Portrait de l’artiste en jeune homme de James Joyce a été publié dans son intégralité en 1916. Auparavant, son œuvre avait été publiée sous forme de feuilleton. Découvrons ensemble cette œuvre qui se veut autobiographique dans laquelle l’auteur irlandais du XXème siècle nous explique les différentes étapes de sa vie qui lui ont permis de se constituer comme artiste.
Résumé détaillé chapitre par chapitre de Portrait de l’artiste en jeune homme de James Joyce
Chapitre 1
Étant enfant, Stephen Dedalus pensait aux choses que n’importe quel enfant pourrait penser : sa famille, les chansons, les histoires qu’on lui racontait, mais également les images et les sons.
Il se rappelle les premiers moments où la politique irlandaise est entrée dans sa vie. Il connaissait les noms de “Parnell” et de “Michael Davitt” mais il ne savait absolument pas qui ils étaient.
Dans la cour de récréation du pensionnat catholique où il est, Stephen est intimidé par Nasty Roche qui lui demande si son père est magistrat.
Dans la cour de l’école, les garçons jouent au football, mais Stephen est happé par ses pensées. Il attend impatiemment les vacances de Noël pour revenir auprès de sa famille. Il en vient à penser que sa tante, Dante, est une personne encore plus intelligente que les prêtres qu’il y a dans son école. Stephen est ramené à la réalité par la voix d’un garçon.
Durant le cours de mathématiques, deux équipes (York et Lancaster) s’affrontent, mais Stephen est une nouvelle distrait par le flot de ses pensées.
Wells intimide Stephen, c’est celui qui la poussé dans un fossé rempli d’eau boueuse.
En examinant la carte du monde, il se rend compte à quel point il est tout petit comparé à l’immensité qui s’offre sous ses yeux. Même s’il croit en Dieu, il ne comprend pas vraiment ce qu’est Dieu.
Stephen se rappelle d’une altercation virulente entre son père, Simon, et sa tante Dante pour savoir si Parnell était quelqu’un de méchant ou non. En les écoutant, il se sent si petit, car il ne comprend pas ce qu’est la politique.
Comme tous ces autres camarades, il se dirige à la chapelle, puis après la prière, il va dormir. Il chasse la peur du noir en pensant à Noël ainsi qu’à sa maison.
Le lendemain, il est malade et on l’emmène à l’infirmerie. Il pense à la mort et s’imagine une belle scène funéraire. A l’infirmerie, Athy lui raconte une blague qui n’amuse pas particulièrement Stephen. Son esprit vagabonde et il pense à la mort de Parnell.
Noël arrive enfin et pour la première fois, il peut manger avec les adultes. Stephen assiste à une discussion qui laisse place à une violente dispute. La tante pense que l’Église catholique doit avoir une influence sur la politique, mais M. Casey et Simon, le père de Stephen, sont opposés à cette idée. Confus, Stephen pense à Eileen, sa voisine qui est protestante et dont la tante explique que ceux-ci ne comprennent rien à la religion. Quoi qu’il en soit, Dante se range du côté de Dieu et M. Casey explique que l’Irlande en a marre de Dieu.
Quoi qu’il en soit, Dante se range du côté de Dieu et M. Casey explique que l’Irlande en a marre de Dieu. Stephen se rappelle qu’il a cassé ses lunettes et qu’il voit flou avant de revenir à la conversation. Selon Athy, ceux qui ont volé le vin ont été surpris à faire un acte sexuel ambigu. Cela rend tout le monde nerveux et tous spéculent pour savoir quelle sera leur punition.
Au cours d’une leçon d’écriture, Stephen pense à la rumeur sur le vol du vin. Il se demande si on peut imaginer un péché plus grand, mais il n’y arrive pas. En cours de latin, Stephen est horrifié de son professeur qui fait s’agenouiller Fleming au milieu de la classe pour avoir fait un mauvais devoir. Il se demande alors si c’est un péché pour les prêtres de se fâcher avec leurs élèves. Si c’est le cas, doivent-ils se confesser ? Le père Dolan, le préfet des études, entre et frappe la main de Fleming avec son pandybat. En voyant que Stephen n’écrit pas, il lui frappe aussi les mains en se fichant qu’il est cassé ses lunettes.
Ce passage à tabac injustifié ne passe pas pour Stephen. Se sentant indigné, il va en parler au recteur. Ce dernier lui explique qu’il va en parler au recteur. À son retour dans la récréation, il est acclamé comme un héros.
Chapitre 2
Nous sommes en été. Stephen est plus âgé et plus sage. Il profite des vacances d’été à Blackrock, là où il vit avec sa famille. Il passe une grande partie de son été avec son oncle Charles. Sans comprendre pourquoi son père l’inscrit dans un programme d’entraînement physique où l’ami de son père, Mike Flynn, le fait courir autour de la piste. A fumer à la chaîne, Stephen ne le trouve pas très encourageant en tant que coach sportif.
Stephen accompagne son oncle à la chapelle pour qu’il aille prier, mais Stephen a perdu la foi, il ne sait pas pourquoi son oncle prie.
Le dimanche, il va à la campagne avec son père et son oncle, ils parlent de sujets que Stephen ne comprend pas. Stephen est persuadé qu’il a un rôle à jouer dans ce monde.
Stephen a sa “bande d’aventuriers” avec son ami Aubrey Mills où ils profitent de l’été ensemble. De temps en temps, ils accompagnent le laitier pour voir les vaches. Mais étant hypersensible à la laideur et à la beauté, Stephen a du mal avec cet endroit.
Septembre arrive et Stephen ne retourne pas à Clongowes. Il remarque que quelque chose à changé chez son père et ça l’inquiète. Stephen ne court plus, car Mike Flynn est à l’hôpital. Stephen ne fait rien et son ami Aubrey est à l’école.
Un beau jour, deux caravanes arrivent pour déplacer la famille Dedalus dans leur nouvelle maison à Dublin. La situation financière n’est pas au beau fixe.
L’oncle Charles devient sénile, tout est désordonné dans la maison et Stephen, livré à lui-même, erre dans Dublin. Il s’habitue à cette ville.
Lors d’une fête d’enfant, Stephen se sent anxieux. Il est tombé amoureux d’une fille et celle-ci flirte maladroitement avec lui en attendant le tram. Il aimerait la saisir et l’embrasser, mais il est trop timide et a est si peu sûr de lui pour le faire. Il aimerait la saisir et l’embrasser, mais il est trop timide et a est si peu sûr de lui pour le faire. Il arrive enfin à le terminer et le dédie à “E – C –“.
Monsieur Dedalus revient à la maison et apporte du hachis de mouton. Il confie à la famille qu’il a eu une altercation avec l’ancien recteur de Clongowes. Ils espèrent qu’il pourra trouver une place à Stephen au Belvedere. Toutefois, Monsieur Dedalus a été irrité du fait que le recteur et le père Dolan se soient moqués de la plainte de Stephen.
L’école du Belvédère, où est inscrit Stephen depuis un petit moment, organise une fête. Stephen est atteint par la fumée de deux garçons qui fument, Vincent Héron et Wallis. Héron et Stephen sont rivaux à l’école puisqu’ils sont les premiers dans une classe de “crétins”. Héron précise qu’il a vu son père ce matin et avec son ami, ils lui disent qu’ils ont vu une fille (cette fameuse “CE”) entrer dans le bâtiment avec lui. Stephen s’agace de leur moquerie. Il a pensé à elle toute la journée, mais Héron le frappe avec sa canne pour qu’il avoue qu’il n’est pas vraiment un saint.
La vie de Stephen à Dublin est laide et dénuée de sens. Il se sent malheureux dans cette ville. Héron et deux de ses sbires, Nash et Boland, essaient encore de faire admettre à Stephen des choses qu’ils ne pensent pas sur des poètes qui sont morts.
Stephen retourne à l’intérieur. Il se met à tout remettre en question puis il oublie tout en jouant dans la pièce. Quand il a fini, il a besoin de souffler. Il va dehors puis revient voir sa famille.
Stephen et son père partent en train en direction de Cork car le terrain de son père est vendu aux enchères. Stephen ne ressent plus la même excitation que lorsqu’il partait vers Clongowes lorsqu’il prend le train. Son père semble être alcoolique et sa consommation d’alcool inquiète Stephen. À mesure qu’il s’enivre, son père perd de plus en plus sa joie de vivre et se remémore son passé avec tristesse. La famille Dedalus est dans une situation financière très problématique. Ils visitent le Queen’s Collège, où Monsieur Dedalus a étudié. Il voit le mot “Foetus” gravé sur un bureau, il en est bouleversé. Ce mot lui rappelle toutes ses sales pensées secrètes qu’il croit être le seul à avoir.
Son père n’arrête pas de lui parler de ses amis, mais il ne l’écoute pas vraiment. En même temps que son père se perd dans ses propos, Stephen se perd également. Il se concentre sur les noms pour se calmer (Stephen Dedalus – Simon Dedalus – Le Victoria – Cork – Irlande).
Le lendemain, Stephen fait le tour de la ville avec son père. Ce dernier a des tremblements, dûs à la boisson. Ils rejoignent des vieux amis du père de Stephen dans un bar.
Nous revoyons Stephen qui vient retirer l’argent du premier prix lors d’un concours littéraire. Il a utilisé cet argent pour sa famille afin de se créer un meilleur confort de vie, mais les choses reviennent à la normale lorsqu’il n’y a plus d’argent. Stephen est dégoûté de son environnement. Il n’arrive pas à se débarrasser de ses désirs physiques. Alors qu’il vagabonde dans les rues de Dublin, il se fait accoster par une prostituée qui l’emmène dans sa chambre.
Chapitre 3
Sa première expérience avec la prostituée a réveillé son appétit. En plein mois de décembre, Stephen se laisse gouverné par ses désirs physiques (nourriture, sexe, promenade). Tout le dégoûte, il méprise les fidèles et se sent éloigné de Dieu.
Stephen a obtenu une position d’honneur dans le collège où il est. Il se rend compte que sa crainte religieuse ainsi que son désir sexuel ne sont pas compatibles. Il prend conscience qu’en enfreignant un des dix commandements, il les a tous enfreints. Le recteur arrive et leur apprend que l’école va avoir une retraite religieuse de trois jours.
Lors de la retraite religieuse, Stephen entend les sermons du père Arnall, ce professeur qui l’avait dispensé d’écrire le cours lorsqu’il avait cassé ses lunettes. Il leur parle des quatre grands mystères du catholicisme : la mort, le jugement, l’enfer ainsi que le paradis. Le soir, Stephen repense à tout ça et imagine son âme “se figer”.
Lors du deuxième jour, on parle de la mort. Stephen imagine sa mort pour la seconde fois. Il nous fait part de corps plein de “vers rampants” et de “rats à ventre gras qui sabordent”. Puis vient ensuite le jugement qui juge toutes les âmes. En tant que pécheur, Stephen est persuadé que le sermon du père Arnall lui est adressé. Il avoue mentalement tous ces péchés : il ose à peine repenser à cette fille qu’il a vue au chapitre deux du nom d’Emma, il a une revue porno qu’il a cachée dans la cheminée et qui lui fait rêver de prostituées. De plus, il a confessé tous ses péchés qu’il a laissés en public en espérant qu’une fille viendrait les lire.
Il essaie d’appeler Dieu et la vierge Marie, en vain. Il s’imagine se faire bénir par Marie pour tous ses péchés.
Lors du troisième jour, le père Arnall décrit la rébellion de Lucifer puis se met à leur parler du fruit défendu qui a été mangé par Adam et Eve. Bien que Jésus soit descendu sur terre pour racheter le péché originel, certains continuent d’être mauvais. Ces derniers sont envoyés en Enfer où ils sont entassés, immobile et obligés à respirer tous ces cadavres en putréfaction que le père Arnall décrit comme une “masse gélatineuse de corruption liquide”. Il leur parle également du feu de l’enfer qui brûle éternellement les âmes damnées. Ainsi, il est horrible, pour le père Arnall, de passer son éternité de cette façon. Stephen se sent pris au piège, il ne veut pas aller en enfer, mais il sait que celui-ci est grand ouvert pour lui car il a péché.
Stephen se rend compte qu’il est le seul à être autant bouleversé. Les cours deviennent difficiles pour lui. En effet, Stephen n’arrive pas à enlever cette image de la damnation éternelle de ses pensées. Conscient qu’il doit se confesser pour se faire pardonner de ses crimes, il ne souhaite pas aller dans l’église de son école.
Le soir, le père Arnall leur parle des quatre catégories de tortures spirituelles qui sévissent aux Enfer :
- La douleur de la perte où l’âme est séparée de Dieu ;
- La douleur de la conscience ;
- La douleur de l’extension où toutes les parties de l’âme vont souffrir de façon individuelle ;
- La douleur de l’intensité qui signifie que les douleurs en Enfer sont plus terribles que celles qu’on ressent sur Terre.
Ensuite, le père Arnall tente de leur faire comprendre la notion d’éternité.
Le père Arnall leur confie que s’il demande pardon et qu’ils arrêtent de pécher, ils peuvent aller au Paradis après leur mort. Stephen se met alors à prier pour obtenir le pardon.
Quand il rentre chez lui, il est dévoré par tous ses péchés. Il fait un cauchemar où il imagine l’enfer et se dit que c’est une vision que Dieu lui a donnée pour l’avertir. Dans les rues de Dublin, il cherche un moyen de confesser ses péchés. Il entre dans une chapelle, tente de prier, en vain. Il attend son tour pour un confessionnal. Il révèle tout au prêtre et ce dernier lui fait promettre qu’il ne péchera plus. En sortant de la chapelle, il se trouve changé. Il sait qu’il a été pardonné et il se sent beaucoup mieux. Il sent qu’une nouvelle vie commence pour lui.
Chapitre 4
En un rien de temps, il est passé de pécheur à religieux dévoué. Chaque jour, il se consacre à sa pratique religieuse où il prie. Il est totalement investi dans la religion suivant à la lettre toutes les règles de façon compulsive. Il transporte son chapelet partout dans sa poche et ne cesse jamais de prier. Stephen est devenu une autre personne, il n’est plus le même que dans les trois premiers chapitres.
Il ignore ses sens en privant son corps du moindre plaisir sensoriel. Il “mortifie” son sens de la vue en regardant vers le bas lors de ses promenades et évite le regard des femmes. Il s’oblige à écouter des sons qu’il porte en horreur. Il mortifie également son odorat en se forçant à endurer l’odeur d’urine à chaque fois qu’il le peut.
Stephen prend part à des jeunes sacrés afin de retirer toute la joie de manger. Et il mortifie son toucher en se mettant dans une position inconfortable au lit par exemple.
Bien qu’il n’ait plus envie de pécher, il est agacé de certaines choses qu’il ne peut pas contrôler (sa mère qui éternue, une personne qui le dérange lorsqu’il fait ses prières).
Il s’attache tellement à être parfait qu’il se demande pourquoi il ne l’est pas. Il se contient pour ne pas retourner dans ses travers.
Alors qu’il est âgé d’environ dix-sept ans, Stephen se retrouve dans le bureau du directeur du collège. Ce dernier lui parle de plusieurs choses puis se met à lui demander s’il a pensé à rejoindre les jésuites. Il est flatté que le directeur lui propose d’épouser la voie monacale. Il a d’ailleurs pensé plusieurs fois à devenir prêtre. Stephen est attiré par cette idée de “connaissance secrète et du pouvoir secret” qu’il pourrait obtenir. Il s’amuse à penser pouvoir entendre les pêchées des femmes et des filles.
En sortant, il écoute une musique pleine de beauté, mais il voit le visage d’un prêtre sans joie. Il se demande s’il souhaite rejoindre le sacerdoce et épouser une vie terne et sans passion.
Stephen finit par refuser d’entrer dans les ordres et il abandonne son fanatisme religieux. Il se détend un peu plus et commence à redevenir la personne qu’il était. Il apprend que ses parents cherchent une nouvelle maison, car leur propriétaire souhaite les mettre à la rue. Son père compte l’envoyer à l’université ce qui le réjouit.
En marchant sur la plage, il voit certains de ses camarades qui nagent. Certains se moquent gentiment de son nom de famille. Alors qu’il profite de ce paysage, il aperçoit une fille pleine de beauté qui regarde la mer. Elle croise son regard et se met à rougir. Il l’imagine comme un ange sauvage. Il sait qu’il va trouver sa place en ce monde.
Chapitre 5
Stephen mange un petit-déjeuner répugnant avant de remarquer qu’il est en retard pour ses cours à l’université. Stephen sort de la maison avec hâte. Il est plein de dégoût pour son entourage. Il se met à penser à la littérature. Il passe énormément de temps entre le monde intellectuel et le monde réel au point que MacCann, une de ses connaissances, lui ait dit qu’il était antisocial.
Sur le chemin de l’université, il ne cesse de passer d’un monde à l’autre en ne faisant que se rappeler de ce qu’on a pu lui dire sur telle statue.
En arrivant à l’Université, il se rend compte qu’il est trop tard pour son cours de français alors il se met à attendre son cours de physique. En se dirigeant vers le cours, il voit le doyen qui se met à allumer le feu. Stephen se propose de l’aider et le doyen qui est un prêtre compare le fait d’allumer le feu à de l’art. Ils regardent tous les deux le feu prendre et Stephen lui confie qu’il pense qu’il serait incapable d’allumer un feu.
Le doyen échange avec Stephen sur la notion de beauté. Stephen se rend compte que celui-ci est sans enthousiasme et sans joie. Il a du mal à comprendre l’idée de la lampe qu’il associe à une vraie lampe. Or, Stephen parle de la lampe dans le sens de l’image ce qui apparaît bien trop abstrait pour le doyen. Ce dernier continue d’échanger avec Stephen, mais ce dernier est ennuyé par la conversation qu’il trouve fade. Il met un terme à la conversation et se demande comment il a pu penser vouloir devenir comme eux.
Le cours commence et le professeur remarque l’absence de Cranly. On découvre Moynihan, un ami de Stephen, qui semble aimer faire des blagues. Tous deux échangent des remarques sarcastiques.
Le cours étant fini, MacCann demande à Stephen s’il a signé la pétition pour la paix universelle. Cranly confie à Stephen qu’il a signé, mais ne semble pas trop enthousiaste. MacCann se dispute avec Stephen, car il n’a pas signé la pétition. Ce dernier lui explique que sa signature n’a pas d’importance, mais MacCann lui conseille qu’il serait temps qu’il pense aux autres. Lorsque Stephen et Moynihan s’éloignent, MacAlister se dit “bon débarras”. Temple dit à Stephen qu’il est jaloux. En réalité, ce n’est qu’une tactique pour entrer en contact avec lui. Temple idolâtre Stephen. Cranly commence à en avoir marre de Temple.
Temple finit par s’éloigner en expliquant qu’il ne s’intéresse qu’à Stephen, car il a un esprit indépendant. Stephen ignore Lynch et Cranly qui se disputent et parlent avec Davin. Ce dernier s’étonne de l’attitude de Stephen et de son manque d’implication pour ce pays. Il lui demande pourquoi il a quitté le cours de langue irlandaise, il ne lui répond pas et Davin finit par penser que c’était à cause d’une fille qu’il aimait bien qui avait tendance à parler à un prêtre un peu trop intimement.
Pour Davin, la poésie devrait passer après l’Irlande. Stephen se moque du pays dans lequel il est. Davin rompt la conversation. Stephen s’entretient aussi avec Lynch qui semble ne pas vouloir discuter de sujet trop sérieux. Il le fait savoir à Stephen en lui apportant une réponse légère. Dans le restant du chapitre, il se confie à ses trois amis et il commence à constituer une ébauche de l’artiste qu’il deviendra.
Stephen croise Emma en ville. Elle lui pose tout un tas de questions auxquelles il répond succinctement. Il lui raconte ses projets, et sans le vouloir, il fait un geste gênant. Ils se quittent poliment et Stephen avoue enfin qu’il est amoureux d’elle.
Stephen se prépare à partir. Il est tout excité, mais sa mère l’est un peu moins. Elle l’aide à emballer ses affaires en espérant qu’il apprenne ce qu’il souhaite quand il sera absent.
L’histoire se finit par l’invocation de Dédale qu’il qualifie de “vieux père, vieil artisan”.
Présentation des personnages
Stephen Dedalus est un jeune Irlandais avec des penchants artistiques. Dans son enfance, il croit en Dieu sans vraiment comprendre qui il est. Puis il s’en éloigne lorsqu’il devient adolescent en goûtant les plaisirs de la chair. Puis, le discours du père Arnall l’effraie au point de se confesser et il s’investit à fond dans la religion pour éviter l’Enfer. Il se dégage de la religion lorsqu’on lui demande s’il ne veut pas entrer dans les ordres. Il va progressivement redevenir celui qu’il était. À l’université, il laisse émerger ses premières idées constituant son âme d’artiste.
Simon Dedalus est le père de Stephen. C’est un personnage sentimental qui perd son potentiel et plonge progressivement dans l’alcool. Bien qu’il soit incompétent dans son rôle de père, c’est un homme bon et aimant. Il n’a pas toujours été comme Stephen le décrit. Il a réussi sa vie avant, mais tout apogée amène la fin et c’est exactement l’image que l’on a de lui dans ce roman. Il est obligé de revendre tous ses biens pour régler ses dettes. Plutôt que de se reconstruire, il s’engouffre de plus en plus dans la pauvreté, entraînant sa famille avec lui. Du père joyeux, il est devenu un vieil homme paresseux et acariâtre.
Marie Dedalus est peu présente dans le roman. C’est une femme pacificatrice, profondément croyante. Marie est conservatrice et prudente.
Emma n’est pas réellement un personnage. C’est la muse de Stephen, celle qui lui permet d’écrire ses premiers poèmes.
David, Cranly et Lynch sont les amis de Stephen qu’il rencontre à l’Université.
Analyse de l’oeuvre
Marx disait que “la religion est l’opium du peuple” qui permet de garder les moutons satisfaits, confortablement installés. Avec la religion, Stephen devient une nouvelle personne. En effet, la personne qu’il devient au cours du troisième chapitre est totalement différente avec l’image qu’on se fait de lui lors des autres chapitres. Il plonge dans la religion parce qu’il reconnaît dans les paroles du père Arnall, un message qui lui est destiné, comme si Dieu parlait à travers lui pour lui signifier qu’en tant que pécheur il est grand temps de sauver son âme. Ce n’est pas l’amour de Dieu qui l’amène à vouloir épouser la foi, mais sa peur de l’enfer. En un sens, il y a une certaine forme d’hypocrisie dans sa façon de s’investir dans la religion. Il ne le fait pas parce qu’il croit vraiment en Dieu, il le fait pour se faire pardonner et gagner sa place au paradis afin de s’éloigner de l’Enfer.
Étant dans une école jésuite, il se met à réprimer des idées qui sont tout à fait normales : le plaisir de la chair. Alors certes pas dans l’excès tel qu’il le décrit, mais pouvons-nous réellement supposer qu’il est véritablement dans cet abus qu’il prétend ? Nous n’avons là que ses pensées qui le jugent et qui constatent qu’ils y pensent un peu trop souvent, mais comme il ne se confie qu’au prêtre lors du confessionnal, nous ne pouvons pas savoir si cet excès est réel ou s’il n’est pas tout simplement imaginé. Ce qui pourrait être le cas puisque Stephen n’a de cesse de côtoyer deux mondes différents : le monde réel et le monde intellectuel. Il vagabonde souvent dans les méandres de son esprit à penser. Sa capacité réflexive tourne à plein régime. C’est en cette raison que la religion lui a permis d’avoir un peu de calme. Le chapitre trois est le chapitre où il se perd le moins dans ses pensées. Il est plus ancré dans le monde extérieur.
Sa conversation avec le doyen de son université, qui est un prêtre, est assez significative. Là où son directeur l’appâtait avec cette idée de “connaissance secrète et du pouvoir secret”, il se rend compte que le doyen ne connaît pas grand-chose. Il se rend compte qu’en tant qu’être hypersensible, il n’aurait jamais pu avoir une vie aussi terne et aussi peu intense que ce que vivent ces prêtres.