Littérature

Jean-Jacques Rousseau, Emile, ou De l’éducation : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Résumé livre par livre de l’œuvre Emile, ou De l’éducation de Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève, en Suisse en 1712, il est mort en France en 1778. C’est un écrivain français, un philosophe et un musicien. Très vite orphelin de mère, il est abandonné par son père à l’âge de 10 ans.
Ses ouvrages lui ouvrent les voies du succès à partir de 1749 mais aussi celles des conflits avec l’Église catholique, en raison de ses prises de position anticléricales. Il change souvent de résidence suite à cela et vit sa vie avec un fort sentiment de persécution.
Il fait partie des philosophes des Lumières.

Dans L’Émile, Jean-Jacques Rousseau donne sa philosophie de l’éducation. Tout comme son ouvrage Le Contrat social, L’Émile est censuré par les autorités en lui reprochant son rejet des conceptions traditionnelles de la religion.
L’ouvrage a une approche novatrice, il décrit le dialogue entre le tuteur et Émile, depuis sa naissance jusqu’à son âge adulte.
Au-delà d’un traité sur l’éducation, Rousseau fait suivre l’évolution et l’itinéraire éducatif d’Émile.

Préface

Rousseau revendique le fait de vouloir écrire un ouvrage qui traite de l’enfant en tant que tel. Selon lui, les autres essais « cherchent toujours l’homme dans l’enfant, sans penser à ce qu’il est avant que d’être homme ». Ils n’analysent donc pas ses caractéristiques essentielles.

Livre 1 : Les deux premières années

Pour Rousseau, “Tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses.”
il pense que l’enfant a une innocence et une bonté naturelles. Selon lui, “Tout dégénère entre les mains de l’homme.” Il pointe la société comme en étant responsable.
Il conseille d’isoler l’enfant, insiste sur le rôle primordial de la mère en début de vie, pour subvenir aux besoins primaires et guider l’enfant selon sa bonne nature.

Livre 2 : 2/12 ans

Le petit garçon remplace le bébé. Le langage a une grande importance.
Les relations d’Émile avec le monde doivent se développer. Il faut choisir des activités, des jeux afin de développer les sens et la logique de déduction. Pas de précautions, ni de punitions abusives.
Il faut favoriser le développement physique et l’observation, limiter les leçons. L’idéal est de se trouver à la campagne.

Livre 3 : 12/15 ans

C’est le temps des études. Il faut l’accompagner pour qu’il soit attentif aux phénomènes de la nature.
Apprendre un métier est un bon moyen d’être confronté aux règles sociales.

Livre 4 : 15/20 ans

C’est la fin de l’enfance et l’étape de la puberté. Ce livre est centré sur l’amour et la religion.
Émile doit comprendre les vertus sociales pour intégrer la société.
Ce livre contient La Profession de foi du Vicaire savoyard. Cet ouvrage est édité aussi à part et fait l’objet de controverses. Il présente la théorie de Rousseau sur la religion.

Livre 5 : “Sophie ou la femme ” : L’âge adulte

Cette partie présente la rencontre d’Émile avec Sophie, jeune fille idéale. Elle traite de la situation amoureuse et des liens sociaux liés, du mariage et de la vie de famille.
Il présente succinctement une réflexion sur l’éducation des filles.
L’arrivée des enfants d’Émile met fin à son éducation.

Présentation des personnages

Émile

Rousseau imagine un personnage imaginaire, Émile. Il présente et analyse les différentes étapes de sa croissance et de son développement en mettant en lumière ses besoins en termes d’éducation.
À chaque phase clef, Rousseau présente l’éducation à lui donner et les méthodes pour y parvenir.
Dans les quatre premières parties de l’ouvrage, Émile grandit, puis dans le dernier chapitre, il rencontre une jeune fille, aussi imaginaire, nommée Sophie.

L’éducation délivrée à Émile permet selon Rousseau d’en faire non seulement un bon citoyen mais aussi un bon mari et un bon père de famille.

Sophie

Sophie est le personnage féminin, pendant d’Émile, inventé par Rousseau. Elle est mise en scène au dernier livre.
Elle permet à l’auteur de livrer quelques réflexions sur l’éducation des filles, mais de manière moins détaillée que l’analyse faite autour du personnage principal. Elle semble douée de grandes qualités et avoir reçu une éducation qui l’a préparée avec intelligence et méthode à son mariage prévu avec Émile.

Le vicaire savoyard

C’est un jeune vicaire savoyard fictif, qui est utilisé par Rousseau comme un procédé littéraire afin de donner sa propre vision sur la religion et l’institution ecclésiastique, qu’il critique vertement.

Analyse de l’œuvre

Controverse liée à l’histoire de Rousseau

De nombreuses voix, dont celles de Voltaire, puis plus tard de Victor Hugo, pour citer de très célèbres, critiquent l’œuvre en soulignant d’emblée le caractère ironique d’un écrivain qui ne met pas en pratique ses réflexions philosophiques.
En effet, en contradiction avec ses propositions, Rousseau a commis un acte inconsidérable pour la société et peu en accord avec ses assertions. Il a abandonné, non pas trois, comme Voltaire le soutient, mais cinq enfants. Sachant qu’à cette époque, l’abandon d’enfant en bas âge est très fréquemment synonyme de mort.
Il se justifie maladroitement de cet acte en évoquant la fréquence de cette pratique au XVIIIe siècle.
Peu en phase avec les principes et l’attention qu’il conseille d’apporter aux enfants dès leur naissance, le comportement de Rousseau ouvre ici un autre débat : celui de l’enfant désiré. Rousseau annonce une période bien ultérieure qui sera celle de l’enfant conçu par choix, selon un temps défini par le couple.

Rousseau met aussi en avant le fait que leur mère n’a pas un niveau culturel suffisant pour les élever correctement. Ou du moins comme lui le souhaiterait. Cette pensée choque aussi dans notre société contemporaine. Il faut l’analyser en prenant en compte le contexte de l’époque.
Au XVIIIe siècle, l’éducation des enfants diffère fortement selon le niveau social. L’enseignement primaire n’existe pas. Les enfants de bas niveau social s’élèvent “seuls”, dans la rue. Seuls les enfants des milieux aisés reçoivent ce qu’on appelle alors une éducation. Rousseau estimait que lui-même n’avait pas les moyens des bourgeois et nobles donnant une éducation à leurs enfants. Tout comme sa famille élargie, même volontaire pour prendre en charge sa progéniture.

Le thème de l’éducation

Le thème central de l’œuvre est bien sûr l’éducation. Rousseau est un véritable précurseur dans la spécificité qu’il accorde à l’enfance et à la tendre enfance. Pour lui, l’enfant a une réflexion bien spécifique. L’enseignant doit donc s’adapter de manière obligatoire à son mode de pensée différent du mode de pensée adulte.
Il souligne que l’enfant doit expérimenter pour garder en mémoire et ne pas se contenter d’exposés théoriques.

Il livre une véritable critique des principes éducatifs de son époque.
Sa critique porte sur le XVIIIe siècle et sur les périodes antérieures. Il dénonce le fait que les enseignants cherchent, selon lui, à faire des jeunes des hommes beaux parleurs, axés sur la forme au détriment du fond de la réflexion. Il parle même de société abêtit par de telles méthodes. Pour lui, elle fait le lit des inégalités et de la corruption.
Le but de l’éducation qu’il propose n’est pas seulement de donner des modèles de pédagogie mais de donner naissance à des hommes nouveaux, à de bons citoyens, maris et pères de famille afin de changer la société dans son ensemble.
Il prend la suite d’auteurs comme Rabelais et Montaigne, en leur temps, qui ont aussi dénoncé les dérives et la médiocrité des enseignements qui ne cherchent pas à rendre l’homme meilleur.

Pour lui, la société est responsable et coupable de l’éducation conduite jusqu’alors. Il souhaite un revirement total, axé sur ses réflexions.

Une proposition de modèle idéal d’éducation

Rousseau critique l’éducation donnée jusqu’alors et propose de nouvelles méthodes, concrètes afin d’opérer de véritables changements. Son but est de développer l’esprit de l’enfant et de lui donner goût à la réflexion.
Le but final est de donner à l’enfant les clefs d’une réflexion autonome et les compétences pour réfléchir par lui-même.
En pensant par lui-même, l’homme n’est pas corrompu par la société et peut agir en bon citoyen, pour le bien commun.
Pour mettre l’enfant sur le bon chemin, Rousseau veut que l’enfant soit actif et acteur de son éducation. Mieux se connaitre, avoir confiance en soi-même pour avoir confiance en son entourage et en les “autres” en général, le conduit à vouloir créer une société citoyenne.
Rousseau met en avant le rôle de la mère. Il souligne qu’elle est essentielle au développement de l’enfant et que sa présence en tant que modèle, qu’exemple est essentiel. Il critique d’ailleurs le fait de confier les enfants à des nourrices, comme il était fréquent de le faire dans la bonne société de l’époque. C’est pour lui une grave erreur qui coupe l’enfant de ce modèle nécessaire en début de vie.

Le thème de la religion

Rousseau utilise L’Émile ou De l’éducation pour exposer ses théories pédagogiques en matière d’éducation car il veut en faire des citoyens justes, bien éduqués, préparés pour une réflexion personnelle dans la sphère sociale et sur le plan politique. Cependant, un autre fort pan de l’ouvrage se base sur ses positions en matière de religion.
Il expose son refus du dogmatisme. Il souhaite une religion moins axée sur les règles humaines, contraignantes qui éloignent selon lui les hommes de la bonté.

Pour Rousseau, comme développé aussi dans Le contrat social, l’homme est initialement et fondamentalement bon. L’éducation n’est donc qu’une contrainte et une aberration par rapport à sa liberté initiale. L’usage de la religion par la société renforce cette contrainte et cette aberration.

Rousseau dénonce dans son ouvrage l’influence de l’Église qui est pour lui aliénante. Il parle alors de religion et d’Église en tant qu’institution.
Dans la partie nommée « Profession de foi du vicaire savoyard », il invite à rejeter l’autorité des écrits et de la doctrine catholique évoquant l’existence de Dieu et à se concentrer sur le seul Évangile.

Rousseau n’est pas athée. Il distingue la foi et l’institution constituée par l’Église et son organisation de l’époque. Il dénonce la hiérarchie mise en place par l’institution. Il compare la hiérarchie dans l’Église à la hiérarchie sociale qui alimente les inégalités au sein de la société.
Pour lui, les valeurs de la foi chrétienne sont la justice, le pardon, la bonté. Il évoque ces valeurs comme étant celles attribuées à Christ lui-même mais non par l’institution relayée par les hommes.

Émile ou De l’éducation est une œuvre capitale dans les écrits de Rousseau et dans la philosophie des Lumières, ainsi que dans les siècles précédents.
Cet ouvrage reste une référence aujourd’hui en termes d’éducation et un des livres sur ce thème les plus lus. Pour nombres de spécialistes de ce domaine il est un incontournable en matière d’éducation et de pédagogie.
Les débats et critiques adressés à son encontre ont finalement apporté des éléments à ajouter à sa postérité.

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