Littérature

Emile Zola, J’accuse… ! : résumé, personnages et analyse

Image de la couverture de la fiche de lecture LesRésumés.com dédiée à J'accuse... ! d'Emile Zola.
Ecrit par Les Résumés

1894, Alfred Dreyfus est condamné à l’emprisonnement à perpétuité pour avoir livré des secrets français à l’Empire Allemand. Bien qu’innocent, cet officier français a eu le malheur de devoir répondre à des preuves fabriquées. Deux ans plus tard, le véritable coupable est identifié, notamment grâce aux investigations à Mathieu, le frère d’Alfred Dreyfus. Toutefois, l’état-major militaire français refuse de reconnaître son erreur et la révision de l’affaire est annulée. Pire encore, Picquart, qui avait découvert la vérité, a été relevé de ses fonctions. À son initiative, Esterhazy, qui est accusé par le frère de Dreyfus, décide de se rendre à la justice en 1898. Il sera acquitté ce qui scandalisera Emile Zola. Cet auteur français n’hésitera pas à prendre la plume pour écrire une lettre ouverte, intitulée J’accuse, qu’il publiera dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898, soit deux jours après qu’Esterhazy. Partons à la découverte de cette lettre qui a mis en lumière l’un des plus gros scandales judiciaire du XIXe siècle.

Résumé détaillé de J’accuse… ! d’Emile Zola

Lettre à l’intention de Félix Faure, le président de la république

Dans cette lettre, Émile Zola exprime sa gratitude envers le Président de la République, Félix Faure, pour l’accueil chaleureux qu’il a reçu. Il soulève cependant ses inquiétudes quant à sa réputation, menacée par une tache indélébile et honteuse, en lien avec l’affaire Dreyfus. Cette controverse implique un officier faussement accusé et condamné pour trahison. Zola déplore l’acquittement d’Esterhazy par le conseil de guerre, un autre individu impliqué dans l’affaire, et y voit une offense à la vérité et à la justice.

Zola affirme son intention de révéler la vérité, ne souhaitant pas être complice de cette injustice. Il se sent contraint de prendre la parole et s’adresse directement au Président. En tant qu’homme intègre, il promet de clamer la vérité avec toute la force de sa révolte. Persuadé que le Président ignore cette vérité, Zola estime qu’il se doit de dénoncer les véritables coupables au premier magistrat du pays.

Des preuves absurdes

Zola examine le procès et la condamnation injuste d’Alfred Dreyfus dont l’affaire est entachée par des erreurs judiciaires et un antisémitisme rampant. Le lieutenant-colonel du Paty de Clam est identifié comme l’instigateur de cette affaire, ayant conduit des enquêtes irréfléchies et employé des tactiques déloyales. Les généraux Mercier, de Boisdeffre et Gonse sont également impliqués, ayant succombé à l’incompétence, l’ignorance et les préjugés religieux.

Zola met en évidence l’absurdité des accusations portées contre Dreyfus, qui reposent sur un simple document nommé “bordereau“, et un acte d’accusation apparemment dépourvu de preuves tangibles. Les arguments avancés pour condamner Dreyfus sont dépeints comme étant ridicules et infondés. De plus, Zola remet en cause l’existence d’une prétendue pièce secrète présentée comme une preuve accablante, la considérant comme un mensonge pour justifier la condamnation de Dreyfus.

La face cachée de l’affaire Dreyfus

L’affaire Esterhazy est étroitement liée à l’innocence d’Alfred Dreyfus. Trois ans après sa condamnation, des doutes concernant sa culpabilité apparaissent. Suite à la succession du lieutenant-colonel Picquart à Sandherr, ce dernier découvre une lettre-télégramme envoyée par un agent étranger à Esterhazy. Lors de l’enquête, Picquart et ses supérieurs, les généraux Gonse, Boisdeffre et Billot, sont persuadés de la culpabilité d’Esterhazy et de l’innocence de Dreyfus.

Malgré cela, l’état-major rejette la révision du procès Dreyfus afin d’éviter d’admettre une erreur. Picquart insiste mais est muté en Tunisie. À Paris, la vérité émerge progressivement et Mathieu Dreyfus dénonce Esterhazy comme étant l’auteur du bordereau. Ce dernier, initialement paniqué, adopte une attitude audacieuse après avoir reçu de l’aide.

Les soutiens d’Esterhazy incluent le lieutenant-colonel du Paty de Clam, le général de Boisdeffre, le général Gonse et le général Billot, qui souhaitent faire acquitter Esterhazy pour éviter de reconnaître l’innocence de Dreyfus. Picquart, homme intègre, devient la victime de cette machination et est même accusé d’être le faussaire de la lettre-télégramme. L’affaire Esterhazy est ainsi caractérisée par une enquête biaisée et un conseil de guerre convoqué.

Une justice bafouée

Zola questionne la capacité du conseil de guerre à revenir sur une décision prise précédemment par un autre conseil de guerre, en tenant compte de la discipline et l’obéissance caractéristiques des soldats. Il met en évidence l’injustice subie par Dreyfus, condamné pour trahison par un conseil de guerre, alors que l’aveu de culpabilité d’Esterhazy impliquerait l’innocence de Dreyfus. Zola dénonce l’implication du ministre de la Guerre et les manipulations qui ont terni l’affaire, compromettant l’honneur de l’armée et la défense nationale.

Il critique également l’usage de la presse scandaleuse, l’antisémitisme et l’exploitation du patriotisme, qui ont contribué à détourner l’attention du public et à corrompre les esprits. Malgré ces entraves, Zola demeure persuadé que la vérité finira par éclater et que l’affaire Dreyfus sera finalement exposée à la lumière du jour.

En quête de vérité et de justice

Pour finir, Zola pointe du doigt plusieurs individus au sein de l’armée française, qu’il considère comme les principaux responsables de cette erreur judiciaire. Malgré les preuves de l’innocence de Dreyfus, ces personnes continuent de défendre l’injustice. De plus, Zola condamne la campagne médiatique orchestrée pour manipuler l’opinion publique et dissimuler cette faute. Agissant uniquement en faveur de la vérité et la justice, il ne porte aucune animosité personnelle envers les accusés et se montre prêt à affronter les conséquences juridiques de ses allégations. Il appelle à une enquête publique et attend avec impatience la réponse du président.

Présentation des personnages

Émile Zola était un écrivain français célèbre, connu pour son ouvrage Les Rougon-Macquart. En 1898, Zola écrit J’accuse…!, dans le journal L’Aurore. Cette lettre, adressée à Félix Faure, le président de la République française, vise à dénoncer les autorités militaires et judiciaires d’avoir organisé une conspiration pour condamner Alfred Dreyfus sur la base de fausses preuves et de dissimuler la vérité. Son engagement a permis d’attirer l’attention du public sur l’injustice commise afin de faire réviser le procès permettant de réhabiliter Dreyfus et de rétablir la vérité.

Félix Faure était un homme politique français qui a servi en tant que président de la République française de 1895 jusqu’à sa mort en 1899. Membre du Parti Républicain, il a occupé plusieurs postes ministériels avant de devenir président. C’est à lui que s’adresse Zola dans la lettre J’accuse… ! en janvier 1898. Dans l’affaire Dreyfus, Félix Faure fait le choix de soutenir l’armée française et de soutenir son image plutôt que d’enquêter sur les erreurs judiciaires, d’autant plus qu’il était réputé pour être antisémite. Bien qu’il soit informé des preuves indiquant l’innocence de Dreyfus et la culpabilité de Ferdinand Walsin Esterhazy, un autre officier, Faure fait le choix de ne pas intervenir. Soucieux de privilégier la raison d’Etat, il ne soutient pas la révision du procès de Dreyfus. En ce sens, il a contribué à perpétuer l’injustice et à diviser la société française. On peut se demander si la pression n’a pas été trop forte étant donné qu’il finit par trouver la mort en 1899, à la suite d’une crise cardiaque.

Alfred Dreyfus était un officier de l’armée française qui a été au cœur de l’une des plus grandes controverses politiques et judiciaires de l’histoire de la France. En 1894, cet homme issu d’une famille juive, alsacienne, a été faussement accusé d’avoir transmis des informations secrètes à l’Empire allemand. Cette accusation, sur fond d’antisémitisme, reposait sur des preuves inventées de toute pièce. En plus d’être condamné à la dégradation militaire, Dreyfus fut déporté à perpétuité en Guyane française. Cette affaire a divisé la France en deux camps opposés. Ceux qui le soutenaient (les “dreyfusards“) dont Émile Zola ou encore Marie-Georges Picquart et ceux qui l’estimaient coupable (les “antidreyfusards“). Grâce à Zola, l’affaire fut rendue public, ce qui permit une révision du procès. Cette affaire a permis de mettre en lumière les tensions entre la République française, l’armée et l’Église, conduisant à des réformes législatives, dont la séparation de l’Église et de l’Etat en 1905. Dreyfus fut réhabilité l’année suivante et a pu être réintégré dans l’armée française avec le grade de chef d’escadron. Il a ensuite servi durant la Première Guerre mondiale et a été promu au grade de lieutenant-colonel.

Mathieu Dreyfus était le frère aîné du capitaine Alfred Dreyfus, qui s’est battu pour défendre son honneur et rétablir sa réputation. Ingénieur et homme d’affaires, Mathieu a joué un rôle central dans la défense de son frère en consacrant sa vie et ses ressources financières à prouver l’innocence d’Alfred. Il a mené des enquêtes qui ont démontré que les accusations portées contre son frère étaient infondées et que les preuves étaient fabriquées. C’est grâce à lui que la lettre ouverte d’Emile Zola, publiée dans le journal L’Aurore, a pris une dimension nationale. Mathieu a également révélé que le véritable espion était Ferdinand Walsin Esterhazy, un autre officier.

Jean Sandherr était un officier militaire français et le directeur du renseignement au sein du Deuxième Bureau de l’état-major général de l’armée française. En soutenant les conclusions de l’expert en graphologie qui authentifiait Dreyfus comme l’auteur des documents adressés à l’intention de l’Empire allemand, il a contribué à la condamnation de Dreyfus. Il a été impliqué dans la manipulation des preuves et la dissimulation d’informations pour protéger le vrai coupable, mais il n’a jamais été poursuivi car il est mort un an avant que le scandale n’éclate. Il était connu pour être antisémite, ce qui a peut-être influencé sa position dans l’affaire Dreyfus.

Marie-Georges Picquart était le chef du renseignement militaire français (le “Deuxième Bureau”) en 1896. Contrairement à son prédécesseur, Jean Sandherr, Picquart a découvert que les preuves utilisées pour condamner Dreyfus étaient fausses, réalisant que le véritable coupable était un autre officier, Ferdinand Walsin Esterhazy. En informant ses supérieurs de sa découverte, ces derniers ont voulu couvrir l’affaire afin de protéger la réputation de l’armée. Picquart a donc été écarté de ses fonctions et il a même été accusé, injustement, de crimes. Toutefois, Picquart ne s’est pas laissé faire et il a tenté de faire connaître l’erreur judiciaire commise contre Dreyfus en se rangeant derrière les “dreyfusards“. Les avis ont été mitigés quant à son implication dans cette affaire. Si certains l’ont vu comme un héros pour avoir tenté de rétablir la vérité et la justice, d’autre l’ont critiqué pour s’être opposé à l’autorité de l’armée française.

Ferdinand Walsin Esterhazy était un officier de l’armée française d’origine hongroise. Moyennant finance, il a proposé, au printemps 1894, de remettre des documents militaires secrets à Schwartzkoppen, l’attaché militaire allemand à Paris. Après que l’on ait trouvé un bordereau impliquant que des données avaient été transmises au service allemand, il a été prouvé qu’il y avait un traître parmi les officiers de l’état-major français. Lorsque Dreyfus a été condamné injustement, Esterhazy n’a pas démenti. Toutefois, quelques années après, des investigations ont permis de prouver sa culpabilité dans cette affaire. C’est à cet instant qu’Esterhazy a décidé lui-même de se rendre à la justice. Son procès secret a eu lieu le 11 janvier 1898 et il a été acquitté malgré les preuves accablantes. Cette même année, Emile Zola a fait paraître J’accuse… ! dans le journal L’Aurore. Un an plus tard, Esterhazy a avoué avoir écrit le bordereau en affirmant l’avoir fait sur ordre de Jean Sandherr. Déshonoré par l’armée française, il s’exile en Angleterre jusqu’à sa mort en 1923.

Armand du Paty de Clam a été nommé responsable de l’enquête officielle d’Alfred Dreyfus. Il prétexte une blessure à la main pour lui demander d’écrire à sa place, mais Dreyfus refuse de reconnaître qu’il est l’auteur du bordereau. Toutefois, du Paty conclut à sa culpabilité. Durant son arrestation à la prison du Cherche-Midi, on lui impose de nombreux tests. Un premier expert en graphologie, Alfred Gobert, soutient que l’écriture du bordereau et celle de Dreyfus sont différentes. Toutefois, on ne prendra en compte que l’avis du deuxième expert, Alphonse Bertillon, qui soutiendra que Dreyfus a délibérément falsifié son écriture. Si certains voient du Paty comme un “anti-dreyfusard“, il est important de souligner que celui-ci a rédigé un rapport stipulant que, faute de preuves, il n’était pas possible de poursuivre Dreyfus. Néanmoins, ce rapport n’a pas été pris en compte.

Auguste Mercier, qui était en charge de la section de statistique, a conclu à la culpabilité de Dreyfus en octobre 1894, basant sa décision sur une expertise graphologique peu fiable. Il a exigé la création d’un dossier secret illégal au Conseil de guerre et a proposé une loi rétablissant la peine de mort pour les crimes de trahison. Bien qu’il ait échoué dans sa candidature à la présidence de la République, il est resté au ministère de la Guerre jusqu’à sa destitution en février 1895. Lors de l’audition de Dreyfus en novembre 1898 et lors du procès de Rennes, il a maintenu sa position sur la culpabilité de Dreyfus. Il est mort en mars 1921, en continuant à affirmer la culpabilité de Dreyfus jusqu’à la fin.

Charles-Arthur Gonse, un officier militaire, a pris la décision de ne pas suivre le lieutenant-colonel Picquart lorsque ce dernier a découvert des preuves de l’innocence de Dreyfus. Cet “anti-dreyfusard” a maintenu sa position en dissimulant les actions d’Henry et de Paty de Clam dans le but de disculper Esterhazy. Jugé pour complicité, ce choix a eu de lourdes conséquences après que Dreyfus fut innocenté.

Jean-Baptiste Billot et Raoul Le Mouton de Boisdeffre prennent le parti de protéger l’autorité militaire française en protégeant le vrai coupable.

Analyse de l’oeuvre

L’article de Zola est divisé en trois sections principales :

  • Une introduction : Zola capte l’attention des lecteurs grâce à une rhétorique captivante, employant des questions rhétoriques. Il n’hésite pas à flatter adressées le président.
  • Une démonstration : Grâce à un argumentaire structuré, Zola expose les faits relatifs à l’affaire Dreyfus afin de démontrer son innocence et la culpabilité des “anti-dreyfusards“.
  • Une dénonciation : Zola utilise un discours animé avec des questions rhétoriques et des exclamations pour dénoncer les crimes commis et les mécanismes utilisés par l’opposition. La lettre prend des airs de plaidoirie. La dénonciation atteint son apogée avec l’anaphore “J’accuse“. Ici, il paraît clair que Zola ne cherche pas à convaincre le président de la République française, il a pour ambition de faire naître une vive réaction en rendant publique une affaire d’État.

Zola commence sa lettre en reprochant au premier conseil de guerre d’avoir violé la loi en condamnant Dreyfus sur la base d’une preuve secrète, tandis que le second conseil de guerre aurait dissimulé cette irrégularité en innocentant délibérément un coupable. Il critique également le rôle du lieutenant-colonel du Paty de Clam dans l’erreur judiciaire et les manœuvres ultérieures visant à préserver cette erreur. L’écrivain s’adresse directement au président et au peuple français en utilisant des verbes d’action pour souligner son engagement en faveur de la vérité.

La lettre se divise en huit accusations principales, chacune visant une entité spécifique, comme le général Mercier, décrit comme complice de l’affaire. À travers ces allégations, Zola révèle comment l’Armée française et les autorités ont étouffé l’affaire, désignant Dreyfus comme le coupable idéal. La lettre J’accuse a eu un impact considérable sur l’opinion publique de l’époque, notamment en raison de la couverture médiatique qu’elle a reçue. Il a contribué à raviver le débat sur l’affaire Dreyfus et à sensibiliser le public aux enjeux de cette affaire. Bien que Zola ait été condamné et contraint de s’exiler en Angleterre, son courage a permis de rétablir la vérité et de réhabiliter Alfred Dreyfus.

L’implication de Zola dans l’affaire Dreyfus va au-delà de la publication de J’accuse. L’écrivain a également rédigé de nombreux autres textes sur cette affaire, adressés aux personnalités politiques de l’époque et publiés dans la presse. Ces écrits reflètent l’engagement absolu de Zola en faveur de la justice et de la vérité, et ont participé à la construction de son image en tant qu’intellectuel impliqué dans les questions de société.

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