le fait de devenir blanc.
Vieux est en train de coucher avec Miz Sophistated Lady pendant que Bouba est allé faire un tour dehors. Son allure guindée lui donne envie de la baiser vicieusement. Pendant qu’il est en train de coucher avec elle, il ne peut s’empêcher de noter le contraste qui existe entre la femme qu’elle est dans la vie de tous les jours et la femme qu’elle est pendant qu’il est en train de la “baiser” violemment. Elle n’arrête pas de lui demander des mots cochons et lui répète “Baisemoi baisemoi baisemoi” inlassablement. Il explique qu’il souhaite “baiser son identité. Pousser le débat racial jusque dans ses entrailles. Es-tu un Nègre ? Es-tu une Blanche ?”
Miz Sophiscated Lady a fini par s’endormir pendant que Vieux est en train d’écrire sur sa machine.
Au milieu de la nuit, Miz Sophiscatd Lady le réveille prétextant qu’elle a entendu des souris dans la pièce. Vieux n’entend rien et elle décide d’aller voir. Il se demande comment une simple souris pourrait l’effrayer. Est-ce que dormir avec un “nègre” ne serait pas plus terrifiant ? Il préfère la laisser chasser sa souris seule et finit par se rendormir.
Miz Sophisticated Lady surprend un homme Bouba en train de manger une tête de laitue dans le noir. Elle ne comprend pas cette situation et demande des explications à Vieux. Il lui révèle alors que Bouba a une “abominable rancœur” contre les aliments d’origine animale (lait, steak, fromage, œufs) depuis son enfance. C’est un combat qu’il mène contre les forces obscures de la misère la plus noire, même s’il sait qu’il a perdu d’avance. Il est inquiet qu’elle ne le croie pas ou ne le comprenne pas.
Offensée, Miz Sophisticated Lady part. Vieux se dit que cela pourrait être lié à la race et au statut socio-économique.
Bouba rassemble des os de poulet sur une table, tandis que Vieux s’installe sur un divan avec un livre de Borges. Bouba met “Take the A train” de Duke Ellington, et remarque que cela plaît à Vieux, mais ce dernier n’a pas reconnu la chanson. Bouba lui dit que c’est de la musique de jazz symphonique, “Sophisticated Lady”
Chapitre 15 : Nous voici Nègres Métropolitains
Dans un bistrot appelé “Bistrot À Jojo” à midi où il fait chaud,Vieux et un Ivoirien qui vit à Montréal depuis quinze ans sont assis sur des chaises confortables dans un endroit faiblement éclairé du bistro. Ils commandent des boissons et l’Ivoirien raconte comment les choses étaient différentes pour les Noirs dans le passé et comment elles ont changé. Il mentionne que dans le passé, les hommes noirs avaient plus de succès avec les femmes, mais que maintenant c’est différent. Ils discutent de l’importance des pourboires dans le secteur des services, et un grand Sénégalais vient leur rendre visite. Ils continuent à boire et l’Ivoirien désigne une personne qui semble malheureuse et explique qu’après avoir vécu longtemps à Montréal, les gens deviennent “brûlés de l’intérieur“. Il suggère que le nouvel arrivant a l’air fort mais que si vous soufflez sur lui, il pourrait se transformer en cendre.
Chapitre 16 : Un jeune écrivain noir de Montréal vient d’envoyer James Baldwin se rhabiller
Bouba a l’impression que Vieux n’a pas l’air d’aller bien. Il lui propose du thé. Miz Littérature est arrivée, il y a pas longtemps. Elle lui demande s’il compte travailler longtemps et s’il a besoin d’aide. Vieux lui répond qu’il doit faire ça tout seul.
Une demi-heure après, Miz Littérature revient à la charge. Vieux lui fait comprendre qu’il souhaite devenir le meilleur écrivain nègre meilleur que Dick Wright, Chester Himes, et même James Baldwin. Il s’imagine sortir un livre : Paradis du dragueur nègre où James Baldwin pourra aller se rhabiller.
La pluie a cessé et Vieux se décide à sortir dehors avec Miz Littérature. Ils entrent dans une librairie Hachette. Vieux corrompt Miz Littérature pour qu’ils volent des livres. Il lui explique de faire attention au flic-maison et aux femmes de soixante ans qui peuvent signaler au gérant toute activité suspecte juste pour être à la bonne.
Après avoir volé, Miz Littérature explique que lorsqu’il aura sorti son livre, ils iront le voler dans la librairie.
Chapitre 17 : Rythme Électronique pour Miz Orange Mécanique sur fond de Conga nègre
Vieux rejoint Miz Littérature aux “Clochards Célestes”. Vieux s’étonne de voir des Sénégalais jouer de la musique nègre (Soul) pour des danseurs blancs. Miz Punk lui demande d’où il vient. Il lui explique qu’il a quinze ans et qu’ il vient d’Harlem.
Le D.J. met du rock et Miz Punk va danser sur la piste. Miz Littérature et Vieux quittent le bar, laissant Miz Punk. Ils se réfugient sous le porche d’un théâtre à cause de la pluie. Miz Littérature l’embrasse. Ils prennent l’autobus 129 pour aller chez Miz Littérature. Ses parents sont partis en Europe.
Mizz Littérature part aux toilettes. Vieux n’a pas l’impression d’être à sa place. Il n’est là que pour “baiser” cette fille. En un sens, il finit par se dire qu’il a sa place puisqu’il va la “baiser”, cette fille de diplomates qui les giflait à coups de “sticks”. C’est vrai qu’il n’était pas là quand ça se passait, mais il précise que l’histoire leur “sert d’aphrodisiaque”.
Fatiguée, Miz Littérature entre dans la chambre. Elle lui demande ce qu’il voudrait écouter.
Chapitre 18 : Une chronique de ma chambre 3670, rue Saint-Denis
Bouba se rend compte que Vieux a peur de la page blanche. Il lui donne quelques conseils. Vieux écrit “Lit”, il voit l’atmosphère crasseuse dans laquelle ils vivent et pense au mot dormir, baiser, rêvasser, écrire et lire au lit. Il assimile toutes ces actions à différentes personnes.
Vieux rêve de Millers, de Cendrars et de Bukowsky. Ce dernier est “dans la merde jusqu’au cou”.
Bouba le réveille. Ça fait une heure qu’il dort sur sa machine à écrire. Vieux souhaite lui expliquer avec qui il parlait dans son rêve mais Bouba l’a deviné en lui montrant qu’il a écrit sur sa machine.
Vieux se met à écrire des mots : toilettes, réfrigérateur, fenêtre, réchaud à alcool, divan, jazz, machine à écrire et il nous explique ce qu’il voit.
Chapitre 19 : Miz Snob sur un air d’India Song
Vieux est assis à la terrasse d’un café à Paris, buvant du vin et observant les gens qui passent. Il remarque une fille qui lit un livre de Henry Miller et une autre qui a plusieurs livres dont Ducharme. Cela lui rappelle ses propres lectures de Miller en été et de Ducharme en hiver. Il fait également référence à une mode de lecture de livres populaires dans les cafés de Manhattan.
Miz Snob interroge Vieux sur ses origines. Vieux commande à boire et remarque que le barman a un comportement mécanique et que l’ambiance est snob. Miz Littérature et Miz Snob discutent de films et de littérature. En fin de scène, Miz Snob se moque de Vieux pour son ignorance de certaines œuvres littéraires.
Miz Snob invite Miz Littérature et Vieux pour boire le thé, elle possède une MG et habite à côté d’un cinéma à Outremont. Elle partage un logement avec deux autres filles qui passent l’été à Jasper. Miz Snob étudie la photographie à McGill et est passionnée par Henri Cartier-Bresson et Marguerite Duras. Elle utilise un appareil Nikon professionnel.
Miz Littérature regarde un album de photos de Lewis Hine, un thé est servi dans un beau service en porcelaine de Saxe, et Vieux se détend sur un pouf. Il est également fait mention de meubles anciens, d’objets en provenance de différents endroits comme des coquillages de l’océan, des batik de femmes de New Delhi, et une photographie de Truman Capote prise par Andy Warhol. Miz Littérature est fatiguée part s’allonger dans une chambre vide. Miz Snob et Vieux sont donc seuls.
Miz Snob surprend Vieux farfouiller dans ses disques alors qu’elle ramène le thé. Vieux exprime une préférence pour Leonard Cohen plutôt que Bob Dylan, ce qui surprend Miz Snob. Ils écoutent de la musique et boivent du thé ensemble, puis Mme Snob va préparer une omelette dans la cuisine. Vieux la regarde préparer l’omelette, admirant sa silhouette et ses attributs physiques. Sans réfléchir, le narrateur tend la main pour embrasser sa taille, mais elle ne lui rend pas la pareille. Elle a décidé qu’ils ne seront pas des amants terribles.
Ils discutent de leurs préférences et opinions sur la littérature, la musique et la consommation de drogues. Miz Snob est mentionné comme quelqu’un qui consomme beaucoup de cocaïne et ils mentionnent d’autres auteurs et livres.
Chapitre 20 : Miz Mystic revient du Tibet
Vieux entre dans la chambre et il voit Miz Suicide assise avec Bouba et Miz Mystic qui vient de rentrer du Tibet. Les personnages écoutent de la musique, Charlie Mingus en buvant du thé et en mangeant une pizza. Le narrateur se sent fatigué et pense que la planète va mal, il s’endort sur le lit.
Vieux est réveillé par Miz Mystic qui a décidé de se jeter par la fenêtre. Vieux se dit que si elle désire se tuer, elle n’a qu’à le faire, mais Bouba et Miz Suicide l’en empêche. Il finit par les aider à ramener Miz Mystic à l’intérieur.
Chapitre 21 : Le poète nègre rêve d’enculer un bon vieux stal sur la perspective Nevsky
Au Carré Saint-Louis, connu pour être rempli d’ivrognes, Vieux est arrêté par un clochard qui lui demande s’il n’aurait pas de la monnaie. Le clochard demande à Vieux d’où il vient et il lui montre n’importe quel pays en précisant que c’est la Côte d’Ivoire. Le clochard explique qu’il connaît très bien son président. Vieux n’y fait pas cas, tous les clochards “connaissent” les présidents africains. Il s’assoit sur un banc et lit un livre. Bouba est revenu du SAVI, “un centre de dépannage pour migrants et immigrants” où on lui a donné vingt dollars. Il en a profité pour aller au marché. Demain, ce sera à son tour d’aller au SAVI.
Chapitre 22 : Le pénis nègre et la démoralisation de l’occident
Bouba et Vieux rejoignent des filles dans un bar. Vieux va aux toilettes et surprend une discussion où un noir explique qu’ils sont là pour “baiser” de la blanche. Vieux revient et Bouba le présente. Vieux explique qu’il est écrivain et qu’il écrit sur ses “phantasmes”.
Vieux a une discussion avec une des filles où il explique que les noirs sont supérieurs aux blancs en danse et sur le plan sexuel. Toutefois, pour la fille, nègre et blanc sont pareils. Vieux admet que les blancs qui ne se croient pas supérieurs aux noirs n’ont aucun problème sexuel. Il finit par la planter parce qu’ils ne sont pas du même avis et retrouve Koko, le Sénégalais qu’il a rencontré aux “Clochards Célestes”. Ce dernier lui fait savoir qu’une des filles avec qui il est en pince pour lui, car elle croit qu’il est la réincarnation du dieu Râ. Vieux discute avec la femme et cette dernière lui propose qu’ils aillent chez elle. En partant, Bouba lui fait savoir que la fille qu’il a laissée en plan en pince pour elle. Vieux repart sous les yeux de Bouba qui est aux côtés de Miz Carte du Ciel et Miz Mythe qui affiche un sourire forcé.
Chapitre 23 : Le chat nègre a neuf queues
La femme, que Vieux sunromme Miz Chat, car elle a l’air d’apprécier les chats, est occupée à réaliser un daiquiri dans la cuisine. Soudain, Vieux lui annonce que dans son pays, il mange les chats. En comprenant qu’il vient de commettre une gaffe, il réplique en disant que lui, naturellement, il n’en mange pas. Toutefois, le mal est fait. Miz Chat change de sujet et lui demande les livres qu’il aime. Vieux va aux toilettes et se demande ce qui lui a pris de dire que dans son pays, il mangeait du chat. Il se nettoie le visage et se prépare pour la guerre des sexes, mais Miz Chat a l’air paniqué. Il décide de rentrer chez lui.
Chapitre 24 : L’occident ne s’intéresse plus au sexe, c’est pourquoi, il esssaie de l’avilir
Vieux se réveille et trouve un billet de Miz Littérature qui leur fait trois propositions pour les voir durant la journée. Vieux se fait un repas avant de s’installer sur sa machine à écrire. Vieux demande à Bouba si ça s’est bien passé avec Miz Carte du Ciel. Celui-ci lui explique qu’elle voulait faire sa “carte du ciel”. Il bandait et avait envie d’elle, mais Miz Carte du ciel voulait faire sa carte. Il est parti aux toilettes et quand il est revenu, elle était toujours aussi déterminée. Elle a mis une musique orientale, une musique où les plantes parlent, mais il avait beau tendre l’oreille, il n’entendait rien. Il a alors compris que les blancs n’arrivaient pas à bander sans stimulants.
Il fait mine d’être à la télé où il explique à madame Bertrand, les raisons qui font que les blancs n’arrivent plus à bander. Ils ont trop de distractions : “Les loisirs, la bombe, la religion, la marijuana, la télé”. Les noirs étant les seuls à savoir encore bander, l’occident essaie d’avilir le sexe. Les “nègres” partent donc en croisade pour redonner au sexe toute sa dignité.
Chapitre 25 : Le premier nègre végétarien
Bouba arrive avec une superbe fille, “une vraie cover-girl” au moment où il vient juste de terminer la première partie de son roman. Bouba prend le manuscrit et danse autour de la table. Vieux prend une douche et ils vont manger dehors. La fille leur demande s’ils sont végétariens, Vieux lui répond qu’ils sont herbivores.
Vieux et Bouba arrivent en compagnie de Miz Cover-girl dans un restaurant végétarien. En lisant l’annonce d’une femme qui est à la recherche de personnes pour une expérience énergétique chinoise, Vieux se dit que ce serait amusant ce type d’expérience avec une Blanche.
Miz Cover-girl discute avec deux filles. Miz Luzerne qui s’occupe de la culture de luzerne et Miz Gitane qui n’arrête pas de fumer.
Avant d’aller à la galerie Dazibao, Bouba et Vieux décident d’aller au Zorba pour manger un souvlaki pour manger de la viande. En allant à la galerie, ils doivent payer avant de prendre place.
Après être rentré chez lui, Vieux se fait un sandwich et pose sa bière à côté de sa machine à écrire.
Chapitre 26 : Ma vieille Remington s’envoie en l’air en sifflotant y’a bon Banania
Vieux s’enferme dans sa chambre pendant trois jours pour finir d’écrire son “ultime chef-d’œuvre“, sous l’influence de l’alcool et des médicaments. Il se sent inspiré par les conditions dans lesquelles il écrit, mais réalise qu’il n’est pas un génie et qu’il a besoin de plus que de la passion pour écrire un bon livre. Il se sent nu et impuissant face à l’écriture.
Vieux rêve qu’il voit son roman dans une vitrine d’une librairie de la rue Sainte-Catherine. Il entre dans le magasin et voit son livre placé entre Moravia et Green. Il imagine que quelqu’un entre pour acheter son livre et que cette personne sera son premier vrai lecteur. Ils sont alors abordés par l’employé de la librairie qui les reconnaît, et ils ont une conversation sur le livre. L’employé leur dit que le livre se vend bien. Ils appellent ensuite leur éditeur et apprennent que le livre a été bien accueilli par la critique et qu’il se vend bien.
Le rêve se poursuit et Vieux mentionne un coup de téléphone avec Carole Laure, une invitation à dîner et un rendez-vous rue du Prince-Arthur, mais oublie le lieu exact. Il fait part de son premier roman, Paradis du Dragueur Nègre et les éloges qu’il a reçus de la part des critiques littéraires et des universitaires. Il est ensuite interrogé dans une interview sur le manque de représentation des femmes dans son livre et répond par un commentaire sur l’inexistence de la catégorie “Nègre” ou “Blanc” d’un point de vue humain.
Chapitre 27 : Les nègres ont soif
Bouba amène deux filles, qui sont en mauvais état. Bouba dit à Vieux que l’une des filles est à lui et qu’il peut faire ce qu’il veut d’elle. Vieux n’est pas intéressé par cela et exprime son désir d’avoir une fille normale avec des parents conservateurs et bourgeois, plutôt que les femmes avec lesquelles il a été auparavant. Il est dégoûté par le comportement de la fille qui est avec eux, buvant de la bière et étant vulgaire. Il parle également de son désir d’avoir une vie décente. Le récit décrit ensuite la fille qui prend une douche, puis prépare des spaghettis alors qu’elle est encore mouillée et crie qu’elle a faim. Les nerfs du narrateur craquent et il hurle pendant une heure. La police arrive, et il finit par s’endormir. Le lendemain, les filles sont parties.
Vieux a fini d’écrire son livre après 36 jours et 18 nuits de travail, pendant lesquels il a utilisé beaucoup de ressources et consommé beaucoup de vin et de bière, et à la fin, il est épuisé et s’est couché à côté de la machine à écrire.
Chapitre 28 : On ne nait pas Nègre, on le devient
Le texte décrit l’arrivée de l’aube et la compare à l’apparition des rayons du soleil et à l’apparition d’un manuscrit qui est la seule chance de l’écrivain.
Présentation des personnages
Vieux est le narrateur de cette histoire. On ne connaît pas vraiment son nom. Au cours de l’été, il a eu l’idée d’écrire un roman pour passer le temps à l’aide de sa machine à écrire, qui a appartenu à Chester Himes. Il livre ses réflexions sur son intégration difficile au sein de cette communauté blanche de Montréal. Il a pour ambition de devenir le plus grand écrivain de tous les temps, souhaitant faire rhabiller James Baldwin. Dans sa vie de tous les jours, il laisse libre cours à ses fantasmes et drague de nombreuses jeunes “blanches” comme s’il cherchait à se venger en les “baisant” dans son lit. Il souhaite posséder l’Amérique. Comme il le dit au départ, il rêve de devenir ce “gosse de riche, intelligent, sophistiqué, doux, futé à souhait”. Il entretient une aventure “spéciale” avec Miz Littérature avec laquelle il apprécie de rêvasser au lit. À la fin du roman, il finit enfin l’écriture de son livre.
Bouba est le compagnon et colocataire du narrateur de l’histoire. Il est décrit comme un marginal qui passe ses journées couché sur un divan en écoutant du jazz et en lisant le Coran. Il est un adepte de Freud et mène une vie d’ermite, tout en rêvant de reconstruire le monde. Il s’occupe d’une jeune fille suicidaire qu’il reçoit chez lui, et est considéré par le narrateur comme un sage, un Dalaï-Lama du quartier Saint-Louis et un sorcier de Montréal. Il est décrit comme un Nègre nostalgique et freudien, qui admire grandement son compagnon écrivain.
Miz Littérature est une jeune étudiante en lettres de l’Université McGill qui prépare une thèse sur Christine de Pisan. Elle est issue d’une famille aisée, possède une solide culture et est membre d’un club littéraire féministe à l’université. Elle mène deux vies: une dans son milieu bourgeois où elle est considérée comme une princesse Wasp, et une autre dans un appartement minable où elle est l’amante de Vieux, un homme de race noire, qu’elle visite régulièrement. Selon Vieux, cette relation est “le meilleur parti qu’un Nègre puisse se permettre en temps de crise“.
Miz Sophisticated Lady est une étudiante de l’Université Sir George William, issue de la classe aisée de Westmount qui suit un régime minceur sévère. Vieux couche avec elle.
Miz Suicide consulte un psychanalyste appelé Bouba, qu’elle considère comme son conseiller en matière de suicide et qui boit ses paroles.
Miz Mystic est une femme qui revient du Tibet et qui a l’air d’un iguanodon. Elle tente de se jeter par la fenêtre mais est retenue par Bouba, Miz Suicide et Vieux.
Miz Carte du Ciel et Miz Mythe sont deux femmes rencontrées dans un bar. Miz Carte du Ciel voudra dessiner la carte du ciel de Bouba alors que celui-ci bande énormément et ne souhaite que coucher avec elle. Miz Mythe aura un débat avec Vieux sur lequel ils ne seront pas d’accord. Vieux finira par la laisser en plan. Bouba précise qu’elle en pincerait pour Vieux.
Miz Chat est une femme que Vieux rencontre grâce à Koko, un musicien sénégalais. Celle-ci est captivée par Vieux qu’elle croit être la réincarnation du dieu Râ. Il finit par aller chez elle, mais cette femme sera paniquée lorsqu’il lui expliquera que dans son pays, ils mangent les chats. Il ne couchera pas avec elle.
Miz Cover-girl est décrite comme une femme superbe, type californienne, avec des dents blanches et éclatantes. Elle a le défaut d’être végétarienne.
Miz Luzerne est serveuse dans un restaurant végétarien, avec un style naturel et une odeur de foin.
Miz Gitane fume trois paquets de cigarettes par jour.
Koko est un musicien sénégalais que Vieux rencontre pour la première fois au bar “Clochards Célestes”. C’est grâce à lui qu’il rencontrera Miz Chat.
Analyse de l’oeuvre
Dans son oeuvre, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, Dany Laferrière utilise l’ironie et le cynisme pour dénoncer les stéréotypes liés à l’appétit sexuel des Noirs aux yeux des Blanches. Le narrateur, un Nègre, profite de la naïveté de Miz Littérature, une femme intelligente mais qui perd ses moyens en présence d’un Nègre, pour rappeler le mythe du Nègre anthropophage. Il critique également les rapports entre les sexes et entre les Nègres et les Blanches, notamment le mythe du Nègre Grand Baiseur. Il dénonce le plaisir que certains Nègres tirent de ces rapports comme étant lié à un certain racisme. Il semble se venger des colonisateurs britanniques dans les rapports qu’il entretient avec les Blanches anglophones.
Dany Laferrière s’intéresse aux difficultés des immigrants et des migrants qui souffrent de solitude et de pauvreté dans leur nouveau pays. Il décrit leur condition difficile, qui est souvent celle des laissés-pour-compte, et critique les systèmes de soutien limités qui leur sont offerts. Le thème de l’identité est également abordé dans le roman, avec un regard sur les problèmes d’identité rencontrés par les immigrés qui cherchent à s’intégrer dans leur nouvelle société. L’auteur montre comment l’autre peut nier l’individualité des immigrés en les considérant comme une espèce plutôt qu’une personne.
Le texte parle d’un romancier, Vieux, qui est influencé par la littérature américaine, en particulier les auteurs de la Beat Generation tels que Hemingway, Millet, Bukowsky et d’autres. Il rêve de critiquer James Baldwin et possède une grande collection de livres de différents auteurs, principalement américains et sud-américains. Il est également déficient en termes de représentation des femmes dans sa collection. Le traducteur du roman a remarqué que le roman était écrit en français avec des mots anglais en raison de l’influence de la littérature américaine sur l’auteur.