William Wilson est une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, un auteur américain, et publiée dans le Burton’s Gentleman’s Magazine en octobre 1839. Elle a été incluse dans le recueil de Poe intitulé Nouvelles Histoires Extraordinaires, traduite en français par Charles Baudelaire. La traduction française de cette nouvelle du 19ème siècle a été publiée pour la première fois dans le journal La Quotidienne en décembre 1845.
Résumé détaillé de William Wilson d’Edgar Allan Poe
L’enfance du narrateur
L’individu qui nous conte son histoire choisit de s’identifier sous le pseudonyme de William Wilson, pour épargner son réel patronyme de la disgrâce. Contrairement à ceux qui se corrompent petit à petit, il a été précipité dans l’abjection par un unique et regrettable événement. Il est issu d’un lignage remarqué pour son imagination débridée et sa propension à l’excitabilité.
Durant sa jeunesse, il se dépeint comme ayant été en proie à des passions irrépressibles, face auxquelles toute tentative de correction s’est avérée vaine.
Le narrateur décrit une vieille école en Angleterre qui est entourée d’un mur de briques et a une architecture complexe avec plusieurs salles et coins différents. Le principal de l’école, le révérend docteur Bransby, a un sanctum dans la salle d’étude, et il y a également des chaires pour les professeurs d’humanités, d’Anglais et de mathématiques. Il y a de nombreux bancs et pupitres dans la salle d’étude, ainsi qu’un seau d’eau et une grande horloge. Les élèves sont enfermés dans l’école pendant de longues heures chaque jour et soumis à une discipline stricte. Le principal est vénérable et bienveillant en public, mais sévère et autoritaire dans l’école. Les élèves quittent l’école seulement trois fois par semaine pour des promenades en groupe et pour assister à des offices religieux à l’église du village, où le principal est également pasteur.
L’autre William Wilson
Le narrateur du récit, qui se donne le nom fictif de William Wilson, est un élève intelligent et influent dans sa classe, mais il est perturbé par un autre élève du même nom qui est capable de rivaliser avec lui dans les études et de contester son autorité. Les camarades de classe des deux garçons les confondent souvent pour être frères en raison de leur nom et de leur entrée simultanée à l’école, bien qu’ils ne le soient pas vraiment. Toutefois, ils ont découvert plus tard qu’ils étaient nés le même jour, le 19 janvier 1813. Le narrateur ne comprend pas la conduite de Wilson, qui semble agir principalement pour le contrecarrer et le mortifier, mais parfois avec une affectuosité déplaisante.
Le narrateur décrit sa relation avec Wilson comme étant remplie de rivalité et d’animosité, mais aussi de respect et d’estime mutuels. Ils ont souvent des querelles, mais restent toujours polis l’un envers l’autre. Le narrateur semble avoir une profonde curiosité à l’égard de Wilson et leur relation est très proche, bien qu’elle soit complexe et difficile à définir. Le narrateur s’efforce de provoquer l’autre Wilson avec de l’ironie et des charges, mais que ce dernier a un caractère sérieux et réservé qui le protège du ridicule. Le narrateur mentionne également qu’il a trouvé un point faible : une faiblesse dans l’appareil vocal qui l’empêche de parler fort. Par conséquent, le narrateur tire parti de cette imperfection.
Le narrateur avoue qu’il déteste son nom de famille et son prénom, qu’il trouve inélégants et triviaux. Il est donc contrarié que l’autre élève du collège porte le même nom puisqu’il doit l’entendre plus souvent et ses affaires seront souvent confondues avec celles de l’autre élève en raison de la coïncidence de leurs noms. Le narrateur éprouve également de l’aversion pour Wilson, qui semble avoir une malice spécifique pour le vexer en utilisant son nom de famille et son prénom de manière ciblée.
La haine du narrateur pour Wilson
Tout cela a créé une irritation chez le narrateur, qui était exaspéré par la ressemblance physique et morale entre lui et son rival, ainsi que par les rumeurs sur leur parenté. Le narrateur était également perturbé par toute allusion à cette similitude entre eux, mais il ne semble pas que cette similitude ait été remarquée par les autres. Son rival a été capable de lui donner la réplique avec une parfaite imitation de lui, en copiant son costume, sa démarche, son allure générale, et même sa voix, du moins quand il parlait doucement.
William Wilson le tourmente en imitant ses moindres gestes et mots. Cet individu semble prendre plaisir à cette imitation et à l’inconfort qu’elle cause au narrateur. En plus de cette imitation, cet individu donne souvent des avis au narrateur de manière insidieuse et prend un air protecteur vis-à-vis de lui. Le narrateur semble être agacé par cette intervention constante et le méprise pour son manque de maturité et d’expérience. Au fil du temps, le narrateur devient de plus en plus rebelle et haineux envers cet individu et finit par le détester ouvertement.
Adieu la maison Bransby
Un jour, le narrateur a eu une altercation avec l’individu qui le tourmente et qui imite ses moindres gestes et mots. Après cette altercation, le narrateur a l’impression de reconnaître cet individu de manière confondante, comme s’il l’avait déjà connu dans le passé. Cette impression s’estompe rapidement, mais elle marque la fin de l’entretien entre les deux individus. Plus tard, le narrateur décide de se venger de cet individu en entrant furtivement dans sa chambre pendant qu’il dort. Le narrateur est certain que William est en train de dormir. Il le contemple et cela cause une grande confusion et de l’effroi chez le narrateur, qui a finalement choisi de quitter l’école où cette personne se trouvait pour ne plus y retourner.
Wilson revient au collège d’Eton
Le narrateur a passé une période de repos chez ses parents avant d’être admis au collège d’Eton. Au cours de cette période, il a oublié une partie des événements de ce qu’il avait vécu avec ce fameux Wilson et il a commencé à douter de la réalité de ces souvenirs. Une fois à Eton, il s’est jeté dans une vie de fête et de distraction, effaçant ainsi tous les souvenirs sérieux et solides de son passé.
Un jour, le narrateur invite une société d’étudiants à participer à une orgie secrète dans sa chambre en pleine nuit. Un peu avant l’aube, au moment où le narrateur s’apprête à porter un toast, il est interrompu par le domestique qui lui annonce qu’une personne à l’air pressé de lui parler.
Le narrateur se rend au vestibule de la maison pour parler à cet inconnu où il trouve un jeune homme, à peu près de la même taille dans une “robe de chambre casimir blanc”. L’individu saisit le narrateur par le bras et lui chuchote “William Wilson” à l’oreille.
L’individu a ému le narrateur, du fait de sa manière solennelle et sifflante dont il a prononcé une parole simple et familière, mais mystérieusement chuchotée. Cette parole a rappelé au narrateur de nombreux souvenirs et a eu un impact émotionnel fort sur lui. Avant que le narrateur ait pu réagir, l’individu a disparu.
Le narrateur a tenté de découvrir qui était Wilson et ce qu’il voulait, mais n’a pas réussi à obtenir de réponses satisfaisantes.
Voyage à Oxford
Au fil du temps, le narrateur a cessé de s’inquiéter de Wilson et s’est concentré sur un voyage à Oxford, où il a mené une vie de luxe et de prodigalité, rivalisant avec les plus riches héritiers du pays. Le narrateur avoue avoir eu une conduite considérée comme contraire à tous les sentiments de dignité et d’honneur. Il indique également que sa réputation de joyeux, franc et généreux compagnon d’Oxford lui a permis de s’en tirer sans être punie, car ses camarades ne voulaient pas croire qu’il pouvait agir de manière aussi dépravée. Le narrateur a repéré un nouveau venu à l’université, Glendinning, qui est riche, mais peu intelligent, et a décidé de l’utiliser comme une “victime” de ses talents de tricheur. Il a donc organisé une rencontre avec Glendinning et d’autres personnes, faisant en sorte que la partie de cartes qui a lieu paraisse accidentelle et non préméditée, et a utilisé diverses astuces pour duper Glendinning et lui soutirer de l’argent. Glendinning venait de perdre une grosse somme d’argent lorsqu’un individu est entré dans la pièce pour révéler aux personnes présentes pour avertir que le narrateur avait triché puis il s’est éclipsé. Les personnes présentes se sont mises à fouiller le narrateur et, s’apercevant qu’il avait bel et bien triché, on lui a demandé de quitter Oxford sur le champ.
Le narrateur se rend compte que le manteau que lui tend M. Preston est une copie exacte de son manteau. Personne d’autre ne porte de manteau si ce n’est l’individu qui est apparu pour signaler qu’il avait triché. Le narrateur prend le manteau et quitte Oxford pour se diriger vers le continent, bouleversé par l’horreur et la honte de ce qui s’est passé.
Poursuivi par Wilson
Le narrateur n’a pas mis longtemps à se rendre compte que Wilson le poursuivait. Il perturbait constamment sa vie. Le narrateur a essayé de fuir Wilson en voyageant à travers plusieurs pays, mais Wilson semblait avoir une influence importante et réussissait toujours à interférer dans les ambitions de la personne à chaque étape de son voyage. L’auteur décrit Wilson comme étant obséquieux et tendre comme un spectre, mais aussi impénétrable et tyrannique. Le narrateur finit par fuir devant lui comme devant une peste. Le narrateur ne connaît ni l’identité, ni les motivations de son bourreau. Celui-ci s’arrange pour lui mener la vie dure. Il se dit que la personne qui lui gâche la vie ne peut pas être ce même William Wilson qu’il a connu à la maison Bransby.
Qui est Wilson ?
Dans un premier temps, le narrateur explique s’être soumis à la domination de Wilson. Cependant, les derniers temps, le narrateur s’est mis à boire beaucoup de vin et cela a influencé sa patience envers le contrôle de Wilson. Il a commencé à se plaindre, à hésiter et à résister. Il se demande si c’est simplement son imagination qui lui fait croire que la ténacité de Wilson diminue en raison de sa propre fermeté, mais il commence à nourrir l’espoir de se libérer de cet esclavage.
Le narrateur était à un bal masqué à Rome pendant le carnaval de 18… Il avait bu beaucoup de vin et se sentait irrité par l’atmosphère étouffante des salons bondés. Il cherchait anxieusement la jeune épouse du duc Di Broglio, avec qui il avait partagé le secret de son costume. Alors qu’il la voyait de loin, il sentit une main sur son épaule et entendit un chuchotement mémorable et maudit à son oreille.
Enervé, le narrateur se retourne et saisit le collet de la personne qui, comme il s’en doutait, est habillé exactement comme lui. Il décide de le trainer dans une pièce pour l’affronter en duel. Le narrateur vient à bout de son adversaire mais en regardant dans le miroir, il n’y voit que la version de lui-même ensanglanté. La nouvelle se termine par une réplique de Wilson adressée au narrateur : “Tu as vaincu, et je succombe. Mais dorénavant tu es mort aussi, – mort au Monde, au Ciel et à l’Espérance ! En moi tu existais, – et vois dans ma mort, vois par cette image qui est la tienne, comme tu t’es radicalement assassiné toi-même !”
Présentation des personnages
Le narrateur est le personnage principal. C’est celui qui raconte l’histoire sous le nom de William Wilson. C’est un étudiant intelligent et vif d’esprit qui fait la connaissance d’un personnage, William Wilson qui lui ressemble sur tous les points. Il est le seul à pouvoir être son égal. Durant toute la nouvelle, William Wilson pourchasse le narrateur au point que ce dernier décide de le provoquer en duel et de le tuer. Si nous avons fait le choix d’intégrer le personnage de William Wilson dans la présentation du narrateur, c’est que ce dernier a un trouble de la personnalité. William Wilson est le double du narrateur. En le tuant, le narrateur se tue également.
Le révérend docteur Bransby est le principal de l’école de Bransby qui est bienveillant en public, mais sévère et autoritaire au sein de l’école. C’est également le pasteur de l’église du village.
Lord Glendinning est un étudiant riche qui va perdre une grosse somme d’argent dans un jeu de cartes face au narrateur. Ce dernier va user de duperie pour en venir à bout. Le narrateur sera démasqué par William Wilson.
Analyse de l’oeuvre
Le personnage de William Wilson tire les détails de son récit des souvenirs personnels de l’auteur concernant ses années d’étude en Angleterre, plus précisément son temps passé à la Manor House School de Stoke Newington de 1817 à 1820. Le révérend Bransby, tel qu’il apparaît dans le récit, partage son nom avec le directeur de l’école que fréquenta Edgar Allan Poe, un établissement qui n’existe plus. Par ailleurs, le concept de l’agacement éprouvé à l’idée de partager son nom, érodant ainsi le sentiment d’unicité, s’inspire d’un essai de Washington Irving.
Dans William Wilson, la narration à la première personne et la référence à une date de naissance similaire à celle de Poe pourraient indiquer que cette œuvre comporte des éléments autobiographiques. En effet, étant donné la vie tumultueuse de Poe, il est possible que William Wilson soit une sorte de réflexion sur ses propres luttes intérieures et de prise de conscience de ses actions.
Dans cette œuvre, le personnage principal est confronté à son double, qui est également nommé William Wilson. Le double du narrateur est présent dès le début de l’histoire et sa présence est mise en évidence par le choix du nom, qui suggère une duplicité avec l’initiale “W” qui peut être utilisée à la fois comme nom et prénom. Le narrateur et son double deviennent très proches, mais le narrateur ressent de la haine et de l’agressivité envers son double car il le voit comme une menace. Cependant, il apprécie également son double et le voit comme son reflet, car ils ont de nombreuses similitudes, comme la façon de s’habiller et de marcher. Le narrateur est un personnage téméraire qui aime les excès et l’alcool, tandis que son double essaie de saboter ses plans et de le mettre en échec.
Le thème du double est abordé de manière approfondie et audacieuse. Le double devient une source de cauchemar et de conflit pour le protagoniste, reflétant les problèmes personnels de l’auteur. Le dédoublement de la personnalité conduit à une situation anxieuse pour le protagoniste et aboutit finalement à un dénouement spectaculaire où le miroir joue un rôle important. En fin de compte, cette narration est riche en éléments symboliques et mérite plusieurs lectures. Elle nous révèle également les problèmes d’Edgar Allan Poe et est en partie autobiographique, car l’auteur remet en question son propre mode de vie et engage un dialogue avec sa conscience.