La Nuit de Valognes est une pièce de théâtre écrite par le dramaturge franco-belge Éric-Emmanuel Schmitt. Elle a été publiée pour la première fois en 1991. Découvrons cette comédie ensemble.
Résumé détaillé scène par scène de La Nuit de Valognes de Eric-Emmanuel Schmitt
ACTE 1
SCÈNE 1
La Comtesse entre vêtue de rouge, accompagnée de Marion, la servante de la Duchesse. Elle n’est pas heureuse de l’état de la pièce et exprime son mécontentement envers la Duchesse qui l’a invitée à venir ici. Elle trouve la Normandie éloignée de Paris et elle trouve l’environnement inquiétant. La Comtesse est incommodée par l’odeur de la pièce. Marion lui fait comprendre que la Duchesse n’a pas mis les pieds dans cette maison depuis près de trente ans. Marion entend une voiture arriver et s’en. Cela surprend la Comtesse qui pensait être seule. Elle remarque un portrait qui la met mal à l’aise. Dehors, un orage se prépare.
SCÈNE 2
Sœur Bertille-des-Oiseaux rejoint la Comtesse sur scène, suivie de Marion. Elle demande à être placée près du feu et se présente sous son ancien nom, Hortense de Hauteclaire. Elle est épuisée après ce premier voyage qu’elle a vécu comme un enlèvement. Elle parle beaucoup et son tempérament ne semble pas correspondre avec le côté libertin de la Comtesse. Très vite, la religieuse est perturbée par le portrait d’un homme et finit par avouer qu’il lui a fait beaucoup de mal. Réalisant qu’elle s’est fourvoyée en annonçant cela, elle cherche un moyen de s’en aller.
SCÈNE 3
Marion introduit Mademoiselle de la Tringle dans la pièce. S’apercevant que la Religieuse a l’intention de partir, Marion s’arrange pour prendre son bagage afin de l’emmener à l’étage. Les personnages se présentent et parlent des romans de Mademoiselle de la Tringle. La Comtesse critique les histoires d’amour sans passion de Mademoiselle de la Tringle. La Religieuse essaie de recentrer la discussion sur la raison de leur réunion avec la Duchesse. La conversation se termine sur le portrait d’un homme que la Comtesse et la Religieuse ont connu. Mademoiselle de la Tringle explique qu’elle ne connaît pas l’homme sur la peinture. Marion entre avec Madame Cassin.
SCÈNE 4
Marion annonce que tous les invités sont présents et que l’arrivée de la duchesse est imminente. Madame Cassin s’évanouit en voyant le portrait, et la religieuse l’aide à s’asseoir dans un fauteuil. La comtesse comprend que Madame Cassin connaît également l’homme sur le portrait, mais cette dernière feint l’ignorance. Les femmes cherchent alors des points communs entre elles. Une querelle éclate ensuite entre la comtesse et Mademoiselle de la Tringle.
SCÈNE 5
La Duchesse apparaît et annonce aux femmes présentes que son paon est sur le point de mourir, déclenchant une discussion sur les paons. Elle leur explique que le paon lui a été attribué à sa naissance et, étant donné qu’il est en train de mourir, elle souhaite mettre de l’ordre dans ses affaires. La Duchesse révèle que Don Juan, un séducteur notoire, doit arriver ce soir et qu’elles ont pour mission de le juger et le condamner. Elle a prévu qu’il épouse sa filleule afin de réparer les torts qu’il leur a causés, et détient une lettre signée par le Roy pour le contraindre à exécuter leurs volontés. Les femmes acceptent, sauf Mademoiselle de la Tringle qui estime ne pas avoir été impliquée avec Don Juan. La Duchesse révèle qu’elle connaît les liaisons de Don Juan grâce au carnet tenu par son valet, Sganarelle. Les femmes discutent ensuite du nombre de conquêtes de Don Juan dans différents pays. Marion arrive pour annoncer l’arrivée de Don Juan. La Duchesse lui demande de le faire venir tout en ignorant tout ce qu’il pourrait dire. En voyant les femmes ajuster leur toilette, la Duchesse leur rappelle les raisons pour lesquelles elles sont réunies.
SCÈNE 6
Don Juan fait irruption, déguisé en séducteur, et apprend que les femmes portent des masques de ses anciennes conquêtes. Don Juan affirme ne reconnaître aucune de ses victimes. Dès lors, elles racontent toute la même histoire : il s’invitait à un repas, charmant et souriant, et feignait de ne pas voir sa proie pour la désespérer. Ensuite, il laissait leurs regards se croiser et, à la fin du repas, glissait un billet dans leur poche pour un rendez-vous interdit au clair de lune. Le soir venu, il leur faisait la cour avant de rejoindre leurs appartements en se faisant passer pour leur fiancé, passant alors une nuit passionnée.
Agacée par ce qu’il se passe, Mademoiselle de la Tringle fait savoir aux femmes que Don Juan savoure sa victoire en prétendant ne reconnaître personne. Il l’interrompt en disant qu’il la reconnaît, mais elle ne le croit pas. Don Juan raconte leur rencontre et critique ses romans. Il admet avoir voulu son corps avant le mariage et l’avoir obtenu. Cependant, lorsqu’elle lui parle de son chien Cabon, il avoue avoir inventé l’histoire à partir de son apparence et ne se souvient pas d’elle non plus. Elle pleure. La duchesse révèle que la soirée est un stratagème pour juger Don Juan, avec elles en tant que juges et victimes. Cela fait beaucoup rire Don Juan jusqu’à ce que la Duchesse évoque la famille Chriffreville, avec Angélique, qu’il a séduit et abandonné, et son frère, qu’il a tué au cours d’un duel. Don Juan pâlit. Angélique est malade d’amour, il doit donc l’épouser, lui rester fidèle et lui donner des enfants, sinon il finira à la Bastille grâce à une lettre signée par le Roy. Don Juan accepte sans sourciller et se dirige vers le fond de la pièce.
Les femmes se concertent, estimant que l’affaire a été trop facile. Elle se demande s’il pourrait être amoureux d’Angélique, mais, en apprenant comment elle est, les femmes finissent par se dire qu’elle est insignifiante. Don Juan profite de la situation pour chuchoter à l’oreille de Marion tout en lui donnant discrètement une lettre qu’elle dissimule dans son corsage.
SCÈNE 7
Tout le monde se rend dans l’autre pièce, en compagnie de Don Juan. La duchesse interroge Marion pour savoir si Don Juan a tenté de la séduire durant leur bref moment en tête-à-tête. Marion assure qu’il n’a rien entrepris. Sceptique, la duchesse envoie Marion chercher des liqueurs pour qu’elles restent éveillées toute la nuit. Une fois seule, Marion sort le billet de Don Juan et monte les escaliers en appelant Mademoiselle Angélique avec enthousiasme.
ACTE 2
SCÈNE 1
Sganarelle est tranquillement en train de fumer sa pipe lorsque la Comtesse pousse Don Juan en dehors de la scène expliquant que les autres femmes n’arrivent pas à rester objectives en sa présence. La Religieuse, Madame Cassin et Mademoiselle de la Tringle affirment qu’elles doivent l’entendre, mais la Comtesse refuse. Elles laissent Don Juan avec Sganarelle et retournent dans la salle de procès.
SCÈNE 2
Épuisé, Don Juan s’effondre dans un fauteuil tandis que son valet, Sganarelle, fume et rêvasse en contemplant la fumée monter dans le ciel. Ils entament une discussion sur l’identité et sur la raison pour laquelle Sganarelle travaille pour Don Juan. Sganarelle montre à quel point il aime sa propre personne. Il joue le rôle de la conscience de son maître. N’ayant pas inscrit de noms dans son carnet depuis plusieurs mois, Sganarelle fait remarquer à Don Juan qu’il est en train de changer. La scène se termine avec l’arrivée d’Angélique, la future épouse de Don Juan. Sganarelle quitte la scène.
SCÈNE 3
Angélique entre dans la pièce en chemise de nuit et ne veut pas que Don Juan se retourne vers elle. Malgré cela, il le fait et Angélique se cache le visage. Après une brève dispute, Don Juan explique à Angélique que s’il va de femme en femme, c’est parce qu’il ne trouve pas l’amour. Angélique comprend alors que Don Juan ne l’aime pas, mais décide quand même de l’épouser pour l’emprisonner. Elle avoue avoir feint d’être malade pour mettre en place un plan de vengeance contre lui. Don Juan est prêt à feindre un mariage d’amour pour la faire échouer. Attristée, Angélique lui avoue qu’elle espérait secrètement qu’il soit amoureux d’elle sans s’en apercevoir. Néanmoins, Don Juan n’est pas capable de savoir ce que c’est d’aimer. Il avoue simplement qu’il est las des conquêtes. Angélique essaie de lui expliquer ce que l’on ressent lorsque l’on est amoureux. Don Juan associe ses sensations au fait de croire en Dieu. Il lui apprend qu’il a déjà connu ce genre de sensation il y a 5 mois et 28 jours. Angélique est heureuse lorsqu’elle comprend que c’est pile-poil le moment où ils se sont rencontrés. Don Juan lui avoue à son tour qu’il souffre d’une longue agonie et finit par sortir de la pièce sans qu’Angélique ne s’en aperçoive.
SCÈNE 4
Marion actionne un flambeau laissant apparaître un passage secret où la duchesse se tient depuis un petit moment. Cette dernière explique à sa servante que dorénavant, elle n’a plus peur de ces insectes. Elle lui confie l’avoir tué pour qu’elle paie pour toutes celles qui lui ont fait peur jusque-là.
SCÈNE 5
Les autres femmes retrouvent enfin la Duchesse. Elles lui expliquent qu’il est grand temps de finir l’instruction afin de commencer le procès. La Duchesse les informe qu’elle a de nouveaux éléments. Elle leur annonce qu’elles ont commis une grossière erreur.
ACTE 3
SCÈNE 1
Toutes les femmes sont réunies. On apprend que le corps du paon a été retrouvé par le garde-chasse. La Duchesse est en pleurs en leur révélant la mort de cet animal qui comptait tant pour elle. Elle se demande s’il ne s’agit pas d’un suicide mais la Comtesse essaie de lui faire entendre raison en lui faisant comprendre que nul n’est éternel.
SCÈNE 2
Angélique se demande quand ils vont appeler Don Juan. La Duchesse fait savoir à Angélique qu’elle n’a pas l’air si malade que ça, en fin de compte. La Comtesse essaie de trouver un lien entre le paon et toute cette affaire, mais la Duchesse lui avoue qu’il n’y en a aucun. Un tonnerre se fait entendre, un éclair jaillit et les femmes se retournent vers l’escalier où se tient Don Juan.
SCÈNE 3
Il ne s’agit pas de Don Juan, mais de Sganarelle et de Marion. Don Juan n’arrive qu’après, totalement épuisé. Angélique s’inquiète pour lui et tente de comprendre ce qui ne va pas, mais il l’ignore. Les femmes méprisent Don Juan et discutent de la nécessité d’un procès contre lui, car elles estiment qu’il a le “je t’aime” facile et qu’il manque cruellement de sincérité. Angélique prend sa défense et affirme qu’il est amoureux d’elle. Toutefois, lorsque la duchesse l’interroge, Don Juan répond par la négative, mais il est prêt à essayer de l’aimer si c’est réellement ce qu’elle désire. La Duchesse leur fait comprendre qu’il ne s’agit pas de Don Juan, mais d’un imposteur. Le Don Juan, qu’elles ont connu, n’existe plus. Elles doivent donc modifier la nature du procès. Don Juan est donc accusé de ne plus être le même qu’avant. Madame Cassin est choisie comme avocate pour Don Juan. Sganarelle est ensuite appelé à témoigner et raconte une histoire qui s’est déroulée il y a quelques mois de ça.
SCÈNE 4
Sganarelle a aperçu une statue qui tendait la main à Don Juan. Ce dernier lui a donné malgré les avertissements de Sganarelle. La “statue” n’en était pas vraiment une puisqu’il s’agissait du chevalier de Chiffreville, le frère d’Angélique, qui essayait de se fuir lui-même. Il a invité Don Juan et Sganarelle à boire un verre.
SCÈNE 5
La Comtesse et Mademoiselle de la Tringle jugent l’histoire bien ordinaire, mais la duchesse invite Sganarelle à poursuivre. Ce dernier leur apprend que Don Juan a passé sa soirée en compagnie de cet homme et qu’il l’a ramené ensuite auprès de sa sœur. Il précise que d’ordinaire, Don Juan détestait ce genre de soirée, d’autant plus en compagnie d’un homme.
SCÈNE 6
Seul,Don Juan était en train de boire à une table de l’auberge des Trois Renards. Intervention d’Angélique et de Sganarelle en voix off.
SCÈNE 7
Sganarelle leur explique que Don Juan et le chevalier avaient fini par avoir une très belle amitié. Ils se donnaient rendez-vous à l’auberge des Trois Renards et ils se racontaient leurs journées. Toutefois, un beau jour, le chevalier a arrêté de venir. Don Juan s’est mis à boire seul. Il se sentait désoeuvré.
SCÈNE 8
Don Juan rend visite à Angélique, qui pense d’abord qu’il est venu voir son frère. Elle lui raconte les extravagances récentes de son frère, qui veut se fiancer à une jeune fille borgne, une prostituée nommée Fiammetta. Quand Angélique demande à Don Juan s’il aime son frère, celui-ci révèle que son amitié avec le frère d’Angélique n’est qu’un stratagème pour se rapprocher d’elle. Il avoue être amoureux d’Angélique depuis leur première rencontre.
Malgré les protestations d’Angélique, Don Juan insiste pour rester avec elle en l’absence de son frère. Il l’embrasse et l’emmène sur le lit où ils font l’amour. Le lendemain, il prononce des mots tendres pour la convaincre qu’ils ont passé une merveilleuse nuit ensemble. Don Juan parvient à obtenir le corps d’Angélique.
SCÈNE 9
Le chevalier et Don Juan se préparent pour un duel en raison de l’affront fait à Angélique. Bien que Don Juan propose de se racheter en épousant Angélique, le chevalier refuse. Ils commencent à se battre, mais aucun ne veut blesser l’autre. Finalement, le chevalier se jette volontairement sur l’épée de Don Juan et se blesse mortellement. Avant de mourir, il raconte une histoire sur un chien maltraité qui, selon lui, reflète leur propre situation. Le chevalier révèle qu’il n’a jamais été avec Fiammetta, mais l’a payée pour simuler une relation. Ainsi, on comprend qu’il s’agit d’un suicide déguisé où les deux hommes se déclarent leur amour mutuel par le regard.
SCÈNE 10
Angélique pleure pendant que Don Juan avoue qu’il voulait simplement gagner et demande à l’épouser. Angélique refuse, préférant un homme égoïste et jaloux. Elle part en cachant sa tristesse.
SCÈNE 11
La religieuse ne tient plus et annonce qu’elle souhaite se séparer de Dieu. Au bout de dix ans, elle éprouve de la haine envers le divin, qui ne lui a accordé ni désir, ni beauté, ni intelligence. Elle s’ennuie et se sent frustrée lorsqu’elle voit que Dieu jouit de plaisirs terrestres et s’amuse à accorder l’amour pour ensuite le reprendre et laisser les gens dépérir. Elle finit par quitter les lieux.
SCÈNE 12
Quand elle constate que Don Juan consent à aimer la prochaine inconnue qu’il rencontrera comme dans ses romans, Mademoiselle de la Tringle le gifle estimant que ses livres d’amour sont stupides. La Comtesse essaie de se montrer compatissante en lui expliquant qu’elle a énormément apprise avec lui. C’est grâce à lui si elle est aussi libertine. Elle lui propose de coucher une nouvelle fois ensemble, mais Don Juan lui annonce qu’il est guéri. Elle finit par quitter la pièce en lui révélant qu’elle compte tromper tous les hommes innocents. Mademoiselle de la Tringle la suit.
SCÈNE 13
Don Juan se tourne vers Madame Cassin et la Duchesse. Cette dernière demande à Marion d’éteindre les bougies, car l’aube approche. La Duchesse s’interroge sur la destination de Don Juan, mais il l’ignore. En mettant sa cape, Don Juan hésite à partir. Il demande comment on appelle l’action de s’aventurer dans l’inconnu pour rencontrer d’autres personnes, la duchesse qualifie ça de “naissance“. Il s’interroge également sur le terme pour décrire la peur d’être écrasé par la lumière et de n’être qu’une poussière, la duchesse nomme ça le “courage“. Avant de partir, Don Juan donne quelque chose à Sganarelle. Madame Cassin, Marion et la Duchesse se rapprochent des fenêtres pour l’observer partir. La duchesse conclut qu’elles assistent à la naissance d’un nouvel homme. Assis sur le bord de la scène, Sganarelle, fou de joie, est en train de sangloter, car Don Juan vient de lui donner ses gages.
Présentation des personnages
Don Juan est un séducteur invétéré qui parcourt le monde à la recherche de nouvelles conquêtes amoureuses. Il est décrit comme étant charismatique, séduisant et manipulateur. Il représente le désir et la passion charnelle, ainsi que la quête de liberté et d’indépendance. Cependant, son personnage est également celui de la déchéance et de la solitude. En effet, sa soif de conquête l’a conduit à vivre une vie de mensonges et de tromperies, qui le laissent vide et sans amour véritable. Lorsqu’il prend conscience qu’il est capable d’aimer, la personne ne se sent pas assez forte pour être digne de son amour et préfère périr sous sa lame au cours d’un duel.
La Duchesse de Vaubricourt est une belle femme âgée qui a convié les anciennes victimes de Don Juan à passer la nuit dans son château de Valognes. Elle compte contraindre Don Juan à réparer ses torts en épousant sa dernière victime : sa filleule Angélique. Le personnage de la Duchesse symbolise la résistance face à l’injustice, la force morale et l’indépendance. Elle refuse de rester une victime et prend en main son destin, agissant en tant que porte-parole des femmes bafouées. Sa quête de vengeance est aussi une quête de justice et d’équilibre.
Angélique de Chiffrreville, dit “la petite”, est une jeune femme belle et fragile, d’une vingtaine d’années, qui a été abandonnée par son amant, Don Juan, quelques mois auparavant. Elle apparaît comme étant émotionnellement instable et tourmentée par ses souvenirs du passé. Toutefois, au fil de l’intrigue, on constate qu’elle est beaucoup plus maligne que ça étant donné qu’elle a feint d’être malade pour arriver à ses fins. Pour s’assurer d’obtenir l’être aimé, elle n’a pas donné tous les éléments à sa marraine, la duchesse. À la fin de la pièce, Angélique refuse de se marier avec Don Juan étant donné qu’elle préférait l’ancienne version de lui : cet homme égoïste et menteur.
Le chevalier de Chiffreville, dit le jeune homme, est le frère d’Angélique qui rencontre Don Juan pour la première fois en essayant de se faire passer pour un automate. Très vite, il devient très complice avec Don Juan au point de l’aimer en secret. Il prétend affronter Don Juan en duel pour l’affront qu’il a fait à sa sœur alors qu’il ne s’agit que d’un suicide déguisé. En effet, ce personnage est persuadé que l’amour qu’il éprouve pour Don Juan le conduira au malheur.
La Comtesse de la Roche-Piquet, (Aglaé) est une femme d’une grande beauté et d’une certaine noblesse. Tout comme les autres femmes présentes, elle a été blessée par Don Juan et est en quête de réparation. Son caractère frivole et son goût prononcé pour le libertinage ne sont que les dégâts occasionnés par Don Juan. Ne pouvant pas atteindre Don Juan, elle décide de se venger sur des hommes innocents.
Hortense de Hauteclaire (Soeur-Bertille-des-Oiseaux) est une jeune femme qui, avant de devenir religieuse, a été séduite et abandonnée par Don Juan. Cette expérience traumatisante l’a amené à rejoindre les ordres afin de consacrer sa vie à la religion. Elle trouve le réconfort dans la foi, et ce, jusqu’à ce que Don Juan avoue être las des conquêtes et se déclare être guéri de ses désirs libertins.
Mademoiselle de la Tringle est devenue une auteure à succès, à la suite de son chagrin d’amour. Elle écrit des ouvrages d’amour, lui permettant d’idéaliser l’amour qu’elle n’a jamais eu avec Don Juan. L’écriture devient son échappatoire.
Madame Cassin est une femme simple et modeste, qui se distingue des autres femmes du groupe par sa condition sociale moins aisée. Elle a été séduite et abandonnée par Don Juan, tout comme les autres, mais sa présence parmi elles montre que le séducteur ne faisait pas de distinction entre les classes sociales dans sa quête de conquêtes amoureuses.
Sganarelle est un personnage comique, qui apporte de l’humour et de la légèreté à la pièce. Il est dépeint comme étant la conscience de Don Juan. En tant que témoin privilégié des méfaits de Don Juan, il note tout dans un carnet. Quand il se rend compte qu’il n’y a plus de noms à écrire, il se rend compte que son maître est en train de changer. Il symbolise la complicité involontaire et les dilemmes moraux que l’on peut éprouver face à des actions injustes ou immorales. Ce personnage sert également de contrepoint comique aux thèmes sérieux de la pièce, tels que la trahison, la vengeance et la justice.
Marion est une jeune et jolie servante de la duchesse. Elle joue un rôle de soutien essentiel, offrant un contraste avec Sganarelle, le valet de Don Juan, qui est plus ambivalent vis-à-vis de son maître. Dès le départ, on peut comprendre que Don Juan a changé, dans la mesure où il ne tente pas de la séduire lorsqu’ils se retrouvent tous les deux. Toutefois, au début de l’intrigue, on se demande si Marion est honnête ou si elle a, elle aussi, été séduite par Don Juan. D’autant plus qu’elle accepte de dissimuler un billet que lui tend Don Juan, pendant que les autres femmes s’interrogent sur la facilité qu’elles ont eu de contraindre ce séducteur invétéré de prendre Angélique pour épouse.
Analyse de l’oeuvre
La pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, La Nuit de Valognes (1991) est une réécriture moderne de la pièce de Molière Dom Juan (1665).
Les deux pièces ont pour personnage central Don Juan, un séducteur libertin et impénitent, créé par Tirso de Molina au début du XVIIe siècle. Ce personnage mythique a inspiré de nombreuses œuvres littéraires et artistiques.
D’autre part, La Nuit de Valognes et Dom Juan abordent des thèmes similaires, tels que l’amour, la séduction, le libertinage, le mariage, la morale et la religion. Les deux auteurs utilisent un ton satirique pour critiquer les comportements hypocrites et les conventions sociales de leur époque. Ils mettent en scène des personnages caricaturaux et utilisent l’humour pour faire passer leurs messages, apportant une réflexion sur :
- la nature humaine ;
- les relations entre les sexes ;
- les conséquences des actions immorales.
Dans les deux intrigues, le personnage de Don Juan est confronté à la perspective de la rédemption et du châtiment. Dans Dom Juan, Molière illustre ce châtiment par la venue du Commandeur et l’envoi de Dom Juan en enfer. Dans La Nuit de Valognes, Schmitt imagine un châtiment différent : Don Juan est contraint d’épouser une de ses victimes, ce qui symbolise une forme de rédemption pour ses actions passées. Ainsi, Schmitt donne la parole aux femmes bafouées par Don Juan et les fait intervenir pour leur faire justice.