Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, Le Testament : résumé, personnages et analyse

Page de titre du dossier de lecture comportant un résumé de Le Testament des Contes de la Bécasse de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

Dédiée à Paul Hervieu, un romancier français, la nouvelle de Guy de Maupassant, Le Testament, apparaît dans la revue Gil Blas le 7 novembre 1882 avant d’apparaître dans le recueil Contes de la Bécasse. Explorons cette œuvre ensemble.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “Le Testament” de Guy de Maupassant

Au cours d’un dîner avec M. René de Bourneval, le narrateur s’étonne que ses frères, M. de Courcils, ne portent pas le même nom que lui. René se met alors à lui raconter l’histoire de sa vie. Lorsqu’elle était jeune, sa mère épousa M. de Courcils, un gentilhomme de la campagne, dur et froid, qui ne convoitait que sa fortune. Dès les premiers mois, il la trompa. Parmi les amis du couple, il y avait M. Simon de Bourneval, “un ancien officier de cavalerie“. Épris de Mme Courcils, ils devinrent amants. René était l’enfant cadet de la famille. Ses deux grands frères étaient très durs avec leur mère. Si bien que cette dernière développât tout son amour pour René. Celui-ci était âgé de dix-huit ans lorsque sa mère est décédée. M. et Mme de Courcils vivaient sous un régime de séparation de biens, ce qui a donné à la mère la liberté de rédiger son testament à sa guise.

Le notaire invita M. de Courcils, ses trois fils et M. de Bourneval pour la lecture du testament où ils apprirent qu’elle léguait toute sa fortune à M. de Bourneval qui était le véritable père de René. En apprenant ça, M. de Courcils s’énerva, en précisant que c’était “le testament d’une folle. M. de Courcils. M. de Bourneval expliqua que tout était vrai et qu’il avait des lettres pour le témoigner. Il décida de partir en invitant René, son fils légitime, à le suivre. Celui-ci accepta. M. de Bourneval tua M. de Courcils au cours d’un duel. René donna une partie de sa fortune à ses deux frères. Puis, il décida de prendre de rejeter le nom que la loi lui avait donné au profit de M. de Bourneval. Il explique que son père est mort depuis cinq ans et qu’il est encore peiné. Pour lui, le testament de sa mère est l'”une des choses les plus belles, les plus loyales, les plus grandes qu’une femme puisse accomplir.

Présentation des personnages

René de Bourneval est un homme qui incarne le scepticisme, la tristesse et la désillusion. Sa vision du monde est très pessimiste, comme le montre la célèbre phrase qu’il répétait souvent : “Il n’y a pas d’hommes honnêtes ; ou du moins ils ne le sont que relativement aux crapules.“. Il est issu d’une famille compliquée, avec une mère martyrisée par un mari rustre et infidèle, et des frères durs envers elle. Il est le seul à avoir aimé vraiment sa mère et à avoir été aimé d’elle. Lorsque celle-ci meurt, son testament révèle une liaison secrète avec un homme nommé Pierre-Germer-Simon de Bourneval, qui est en réalité le véritable père de René. Ce testament est une révolte posthume de la mère, qui refuse de se soumettre aux conventions sociales et morales et qui choisit de léguer sa fortune à son amant bien-aimé plutôt qu’à ses fils ingrats. Cette révélation provoque un duel entre Pierre-Germer-Simon de Bourneval et le mari infidèle de la mère, qui se termine par la mort de ce dernier. Profondément marqué par cette histoire, René renonce à son nom de famille pour prendre celui de son véritable père. Sa position vis-à-vis du testament de sa mère est clairement positive : il le considère comme l'”une des chose les plus belles, les plus loyales, et les plus grandes” qu’une femme puisse accomplir. René de Bourneval incarne la révolte contre les conventions sociales et morales. Il défend les valeurs de liberté et d’indépendance individuelle.

Madame de Courcils, de son vrai nom Anne-Catherine-Geneviève-Mathilde de Croixluce, est la mère de René. C’est une jolie blonde timide et délicate. Elle a été mariée à un homme qui l’a maltraitée toute sa vie, mais elle est restée silencieuse et a vécu dans l’ombre de son mari. Cette femme aimante a été trompée, opprimée et délaissée par son mari et ses fils aînés, mais a été aimée par Simon de Bourneval, un ancien officier de cavalerie qui était un ami du couple. Sa liaison avec Simon de Bourneval est restée secrète. Cette relation lui a permis d’adopter de nouvelles manières de penser l’amour. Son testament est un moyen de se venger contre les personnes qui l’ont fait souffrir de son vivant. C’est l'”une des choses les plus belles, les plus loyales, les plus grandes qu’une femme puisse accomplir.“. Madame de Courcils incarne la souffrance des femmes qui sont maltraitées et opprimées par leur mari et qui n’ont pas le courage de se rebeller. Elle représente aussi la liberté et l’indépendance que les femmes devraient avoir. Son testament est un acte de rébellion contre les lois et les coutumes inhumaines qui oppriment les femmes et les empêchent de vivre librement. Madame de Courcils est un personnage qui symbolise l’espoir et la lutte pour la liberté et l’égalité des femmes.

Jean-Léopold-Joseph de Courcils est un gentilhomme campagnard rustre qui a épousé la mère de René pour sa fortune. Rapidement, il a commencé à avoir des maîtresses (les femmes et les filles de ses fermiers, sa servante). Malgré cela, M. de Courcils a eu deux enfants avec la mère de René. C’est un homme cupide et impoli qui se montre impulsif. Il incarne la figure d’autorité, mais également la suprématie du patriarche qui a tous les pouvoirs sur sa femme. Il est dur avec elle et fait en sorte que ses fils suivent son exemple.

Pierre-Germer-Simon de Bourneval est un ancien officier de cavalerie qui vient souvent au château de M. de Courcils. Il est décrit comme un homme tendre, mais capable de prendre des décisions énergiques, ce qui sera révélé plus tard dans la nouvelle lorsqu’il tue son rival M. de Courcils lors d’un duel. Simon est un homme instruit qu’il a sans doute hérité de son arrière-grand-mère qui était une très bonne amie de J.-J. Rousseau, et il connaît bien les ouvrages philosophiques qui ont préparé le bouleversement de la société à venir. Il a aimé la mère de René, une liaison qui est restée cachée et inconnue de tous. Cette atmosphère secrète a rendu l’annonce de la liaison particulièrement choquante pour la famille.

Messieurs de Courcils sont les deux grands frères de René. En termes de comportement et de valeurs, ils sont à l’opposé de leur frère cadet. Ils se montrent durs et méprisants envers leur mère. Lorsque le notaire lit le testament de leur mère, ils sont choqués et mécontents de voir qu’elle ne leur lègue rien. Lorsque leur père est mort à la suite du duel avec M. de Bourneval, ils ont préféré se taire pour éviter un scandale. Ils reçoivent la moitié de l’héritage de leurs mères grâce à leur frère.

Le notaire n’est pas un personnage central de l’histoire. C’est lui qui invite les différents personnages intéressés pour faire la lecture du testament de Mme de Courcils. Il représente donc la loi et l’ordre établi. Il a donc le rôle du messager.

Le narrateur n’a pas un rôle majeur dans l’histoire. Il est présent pour nous restituer l’histoire que lui a conté René de Bourneval au cours d’un dîner.

Analyse de l’oeuvre

La quête d’identité

La question de l’identité est centrale dans cette nouvelle, particulièrement en ce qui concerne le personnage de René de Bourneval. Au début, le narrateur le décrit comme un homme sceptique, désabusé de cette hypocrisie sociétale. Cependant, lorsqu’il révèle à son ami l’histoire de sa vie, le personnage de René prend une nouvelle dimension. Il apparaît comme un homme en quête d’identité, qui a été privé de son nom et de sa filiation par un non-dit qui ne sera révélé qu’à la lecture du testament.
En effet, ce dernier met en lumière le père biologique de René et lui lègue une partie de sa fortune. Cet épisode est un élément clé de cette quête d’identité. Il révèle le secret de sa naissance et permet à René de Bourneval de réaffirmer son nom et sa filiation. En prenant le nom de son père biologique et en renonçant à celui que la loi lui donnait, René exprime son attachement à sa véritable identité et son refus d’être défini par les normes sociales et légales.

Le conflit avec sa famille, qui n’a pas accepté le testament et a préféré taire la vérité, met en lumière les enjeux de l’identité et de l’appartenance.
Sa quête est celle de tout être humain qui cherche à se connaître et à se réaliser, malgré les obstacles et les résistances de son environnement.

La lutte contre les conventions sociales

Maupassant met en lumière la lutte contre les conventions sociales et les préjugés à travers l’histoire de René de Bourneval et de sa mère, Mathilde de Croixluce, l’épouse de M. de Courcils.
La lecture du testament entraîne un conflit entre René et sa famille, qui le considèrent comme illégitime. La lutte contre les conventions sociales et les préjugés est donc au cœur de cette nouvelle, avec une mère qui se révolte contre les normes sociales oppressives qui l’ont étouffée toute sa vie et un fils qui doit affronter les conséquences de cette révolte. René doit lutter pour s’affirmer et réclamer son identité, tandis que sa famille essaie de le dénigrer en raison de ses origines. Le testament de Mathilde de Croixluce incarne la libération d’une femme soumise à des normes sociales et à des conventions oppressives, en affirmant la primauté de l’affection constante sur les liens du sang.

Justice et Vengeance

Dans cette nouvelle, la mère de René, en tant que femme, n’a pas pu obtenir de justice de son vivant. Elle s’est laissée opprimer par un mari qui ne l’avait épousé que pour avoir sa fortune. Vers la fin du XIXe siècle, les hommes étaient considérés comme supérieurs par rapport aux femmes. Cette vision était souvent soutenue par des arguments pseudo scientifiques tels que la théorie de la “différence des sexes” qui prétendait que les hommes étaient prédisposés à des fonctions telles que la politique et la gestion, tandis que les femmes étaient plus adaptées à des tâches domestiques et à l’éducation des enfants. Les hommes étaient considérés comme des êtres plus intelligents et plus forts que les femmes, disposant d’une capacité à raisonner plus importante. Ainsi, les femmes étaient peu considérées et, bien souvent, elles étaient des propriétés de leur mari, comme c’est le cas de la mère de René. De son vivant, cette dernière subit l’infidélité de son mari et l’oppression des hommes de sa famille. Elle est dépossédée de son rôle d’épouse et de mère pour être considérée comme une moins-que-rien. Toutefois, elle peut compter sur le soutien de son fils cadet qui est le résultat du fruit de son réel amour : René de Bourneval, auquel elle est obligée de dissimuler sa vraie identité puisque son acte est répréhensible. En effet, à cette époque, la société valorisait la virilité et la sexualité masculine. La femme, quant à elle, devait rester chaste et vertueuse pour être considéré comme une femme respectable. Ainsi de son vivant, la mère de René n’a jamais pu obtenir justice pour les nombreux affronts qu’elle a reçus. Cependant, sa mort lui donne l’opportunité de remettre les compteurs à zéro. Elle n’est plus obligée de mentir. Les non-dits éclatent et elle se sert de son testament pour se venger de ses oppresseurs.
À cette époque, ce style de testament pouvait être considéré comme illégale, d’autant plus qu’il est illégitime pour une femme de pouvoir énoncer des vœux pareils. Néanmoins, M. de Courcils et ses fils restent silencieux sur cette affaire pour ne pas devoir essuyer un scandale. C’est une époque de faux-semblant où l’hypocrisie règne en maître, comme l’explique René de Bourneval.

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