Littérature

Edgar Allan Poe, Révélation magnétique : résumé, personnages et analyse

Pages de couverture de la fiche de lecture LesRésumés.com traitant de Révélation magnétique de Poe.
Ecrit par Les Résumés

Révélation magnétique tout comme La Vérité sur le cas de M. Valdemar et Les Souvenirs de M. Auguste Bedloe sont des nouvelles d’Edgar Allan Poe, un auteur américain, qui abordent la thématique du magnétisme et de l’hypnose qui, au XIXe siècle, était un thème très répandu. Découvrons ensemble cette nouvelle extrait du recueil Histoires Extraordinaires qui met en scène la quête d’un déterminisme absolu.

Résumé détaillé de Révélation magnétique d’Edgar Allan Poe

La proposition de M. Vankirk

L’histoire commence par un discours du narrateur, nommé “P”, qui fait comprendre au lecteur qu’il n’a pas l’intention de prouver aux sceptiques le fait que le magnétisme marche. Il n’a pas pour vocation d’essayer d’avoir des preuves à ceux qui auraient des doutes. Il souhaite simplement retranscrire l’échange qu’il a eu avec M. Vankirk, qu’il nomme “V” lors d’une expérience magnétique.
Pendant plusieurs mois, le narrateur a apaisé les douleurs de “V”, atteint d’une tuberculose pulmonaire avancée, à l’aide de ses passes magnétiques.
Le mercredi 15, le narrateur est appelé par M. Vankirk qui souffre beaucoup plus que d’habitude de sa maladie. Lorsque le narrateur arrive à son chevet, “V” semble calme malgré la douleur.
M. Vankirk explique au narrateur qu’il souhaite être endormi afin d’engager une discussion métaphysique. En effet “V”, qui jusque-là était plutôt sceptique, prend conscience qu’un état hypnotique pourrait l’amener à développer des réponses qui dépassent l’entendement.
Le narrateur accepte la proposition et après quelques passes magnétiques, M. Vankirk s’endort.

Le dialogue entre “P”, le narrateur et “V”, M. Vankirk

Le narrateur commence par essayer de savoir comment se sent M. Vankirk et très vite l’échange tourne autour de Dieu en tant qu’être fait d’une “matière suprême ou imparticulée” qui “pénètre les êtres” et les met tous en mouvement. Ainsi, la pensée serait la personnification de cette matière en mouvement.
Selon les paroles du somnambule, le mouvement n’est pas une action de la pensée, mais de l’esprit. Étant pensante, cette matière imparticulée est Dieu, mais également l’esprit qui permet de réaliser les mouvements.
Cette matière imparticulée est une matière au-delà de la matière visible qui est à la base de toutes les choses que l’être humain perçoit. Toutefois, c’est une matière que l’on ressent et qui, bien qu’elle dépasse notre entendement, existe.
V” affirme donc que la pensée est la matière imparticulée en mouvement qui correspond à “la pensée universelle de l’esprit universel”. Il distingue l’esprit en tant que matière imparticulée et la matière qui comprend “toutes les autres espèces”.
En stipulant que chaque humain individualisé représente une pensée divine, “V” sous-entend que chaque être humain dispose en lui d’une part divine. Toutefois, l’homme ne sera jamais sans corps, car si c’était le cas, cela reviendrait à faire de lui un être désindividualisé, ce qui n’est pas possible selon “V”. Ce dernier explique que l’être humain dispose de deux corps : le rudimentaire et le complet. La mort serait alors une métamorphose au même titre qu’une chenille se transforme en papillon.
Pour “V”, la vie organique aurait été créée par la vie inorganique pour connaître les sensations et les sentiments qu’ils nous seraient impossibles de connaître dans la vie inorganique. En effet, si la vie inorganique ne contient ni souffrance, ni peine, comment l’homme peut-il appréhender ces sentiments ? Il se doit de les expérimenter.

La mort de M. Vankirk

Le narrateur commence à se rendre compte que M. Vankirk prononce les mots d’une voix faible et il se décide à le réveiller. Toutefois, lorsqu’il parvient à le sortir de son état, il prend conscience que son ami expire son dernier souffle “avec un brillant sourire qui [illumine] tous ses traits”. Le narrateur se demande si, au cours de son dernier discours, M. Vankirk ne lui a pas parlé depuis l’au-delà.

Présentation des personnages

Le narrateur (surnommé “P” dans le dialogue) est un personnage qui pratique le magnétisme. Au cours des derniers mois, il a utilisé son don pour soulager les douleurs de M. Vankirk atteint d’une phtisie avancée. Un jour, il est appelé par M. Vankirk qui lui demande de l’endormir afin que, lors de son état de catalepsie magnétique, ils puissent échanger des informations qui dépassent leur entendement.

M. Vankirk (surnommé “V” dans le dialogue) est un homme qui souffre d’une tuberculose pulmonaire avancée. Jusque-là, il a toujours été sceptique concernant l’existence de l’âme et la continuité de la vie après la mort. Toutefois, en ayant ressenti des effets qui dépassent son entendement lors de ses différentes séances avec le narrateur, il est disposé à réaliser une dernière expérience qui pourrait lui apporter les réponses à ses questions métaphysiques. Lorsqu’il devient “somnambule”, il se met à percevoir des réponses et à disposer de certaines connaissances auxquelles il n’avait pas accès avant d’être dans cet état. Il apporte toutes les réponses aux questions posées par le narrateur. Il trouve la mort lorsque ce dernier tente de le réveiller.

Analyse de l’oeuvre

Révélation magnétique est la première nouvelle d’Edgar Allan Poe que Charles Baudelaire a traduite. Le célèbre poète français précisera à son ami Théophile Thoré “La première fois que j’ai ouvert un livre de lui, j’ai vu, avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi et écrites par lui, vingt ans auparavant”. La thématique de la nouvelle se rapproche de La Vérité sur le cas de M. Valdemar : un patient atteint d’une tuberculose pulmonaire (M. Valdemar / M. Vankirk), à l’article de la mort, va être magnétisé. Toutefois, dans La Vérité sur le cas de M. Valdemar, l’initiative vient du narrateur qui souhaite expérimenter le magnétisme sur un patient mourant. Dans le cas de Révélation Magnétique, c’est le patient lui-même qui souhaite obtenir des réponses à ses questions existentielles via l’état de catalepsie magnétique. Le patient espère alors être dépouillé de “certaines impressions psychiques qui [lui] ont récemment causé beaucoup d’anxiété”. Grâce à l’état dans lequel il est plongé, M. Vankirk se libère des contraintes liées à sa perception terrestre pour entamer un dialogue sur Dieu, l’infini et la mort.
Si le narrateur est sur le point de trouver de nouvelles vérités grâce à son patient, ce dernier finit par trouver la mort. Toutefois, si le narrateur n’obtient pas les réponses, nous pouvons supposer que M. Vankirk a réussi à les connaître, ce qui pourrait expliquer le fait qu’une fois que le narrateur le réveille, “V” trouve la mort en affichant “un brillant sourire qui [illumine] tous ses traits”. Comme s’il quittait sa vie terrestre, le cœur léger, en ayant obtenu les réponses à ses questions qui, jusque-là, nourrissaient son angoisse et son anxiété à l’approche de la mort. Le fait qu’il ait pu disposer de telles connaissances est renforcé par sa mort soudaine et rapide, mais également par la question qui clôt la nouvelle : “Le somnambule, pendant la dernière partie de son discours, m’avait-il donc parlé du fond de la région des ombres ?”. Cette dernière phrase sous-entend que M. Vankirk était sûrement mort lorsqu’il prononçait ses dernières réponses. Le médecin-magnétiseur était donc si proche de connaître avec certitude ce qu’il se passe après la mort.

Dans La Vérité sur le cas de M. Valdemar, les nombreux témoins, dont deux docteurs et un étudiant en médecine, donnent une légitimité à cette histoire. Cependant dans Révélation Magnétique, seul le médecin-magnétiseur incarné par le narrateur et les réponses détaillées et illustrées, appuyées par de nombreux exemples, par M. Vankirk, dans un état de semi-veille, sont utilisées pour faire croire au lecteur que l’histoire est bien réelle. Le narrateur commence d’ailleurs par un long discours où il se défend contre tous les sceptiques et les personnes qui pourraient mettre en doute le magnétisme. En effet, la nouvelle débute par cette phrase : “Bien que les ténèbres du doute enveloppent encore toute la théorie positive du magnétisme, ses foudroyants effets sont maintenant presque universellement admis.”. Ainsi, le narrateur part du postulat que le magnétisme existe et que ses effets sont connus, et ce, malgré ce que pourraient dire les personnes qui doutent. Il qualifie ces derniers comme “de purs douteurs de profession, une impuissante et peu honorable caste”. En effet, à cette époque, le magnétisme est perçu comme une médecine alternative dont les effets auraient démontré une certaine efficacité. Toutefois, le fait que cette “médecine” stipule l’existence de fluides imperceptibles, certains la considéraient comme une simple superstition. Et dès le début de la nouvelle, le narrateur s’attache à tourner en dérision les possibles détracteurs qui jugeront son récit fantaisiste et peu réaliste.
Dans Révélation Magnétique, tout comme dans l’histoire avec M. Valdemar, les savants essaient de transgresser les lois naturelles afin de trouver des réponses. Toutefois, en perturbant l’équilibre atomique des corps, ils n’arrivent jamais à avoir une explication rationnelle puisque leurs patients trouvent la mort afin que les véritables révélations n’apparaissent pas. Ainsi, la mort préserve ses mystères.

Selon Henri Justin, un professeur honoraire, membre du Centre d’Études et de Recherches sur les Littératures de l’Imaginaire (CERLI) à l’université de Paris XII, le dialogue dans Révélation magnétique aurait servi à Poe pour élaborer Eurêka, un poème en prose sous forme d’essai. En effet, ce spécialiste de l’œuvre d’Edgar Allan Poe précise dans son ouvrage Avec Poe jusqu’au bout de la prose que la nouvelle d’Edgar Allan Poe, publiée en août 1844, servira à Poe pour publier quatre ans plus tard son essai, Eurêka. En effet, dans la nouvelle que nous étudions, nous voyons que Poe s’intéresse à de nombreuses thématiques que l’on retrouvera dans ce poème en prose : le matériel et le spirituel, les questions métaphysiques et l’univers physique.

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