Publiée dans Le Gaulois le 5 décembre 1882, l’œuvre La Bécasse de Guy de Maupassant est une courte nouvelle de deux pages qui permet d’introduire les autres nouvelles du recueil Contes de la Bécasse. Découvrons ensemble cette courte introduction.
Résumé de de Contes de la Bécasse – “La Bécasse” de Guy de Maupassant
Le vieux baron des Ravots était un chasseur passionné et respecté de sa province pendant quarante ans, mais suite à une paralysie des jambes, il était maintenant cloué à son fauteuil. Toutefois, cela ne l’empêchait pas de tirer des pigeons depuis sa fenêtre ou de son perron, lisant le reste du temps. Chaque année à la saison de la chasse, les chasseurs locaux sont conviés au “conte de la Bécasse“, une tradition bien ancrée. Au cours de cet événement, chaque invité déguste une bécasse et remet sa tête au baron. Ce dernier place alors les têtes sur le goulot d’une bouteille qu’il fait tourner, et le bec de l’oiseau pointe le gagnant qui aura l’honneur de raconter une histoire captivante à l’ensemble des convives en mangeant les têtes. Ces histoires sont consignées dans les Contes de la Bécasse et sont transmises par les chasseurs. Certaines d’entre elles sont même en lien avec le conte initial La bécasse.
Présentation des personnages
Le baron des Ravots est un homme âgé qui adore la chasse, toutefois, il est paralysé des jambes et doit rester dans son fauteuil. Malgré son handicap, il poursuit sa passion en tirant des pigeons depuis sa fenêtre ou son perron, avec l’aide de ses domestiques. Il est décrit comme aimable, cultivé à la manière des siècles passés, et passionné par les contes et les histoires vraies.
Joseph est un domestique, chargé de s’occuper de son maître, le baron Ravot. Il est décrit comme un personnage sympathique et fidèle, dont la présence est rassurante pour le baron. Il est attentif aux besoins de son maître et sait comment lui fournir le soutien dont il a besoin pour profiter de sa passion de chasse malgré sa paralysie. Sa loyauté et son dévouement pour le baron sont donc très appréciés par ce dernier.
Présentation de l’auteur
Guy de Maupassant était un écrivain français célèbre pour ses romans et nouvelles qui mêlent réalisme et fantastique, avec des thèmes tels que la méchanceté et l’horreur. Bien qu’il soit né à Fécamp, sa mère, par snobisme, avait prétendu qu’il était né au château de Miromesnil. Il a développé une sensibilité particulière à la violence dès son plus jeune âge et a poursuivi ses études dans un collège religieux à Yvetot et un lycée à Rouen. Après avoir été mobilisé lors de la guerre contre la Prusse en 1870, il a eu une carrière médiocre de fonctionnaire à Paris, mais a commencé à écrire sous l’influence de Flaubert, ami d’enfance de sa mère, qui est devenu son père spirituel. Maupassant a également participé à l’élaboration du recueil collectif des Soirées de Médan (1880), manifeste de l’école naturaliste, où il a publié son premier récit, Boule-de-Suif, qui a remporté un grand succès et l’a fait connaître dans les cercles littéraires parisiens.
Maupassant a abandonné son travail au ministère de l’Instruction publique pour se consacrer à l’écriture, publiant environ quinze recueils de contes et de nouvelles, six romans et de nombreux articles de journaux. Ses premières œuvres étaient principalement des nouvelles, telles que la Maison Tellier (1881), les Contes de la bécasse (1883) et les Contes du jour et de la nuit (1885), qui mettaient en avant la cruauté et l’égoïsme qui règnent chez les humains. Le style de Maupassant reprend certains des traits typiques de l’écriture réaliste et naturaliste, mais il a également expérimenté avec le fantastique, mélangeant le réel et l’imaginaire. Ses œuvres explorent des thèmes tels que la peur, le double et la folie. Il a également écrit des romans, dont Bel-Ami, qui est devenu l’une de ses oeuvres les plus célèbres.
Maupassant avait une liaison avec Joséphine, qui a donné naissance à un enfant déclaré de père inconnu, mais qui pourrait être de lui. En 1892, il a tenté de se suicider, mais a échoué et a été admis à la maison de santé du docteur Blanche, où il est resté jusqu’à sa mort le 6 juillet 1893. Il a été enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.
Analyse de l’oeuvre
La Bécasse est le premier conte de ce recueil. Il traite d’une coutume particulière de la maison, appelée le “conte de la Bécasse“, qui consiste à choisir grâce à une sorte de jeu de hasard celui qui aura l’honneur de raconter une histoire.
Le style d’écriture est simple et clair, mais il est empreint d’une certaine nostalgie pour un temps révolu, avec l’utilisation de phrases telles que “à l’ancien temps” et “l’esprit lettré du dernier siècle“. La nouvelle offre une vision charmante et un peu surannée de la vie d’un aristocrate chasseur, tout en offrant une certaine critique implicite de cette classe sociale.
Cette courte nouvelle permet de faire office d’introduction au recueil Contes de la Bécasse dans lequel on retrouve Seize nouvelles sur diverses thématiques.
Ainsi, Contes de la bécasse, suggère un lien avec la chasse, comme dans les Mémoires d’un chasseur de Tourgueniev. Néanmoins, seuls quatres contes de ce recueil ont vraiment un lien plus ou moins direct avec cette thématique : Farce Normande, Un Coq Chanta, La Folle et La Peur.
Dans Un Coq Chanta, l’auteur français établit une similitude entre la chasse et la possession érotique, où Mme Berthe d’Avancelles promet à Joseph de Croissard de devenir sa maîtresse après la chasse au sanglier. Les rapports entre les sexes peuvent être inversés, la femme devenant chasseresse et l’homme une proie faible. Farce normande lie également la passion de la chasse à celle du désir sexuel, avec Jean Patu, un chasseur frénétique, qui perd le sens de la réalité pour satisfaire sa passion. La tyrannie de la passion cynégétique fait oublier le devoir conjugal dans cette nouvelle.
Dans La Folle, l’histoire est racontée par un chasseur et entraîne vers d’autres connexions du thème. Maupassant condamne la chasse à l’homme et souhaite que la guerre ne soit plus jamais vue par nos enfants. La veine farcesque est omniprésente dans ce recueil, illustrant souvent les fortes brutalités de la nature ou des hommes.