Littérature

Edgar Allan Poe, Le Démon de la perversité : résumé, personnages et analyse

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Ecrit par Les Résumés

Le Démon de la perversité est une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe qui aborde les instincts autodestructeurs du narrateur. Dans cette histoire, le narrateur utilise la métaphore du démon de la perversité pour décrire une force qui pousse une personne à agir de manière destructrice, simplement parce que cela va à l’encontre de ce qu’elle devrait faire. Le Démon de la perversité a été initialement publié dans Graham’s Magazine en juillet 1845, avant d’être publié dans une version légèrement remaniée en 1846. Onze années plus tard, cette histoire apparaît dans Nouvelles Histoires Extraordinaires. Découvrons ensemble le récit de cet auteur américain du XIXème.

Résumé détaillé de Le Démon de la Perversité d’Edgar Allan Poe

La phrénologie était une théorie selon laquelle la forme et les protubérances du crâne pouvaient être utilisées pour déterminer les traits de caractère et les aptitudes de l’homme. Le narrateur critique cette approche en soutenant qu’elle a été construite de manière à priori, c’est-à-dire en partant de prémisses préétablies plutôt que d’observations empiriques, et qu’elle a présumé connaître les desseins de Dieu et a construit ses théories en conséquence. Le narrateur suggère également que la phrénologie a ignoré une tendance fondamentale de l’âme humaine, peut-être en raison de leur manque de foi ou de croyance en une révélation ou en une cabale.

Le narrateur décrit également une tendance humaine à différer les actions importantes jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour les accomplir, même si nous sommes impatients de les faire et que nous savons que tarder peut être ruinant. Il suggère également que certains individus sont irrésistiblement attirés par la perversité, c’est-à-dire l’idée de faire le mal pour l’amour du mal, et que cette tendance est différente de la combativité phrénologique, qui est motivée par la nécessité de la défense personnelle et qui éveille le désir de bien-être chez les individus.
Enfin, le narrateur parle de la fascination qu’exerce le danger et de la tentation de se mettre en danger, en particulier en regardant dans un précipice.

Le narrateur évoque la perversité et ses conséquences sur sa propre vie et sur celle des autres.
Le narrateur nous raconte tout ça pour que nous ne le prenions pas pour un fou lorsqu’il va nous relater les lignes qui vont suivre.

Le narrateur nous parle également d’une histoire dans laquelle le narrateur a délibérément planifié et mis en œuvre l’assassinat de quelqu’un en utilisant une bougie empoisonnée dans la chambre à coucher de la victime. La victime est décédée et le verdict du coroner a été que la mort a été causée par la “visitation de Dieu“, soit la mort subite, c’est-à-dire une cause naturelle. Il est important de noter que l’incitation à la violence ou à la criminalité est inacceptable et condamnable.

Le narrateur se trouve dans une situation où il a commis un meurtre et s’inquiète de la possibilité de se faire prendre. Alors qu’il se promène dans les rues, il se surprend à murmurer des syllabes habituelles et se dit qu’il est sauvé, à condition de ne pas être assez stupide pour confesser le crime lui-même. Cette suggestion le perturbe profondément et il se rappelle avoir déjà été confronté à ce genre d’accès de perversité, sans jamais réussir à y résister. Il a l’impression que l’ombre de la personne qu’il a tuée le hante et l’appelle vers la mort.

Le narrateur fait un cauchemar qui le perturbe au point qu’il a ressenti le besoin de courir et de crier pour essayer de s’en débarrasser. La populace a pris peur et s’est mise à courir après lui, et il a fini par être arrêté par quelqu’un qui l’a agrippé par l’épaule. Il a alors eu l’impression de suffoquer et de perdre la vue et l’ouïe, et de recevoir un coup dans le dos. Finalement, il a révélé un secret qu’il avait longtemps caché. Il décide de se confesser de manière claire et précise, mais avec une certaine urgence, comme s’il craignait d’être interrompu avant de pouvoir terminer sa déclaration. Il a expliqué tout ce qui était nécessaire pour convaincre la justice de sa culpabilité, mais cela l’a épuisé et il est tombé inconscient. Il est maintenant emprisonné, mais il semble croire qu’il sera bientôt libéré. Cependant, il se demande où il ira une fois libéré.

Présentation des personnages

Dans cette nouvelle, nous n’avons qu’un seul personnage : le narrateur.

Le protagoniste de ce récit est l’auteur d’un homicide, perpétré au moyen d’une chandelle émettant des fumées mortelles. Son forfait est dirigé contre un amateur de lecture nocturne, qui succombe dans sa chambre mal ventilée. Ce même protagoniste s’efforce ensuite de camoufler toute trace de son acte délictueux, induisant l’officier de santé en erreur sur la cause du décès, attribuée à une mort naturelle. Malgré le succès initial à détourner les soupçons et à se convaincre de son impunité, le doute quant à la possibilité d’un aveu surgit et l’angoisse s’empare de lui. Cédant à l’urgence de ces pensées, il se précipite hors de chez lui, divulguant son secret à haute voix dans l’effervescence publique, ce qui mène à sa rapide arrestation, jugement, et condamnation capitale. Dans sa dernière confession, il attribue son geste à la possession par le “démon de la perversité” et affirme qu’une entité invisible le poussait à dévoiler son forfait.

Analyse de l’oeuvre

Le Démon de la perversité de Poe est une œuvre de fiction qui commence sous la forme d’un essai, comme dans L’Ensevelissement prématuré de Poe. Cette œuvre met l’accent sur la théorie plutôt que sur l’intrigue.

“Nous sommes sur le bord d’un précipice. Nous regardons dans l’abîme, — nous éprouvons du malaise et du vertige. Notre premier mouvement est de reculer devant le danger. Inexplicablement nous restons. […] ce n’est qu’une pensée, mais une pensée effroyable, une pensée qui glace la moelle même de nos os, et les pénètre des féroces délices de son horreur. C’est simplement cette idée : « Quelles seraient nos sensations durant le parcours d’une chute faite d’une telle hauteur ? » […] par cette simple raison, nous les désirons alors plus ardemment.”

Dans cette œuvre, il est soutenu que les individus ont tous des tendances autodestructrices, y compris le narrateur. Lorsque le narrateur avoue avoir commis un meurtre, cela n’est pas motivé par un sentiment de culpabilité, mais plutôt par une envie de reconnaissance et de revendication de ses actions, même s’il sait qu’il ne devrait pas éprouver ces sentiments. La théorie du “démon de la perversité” de Poe pourrait être considérée comme une prémisse de la notion du subconscient et du refoulement, qui n’ont pas été théorisées de manière approfondie avant Freud.

Cette nouvelle de Edgar Allan Poe introduit de manière brillante le thème de la perversité qui est présent dans de nombreux personnages de ses Nouvelles Histoires Extraordinaires. On peut voir cette perversité dans le comportement du meurtrier dans Le Chat noir et du narrateur dans Le Cœur révélateur, qui sont tous deux incapables de résister à leurs propres démons intérieurs.

Il semble que plusieurs intellectuels et critiques aient estimé qu’Edgar Allan Poe ait été confronté à des tendances autodestructrices et à une souffrance personnelle qui se reflètent dans sa nouvelle Le Démon de la perversité. Selon Jeffrey Meyers, Poe aurait rédigé cette nouvelle pour essayer de comprendre ces tendances. James M. Hutchisson a également souligné que la nouvelle reflète la jalousie et le sentiment de trahison de Poe, qui ont contribué à sa querelle publique avec Henry Wadsworth Longfellow et à sa mise à l’écart de la scène littéraire de Nouvelle-Angleterre, connue sous le nom de “La Guerre de Longfellow“. Daniel Stashower a pensé que Poe avait délibérément cherché à provoquer son public et à se marginaliser davantage en lisant son poème obscur Al Aaraaf lors d’une conférence à Boston, trois mois après la publication de la nouvelle. Selon Stashower, ces actions pourraient être inspirées par son “démon de la perversité“.

En décembre 1845, Edgar Allan Poe a déclaré dans le Broadway Journal que le Nassau Monthly de l’Université de Princeton avait critiqué de manière injuste son récit intitulé Le Démon de la perversité. Le critique a qualifié l’ensemble du récit de “foutaises” et a déclaré que la façon dont Poe avait développé son raisonnement était difficile à suivre : “Il s’aventure dans les méandres de la phrénologie en passant par le transcendantalisme puis dans la métaphysique en général ; ensuite à travers de longues pages lassantes à propos du domaine de la philosophie inductive, où enfin il accule la pauvre chose, il la pique jusqu’à ce que mort s’ensuive avec un long bâton de la façon la plus impitoyable qu’il soit.” (Dwight Thomas, David K. Jackson, The Poe Log: A Documentary Life of Edgar Allan Poe).

Néanmoins, cette nouvelle de Poe reste très marquante. En effet, le narrateur de cette histoire réfléchit sur la puissante inclination de l’être humain à suivre des comportements anormaux, illégaux et autodestructeurs, qu’il appelle “le démon de la perversité“. Il étudie différents concepts tels que la religion, le suicide et la phrénologie, avant de révéler qu’il est également lui-même confronté à cette inclination criminelle et qu’il a cédé à cette pulsion par avarice. L’idée est de ne pas se perdre devant toutes les notions expliquées pour ne pas se perdre dans ce qui est superflu. La fin de l’histoire, qui traite de la “liberté“, invite le lecteur à réfléchir sur le sujet. Pour ses crimes, le narrateur est condamné à mort et il se sent libre. Mais pourquoi est-il libre ? Est-il libre parce qu’en ayant avoué son crime, il n’est plus soumis à la culpabilité de ces gestes ou est-il libre parce que sa mort va lui donner l’occasion de tuer son “démon de la perversité” ? Ce qui signifierait que ce “démon de la perversité” nous accompagne en tant qu’individu tout au long de notre vie et que seule la mort peut nous en délivrer.

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