Publié en 1947, La Perle de John Steinbeck est un court récit qui allie romantisme et réalisme. Il relate l’histoire de Kino, un Indien mexicain qui découvre une perle gigantesque. Espérant soigner son fils malade et libérer sa famille de la pauvreté, Kino se retrouve aspiré dans un tourbillon de convoitise et de violence. Examinons cette œuvre du XXème siècle qui illustre comment un homme bien intentionné peut s’aliéner au point d’en venir à commettre des meurtres.
Résumé détaillé chapitre par chapitre de La Perle de John Steinbeck
CHAPITRE 1
Kino et Juana, un jeune couple vivant dans une modeste hutte, voient leur bébé Coyotito menacé par un scorpion. Dans un moment de tension, Kino parvient à tuer le scorpion, mais pas avant qu’il n’ait piqué Coyotito. Paniquée, Juana tente d’aspirer le venin tandis que leurs voisins se rassemblent. Il devient évident que la vie de Coyotito est en danger, et la communauté se prépare aux conséquences potentielles de la piqûre du scorpion.
CHAPITRE 2
Lorsque leur premier-né est piqué par un scorpion, Juana insiste pour qu’ils cherchent l’aide du médecin local, une demande extraordinaire étant donné leur pauvreté et le mépris du docteur pour les personnes de leur classe. Malgré les doutes de la communauté, ils se rendent à la maison du docteur, en procession, suivis par les villageois curieux. Sur place, ils sont accueillis par un domestique qui, après avoir entendu leur requête, referme la porte pour consulter le médecin. Le couple attend anxieusement dehors, sous le regard attentif de la foule. Autrefois installé en France, le docteur mène une vie de regrets et de souvenirs dans sa chambre sombre. Lorsque le domestique arrive pour lui expliquer qu’un bébé indien a été blessé par un scorpion, le médecin exprime sa colère et son mépris envers les pauvres. Il demande à son domestique de vérifier s’ils ont de l’argent pour qu’il puisse s’occuper d’eux. S’apercevant qu’ils n’en ont pas, le médecin demande à son domestique de leur dire qu’il a été appelé d’urgence et qu’il n’est pas présent. La honte envahit la procession et Kino frappe violemment la porte, au point de se blesser la main jusqu’au sang.
CHAPITRE 3
Kino et Juana descendent lentement vers la plage et rejoignent leur pirogue, une possession transmise de génération en génération. Kino caresse tendrement la proue avant de déposer ses outils de plongée, son panier et ses cordes sur le sable. Juana installe Coyotito dans la pirogue, le couvrant de son châle pour le protéger du soleil brûlant. Juana prépare un cataplasme d’algues brunes qu’elle applique sur l’épaule enflée de Coyotito. Elle prie pour que Kino puisse trouver une huître qui contient une perle afin de payer les soins du médecin. Guidé par une mélodie qui résonne dans son cœur, le Chant de la Perle, Kino plonge et ramasse des huîtres. Finalement, Kino découvre une énorme huître renfermant une perle parfaite. Submergé de joie, il tient la perle entre ses mains et envisage un avenir meilleur. Juana constate que l’épaule de Coyotito s’est améliorée, ce qui renforce l’excitation de Kino. Il brandit le poing avec la perle, rugissant de triomphe. Cela attire l’attention des autres pêcheurs.
CHAPITRE 4
La nouvelle se répand rapidement et la perle de Kino suscite l’intérêt de diverses personnes de la ville. Les acheteurs de perles y voient là l’occasion de s’émanciper pour ouvrir leur propre commerce. Le prêtre cherche à vérifier si Kino va en faire profiter l’église. Kino a conscience que c’est une opportunité unique. Cette perle lui ouvre le champ des possibles : un mariage, un fusil, envoyer son fils à l’école. Le médecin, quant à lui, cherche à profiter de la situation et tente de traiter le bébé de Kino qu’il ne voulait pas aider avant. Kino a de la rage lorsqu’il voit le médecin arrivé, il lui affirme que son enfant est guéri. Le médecin insiste pour l’examiner et lui fait savoir qu’il a des “connaissances” qu’il a tirées des livres pour semer le doute dans l’esprit de Kino. Ce dernier, ne voulant pas perdre son fils, finit par accepter que le médecin examine son enfant. Selon le médecin, Coyotito a eu de la chance qu’il arrive juste à temps. Il lui donne un médicament, une sorte de poudre blanche, et leur assure qu’il viendra vérifier son état d’ici une heure.
CHAPITRE 5
Craignant pour leur sécurité, Kino cache la perle et se méfie de tous ceux qui l’entourent. Très vite, l’état de Coyotito se détériore. Lorsque le médecin revient et soigne l’enfant, Kino devient méfiant. Il s’interroge sur cette poudre blanche que le médecin a prétendu être un médicament. Cette méfiance est renforcée par l’intérêt évident que le médecin porte à la perle. Cherchant à savoir où Kino a caché la perle, le médecin le menace en lui rappelant qu’il pourrait facilement la perdre. Pris de panique, Kino se précipite vers l’endroit où il a caché son trésor, révélant involontairement sa cachette. La nuit tombe et Kino est nerveux, peinant à trouver le sommeil. La tension monte lorsqu’il doit repousser un intrus dans leur maison. Malgré les avertissements de Juana concernant la malédiction de la perle, Kino reste déterminé à vendre le joyau pour pouvoir envoyer son fils à l’école. La journée commence avec un espoir pour le couple.
CHAPITRE 6
C’est le grand jour : Kino va vendre sa perle et l’excitation gagne tout le monde, y compris les acheteurs de perles qui ont déjà prévu leurs enchères. Pour éviter de gaspiller de l’argent dans des enchères concurrentes, il n’y a désormais qu’un seul acheteur, qui donne des sous-ordres. Les habitants du village, eux, s’imaginent ce qu’ils feraient s’ils trouvaient une telle perle, tout en espérant que la richesse ne corrompra pas Kino. Ils se joignent au cortège qui se dirige vers la ville pour vendre la perle, tandis que Juan Tomas, le frère de Kino, lui rappelle les difficultés de vendre des perles. Le cortège attire l’attention de tous, et des mendiants s’y mêlent. La vente de la perle promet d’être un événement marquant. Kino propose la perle à un premier acheteur qui lui explique qu’elle est bien trop grosse pour être désirable. Il lui en offre seulement mille pesos. Kino refuse cette offre et, pour prouver sa bonne foi, l’acheteur fait venir d’autres acheteurs qui avancent la même argumentation. Persuadé qu’ils tentent de le tromper, Kino reprend sa perle et leur annonce qu’il compte la vendre à la capitale.
CHAPITRE 7
Le soir venu, les voisins discutent de l’événement de la journée. Certains doutent de la valeur de la perle et d’autres craignent que les acheteurs ne soient malhonnêtes. Certains estiment que Kino a agi de manière insensée en refusant l’offre des acheteurs, tandis que d’autres le soutiennent en tant qu’homme courageux. Kino médite sombrement, effrayé par l’inconnu de la capitale. Juan Tômas, son frère aîné, exprime ses inquiétudes quant aux conséquences de la quête de Kino. Malgré cela, Kino décide de partir, persuadé que sa perle lui apportera une meilleure vie. Kino décide de sortir et revient blessé après une altercation. Juana veut détruire la perle, mais Kino s’y oppose et compte partir à la capitale dès le lendemain. Malgré ses peurs, Juana accepte de l’accompagner.
CHAPITRE 8
Durant la nuit, Kino est réveillé par Juana qui sort de la hutte. Il la suit discrètement et ils se retrouvent sur la plage où Juana tente de jeter la perle à la mer. En colère, Kino la frappe. Cependant, lorsqu’il réalise ce qu’il vient de faire, il est pris de dégoût. Par la suite, Kino est attaqué par un inconnu qui tente de le dérober. Au cours de la lutte, Kino finit par tuer l’homme. Juana retrouve la perle, mais elle réalise que leur ancienne vie est à jamais révolue. En effet, leur maison est en flammes et leur pirogue est en train de couler. Ils se réfugient alors chez Juan Tômas et décident de s’enfuir vers le nord, dès la tombée de la nuit, pour échapper à ceux qui les pourchassent. Avant leur départ, Kino fait ses adieux à son frère aîné et déclare que la perle est devenue son âme.
CHAPITRE 9
Kino et Juana fuient la ville dans l’obscurité de la nuit pour échapper à ceux qui veulent leur voler la perle qu’ils ont trouvée. Prudemment, ils marchent en suivant les étoiles et évitent les endroits où ils pourraient être repérés. Le vent violent et les bruits de la nature les entourent tandis qu’ils progressent vers les montagnes. Bien qu’ils soient poursuivis par des pisteurs, Kino essaie de couvrir leurs traces. Le couple marche toute la nuit, jusqu’à l’aube, et trouve un abri pour se reposer pendant la journée. Ils reprennent leur fuite vers les montagnes, se dissimulant sur des chemins escarpés et dans des crevasses. Le soleil se couche alors qu’ils gravissent une pente raide vers le col de la montagne.
CHAPITRE 10
Kino et Juana atteignent enfin l’eau après une longue et épuisante traversée. Ils se cachent dans une grotte pour échapper à leurs poursuivants. Kino décide d’affronter les hommes qui les traquent et demande à Juana de rester à l’abri. Il se prépare à les attaquer, avant l’arrivée de la lune, tandis que Juana prie pour sa sécurité. Silencieux, Kino descend prudemment la montagne pour atteindre la sentinelle ennemie. Malheureusement, la lune se lève, illuminant la crevasse. Un cri mystérieux retentit, détournant l’attention du veilleur, et Kino en profite pour attaquer. Dans un tourbillon de violence, il neutralise ses ennemis. Une fois le calme revenu, il entend un cri déchirant émanant de la grotte voisine : son fils a été tué. Kino et Juana reviennent à La Paz avec leur enfant mort. Leur apparence est troublante et suscite à la fois curiosité et crainte parmi les habitants. Ignorant leur environnement, ils atteignent la plage où Kino se débarrasse de la perle qui ne leur a apporté que des souffrances. La perle sombre dans l’océan, disparaissant à jamais, tandis que la musique qu’elle symbolisait s’estompe.
Présentation des personnages
Kino, un jeune Indien exerçant la pêche artisanale, a constitué son foyer avec Juana. Ensemble, ils ont eu Coyotito. Accablé par le poids de sa responsabilité en tant que père et mari, le spectre de la misère qui hante leur existence lui pèse durement. Toutefois, la découverte d’une grosse perle se révèle une bénédiction qui déclenche une métamorphose intérieure. Autrefois centré sur le présent et l’essence de sa famille, Kino voit sa perspective basculer face à l’avenir prometteur que la perle semble lui offrir. Il se laisse consumer par l’obsession matérialiste, fermement convaincu que la fortune issue de cette perle lui procurera une vie plus raffinée. Malheureusement, il néglige les avertissements de sa conjointe, qui perçoit la perle comme une calamité plutôt qu’une chance. Dans sa quête effrénée, Kino sacrifie tout ce qu’il possédait de plus précieux : sa hutte et sa pirogue, des outils indispensables à sa survie. Ses choix entraînent inexorablement la perte la plus déchirante : la vie de Coyotito. Ce n’est qu’après s’être transformé en une bête assoiffée de sang, ravagé par le chagrin à la suite de la mort de son fils, que Kino saisit la malédiction que représente la perle dans sa vie. La réalisation de la futilité de la richesse matérielle vient trop tard. Kino, par son parcours tragique, incarne la dégénérescence inhérente à la cupidité, et le désastre que peut engendrer l’appétit insatiable de désirer toujours plus.
Juana est la conjointe de Kino, une femme de nature discrète, dotée d’un sens de la raison et d’une intuition plus aiguisés que ceux de son conjoint. Très rapidement, elle discerne l’influence néfaste que la perle exerce sur leur existence. Néanmoins, en tant que femme, elle se plie à la volonté de Kino, l’homme du foyer, acceptant de l’accompagner dans son voyage vers l’inconnu. De ce fait, elle assume indirectement une part de responsabilité dans la tragédie qui frappe leur fils, car elle aurait pu prendre la décision de les arracher à ce tourbillon de folie. Juana incarne la figure de la femme subordonnée, dépendante de son mari, tout en manifestant une résilience remarquable. Son personnage évoque le combat silencieux de celles qui, malgré leur force intérieure et leur sagesse, sont contraintes par les normes sociétales à suivre un destin qui ne leur appartient pas totalement.
Coyotito, le bébé de Kino et Juana, est le cœur palpitant de la petite famille. Un funeste événement – une piqûre de scorpion – déclenche l’engrenage fatidique qui pousse ses parents à découvrir la perle. Le désir ardent de Kino et Juana de sauver leur fils, de lui donner accès aux soins médicaux nécessaires pour sa survie, symbolise le véritable enjeu de leur quête. Bien que Coyotito soit encore trop jeune pour se démarquer par une personnalité distincte, il est néanmoins le symbole d’espoir incarné pour son père. L’espoir d’une vie meilleure, d’une existence affranchie de la misère qui les entrave. Néanmoins, c’est cet espoir-même qui s’effondre tragiquement sous le poids des actions de Kino. Coyotito, victime innocente des circonstances, meurt d’une balle dans la tête à la fin du récit. Ainsi, il devient un rappel poignant des conséquences désastreuses que l’avidité peut engendrer.
Juan Tomás est le frère aîné de Kino, qui vit avec Apolonia, sa femme, ainsi que ses quatre enfants. Il met Kino en garde contre tous ceux qui tenteraient de lui voler sa perle. Étant tout aussi pauvre que son frère, il espère recevoir sa part du marché grâce à l’argent que Kino pourrait obtenir de la perle.
Le médecin est un ancien européen qui vivait dans le luxe parisien. On ne sait pas exactement les raisons qui l’ont poussé à venir vivre dans cette région, mais c’est un homme méprisable qui ne supporte pas les classes sociales inférieures. II s’avère qu’il n’est pas compétent dans sa profession et montre clairement son appât du gain lorsqu’il vient au secours du bébé, une fois qu’il a appris que Kino avait trouvé une grosse perle. On peut supposer que la poudre blanche qu’il a administrée à Coyotito n’était qu’un moyen d’aggraver son cas. D’autant plus que l’épaule semblait ne plus être enflée.
Les acheteurs de perles sont des hommes malhonnêtes qui travaillent tous sous les ordres d’un seul et même homme. Leur objectif est de racheter les perles au prix le plus bas afin que leur patron puisse les revendre à un prix élevé et faire de belles marges.
Analyse de l’oeuvre
Dès les premiers chapitres de La Perle de l’auteur américain, nous discernons rapidement une distinction nette entre les forces du bien et du mal. Nous avons d’un côté le médecin, dépeint comme un personnage répréhensible et incompétent dans sa discipline. Son comportement impitoyable et cupide envers les classes sociales inférieures est clairement illustré par l’opinion que les mendiants portent sur lui. Ils dépeignent un homme dont l’ignorance et la cruauté sont rivales, tout comme sa cupidité et ses péchés. Ses échecs flagrants et les aumônes insignifiantes qu’il distribue sont autant de témoignages de son caractère déplorable. D’un autre côté, nous avons Kino, un homme honorable, qui défend des valeurs familiales admirables.
Cependant, le roman n’est pas uniquement binaire. Il y a une multitude de personnages qui se tiennent entre cette dualité, comme les habitants du village enclins aux commérages et ceux qui nourrissent l’envie. On peut également citer les négociants de perles qui, bien qu’ils puissent sembler exploiter Kino en achetant la perle à un prix dérisoire, ne font que leur travail et ne sont pas nécessairement mieux rémunérés pour autant.
Pour autant, la dichotomie manichéenne dans l’univers de Steinbeck est loin d’être statique. Après la découverte de la perle, Kino subit une transformation radicale. Son avidité, bien que motivée par de nobles intentions, s’avère plutôt être une source de tragédie. Cela illustre comment même un homme de bien peut succomber à la tentation de la cupidité, renforçant l’adage selon lequel “l’Enfer est pavé de bonnes intentions“. Les actions de Kino ont un impact direct sur sa famille, provoquant une suite de conséquences funestes.
Il est important de souligner les pertes successives que subit Kino suite à ses actes de violence. La première fois qu’il commet un meurtre, en situation de légitime défense, il perd ses biens matériels – sa cabane et sa pirogue, indispensables à sa survie. La seconde fois, lorsque, pour protéger sa famille, il tue froidement trois hommes, il perd ce qu’il a de plus cher – son fils. On pourrait envisager que ces pertes sont l’incarnation d’une justice divine ou karmique. Ainsi, nous assistons à la déchéance de Kino, de l’honorable pêcheur à un assassin sans pitié.
Cependant, la tragédie de la mort de son fils le ramène à la réalité et à la prise de conscience de ses actes. Le courage indomptable de Kino l’incite finalement à renoncer à la perle, symbole de la source du mal, marquant ainsi le début de sa quête de rédemption. Cela souligne la capacité de résilience de l’homme, même face à des épreuves dévastatrices.