Littérature

Eugène Labiche, Le Voyage de Monsieur Perrichon : résumé, personnages et analyse

Image de la page de couverture du dossier de lecture de Le Voyage de Monsieur Perrichon d'Eugène Labiche
Ecrit par Les Résumés

Écrite par Eugène Labiche, un auteur français, et Édouard Martin, Le Voyage de monsieur Perrichon est une pièce de théâtre en quatre actes dont la première représentation a eu lieu le 10 septembre 1860 au théâtre du Gymnase, à Paris. Explorons cette comédie du 19ème siècle ensemble.

Résumé détaillé acte par acte et scène par scène de Le Voyage de Monsieur Perrichon de Eugène Labiche

ACTE 1

SCÈNE 1

À la gare de Lyon à Paris, Majorin, un employé du chemin de fer, attend Monsieur Perrichon, qui doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille. On apprend que Monsieur Perrichon est un carrossier qui a une rente de quarante mille livres, ce qui suscite la jalousie de Majorin. Ce dernier souhaite voir Monsieur Perrichon avant son départ pour lui demander une avance de 600 francs. Ne le voyant toujours pas arriver, il demande à un autre employé l’heure exacte à laquelle le train part, et celui-ci l’invite à consulter le tableau d’affichage.

SCÈNE 2

Perrichon arrive à la gare avec sa femme et sa fille Henriette pour un voyage en Suisse qu’il leur promet depuis deux ans. Madame Perrichon est de mauvaise humeur, car son mari les a pressées. De plus, lorsqu’ils arrivent, on leur indique qu’ils ne peuvent pas prendre leur billet avant une demi-heure. Perrichon compte les sacs qu’ils ont puis tend un carnet à sa fille Henriette pour qu’elle puisse noter les dépenses et les impressions qu’il lui dictera durant leur voyage.

SCÈNES 3 & SCÈNE 4

Pendant que Monsieur Perrichon est parti récupérer les billets de train, Henriette et sa mère rencontrent tour à tour Daniel, puis Armand. Ces deux hommes ont fait danser Henriette la semaine dernière lors du bal du huitième arrondissement. Ils interrogent les deux femmes pour savoir où elles vont, afin de prendre leur billet en conséquence. On comprend que les deux hommes souhaitent partir au même endroit qu’elles.

SCÈNE 5

Madame Perrichon voit Majorin arriver et s’étonne de ne pas le voir au bureau. Il lui explique qu’il a pris un jour de congé pour les voir avant leur départ. Monsieur Perrichon arrive et est très embêté, car il ne peut pas enregistrer ses bagages tant qu’il n’a pas pris les billets. Or, il est encore trop tôt pour les prendre. Sa femme en a marre d’attendre debout, et son mari l’invite à s’asseoir pendant qu’il s’occupe de leur billet.

SCÈNE 6

Majorin parvient à demander à Monsieur Perrichon de lui prêter 600 francs. Ce dernier est très embêté, car il n’a pris que la somme nécessaire pour leur voyage. Toutefois, il finit par consentir à lui donner l’argent qu’il souhaite, en lui demandant de ne rien dire à sa femme. Majorin s’en va sans lui dire merci. Le guichet ouvre et Monsieur Perrichon bouscule des personnes en s’y rendant.

SCÈNE 7

Arrivent au guichet le Commandant et Joseph, son domestique. Le Commandant souhaite partir pour Genève pour fuir une femme du nom d’Anita qui lui cause bien des torts. Joseph est persuadé que son maître va revenir sur sa décision et qu’il va finir par se remettre avec elle, mais le Commandant est catégorique : cette fois-ci, c’est la bonne. Pendant ce temps, Perrichon a enfin obtenu ses billets.

SCÈNE 8

Perrichon arrive avec les billets de train. Ils donnent 20 sous au facteur. Perrichon demande à sa fille de consigner les dépenses qu’ils viennent de faire, puis d’écrire ses premières impressions : “Adieu, France… Reine des nations !”. La cloche du départ retentit, et ils se dirigent vers la salle d’attente.

SCÈNES 9 & SCÈNE 10

Daniel et Armand se croisent et comprennent qu’ils sont là pour la même raison : Henriette. Ils sont tous deux amoureux d’elle et souhaitent la courtiser. Ils acceptent de partir ensemble et de voir lequel des deux saura gagner son cœur. Il voit monsieur Perrichon demander un livre pour sa fille durant le trajet qui ne parle “ni de galanterie, ni d’argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort.“. Après qu’il ait acheté le livre, Armand et Daniel le suivent.

ACTE 2

Dans une auberge, en Suisse.

SCÈNE 1

On retrouve Armand et Daniel dans une auberge où ils expliquent comment ils ont suivi la famille Perrichon jusqu’en Suisse. On apprend que Daniel est gérant d’une société de paquebots et qu’Armand est banquier. Grâce à leur statut social, ils ont pu s’octroyer des jours de congé. Toutefois, ils doivent tous les deux retourner en France le huit du mois. Ils souhaitent donc réussir à séduire Henriette avant leur départ. Ils attendent Perrichon et sa famille qui ont prévu d’aller à la mer de Glace aujourd’hui, mais ils ne les voient toujours pas arriver. Armand prend congé de Daniel et sort de la scène.

SCÈNES 2 & 3

Daniel demande un café à l’aubergiste. Ce dernier l’invite à écrire sur le livre des voyageurs. Pendant qu’il est en train de le consulter, il est dérangé par des cris qui viennent de dehors. Perrichon a manqué de se tuer en tentant de monter à cheval. Il a été secouru par Armand, qui reçoit les remerciements de toute la famille. Daniel regrette d’avoir pris son café, laissant son rival prendre de l’avance.

SCÈNE 4

Daniel s’avoue vaincu et annonce à Armand qu’il compte retourner à Paris. Toutefois, il se rend compte que plus Henriette se dérobe à lui, plus il est amoureux d’elle. Avant de partir, Armand lui demande de parler avec Perrichon pour vanter l’homme qu’il est. Daniel accepte et s’en va discuter avec Perrichon.

SCÈNE 5

Daniel retrouve Perrichon qui vient de boire un peu de rhum. Il fait plusieurs éloges de son rival, mais Perrichon n’a pas l’air impressionné. Essayant de ne pas perdre la face, il lui fait comprendre qu’il n’avait pas forcément eu besoin de l’aide d’Armand pour se tirer de ce mauvais pas. Toutefois, il remercie Armand, même si le fait qu’il l’ait sauvé semble l’avoir blessé dans son ego. D’ailleurs, vers la fin de la scène, Perrichon ne l’appelle plus par son prénom, mais par son nom de famille, M. Desroches. L’aubergiste invite Perrichon à signer le livre des voyageurs. Ce dernier accepte, mais souhaite réfléchir à ce qu’il pourrait y mettre afin de ne pas écrire des mots ordinaires.

SCÈNE 6

Daniel prend conscience que Perrichon est un homme ingrat. Il retrouve Armand et lui fait savoir qu’il ne compte plus partir. Il continue la lutte et souhaite prendre une autre direction. Armand est déçu de voir que son rival est toujours de la partie, mais il accepte que la lutte continue d’être loyale et amicale.

SCÈNE 7

Perrichon est prêt à partir pour la mer de Glace avec Daniel et Armand. Ce dernier lui fait savoir qu’il compte rester. Perrichon écrit “une jolie pensée” dans le livre des voyageurs dans lequel il écrit “mère de Glace” au lieu de “mer de Glace”. Perrichon sort avec Daniel.

SCÈNE 8

Armand est seul lorsque le Commandant revient de la mer de Glace et demande un grog au kirsch à l’aubergiste. En consultant la grossière erreur de Perrichon sur le livre des voyageurs, il se dit que celui-ci devrait avoir une petite leçon d’orthographe. Il fait savoir qu’il est à la recherche d’Armand. Il lui explique la mésaventure qu’il a depuis qu’il connaît une certaine Anita. Il affirme qu’il n’est pas parti pour fuir les poursuites judiciaires et annonce à Perrichon que lorsqu’il retournera sur Paris, il compte être enfermé pour ne pas retourner auprès d’Anita.

SCÈNE 9

Madame Perrichon arrive et s’étonne de voir Armand. Il lui fait comprendre qu’il est déjà venu en Suisse auparavant et qu’il connaît la mer de Glace. Il se fait passer pour un ami de Pingley, qui est un cousin de Madame Perrichon. Puis, il lui fait savoir qu’il suit leur famille depuis le début, étant amoureux de leur fille Henriette. Madame Perrichon est déçue que son mari ne soit pas là, mais elle fait savoir à Armand qu’elle compte faire part de ses sentiments à son mari. Henriette arrive. Voyant l’accoutrement et la posture de sa fille, Madame Perrichon s’arrange pour qu’elle affiche une meilleure prestance. On entend des cris dehors.

SCÈNE 10

Perrichon rentre dans l’auberge avec Daniel. Ce dernier s’est arrangé pour tomber au bord d’un précipice afin que Perrichon puisse lui sauver la vie. Ainsi, Perrichon se sent plus reconnaissant de l’opportunité que la vie lui a offert de sauver la vie de quelqu’un plutôt que d’avoir été sauvé. Il montre donc beaucoup plus de bonnes intentions envers Daniel. En lisant le livre des voyageurs pour y relater l’exploit de la journée, Perrichon se rend compte qu’un certain “Commandant” s’est moqué du fait qu’il ait écrit “mère” au lieu de “mer”. Perrichon prétend qu’il savait très bien l’orthographe et qu’il l’a écrit sciemment. Il répond au Commandant en écrivant que c’est un “paltoquet”. Ils prennent tous la même voiture, mais Armand doit aller sur le siège extérieur. Madame Perrichon fait savoir à son mari qu’Armand a demandé la main de leur fille, et Perrichon lui explique que Daniel a fait de même.

ACTE 3

Salon de Monsieur Perrichon

SCÈNE 1

Jean, le domestique, attend la famille Perrichon, il s’est assuré que toutes les tâches que son maître lui a demandé de faire soit effectuées. On apprend qu’un certain Commandant est venu leur rendre visite. Il compte revenir plus tard.

SCÈNE 2

La famille Perrichon revient enfin de leur séjour en Suisse. Leur retour a été légèrement retardé, car M. Perrichon a accepté une invitation de Daniel, qu’il tient en très haute estime. Il raconte à Jean qu’il a sauvé un homme (Daniel) au cours de leur voyage.

SCÈNE 3

Madame Perrichon fait savoir à son mari qu’ils doivent prendre parti pour l’un des deux prétendants de leur fille. Bien qu’Armand lui ait sauvé la vie, Perrichon préfère Daniel, car ce dernier ne cesse de flatter son ego. Perrichon est persuadé que leur fille va choisir Daniel, mais sa femme lui suggère de l’interroger.

SCÈNE 4

Quand ils l’interrogent, Henriette se range du côté de sa mère et opte pour Armand étant donné qu’il a sauvé la vie de son père. Perrichon fait preuve de mauvaise foi et compte patienter encore un peu avant de prendre une décision, ce qui exaspère sa femme.

SCÈNE 5 et SCÈNE 6

Majorin arrive et Perrichon l’invite à manger, mais lorsqu’il apprend qu’ils ne mangent pas de poisson, Perrichon lui propose de l’inviter une prochaine fois. Majorin fait savoir à Perrichon qu’il compte le rembourser au plus vite. Perrichon ne s’en préoccupe pas et lui fait savoir qu’il lui avait pris un souvenir, une montre, mais étant donné qu’il n’a pas voulu payer les droits de douane, il ne l’a plus. Armand arrive et Perrichon le présente comme une “connaissance de voyage”. Toutefois, sa femme et sa fille précise qu’il a sauvé la vie de Perrichon, ce qui agace ce dernier.

SCÈNE 7

Daniel fait son entrée et Perrichon le présente comme “son meilleur ami”. Daniel en profite pour lui montrer un journal dans lequel on parle de son exploit. En réalité, Daniel a payé trois francs pour que l’on parle de “l’exploit héroïque” de Perrichon. Ce dernier est tout heureux jusqu’au moment où il apprend qu’il doit comparaître suite à des “injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions.” En effet, lorsqu’on lui a saisi les montres, Perrichon a insulté le douanier. Majorin se réjouit de la nouvelle. Apeuré à l’idée de se faire enfermer, Perrichon cherche une solution. Armand propose de le tirer de ce mauvais pas grâce à une connaissance qu’il a. Finalement, Perrichon fait comprendre à sa femme qu’il accepte que leur fille épouse Armand.

SCÈNE 8

Perrichon rencontre Daniel pour lui faire savoir qu’il a décidé de donner la main de sa fille à Armand. Daniel ne s’avoue pas vaincu et continue de jouer avec la vanité de Perrichon pour gagner ses faveurs. Il lui fait comprendre qu’il ne le reverra plus, mais qu’il souhaite dresser un tableau de lui pour la postérité. Une peinture qui le représenterait avec le Mont-Blanc pour immortaliser son héroïsme. Perrichon demande à Daniel de rester en lui faisant savoir que rien n’est encore décidé.

SCÈNE 9 et SCÈNE 10

Le Commandant arrive et fait comprendre à Perrichon qu’il n’a pas trop apprécié le fait qu’il l’insulte de Paltoquet. Perrichon est persuadé qu’il ne s’agit pas d’un vrai Commandant. Il refuse donc de retirer l’insulte qu’il a commise envers lui. Le Commandant le défie en duel devant témoin et s’en va. Daniel fait comprendre à Perrichon qu’il n’aurait pas dû agir de la sorte. Toutefois, Perrichon est toujours sûr que le Commandant n’en est pas vraiment un, et ce, jusqu’à ce que Jean lui adresse la carte de celui-ci. Il se trouve que l’homme en question est un ex-commandant du deuxième zouave. Perrichon comprend son erreur et se demande ce qu’il peut faire. Mais Perrichon sait qu’il n’a rien à faire et consent à ne pas faiblir.

SCÈNES 11 & 12

Seul sur scène, Daniel cherche un moyen de tirer Perrichon de ce mauvais pas. Il s’arrange pour écrire un message au Préfet afin de s’assurer qu’une ronde de garde passe à ce moment. De son côté, Perrichon s’est arrangé pour faire la même chose que Daniel en écrivant une lettre au préfet afin de se tirer de ce mauvais pas.

SCÈNE 13

Daniel cherche Jean afin qu’il envoie la lettre à l’adresse indiquée, mais il ne parvient pas à le trouver. À la place, il tombe sur Perrichon et tous deux dissimulent la lettre qu’ils tiennent dans leurs mains. Madame Perrichon et sa fille arrivent alors. Perrichon leur annonce qu’il ne sera pas présent, le lendemain, en raison d’une affaire urgente. Lorsque sa femme lui fait remarquer qu’il a l’air effrayé, il laisse échapper, à son insu, qu’il est convié à un duel. Sa femme, ne voulant pas perdre son mari, écrit une lettre à l’intention du préfet. Finalement, Jean arrive et reçoit les lettres des trois personnages. Il se demande ce qui se passe, mais est ravi de constater que toutes les lettres sont adressées au même destinataire.

ACTE 4

Dans un jardin.

SCÈNES 1 & SCÈNE 2

Daniel est arrivé en avance, tout comme Perrichon. Daniel trouve que Perrichon est courageux, mais il est rassuré de savoir que le duel n’aura pas lieu. Majorin arrive et apprend que Perrichon a accepté un duel. Ce dernier demande à Majorin d’être son second.

SCÈNE 3

Perrichon va voir sa femme et sa fille pour leur dire au revoir. Ces dernières sont sûres et certaines qu’il va revenir sain et sauf étant donné que madame Perrichon a écrit une lettre au préfet pour que le duel n’ait pas lieu.

SCÈNE 4

Armand arrive pour annoncer à Perrichon que le duel n’aura pas lieu étant donné qu’il a enfermé le Commandant à Clichy à la suite d’une volonté de sa part lorsqu’ils s’étaient vus en Suisse. Perrichon a du mal à remercier Armand. Daniel part avec Majorin pour que celui-ci touche ses dividendes afin qu’il puisse rembourser Perrichon.

SCÈNE 5

Armand pense que Perrichon est bien disposé et compte lui demander la main de sa fille. Toutefois, Perrichon en veut à Armand, car il n’a pas pu prouver sa valeur. Il lui fait croire qu’il tenait réellement à ce que le combat ait lieu. Le commandant revient et explique qu’il n’a pas voulu rester en prison pour honorer son duel contre Perrichon. Constatant que l’heure qu’il a indiquée au préfet est dépassée, Perrichon prend peur et s’excuse auprès du Commandant. Il consent à retirer les insultes sur le livre des voyageurs dès le lendemain. Après son entrevue avec le Commandant, Perrichon, qui ne supporte pas d’avoir été humilié ainsi devant son domestique, décide de le licencier.

SCÈNE 6

Armand explique à Perrichon que l’histoire avec le douanier est arrangée, néanmoins, il doit adresser un mot d’excuses. Humilié par son épisode avec le commandant, Perrichon est lassé de s’excuser et demande à Armand de le laisser tranquille. Il ne veut plus qu’il vienne interférer dans ses histoires.

SCÈNE 7

Henriette arrive et apprend par Armand que son père n’éprouve que de l’antipathie pour lui. Il souhaite lui donner la main de Daniel. Henriette ne le veut pas d’autant plus que sa mère n’est pas de l’avis de son père, elle préfère Armand. Quand Armand essaie de savoir ce que Henriette veut, celle-ci lui fait comprendre qu’une fille bien élevée est toujours en accord avec sa mère.

SCÈNE 8

Armand est heureux mais Daniel arrive pour lui faire savoir que quoi qu’il arrive, il a gagné la partie. Il lui fait comprendre qu’il a vécu plus longtemps que lui et qu’il sait reconnaître les imbéciles comme Perrichon. Il a vite compris que cet homme était ingrat et qu’il cherchait n’importe quel moyen de pouvoir flatter son ego. Pour lui, Armand n’a pas cessé de commettre faute sur faute, il aurait dû, tout comme lui, agir dans l’ombre. Il lui explique les différents stratagèmes qu’il a mis en place dont l’épisode où il s’est arrangé pour faire en sorte que Perrichon vienne le sauver. Perrichon entend une partie de la conversation.

SCÈNE 9 & SCÈNE 10

Perrichon réunit Daniel et Armand. Il fait comprendre à Daniel qu’il a tout entendu et donne la main de sa fille à Armand. Il demande à Daniel s’il a vraiment fait exprès de tomber dans le trou, Daniel acquiesce, mais affirme que personne n’en saura rien. Ils se serrent la main. Daniel n’éprouve aucune haine contre son rival qui l’a battu à la loyal. Majorin vient rendre les six cents francs à Perrichon. Ce dernier convie Armand à venir boire le thé le lendemain, mais celui-ci lui rappelle son devoir envers le Commandant. Perrichon explique à sa famille qu’ils repartent tous le lendemain à la mer de Glace, mais ne préfère pas dire les réelles raisons qui le poussent à s’y rendre. Égal à lui-même, il annonce qu’il souhaite revoir l’endroit où Armand lui a sauvé la vie.

Présentation des personnages

Perrichon est le patriarche de la famille, reconnu comme le meilleur carrossier en France. Doté d’un ego surdimensionné et d’une vanité bourgeoise, il a du mal à se montrer réellement reconnaissant envers Armand pour lui avoir sauvé la vie. Il n’aime pas qu’on le lui rappelle, car cela porte atteinte à son orgueil. Cette situation le met dans une position où il se sent inférieur. Il attribue même sa propre vanité à Armand faisant croire aux autres que c’est Armand lui-même qui est vaniteux. Son arrogance l’entraîne dans des situations délicates : il insulte le douanier, il refuse de s’excuser auprès du Commandant. Perrichon est un personnage avare qui suit minutieusement ses dépenses au point de demander à sa fille Henriette de tout noter dans un carnet.

Caroline Perrichon est l’épouse de Perrichon. Au début, elle semble irritable, car elle ne cesse de se plaindre. Toutefois, on comprend très vite que c’est une femme bienveillante qui, contrairement à son mari, sait faire preuve de reconnaissance. Elle s’oppose à son mari lorsque celui-ci souhaite donner la main de Henriette à Daniel, lui préférant Armand. Elle est la première à admettre que la seule raison pour laquelle son mari ne veut pas accepter Armand comme gendre est son orgueil.

Henriette Perrichon est la fille de Perrichon et de Caroline. Cette jolie blonde est une femme douce et bien élevée qui a rencontré deux hommes lors du bal du huitième arrondissement. Son choix se porte sur Armand, d’autant plus qu’elle ne mentionne que très rarement Daniel. Néanmoins, elle est prête à accepter l’homme que ses parents choisiront pour elle.

Daniel Savary est le directeur d’une entreprise de bateaux à Lyon, nommée “Les Remorqueurs sur la Seine”. Il est perçu comme paisible et voit sa rivalité amoureuse avec Armand comme une compétition cordiale et équitable. Néanmoins, il se révèle être le plus rusé des deux prétendants en concevant une stratégie pour obtenir l’aval de Perrichon, le père d’Henriette. Daniel utilise la flatterie et la manipulation pour atteindre son objectif, mais Perrichon finira par apprendre la vérité sur ses stratagèmes lors d’une discussion qu’il aura avec Armand.

Armand Desroches est un banquier et un partenaire de la “Maison Turneps Desroches et Cie. Il possède un esprit compétitif et considère la relation amoureuse comme une compétition ou un tournoi. Il est moins rusé que David. Armand multiplie les gestes bienveillants envers la famille d’Henriette, ce qui lui confère une image plus favorable aux yeux de Madame Perrichon et de Henriette. En effet, ces dernières, sachant faire preuve de reconnaissance, savent reconnaître à quel point ce personnage est bienveillant.

Le commandant Mathieu est un ancien commandant du deuxième régiment de zouaves, âgé d’une cinquantaine d’années, qui vit une aventure avec une certaine Anita. À l’origine, cette liaison ne devait être qu’une histoire sans lendemain, mais le commandant est rapidement tombé amoureux d’elle. Aujourd’hui, elle est source de tourments pour lui. En effet, Anita ne cesse d’acheter des meubles avec l’argent du commandant, pour ensuite les revendre, contribuant ainsi à sa ruine. Huit fois, il a tenté de se séparer d’elle, sans succès. Il décide alors de partir pour la Suisse afin de la fuir. C’est là-bas qu’il rencontre Armand et lui demande de l’enfermer pour son propre bien-être. Durant son séjour, le commandant reprend une faute d’orthographe commise par Perrichon, qui le traite alors de “paltoquet”. Cette insulte est mal reçue par l’ancien commandant, qui exige des excuses. Lorsqu’il constate que Perrichon refuse de retirer ce qu’il a écrit sur le livre des voyageurs, le commandant le provoque en duel. Malgré son intransigeance, le commandant se présente comme un défenseur de la langue française et un personnage capable de pardonner, même lorsqu’il a été offensé. Ainsi, il finit par accepter les excuses de Perrichon et annuler le duel.

Majorin est un employé de chemin de fer qui éprouve de la jalousie envers Perrichon en raison de ses richesses. Il ne supporte pas qu’un homme comme lui puisse gagner beaucoup plus que lui. En un sens, il se sent minable et pathétique d’être contraint de demander à un homme qu’il déteste autant de lui prêter de l’argent. Un prêt qu’il voit comme un moyen de le lier à son prêteur tant que la somme n’a pas été acquittée. La relation entre Perrichon et Majorin peut symboliser celle entre un créancier et le débiteur.

Joseph est le domestique du Commandant Mathieu. C’est un personnage bienveillant pour son maître cependant, il est ancré dans la réalité et reste persuadé que son maître finira par rentrer plus vite que prévu et retourner avec Anita. Bien qu’il paraisse fatigué de la situation, il se montre toujours aussi prévenant et agréable envers son maître.

Jean est le domestique de Perrichon. C’est un personnage prévenant qui, au cours de l’intrigue, a le malheur d’assister, en tant que témoin, aux excuses de son maître envers le Commandant. C’est ce qui poussera Perrichon à vouloir se débarrasser de lui. Jean est victime du manque de considération de son maître envers les personnes qui lui sont inférieures.

Analyse de l’oeuvre

Une compétition amicale

Le voyage de M. Perrichon met en scène une compétition amoureuse entre deux amis, Daniel et Armand, qui rivalisent pour gagner les faveurs de Henriette. La pièce se conclut lorsque Perrichon accorde la main de sa fille à Armand, consacrant ainsi un vainqueur et un perdant. Cette thématique de compétition est présente tout au long de la pièce.

La rivalité débute par une poignée de mains, et s’inscrit dans une ambiance amicale où les deux personnages tentent de séduire Henriette sans jamais se dénigrer. Bien que Daniel se montre plus fourbe qu’Armand, il ne tient aucun propos malveillant envers son rival. Leur compétition n’altère pas la sympathie qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. À la fin, quand Armand est déclaré vainqueur par Perrichon, Daniel accepte sa défaite en lui serrant la main, à l’image de deux sportifs.

Cependant, même si les deux hommes ne s’affrontent pas ouvertement et ne se provoquent pas de manière explicite, ils n’hésitent pas à lancer de petites piques pour impressionner leur adversaire. Lors de leur dernier entretien, Daniel, qui crie victoire trop vite, explique les raisons de sa défaite à Armand en lui prodiguant quelques conseils. Ainsi, la compétition est bien présente, mais l’esprit de camaraderie et l’expérience l’emportent sur l’enjeu amoureux.

Stratégies de domination face à l’orgueil de Perrichon : héroïsme et flatterie

Pour dominer leur adversaire, les deux personnages utilisent des techniques différentes. Armand cherche à montrer son caractère serviable et se présente comme un héros aux yeux de la mère et de la fille. De son côté, Daniel perçoit la personnalité du père et souhaite exploiter son ego en le flattant, utilisant la vanité du patriarche à son avantage.

Au départ, il est difficile de discerner que Perrichon est un père orgueilleux et égocentrique, mais ce caractère se dévoile lorsqu’il s’entretient avec Daniel après avoir été sauvé par Armand. On comprend rapidement qu’il ne lui est pas reconnaissant. Cette ingratitude n’est pas explicite, mais elle transparaît à travers la distance que Perrichon met lorsqu’il parle d’Armand, le mentionnant par son nom de famille comme s’il voulait l’éloigner de sa vie. Ainsi, le sauvetage d’Armand rappelle à Perrichon trois points négatifs : son incapacité à monter à cheval, son erreur d’avoir porté des éperons malgré l’avis de sa femme et sa chute ridicule en public.

La vanité de Perrichon prend de l’ampleur lorsqu’il croit avoir sauvé Daniel. Cela lui offre l’opportunité de se montrer digne et de se valoriser plus qu’il ne l’est en réalité. Si Armand incarne ses échecs et sa faiblesse en tant qu’homme important, Daniel représente sa bravoure et son courage. C’est pour ces raisons que Perrichon souhaite accorder la main de sa fille à Daniel. Il préfère rester dans l’illusion plutôt que d’être ancré dans la réalité : il accepte le combat contre le Commandant pour montrer au monde à quel point il est héroïque, mais s’arrange pour s’assurer que le duel n’aura pas lieu. À la fin, il vérifie auprès de Daniel que personne ne saura qu’il ne lui a pas réellement sauvé la vie. Perrichon est très représentatif du milieu bourgeois de l’époque, où il faut constamment sauver les apparences.

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