La Princesse de Montpensier est une nouvelle de Marie-Madeleine de La Fayette, une auteure française, publiée en 1662. L’intrigue se déroule pendant les guerres de Religion au XVIe siècle et suit l’histoire tragique de Mademoiselle de Mézières, mariée contre son gré au prince de Montpensier. Amoureuse du duc de Guise, elle est déchirée entre ses devoirs d’épouse et sa passion interdite. Ce récit explore les thèmes du devoir, de la jalousie et de la trahison, offrant un portrait poignant des conflits entre les sentiments personnels et les obligations sociales.
Résumé de La Princesse de Montpensier
Le roman se déroule dans un contexte de guerre de religion (les huguenots, protestants du royaume de France et du royaume de Navarre, et les catholiques sont en conflit armé).
A l’origine, la Marquise de Mézieres et le Duc de Guise tombent amoureux lorsqu’ils ont 13 ans. La Marquise de Mézieres descend de la Maison d’Anjou. Elle est promise au Duc du Maine, frère du Duc de Guise. Un enchevêtrement de rapport de pouvoirs, caractéristique des mariages basés sur l’alliance à cette époque, conduit au mariage de la Princesse avec le Prince de Montpensier. le couple s’installe à Chamoigny. Le Prince emmene dans sa résidence de Chamoigny, le Comte de Chabannes, pour qui il a une vive amitié, et qu’il tient en haute estime.
Au début de l’œuvre, peu après son mariage, elle ne voit quasiment pas son mari. Celui-ci a un poste haut placé dans l’armée. Lorsqu’il revient, le couple déménage à Paris. Une succession d’obstacles, caractéristique des romans mêlant la romance et la guerre en occident, vient se mettre en travers de l’amour qui lie la Princesse de Montpensier et le Duc de Guise. Lors d’un bal masqué, la Princesse confond le Duc de Guise avec le Duc d’Anjou, et lui glisse quelques mots qui font comprendre à ce dernier que le coeur de la Princesse appartient au Duc de Guise. Il fait en sorte de monter le roi contre le Duc de Guise. En parrallèle, il dit à la Princesse de Montpensier que le Duc de Guise trompe aussi bien cette dernière, qu’il trompe Madame. La princesse est donc piquée en plein coeur et confronte le Duc de Guise, en proie à sa jalousie. Elle pense que le Duc d’Anjou dit vrai, pour la simple raison qu’elle s’imagine s’être confiée au Duc de Guise et non pas au Duc d’Anjou. Elle ne s’imagine donc pas que le Duc d’Anjou est au courant de leur liaison, de sa propre confidence, et pense avoir été trompée.
Le Duc de Guise et la Princesse de Montpensier, à force de discussion, s’aperçoivent ensuite qu’ils ont sûrement été dupés. De manière à prouver son amour à la Princesse de Montpensier, le Duc de Guise renonce à son futur mariage avec Madame, et épouse une autre princesse.
Par la suite, la Princesse de Montpensier est renvoyée à Champigny par son époux, qui souhaite l’éloigner du Duc de Guise. En effet, le Prince de Montpensier n’est pas dupe, malgré le procédé auquel recours le Duc de Guise pour éloigner les soupçons et prouver son amour à la Princesse. Celle-ci met le Comte de Chabannes dans la confidence, en ce qui concerne sa relation amoureuse avec le Duc de Guise. Elle demande donc au Comte de Chabanne de faire porter des lettres à son amant. Le Comte est si sincèrement amoureux de la Princesse qu’il accepte cette tâche, malgré qu’il soit au supplice d’apprendre que le Duc de Guise et la Princesse s’aiment de manière réciproque.
Le Comte de Chabannes transmet des lettres de la Princesse au Duc de Guise, il leur sert d’intermédiaire. Souffrant de la situation et de son amour non-réciproque pour la princesse, il fini par arrêter mais la Princesse arrive à persuader le Comte de revenir car elle a besoin de lui pour continuer à transmettre ses lettres, et le Comte accepte.
Le Duc de Guise organise un stratégème pour rendre visite à la Princesse, par le truchement, encore une fois, du Comte de Chabannes. La rencontre se déroule en pleine nuit, et le Prince de Montpensier, qui est éveillé, entend un bruit et fait venir un valet. Il se rend compte que la situation est anormale et tambourine à la porte. Le Comte fait sortir de Duc de Guise et le Prince de Montpensier trouve la Princesse et le Comte tous deux dans la chambre. Le Comte s’excuse platement auprès du Prince mais ne peut pas donner d’explication, afin de ne pas mettre en danger la princesse. De désespoir, il fuit à la campagne. Le Prince, quant à lui, retourne à la Cour car la guerre avec les Huguenots intervient à nouveau et énormément de personnes sont victimes d’un massacre, dont le Comte de Chabannes.
Après qu’elle ait été surprise par le Prince en compagnie du Comte, La Princesse de Montpensier tombe profondément malade. Elle finit par se remettre, mais lorsqu’elle est remise, le Duc de Guise est tombé amoureux d’une autre et le Comte de Chabannes est mort. Elle meurt de chagrin, de l’ingratitude de son amant et de la perte de son ami, et de l’estime de son époux.
Présentation des personnages
La princesse de Montpensier
Heroïne principale du roman, qui déchaîne les passions
Le prince de Montpensier / Marquise de Mézieres
Mari de la princesse de Montpensier. Il commande également l’armée. Le couple vit à Champigny au début du roman.
Le roi
Madame / La Reine de Navarre
Soeur du Duc d’Anjou, Promise du Duc de Guise avant qu’elle épouse le Roi de Navarre.
Le Duc d’Anjou
Duc amoureux de la princesse, frère de la dénommée Madame, promise d’abord au Duc de Guise puis au roi de Navarre
Le Duc de Guise
Duc amoureux de la princesse, et qui en est aimé en retour.
Le Comte de Chabannes
Meilleur ami et confident de la princesse. Il est également passionnément amoureux de la princesse de Montpensier
Analyse de l’œuvre
La princesse de Montpensier apparaît comme une princesse intelligente, qui est consciente des sentiments qu’elle éveille. Elle sait ce qu’elle fait. Par exemple, sa relation d’amitié avec le Comte de Chabannes n’est pas dénuée d’un certain rapport de pouvoir. En effet, lorsque le Comte de Chabannes se déclare auprès de la princesse, celle-ci se montre froide et l’éconduit poliment mais fermement. Pour autant, le lendemain matin, elle fait comme si de rien n’était. C’est une manière loyale de gérer les sentiments du Comte, car elle demeure toujours aussi agréable et proche de lui, et, en même temps, la princesse sait garder ses intérêts dans la mesure où elle ne sacrifie pas son amitié avec le comte pour préserver les sentiments de ce dernier. Le fait qu’il soit amoureux d’elle n’est pas son problème, elle reste encore amie avec lui, mais elle ne lui donne aucun espoir. A chaque fois que le Comte revient sur ses sentiments, elle ” ne lui répond presque pas. ” En d’autres termes, elle n’ouvre aucune porte.
En ce qui concerne le Duc d’Anjou, après avoir combattu et gagné à Saint-Jean-d’Angély, tombe malade et se retire de l’armée. Le récit suggère que le duc serait revenu à Paris pour y voir la Princesse de Montpensier.
Tous les ducs, et le prince, sont rivaux entre eux. Le prince hait le Duc de Guise et comprend qu’il est amoureux de son épouse. Le prince est très jaloux et interdit à la princesse d’adresser la parole au Duc de Guise.
Au final du roman, la princesse de Montpensier se prend de pasison également pour le Duc de Guise, qui, à l’origine, et son premier amour même si l’amour n’a jamais été consommé. Un évènement vient bouleverser le cours des choses : on apprend à la Cour que la future reine de Navarre a une liaison avec le Duc de Guise. Entre temps, le beau-père de la Princesse de Montpensier épouse la soeur du Duc de Guise, et la Princesse de Montpensier et ce dernier sont amenés à se croiser régulièrement. La princesse est piquée à vif dans son orgueil, car elle ne peut pas supporter que le Duc de Guise se dise amoureux d’elle, alors que toute la cour le pense amoureux de Madame, la future Reine de Navarre. Elle se sent également honteuse de s’être trompée sur les sentiments de ce Duc. Plus tard, le Duc de Guise lui apprend que son potentiel mariage avec Madame est purement intéressé et qu’il n’a ” aucune passion pour elle. ” La princesse de Montpensier en est pour autant jalouse, car la reine n’est pas dépourvue de beauté, et cette jalousie lui permet de ne pas ouvrir totalement son coeur au Duc de Guise.
Quelque soit les agissements de la princesse, chacun de ses prétendants demeure en proie à de fort sentiments envers celle-ci, que rien ne semble entâcher. Même au coeur de la plus vive jalousie, les rivaux entretiennent une haine féroce les uns envers les autres mais ne reprochent quasiment rien à la princesse, sûrs de sa valeur et de sa vertu. Le Comte de Chabannes va jusqu’à ce précipiter pour remettre les lettres du Duc à la princesse, pour ne pas enlever un instant à la joie que celle-ci va ressentir. C’est là, la plus pure expression de l’amour passionné et désintéressé, dont Madame de La Fayette a souhaité nous offrir une illustration. Amour pas tout à fait désinteressé néanmoins, car le Comte espère obtenir de la princesse, de la reconnaissance. Or, lorsqu’il s’aperçoit que celle-ci se comporte de manière plus rude encore à son égard, que la première fois qu’il lui avait avoué ses sentiments, le Comte part de la demeure de Champigny.
Le Comte de Chabannes est pour autant le prétendant de la Princesse qui a le plus prouvé, le plus fidèle.
Jusqu’au dernier moment, il lui voue une fidélité et une loyauté sans pareil, bien qu’éprouvé par ses sentiments à l’égard de la Princesse, et son amitié envers le Prince. Le Duc de Guise, a contrario, voit ses sentiments pour la princesse diminuer, alors qu’il en est, à l’origine et comme les autres, passionnément amoureux. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’à la différence du Comte de Chabannes, le Duc de Guise, bien qu’éperdument amoureux, a d’autres objectifs de vie que de vivre son amour avec la Princesse. La lecture du roman nous apprend que le Duc de Guise, durant le conflit avec les Huguenots, est obsédé par le fait de venger son père. Son désir pour la Princesse cohabite donc avec un désir tout aussi fort, voire plus fort : celui de la vengeance.
Il est connu aussi que la tristesse favorise le sentiment amoureux. Or, le Duc de Guise, après avoir assouvi sa soif de vengeance, ressent de la joie, et cela l’éloigne encore davantage de la Princesse de Montpensier. Il trouve de la grâce en la personne de Madame de Noirmoutiers, et en tombe amoureux jusqu’à sa mort.
Cela met en exergue le fait qu’un amoureux aussi fort que celui qui liait la Princesse de Montpensier au Duc de Guise, qui a transcendé de nombreuses épreuves dont celle du temps, demeurait en réalité fragile. Le Duc de Guise n’a pris aucune nouvelle de la Princesse durant sa convalescence. Cela plonge la Princesse dans une grande détresse, et elle est d’autant plus désespérée d’apprendre la mort du Comte. En effet, même si elle ne nourrissait pas de sentiments amoureux à l’égard de celui-ci, sa fidélité contraste avec la négligence du Duc et apparait à la Princesse comme d’autant plus précieuse.
La Princesse finit par mourir de désespoir d’avoir perdu tous les hommes qui l’ont intensément aimée. Madame De La Fayette finit le roman avec une morale chrétienne très explicitée : si la Princesse s’était comportée avec vertu et prudence, elle n’aurait pas eu cette fin.
Au-delà de la lecture biblique du roman, Madame de La Fayette a probablement voulu transmettre différentes choses à ses lecteurs. Il y a plusieurs grilles de lecture de cette nouvelle.
Dans sa morale, Madame de Lafayette invite à deux choses essentielles : la vertu et la prudence. La vertu, certes, car nous sommes dans un contexte où la Monarchie et le catholicisme règnent. Il est aisé de comprendre que l’autrice a souhaité indiquer qu’en se tenant aux principes moraux et religieux, la Princesse de Montpensier n’aurait pas connu un destin aussi tragique.
Mais la narratrice invite également à la prudence, et le lecteur peut se demander si Madame De La Fayette aurait voulu faire comprendre, en sous-texte, que si l’on choisi de ne pas se soumettre à la vertu, il faut au moins être prudent.
En effet, la Princesse de Montpensier a commis quelques erreurs, qui sont d’ordre de la faute morale si l’on adopte la lecture biblique, mais qui tiennent aussi de l’imprudence. Par exemple, lors du bal, elle s’adresse au Duc d’Anjou pensant s’adresser au Duc de Guise. Certes, ils portaient les mêmes habits ce qui prêtaient à confusion, mais si la Princesse de Montpensier avait cultivé avec davantage de rigueur l’art du secret, elle n’aurait pas parlé au beau milieu d’un bal au cours duquel toute la Cour était présente. Ce faisant, elle prenait un risque, et ce même en méconnaissance du fait qu’il ne s’agissait pas du Duc d’Anjou.
Par ailleurs, il est possible de comprendre à travers ce seul exemple l’intérêt littéraire du personnage du Duc d’Anjou : sa présence dans le roman, bien que récurrente, n’a pas le même poids que celle des Ducs de Guise et Comte de Chabannes, qui apparaissent abondamment tout au long de l’oeuvre. Le Duc d’Anjou, au délà d’être un prétendant parmi les prétendants, a pour fonction de mettre en valeur l’imprudence de la Princesse.
En effet, lorsque l’on regarde la succession d’obstacles qui conduisent à la fin tragique de la Princesse de Montpensier, on peut s’apercevoir que l’origine du mal n’est pas forcément dans sa liaison avec le Duc de Guise, mais dans le fait que celle-ci ait été découverte. Le récit est court, et c’est à partir de cet évènement en particulier, que la princesse est conduite à se retirer à Champigny du fait de la jalousie du Prince, puis à communiquer avec le Duc en secret, entraînant sa fin funeste. La mort du Comte de Chabannes, due à la guerre et à de la malchance, a peut-être pour objet de nous montrer que ce Comte si fidèle a payé le prix fort de sa propre imprudence, de sa soumission face à ses propres sentiments envers la Princesse.
Madame De La Fayette, du fait de la censure et de sa propre religion, avait probablement une obligation d’assortir son récit à une morale. Néanmoins, elle semble vouloir montrer également au lecteur que de nombreuses situations tragiques, peuvent être évitées avec un plus grand soin accordé à la discrétion.
Il est possible aussi d’analyser le roman de Madame de La Fayette au regard des valeurs quant au choix des partenaires avec qui l’on décide de se lier : le Duc de Guise, en se montrant lui même impulsif et imprudent, les a mis tous les deux en danger. En cela, son amour pour la Princesse témoigne de moins de pureté, que l’on peut y trouver dans celui du Comte de Chabannes. D’ailleurs, le Duc de Guise ne s’inquiète plus du sort de la Princesse lorsqu’il est passé à d’autres objectifs et à un autre objet d’amour. Le récit fait ainsi état de la fragilité des liens, et de la nécessité de se lier à quelqu’un lorsque l’on est tout à fait sûr des valeurs de cette personne.
Le récit peut donc s’analyser selon différents angles de vue, et laisse place à la subjectivité.