Littérature

Georges Perec, Les Choses : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

En 1965, Georges Perec, un écrivain français, a écrit Les Choses, une œuvre pour laquelle il a reçu le Prix Renaudot. Explorons ce roman dans lequel un couple des années 60 se retrouve pris au piège dans cette société de consommation.

Résumé détaillé chapitre par chapitre de Les Choses de Georges Perec

PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE 1

Le narrateur décrit trois pièces d’une maison : un long salon avec des bibliothèques, des divans et des objets précieux, une chambre avec un grand lit, une salle de bains et un bureau rempli de livres et de revues. Les décors sont décrits avec des tons chauds et des touches de couleurs vives, créant une atmosphère accueillante et apaisante. Vivre ici, ce serait réaliser un idéal de simplicité et de bonheur partagé. Ici, les tâches matérielles se résolvent naturellement, la passion pour la culture est constamment nourrie et l’équilibre de la vie est préservé.

CHAPITRE 2

Un jeune couple, Sylvie et Jérôme, aspire à la richesse et rêve de vivre dans le luxe. En tant que psychologues, ils vivent dans un petit appartement de 35 mètres carrés situé dans un quartier agréable. Cependant, ils se sentent étouffés par le manque d’espace et rêvent constamment d’agrandir et de réorganiser leur domicile. La perspective de dépenser du temps, de l’énergie et de l’argent dans des rénovations les paralyse cependant, les laissant vivre dans un statu quo provisoire. Ils aspirent à une vie plus luxueuse, à posséder des biens matériels de haute qualité, mais cette aspiration semble plus axée sur les signes extérieurs de la richesse que sur un véritable désir d’améliorer leur qualité de vie. En fin de compte, le fossé entre leurs rêves et leur manque d’action les laisse insatisfaits. Malgré leurs efforts pour affiner leurs goûts et canaliser leurs désirs, ils se sentent perdus et impatients, en quête constante de plus. Ils attendent impatiemment que l’argent arrive pour concrétiser leurs rêves.

CHAPITRE 3

Jérôme a vingt-quatre ans et Sylvie, vingt-deux ans. Ils travaillent, tous deux, dans l’industrie des études de motivation, attirés par le potentiel d’un meilleur style de vie plutôt que par un véritable amour pour le métier. D’abord, ils commencent en administrant des questionnaires et progressent rapidement en raison de la demande croissante pour ce genre de travail. Ils gravissent les échelons de l’industrie jusqu’à la position d’analystes de contenu, où ils étudient des sujets variés allant des aspirateurs aux préférences alimentaires. Leur travail, bien que pas toujours passionnant, leur apporte un sentiment d’accomplissement et les aide à mieux comprendre le monde.

Épris de la mode anglaise, ils rêvent de voyager à Londres. À Paris, ils ont commencé à acheter des vêtements de qualité avec l’argent qu’ils gagnaient. Ils ont également découvert le marché aux puces, où ils trouvaient des vêtements de marque américaine à des prix abordables. Leur style changeait avec l’argent, suscitant des besoins nouveaux et transformant la vision qu’ils avaient d’eux-mêmes. Ils ont commencé à s’intéresser à la mode, aux meubles, à l’immobilier, et même à l’ambiance des rues. Malgré un sentiment de vide, ils se sont sentis ouverts et exaltés par cette nouvelle vie. Ils ont quitté leur ancienne chambre pour un petit appartement près du Jardin des Plantes, pour explorer Paris et ses richesses. Ils ont petit à petit compris ce que signifie être un “honnête homme“, à travers une transformation progressive de leur mode de vie.

CHAPITRE 4

Ce couple et leurs amis évoluent dans le monde de la publicité, partageant des goûts et des expériences communs. Leur camaraderie est renforcée par des dîners animés et des discussions sur la vie et l’amour. Malgré leur mépris pour L’Express, ils continuent à le lire, car il reflète leurs préoccupations quotidiennes, même si elles sont souvent déformées. Ils aspirent à la réussite et à l’opulence des grands bourgeois, mais sont limités financièrement. Leur passion commune est le cinéma, où ils cherchent des films captivants et rêvent d’un chef-d’œuvre parfait.

CHAPITRE 5

Jérôme et Sylvie mènent une vie paisible et insouciante, appréciant les plaisirs simples. Toutefois, ils sont confrontés au dilemme de choisir une carrière stable ou de maintenir leur liberté. Malgré des expériences insatisfaisantes dans le monde du travail et des défis financiers, ils aspirent à une existence de tranquillité et d’indépendance. L’histoire illustre la quête d’un homme qui, malgré la promesse d’un avenir prospère, se trouve coincé dans une routine de travail épuisante, réalisant que sa vie a été consacrée à travailler plutôt qu’à atteindre ses véritables objectifs. Alors que la société associe souvent le bonheur à la possession matérielle, Jérôme et Sylvie cherchent à accéder à leur bonheur immédiatement, se distinguant par leur désir de liberté et leur impatience.

CHAPITRE 6

Dans une vie où la précarité et l’incertitude règnent, le couple tente de trouver son bonheur et sa liberté. Malheureusement, l’angoisse financière est une ombre omniprésente qui menace leur union et leur joie. Leur lutte constante pour subsister engendre des disputes et des tensions. Malgré la rêverie d’un avenir plus stable, ils trouvent une certaine beauté dans leur vie chaotique et insouciante.

CHAPITRE 7

Dans une atmosphère mélancolique et floue, Jérôme et Sylvie s’interrogent sur leur rôle dans le monde. Évoluant dans le milieu de la publicité, ils méprisent la politique, tout en se sentant distants de la guerre d’Algérie qui se déroule sous leurs yeux. Malgré une participation épisodique et nonchalante à des manifestations et autres actions, ils ne parviennent pas à se sentir véritablement engagés. Après un attentat, leur activisme s’essouffle, mettant fin à leurs efforts maladroits pour trouver un sens dans un monde complexe et ambigu.

CHAPITRE 8

Après la guerre, Jérôme et Sylvie luttent contre l’ennui et la nostalgie, ressentant un manque de sens dans leur vie. Malgré le désir de stabilité, ils se sentent étouffés par une société mercantile et sans enjeux. Leur groupe d’amis se disperse sous l’effet de l’âge et des besoins financiers, laissant place à une vie plus conventionnelle, mais sans passion. Leurs chemins se séparent lorsqu’un couple devient soudainement riche tandis que l’autre couple privilégie sa liberté, engendrant un conflit. Jérôme et Sylvie rêvent de richesse et d’une vie luxueuse, mais sont déroutés par la réalité de cette société de consommation.

CHAPITRE 9

Le couple nourrit un désir obsessionnel de devenir riche, et ses rêves de fortune les hantent profondément. Ils s’imaginent découvrir des héritages, remporter des gains au tiercé ou trouver des trésors inattendus. Leur obsession les pousse à fréquenter les ventes aux enchères et à suivre les acquéreurs potentiels dans de somptueuses demeures, alimentant ainsi leur désir de richesse. Cependant, malgré leurs fantasmes, ils demeurent insatisfaits et frustrés. Ils en viennent même à rêver de voler des œuvres d’art, planifiant méticuleusement leurs cambriolages et leurs évasions. Néanmoins, au lieu de passer à l’acte, ils se contentent de jouer passionnément au poker, sans prendre de grands risques. Malgré cela, chaque victoire leur procure une sensation de triomphe et crée en eux une illusion d’héroïsme.

CHAPITRE 10

Une enquête agricole les emmène à travers la France, où ils découvrent des exploitations prospères et des paysages pittoresques. Cependant, malgré l’abondance et la beauté qu’ils rencontrent, ils ressentent un sentiment de vide, réalisant que leurs rêves de bonheur restent inaccessibles. Ils se retrouvent finalement seuls, confrontés à la réalité de leur modeste existence.

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE 1

Le couple tente de partir en voyage, mais ne concrétise pas leur désir. Dans le journal Le Monde, ils découvrent une offre d’emploi pour un poste d’enseignant en Tunisie. Il fuit la vie parisienne monotone pour que Sylvie puisse enseigner. L’expérience se solde par un échec et Jérôme finit par quitter son emploi en raison de la médiocrité de son poste. Ils s’installent à Sfax, dans un appartement que les futurs collègues de Sylvie trouvent. C’est un appartement vide et froid, bien trop vaste pour eux, mais ils tentent, tant bien que mal, de le rendre chaleureux afin qu’ils puissent s’y sentir chez eux. Après huit mois dans la région, ils n’arrivent pas à s’intégrer et se sentent à la fois oppressés et étrangers dans cette ville. Leur vie est monotone, rythmée par l’emploi du temps de Sylvie. Leurs semaines s’écoulent mécaniquement, avec peu de variation, et leur vie continue sans beaucoup d’excitation ou de changement. Ils passent tout de même quelques moments agréables au cinéma. Malgré ses efforts pour trouver du travail, le manque de qualifications de Jérôme entrave son succès. Le maigre salaire de Sylvie en tant qu’enseignante leur permet à peine de survivre. Jérôme erre sans but tandis que Sylvie tente d’inspirer des élèves désintéressés.

CHAPITRE 2

Dans la ville de Sfax, malgré l’apparence de foules animées dans les rues principales, une profonde solitude imprègne les lieux. Jérôme et Sylvie se sentent exclus et isolés, comme s’ils n’appartenaient pas à ce monde. Ils cherchent des signes de connexion, mais en vain. Ils restent des étrangers, invisibles pour les habitants locaux qui les ignorent. Sylvie et Jérôme se sentent isolés et méprisés par leurs collègues et la communauté locale. Ils vivent dans un vide culturel et social, sans amitiés ni échanges avec les autres. Ils ne s’adaptent pas à leur nouvel environnement et perdent tout lien avec le monde extérieur. Leur vie devient routinière et dénuée de sens, une existence monotone et vide.

CHAPITRE 3

En cherchant à échapper à la monotonie de leur ville, le couple décide de voyager en Tunisie au cours du mois d’avril. Ils visitent différents endroits, mais se retrouvent souvent confrontés à la même morosité et aridité qu’ils cherchent à fuir. Malgré les rencontres avec des habitants locaux et la découverte des souks, ils ne parviennent pas à trouver l’excitation et l’enchantement qu’ils espèrent. Leur voyage ne fait que renforcer leur propre solitude et leur désolation intérieure. Jérôme et Sylvie découvrent leur maison de rêve dans la ville d’Hammamet, qui appartient à un riche couple anglais vieillissant. Malgré le luxe et l’hospitalité, ils se sentent déconnectés et dépourvus d’appartenance. Sylvie et Jérôme réalisent que leurs anciens désirs et aspirations n’ont plus de sens dans leur vie. Ils sont désormais indifférents et perdus. Au fil du temps, ils deviennent de simples observateurs, ne sachant plus ce qu’ils veulent ni qui ils sont. À la fin de ce voyage, qui ne leur a rien appris, ils éprouvent un sentiment de perte et de désillusion.

ÉPILOGUE

Le narrateur tente de proposer un avenir possible à Jérôme et Sylvie, qui finiront par retourner à Paris. Cependant, leur retour sera décevant et ils regretteront leur vie passée. Ils essaieront de s’adapter, mais se sentiront piégés, rêvant de s’évader à la campagne ou de retourner à Sfax. Finalement, ils décideront de mettre fin à leur insatisfaction et chercheront de nouvelles opportunités d’emploi. Ils parviendront à obtenir des entretiens et trouveront tous deux un poste dans une agence publicitaire à Bordeaux. Ils prépareront leur départ, vendront leurs affaires, s’imaginant une vie de luxe et de confort avec un magnifique appartement, des meubles élégants, une belle bibliothèque et toutes les commodités. Vivant dans l’opulence, ils profiteront de leur jeunesse.

À l’aise dans leurs vêtements lors du voyage en train à travers la campagne, ils seront néanmoins profondément déçus lorsqu’ils découvriront que le repas servi est insipide. Ce sera un retour à la réalité et un éternel recommencement.

L’épilogue prend fin sur une citation de Karl Marx : “Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle-même vraie ; la recherche vraie, c’est la vérité déployée, dont les membres épars se réunissent dans le résultat.

Présentation des personnages

Dans Les Choses, Georges Perec déploie un talent littéraire remarquable en modelant le couple comme une entité unifiée plutôt que comme deux individus distincts. Bien que nous fassions la connaissance de deux protagonistes, Jérôme et Sylvie, tous deux âgés de moins de trente ans, c’est la fusion du couple dans son ensemble qui prend toute son importance. Ainsi, il devient ardu d’établir les caractéristiques individuelles des deux personnages. Nous avons donc choisi de présenter ce couple parisien des années 60 qui incarne la vacuité et la quête matérielle de la société moderne.

Obsédés par l’argent et les possessions, le couple demeure incapable de trouver une passion ou un objectif dans son existence. Ils se définissent uniquement par les biens matériels qu’ils possèdent ou désirent ardemment. Ce qui frappe dans Les Choses, c’est l’absence d’identité chez les personnages, qui sont relégués au second plan, tandis que les objets deviennent les véritables protagonistes de l’histoire. Cette inversion des rôles met en lumière l’excès de matérialisme et le vide de sens qui jalonnent la vie des personnages. Leur insatisfaction perpétuelle les conduit à l’échec et à la déception.

Jérôme et Sylvie sont des figures anonymes qui incarnent le drame d’un couple frustré, incapable de passer des désirs inassouvis à des actions concrètes. Tout au long du roman, ils ne font que fantasmer leur existence, sans jamais concrétiser leurs rêves, gâchant ainsi tous les moments de bonheur qui s’offrent à eux.

Analyse de l’oeuvre

Dans Les Choses de Georges Perec, l’auteur déploie son talent d’observateur et offre une analyse perspicace des mœurs de son époque à travers la vie d’un couple, Jérôme et Sylvie. Ces personnages représentent les caractéristiques sociétales de leur temps, et Perec établit des liens avec les avancées sociologiques des années 60, notamment l’influence de Pierre Bourdieu. En examinant la relation étroite entre la société de consommation et la construction de l’identité individuelle, Perec soulève des questions sociologiques cruciales. Il suggère que la société de consommation exerce une influence sur les choix, les aspirations et les relations humaines, entraînant ainsi une forme d’aliénation. Les objets deviennent des symboles de statut social et de réussite, déterminant la valeur et la position des individus au sein de la société.

De plus, Perec explore également la manière dont les structures sociales et économiques façonnent la vie des personnages. Jérôme et Sylvie se trouvent pris dans un cercle vicieux de travail, de publicités et de dettes liées à la consommation, tout cela afin de maintenir leur mode de vie matérialiste. Leur relation et leur bonheur sont conditionnés par cette quête effrénée de possession d’objets.

Ainsi, les protagonistes deviennent victimes de la société de consommation qui les définit par leurs possessions. Leur identité se construit uniquement à travers leurs actes d’achat, mais cette quête est sans fin. La consommation les paralyse et les empêche de vivre pleinement. Ils sont entourés d’une accumulation d’objets réels ou imaginaires et perdent le contrôle de leur propre existence.

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