Littérature

Molière, Dom Juan : résumé, personnages et analyse

Page de présentation de l'étude analytique sur Dom Juan de Molière, incluant un résumé scène par scène, une description des personnages et une analyse des thèmes.
Ecrit par Les Résumés

En 1664, l’auteur français Molière dévoile la première version de Tartuffe, une pièce de théâtre mettant en scène un imposteur se faisant passer pour un homme d’Église. Condamnée par les dévots, la pièce fut interdite par Louis XIV sous la pression de l’archevêque de Paris. C’est sur fond de cette ”querelle du Tartuffe” que naît Dom Juan, une tragi-comédie mi-classique, mi-baroque, qui bouscule avec audace tous les codes du théâtre de l’époque.

Résumé de Dom Juan scène par scène

Acte 1

Scène 1

Dialogue entre Sganarelle, valet de Dom Juan, et Gusman, écuyer de Done Elvire, arrachée du couvent par Dom Juan avant de se faire abandonner peu après leur mariage secret. Alors que Gusman cherche des explications auprès de Sganarelle, celui-ci brosse un portrait peu flatteur de son maître, un homme séducteur, infidèle et libertin.

Scène 2

Dom Juan entre en scène. Débute alors une confrontation entre celui-ci et son valet, qui lui reproche son attitude volatile. Dom Juan, qui répond avec un long éloge de la séduction, se justifie en présentant la fidélité comme une prison. Déjà à la recherche d’une nouvelle proie, il avoue prévoir d’enlever une paysanne tout juste fiancée.

Scène 3

Done Elvire vient demander des explications à Dom Juan sur sa fuite. Celui-ci tente de se dérober, puis finit par prétexter qu’il s’est senti coupable de l’avoir enlevée du couvant. Done Elvire maudit son mari et lui promet un châtiment divin. Dom Juan répond en se moquant du sacré et de Dieu, qu’il défie ouvertement.

Acte 2

Scène 1

Dom Juan et Sganarelle prennent une barque et font naufrage. C’est un paysan, Pierrot, qui recueille les deux hommes de la noyade. Ce dernier s’en va raconter ses prouesses à sa fiancée Charlotte et son amie Mathurine.

Scène 2

À peine remis de cette mésaventure, Dom Juan tombe sous le charme de Mathurine, puis de Charlotte. Il parvient à séduire les deux jeunes paysannes presque simultanément.

Scène 3

Pierrot surprend sa fiancée dans les bras de l’homme qu’il vient de sauver de la mort. Malgré ses tentatives de la ramener à la raison, la stratégie de Dom Juan fonctionne à merveille : celui-ci lui vole sa promise, laissant Pierrot s’en aller, bredouille, avertir la tante de Charlotte.

Scène 4

Mathurine comprend que Charlotte est devenue sa rivale. Les deux jeunes femmes se disputent pour savoir laquelle deviendra la femme de Dom Juan. Ce dernier parvient une nouvelle fois à s’extirper de la situation en faisant croire aux deux jeunes femmes chacune leur tour qu’il se mariera avec.

Scène 5

La Ramée avertit Dom Juan que douze hommes armés sont à sa poursuite. Celui-ci décide alors de fuir en se faisant passer pour Sganarelle, avec qui il échange ses vêtements.

Acte 3

Scène 1

Dom Juan et Sganarelle, déguisés respectivement en médecin et en paysan, cheminent en forêt. Alors que Sganarelle vante les bienfaits de la médecine, Dom Juan en profite pour railler la profession. Non croyant, Dom Juan se dit guidé seulement par la raison. Sganarelle tente de répliquer, mais celui-ci tombe de son cheval, mettant fin à la discussion.

Scène 2

Sganarelle et Dom Juan rencontrent un pauvre, avec lequel Dom Juan se montre méprisant. Lui qui n’a jamais manqué de rien ne comprend ni sa faim, ni sa foi. Il voit au contraire le mendiant comme un menteur qui profite des passants pour leur retirer de l’argent. Vient alors à Dom Juan une idée diabolique : il veut le faire jurer, et lui propose en échange un Louis d’Or. Mais le pauvre refuse de se rabaisser, et Dom Juan finit tout de même par lui lancer la pièce.

Scène 3

Sganarelle et son maître entendent une bagarre : un homme est attaqué par trois individus. Tandis que Sganarelle prend peur et s’enfuit, Dom Juan décide de lui venir en aide, puis découvre qu’il s’agit de Dom Carlos, le frère de Done Elvire, qui est à sa recherche. Dom Juan explique qu’il est l’un de ses amis et promet de l’aider à le retrouver.

Scène 4

Dom Alonse, le second frère de Done Elvire, arrive et reconnaît Dom Juan. Alors qu’il veut le tuer pour venger sa sœur, Dom Carlos l’en empêche. Reconnaissant de l’avoir sauvé, il met toutefois en garde Dom Juan que celui-ci finira tôt ou tard par payer pour ses offenses.

Scène 5

Après avoir retrouvé Sganarelle, Dom Juan reprend son chemin et arrive au tombeau du Commandeur que Dom Juan a tué quelques mois auparavant lors d’un duel. Ce dernier se moque de la statue en faisant demander à son valet de l’inviter à dîner. Contre toute attente, la statue hoche par deux fois la tête en signe d’assentiment. Pris de peur, les deux hommes s’en vont.

Acte 4

Scène 1

De retour à ses appartements, Dom Juan reste incrédule face au miracle auquel il vient d’assister. Sganarelle le met une nouvelle fois en garde : la statue a bel et bien bougé la tête. Il s’agissait là d’un avertissement des cieux face à l’insolence de Dom Juan.

Scène 2

Le laquais de Dom Juan, La Violette, annonce l’arrivée de Monsieur Dimanche, l’un des créanciers de son maître. Alors qu’il vient réclamer son dû, Dom Juan prétend être capable de le renvoyer sans lui payer un sou.

Scène 3

Dom Juan met son plan à exécution et empêche l’homme de s’exprimer. Il le flatte et l’interrompt sans cesse, soutenu par son valet Sganarelle qui lui doit également de l’argent. Le pauvre marchand se retrouve à la porte, ridiculisé et guère plus riche qu’à son arrivée.

Scène 4

La Violette annonce ensuite la visite de Dom Louis, le père de Dom Juan. Celui-ci vient sermonner son fils, qui par ses mauvaises actions déshonore sa famille et son rang. D’abord silencieux, Dom Juan finit par retourner la situation en tenant un discours moralisateur sur l’hypocrisie de la noblesse.

Scène 5

Dom Louis quitte la pièce et Dom Juan lui souhaite la mort. Sganarelle tente de lui expliquer qu’il serait bon d’écouter les paroles de son père. Face à l’allure excédée de son maître, ce dernier change brutalement de discours et se range à ses côtés.

Scène 6

Done Elvire rend de nouveau visite à Dom Juan. Celle-ci apparaît voilée, et lui explique qu’elle vient de rejoindre le couvent. Elle le met également en garde : s’il ne repend pas, Dom Juan subira une punition divine. Lassé de ce sermon, Dom Juan se contente de la provoquer et lui propose de rester avec lui ce soir.

Scène 7

Alors que Dom Juan et Sganarelle se mettent enfin à table, quelqu’un frappe à la porte. Il s’agit de la statue du Commandeur.

Scène 8

Dom Juan propose à la statue de s’attabler. Celle-ci l’interrompt et lui propose plutôt de venir souper avec elle le lendemain. Dom Juan accepte.

Acte 5

Scène 1

Dom Juan retourne voir son père et lui exprime ses remords. Lassé de son mode de vie insolent et libertin, Dom Juan promet à Dom Louis de se repentir et d’accepter Dieu. Fou de joie, ce dernier ne se doute pas qu’il s’agit d’une nouvelle pirouette de son fils pour avoir la paix.

Scène 2

Dom Juan avoue à son valet la vérité. Pour justifier son mensonge, il fait l’éloge de l’hypocrisie, un vice bien pratique qu’il a appris à utiliser pour obtenir la tranquillité. De plus en plus indigné, Sganarelle supplie son maître de cesser ses affronts.

Scène 3

Dom Carlos revient voir Dom Juan pour lui demander d’honorer ses promesses à Done Elvire. Dom Juan lui répond que c’est impossible car il souhaite se consacrer à Dieu. Mais Dom Carlos n’est pas dupe et comprend qu’il s’agit là d’un nouveau mensonge.

Scène 4

De plus en plus inquiet, Sganarelle multiplie les remontrances et mises en garde : si Dom Juan ne se repent pas immédiatement, celui-ci s’expose au courroux des cieux.

Scène 5

Un Spectre se manifeste sous la forme d’une femme voilée pour un ultime avertissement. Il prévient Dom Juan qu’il mourra s’il ne se repent pas maintenant. Sceptique et agacé, Dom Juan tente de frapper le Spectre avec son épée.

Scène 6

Arrive alors la statue du Commandeur, qui vient chercher Dom Juan pour leur souper. Celle-ci l’attire dans son tombeau et le brûle du feu divin. Sganarelle pleure ses gages perdus mais admet que le monde se portera mieux sans Dom Juan.

Présentation des personnages

  • Dom Juan : Riche et issu de la noblesse, Dom Juan est un coureur de jupons qui collectionne les conquêtes;
  • Sganarelle : valet de Dom Juan, Sganarelle est aussi le seul véritable ami du séducteur;
  • Done Elvire : femme de Dom Juan, la jeune épouse finit par se faire abandonner par son mari peu après avoir quitté le couvent;
  • Gusman : écuyer de Done Elvire;
  • Dom Carlos et Dom Alonse : frères de Done Elvire, les deux hommes sont à la poursuite de Dom Juan afin de venger leur sœur;
  • Dom Louis : père de Dom Juan, ce dernier se montre fermement opposé au mode de vie volage de son fils;
  • Francisque : mendiant que rencontrent Dom Juan et son valet sur leur chemin;
  • Charlotte et Mathurine : deux paysannes que Dom Juan parvient à séduire simultanément en leur promettant le mariage;
  • Pierrot : paysan et fiancé de Charlotte, Pierrot sauve Dom Juan et Sganarelle de la noyade;
  • La statue du Commandeur : le Commandeur était un noble que Dom Juan a tué lors d’un duel;
  • La Violette, Ragotin : laquais de Dom Juan;
  • Monsieur Dimanche : marchand et créancier de Dom Juan;
  • La Ramée : spadassin;
  • Un Spectre.

Analyse de l’œuvre

Dom Juan, une pièce classique ou baroque ?

D’un côté, la pièce de Molière respecte bien la règle de vraisemblance qui prévaut dans le genre classique. De l’autre, Dom Juan bafoue explicitement de nombreux codes du théâtre de l’époque. Écrite en prose, la pièce n’a d’abord pas d’unité de temps puisque l’action se déroule sur deux jours. L’unité de lieu est également mise à mal car Molière change de décor au début de chaque acte. Enfin, le dénouement est lui aussi contraire à l’esthétique classique de l’époque car on ne sait ce qu’il advient des personnages de Done Elvire, Charlotte et Mathurine.

Non seulement Dom Juan s’éloigne des règles strictes du théâtre classique, mais cette pièce peut même être vue comme étant fortement influencée par le baroque espagnol. Dans la première scène, qui constitue l’exposition, Molière crée une tension palpable en retardant l’apparition de Dom Juan et en préparant l’opposition maître / valet. Curieusement, la pièce commence plutôt par un éloge du tabac. Loin d’être choisie au hasard, cette tirade a pour vocation de présenter d’entrée Dom Juan comme un brûlot contre les dévots, qui condamnaient à l’époque le tabac sous prétexte que c’était un désir incorrect. Ici, Molière fait par ailleurs référence à l’auteur espagnol Tirso de Molina, qui présente le tabac comme une allégorie du baroque : métaphoriquement, le tabac annonce déjà l’inconstance du cœur, l’amour qui consume et les paroles de Dom Juan qui ne sont que fumée. Cette influence baroque se retrouvera tout au long de la pièce, avec notamment la tirade de Dom Juan dès la deuxième scène qui constitue une éloge de l’inconstant. La thématique du mouvement appuie aussi le style baroque de la pièce : Dom Juan est un libertin qui ne s’arrête nulle part et ne s’attache jamais.

Quelle est l’intrigue ?

Si l’intrigue peut sembler au début portée sur l’histoire entre Dom Juan et Done Elvire, on comprendra rapidement qu’il ne s’agit là que d’une conquête parmi tant d’autres qui a vocation à introduire ce “grand seigneur, méchant homme”. Dès la première scène, le spectateur comprend en effet qu’il faudra regarder Dom Juan sous un double-aspect car ce dernier a deux visages : l’un séducteur, l’autre inquiétant. On retrouve par ailleurs chez Sganarelle ce mélange de crainte et d’admiration pour Dom Juan. Personnage fourbe inspiré de Tartuffe, ce dernier est présenté comme un homme aussi provocant que séducteur. Le thème du double reviendra ainsi tout au long de la pièce.

La fin de la première scène nous montre enfin que non seulement Dom Juan est capable de briser le cœur des femmes, mais il n’éprouve également aucun remord à les arracher à Dieu. En réalité, ses outrages ne ciblent pas seulement les femmes qu’il séduit, mais Dieu lui-même. Cette première scène nous amène ainsi à nous poser la question : Qui est Dom Juan ?

Qui est Dom Juan ?

Dès sa première tirade, on comprend que Dom Juan est un maître de l’éloquence. Ses paroles dégagent une puissance séductrice telle que Sganarelle lui-même, qui connaît ses machinations par cœur et s’efforce de rester hostile à son maître, ne peut s’empêcher d’être ébloui. À l’acte II, Charlotte dit par ailleurs : “On m’a toujours dit qu’il ne faut jamais croire les Monsieux (…) vous faites que l’on vous croit.” Le séducteur est tellement fort dans l’art du discours qu’il parvient à convaincre n’importe qui, même ceux qui sont initialement méfiants.

Dans cette longue tirade, on ressent aussi l’adrénaline suscitée par le moment de la conquête, puis la retombée du désir une fois que l’objectif est atteint. Ce désir revient brutalement lorsqu’une nouvelle proie pousse le séducteur à repartir à l’assaut. Dom Juan n’est nullement attiré par les femmes qu’il courtise mais par leur conquête. De plus, son excitation est pimentée par le tourment d’autrui qui résiste : à la recherche de défi, Dom Juan est cruel dans sa séduction. Mais l’homme présenté ici n’est pas seulement un libertin sans limite. Pour Dom Juan, réclamer l’illimité de son désir est un moyen de revendiquer l’entière liberté du moi : un moi qui bouscule la morale, qui écrase autrui, qui se moque du ciel. En ce sens, Dom Juan est à la fois l’ennemi du genre humain et l’ennemi de Dieu.

La question de la religion dans Dom Juan

La dernière scène de l’acte II confirme que le véritable adversaire de Dom Juan est Dieu, le garant de la morale. On est face à une mise à l’épreuve de la morale chrétienne : l’aventurier joue avec la mort parce qu’il se croit plus fort qu’elle. Le spectateur est maintenu dans cette dualité initiale : a-t-il envie de s’amuser avec Dom Juan ou de se repentir avec Sganarelle ?

La première scène de l’acte III va surtout permettre un développement sur la superstition et la médecine. Ce n’est pas un hasard si la métaphore de la croyance est ici filée. La pièce tend de plus en plus nettement à trancher la question de l’athéisme qui est ici non déclaré ouvertement mais sous-entendu clairement. Si s’en prendre à Dieu est inimaginable à l’époque, Molière introduit une audace spirituelle et intellectuelle inattendue et esquisse avec Dom Juan les contours de l’humaniste athée.

La deuxième scène va encore plus loin. Derrière cette confrontation avec le pauvre, c’est Molière que nous entendons condamner les attitudes religieuses de son époque. Mais n’oublions pas le contexte dans lequel s’inscrit la pièce : que Dom Juan se permette de bafouer la religion est déjà inacceptable à l’époque. Mais s’en prendre à un homme bon qui a choisi une vie de mendicité est absolument abjecte. Cette scène a donc clairement vocation à démarquer Molière, qui a lui-même connu la misère, de son personnage. L’utilisation des machines théâtrales, ancêtres de nos effets spéciaux, est également un moyen pour Molière d’éviter la censure en rappelant la véracité de sa foi, là où Dom Juan est discrédité auprès du public car pris en flagrant délit de mauvaise foi. Le geste hautain de Dom Juan qui lance la pièce au pauvre annonce déjà qu’il est en train de perdre la partie, car il vient de découvrir que l’on peut être sincère dans sa foi. Dom Juan se remet en question car Dieu n’est plus un fantôme sans âme. Il commence à mesurer la grandeur de son adversaire et cherche ainsi à fuir la situation qui tourne en sa défaveur. Cette scène est l’ultime illustration du double-visage de Dom Juan : à la fois grand seigneur, et méchant homme.

Le même schéma se reproduit dans la scène avec la statue du Commandeur, ce qui démontre une fois de plus la pleine audace de Dom Juan : plus c’est sacré, plus cela l’intéresse. Même s’il se montre grand seigneur lorsqu’il reconnaît enfin Done Elvire à sa juste valeur, ses démons finissent par reprendre le dessus lorsqu’il provoque celui qu’il a tué, et lle public constate une nouvelle fois que Dom Juan va trop loin. Mais Dom Juan tombe une seconde fois sur plus fort que lui, et ce coup d’arrêt est bien plus terrible : Dom Juan se retrouve à sa grande surprise face à quelque chose qui ne s’explique pas.

L’éloge de l’hypocrisie par le nouveau Tartuffe

C’est surtout dans le dernier acte que Molière règle définitivement ses comptes avec le parti dévot. D’un côté, Dom Juan fait semblant de ne pas croire la statue, et dans la scène suivante il feint la conversion. Lorsqu’il est faux dévot, Dom Juan tient un discours qui souligne sa fausseté : on retrouve le double de Tartuffe. Sur le plan théâtral, tout correspond à une intention très claire : montrer que le personnage porte le masque du faux dévot. Molière joue ici avec l’être et le paraître.

Lorsque Dom Juan parle de l’hypocrisie, ce vice à la mode, ce dernier est sincère dans le tableau de la société qu’il brosse. C’est la seule fois de la pièce où Dom Juan est le porte-parole de la vérité de Molière, cette vérité même qui a mené à l’interdiction de Tartuffe. Dom Juan rejette l’hypocrisie générale, dans laquelle même sa propre famille s’inscrit. Avec une habileté sans pareille, Molière a su montrer grâce à la fausseté de Dom Juan la vérité. Molière s’adresse ici au public pour dénoncer l’imposture de la société des courtisans.

Les sujets évoqués par Molière dans cette pièce sont extrêmement sérieux. C’est pourquoi les actions comiques de Sganarelle portent un véritable enjeu : celui de faire passer le message de Dom Juan, de dire la vérité. Avec Charlotte, il abuse d’une âme naïve, mais use du comique pour mettre les spectateurs de son côté. De nouveau lors de la scène finale, le comique, grinçant, surgit au milieu du tragique.

Que penser du châtiment final ?

Il n’y a plus de retour en arrière possible pour Dom Juan qui s’est aliéné le reste du monde. Si on démarre au début de la pièce avec un mélange de fascination et de répulsion pour le personnage, le seul sentiment qui domine à la fin est la répulsion : même Sganarelle ne suit plus son maître, il attend ses gages pour le quitter. La symbolique du voile a également son importance : c’est le moment où l’on annonce la vérité, l’heure du châtiment.

Pourtant, Dom Juan va jusqu’au bout : il n’a plus rien à perdre puisqu’il est encore persuadé d’être le plus fort dans la partie qu’il a engagé. Mais le dénouement que l’on attendait tombe et Dom Juan est happé par la mort. Avec le recul, on le sait depuis les premiers mots de Sganarelle : il fallait que Dom Juan soit châtié. Sa mort laisse pourtant un bilan terrible : il a détruit des femmes, a fait honte à son nom et a laissé son plus fidèle serviteur spoilé. La fin de la pièce nous rappelle que cette tragédi-comédie tend vers le baroque, tellement le bilan final est noir.

On s’était demandé qui était Dom Juan. On voit finalement qu’il est difficile d’y répondre. Le sujet est tellement audacieux que le personnage échappe même à son auteur. En réalité, on peut conclure que Dom Juan est celui qui a été trop loin. Il est celui qui a tenté de repousser les limites mais qui n’y est pas parvenu.

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