Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, Menuet : résumé, personnages et analyse

Première page du dossier littéraire de Maupassant avec le résumé de Menuet extrait des Contes de la Bécasse.
Ecrit par Les Résumés

La nouvelle intitulée Menuet est tout d’abord parue dans Le Gaulois le 20 novembre 1882, avant d’être incluse dans le recueil Contes de la Bécasse. Partons à la découverte de cette rencontre intergénérationnelle entre un jeune, Jean Bridelle et un couple démodé qui inspire à la fois de la tendresse et de la pitié.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “Menuet” de Guy de Maupassant

À l’âge de cinquante ans, Jean Bridelle se définit comme un sceptique insensible aux grandes tragédies de la vie, mais qui est profondément touché par de petites choses qui remuent son monde intérieur. Il revient sur un événement de sa vie dont il a été témoin lorsqu’il étudiait le droit à Paris. Il avait l’habitude de se promener dans la pépinière du jardin du Luxembourg tous les matins. Il profitait de ces moments de calme pour lire un peu. Un jour, il observe un vieillard étrange qui, se croyant seul, se met à danser. Après s’être lié d’amitié avec lui, il apprend que l’homme était autrefois un maître de danse à l’Opéra de Paris et qu’il avait épousé élise, une célèbre danseuse, la Castris, appréciée du roi et des princes. Un jour, Jean Bridelle rencontre le vieil homme qui lui présente sa femme. Jean Bridelle lui demande une description du menuet et le couple lui fait une démonstration. Leur danse, bien que grotesque, le touche profondément. Après la démonstration, le couple éclate en sanglots et s’embrasse. Ils font part à Jean Bridelle de l’importance qu’a la pépinière pour eux. Par la suite, le narrateur part pour la province. Lorsqu’il revient deux ans plus tard, la pépinière est détruite. Le sort des vieux danseurs reste inconnu. Le narrateur est hanté par le souvenir de cette expérience, qui le trouble et le tourmente, sans qu’il sache pourquoi.

Présentation des personnages

Jean Bridelle est un homme de cinquante ans qui a vu les horreurs de la guerre et qui ne se laisse pas facilement émouvoir par les grands malheurs de la vie. Il dispose donc d’un certain cynisme. Cependant, il est également présenté comme étant profondément affecté par certaines choses, apparemment sans importance, ce qui suggère une sensibilité plus profonde. En effet, l’anecdote qu’il raconte met en lumière sa curiosité, son ouverture d’esprit et sa capacité à s’émerveiller devant des choses simples. Sa fascination pour le vieux danseur de l’Opéra et la tristesse qu’il ressent pour le couple peuvent symboliser la perte des plaisirs de la vie. D’autant plus que lorsqu’il revient à Paris, deux ans plus tard, la pépinière n’existe plus et le couple a disparu. Jean Bridelle est donc, dans cette histoire, le témoin de l’effet du temps sur les personnes (le couple) et les choses (la pépinière).

Le vieillard est un personnage énigmatique. D’autant plus que son nom ne sera jamais révélé dans la nouvelle. À la fois cynique et mélancolique, il a une grande passion pour la danse qu’il partage avec sa compagne, Élise, une grande danseuse. Il appartient à un temps reculé, qui ne coïncide plus avec ce monde vécu par le jeune Jean Bridelle. En un sens, il incarne cette ambivalence entre les plaisirs de la vie qui peuvent durer longtemps, mais également, faner et disparaître. Son histoire nous rappelle que le temps passe, que les choses et les gens changent, et que tout finit par s’effacer.

Élise, dite “La Castris“, est un personnage secondaire décrit par Jean comme une “toute vieille petite femme vêtue de noir“. Cette femme silencieuse et grave est l’épouse du vieillard. Ce dernier la présente comme une grande danseuse aimée des princes et du roi. Tout comme son mari, elle cultive la passion de la danse. Pour Jean, elle incarne l’image d’une “apparition lamentable et comique, l’ombre démodée d’un siècle“. Elle semble donc tout droit sortie d’un temps révolu. La pépinière, ce lieu qu’elle et son mari affectionnent tant, symbolise une sorte d’espace spatio-temporel où ils se sentent encore pleinement vivants. Lorsque la pépinière disparaît, Élise, tout comme son mari, disparaît. C’est comme si elle tirait sa révérence, laissant le monde à la prochaine génération.

Analyse d’oeuvre

Analyse littéraire

La nouvelle aborde le thème de la souffrance, qu’elle soit physique ou morale. Le personnage principal, Jean Bridelle, se montre insensibles aux grandes tragédies, comme la guerre, cependant, il ressent une profonde tristesse pour certaines choses apparemment bénignes : “certaines rencontres, certaines choses entr’aperçues, devinées, certains chagrins secrets, certaines perfidies du sort, qui remuent en nous tout un monde douloureux de pensées, qui entr’ouvrent devant nous brusquement la porte mystérieuse des souffrances morales, compliquées, incurables, d’autant plus profondes qu’elles semblent bénignes”.

Pour illustrer ses propos, il évoque un souvenir qui l’a profondément marqué lorsqu’il étudiait le droit à Paris. Il s’agit de sa rencontre avec un vieux danseur dans la pépinière du Luxembourg. Cette pépinière est décrite comme “un jardin oublié“, “un jardin joli” comme “un doux sourire de vieille“, où il aimait se promener seul pour fuir l’agitation de la ville. L’auteur français décrit ce lieu avec précision et poésie, utilisant des images qui renvoient à la nature et au temps qui passe.

La scène la plus touchante de la nouvelle est sans doute celle où le vieux danseur danse avec sa femme, “la Castris, une grande danseuse aimée des princes, aimée du roi, aimée de tout ce siècle galant qui semble avoir laissé dans le monde une odeur d’amour.” Maupassant décrit cette danse avec des mots simples, mais l’effet est saisissant : “Ils allaient et venaient avec des simagrées enfantines, se souriaient, se balançaient, s’inclinaient, sautillaient pareils à deux vieilles poupées qu’aurait fait danser une mécanique ancienne, un peu brisée, construite jadis par un ouvrier fort habile, suivant la manière de son temps“. On ressent à la fois la tristesse et la beauté de cette scène, qui symbolise la fragilité de la vie et la nostalgie du temps passé.

En effet, Menuet se présente comme une méditation sur la fragilité de la vie. C’est une sorte d’hymne à la fugacité du temps qui passe et la mélancolie qui en résulte. Le vieillard et sa femme, qui ont connu la gloire et la richesse dans leur jeunesse, sont maintenant réduits à passer leur temps dans un jardin public. Leur danse, qui fut autrefois considérée comme la plus noble des danses, est devenue obsolète et presque oubliée. La nostalgie du narrateur pour ce monde perdu est palpable, et il semble ressentir une profonde tristesse à la vue de ce couple qui représente la fin d’une époque. On ressent bien le décalage qui existe entre ce couple et le narrateur. Bien plus qu’une simple rencontre, nous avons à faire à une rencontre intergénérationnelle.

Analyse philosophique

Menuet soulève plusieurs questions philosophiques intéressantes, notamment sur la nature de la douleur et de la tristesse. Jean Bridelle, qui a vu de près la guerre et en a été témoin sans être affecté, souligne que les grandes tragédies peuvent nous faire pousser des cris d’horreur ou d’indignation, mais ne nous touchent pas personnellement. Les petites choses, quant à elles, et ce, même celles qui semblent bénignes, remuent en nous tout un monde de souffrances morales. Ainsi, avec son personnage Jean Bridelle, Maupassant s’interroge sur les différentes formes de malheurs et de douleurs que l’on peut éprouver dans la vie. Il met en lumière la complexité des émotions humaines et souligne que les traumatismes peuvent être causés par des événements apparemment insignifiants et que leur impact peut être difficile à surmonter.

Maupassant traite également de la nostalgie et du temps qui passe. Le narrateur se promenait dans la pépinière qui était comme “un jardin oublié de l’autre siècle“. Le vieil homme et sa femme y venaient tous les jours, comme s’ils ne pouvaient pas exister sans ce lieu. Le récit est construit autour de la description du lieu (la pépinière du Luxembourg) et des personnages (le narrateur et le vieillard dansant). La description du jardin est précise et poétique, évoquant un lieu de calme et de beauté, qui tranche avec l’agitation de la ville.

Nous avons donc à faire un deux cadres spatio-temporels bien distincts :

  • L’agitation de la ville, qui représente la modernité et le “nouveau monde” ;
  • La quiétude de la pépinière qui symbolise un monde ancien et révolu.

Vers la fin de la nouvelle, on se rend compte qu’effectivement, le couple et ce jardin sont indissociables. Avec la destruction de la pépinière, le couple disparaît définitivement, laissant mille et une questions au narrateur : “sont-ils morts ? Errent-ils par les rues modernes comme des exilés sans espoir ? Dansent-ils, spectres falots, un menuet fantastique entre les cyprès d’un cimetière, le long des sentiers bordés de tombes, au clair de lune ?

D’autre part, Maupassant s’interroge sur la signification de la danse dans la culture dans le sens où celle-ci permet d’exprimer des émotions que les mots ne peuvent transmettre. En effet, le vieil homme et sa femme représentent une époque révolue où la danse était une forme d’expression et de divertissement important. Par la danse, ils cherchent à préserver un mode de vie passé. Le narrateur exprime une profonde émotion en les regardant danser, combinant à la fois un sentiment de tristesse et de joie face à l’évocation de ce passé.

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