Résumé sur Le Malade Imaginaire de Molière avec analyse

Argan, le malade imaginaire

Argan croit constamment qu'il est gravement malade. Il porte donc les attributs classiques d’un malade de l’époque, comme un bonnet de nuit ou une camisole. Il incarne la figure du malade typique, vêtu de manière négligée et alourdi par la conviction de ses nombreuses maladies imaginaires. Cette tenue contribue à accentuer son obsession pour sa santé et à renforcer son caractère ridicule.

Argan est avant tout hypocondriaque. Son obsession pour sa santé le rend anxieux et paranoïaque. Il est persuadé d’être constamment à la merci de nouvelles maladies. Il vit dans une peur irrationnelle de la mort, ce qui le pousse à se soumettre aveuglément aux médecins et à leurs traitements. Sa crédulité est exploitée par son entourage, notamment par Béline, sa seconde femme, qui cherche à tirer profit de son état. Malgré cette fragilité, Argan est aussi profondément égoïste et autoritaire. Il impose à Angélique, sa fille, un mariage avec un médecin pour son propre bénéfice, sans se soucier de ses désirs. Il a ce besoin de contrôle, que ce soit sur son propre corps ou sur sa famille.

Ce personnage incarne pleinement la satire de Molière sur la médecine de son époque. À travers lui, Molière critique l’aveuglement des patients face aux médecins charlatans et l’absurdité de certains traitements médicaux. Argan est l’archétype du malade imaginaire qui devient l’instrument d’une médecine mercantile, plus soucieuse de gagner de l’argent que de soigner réellement. Son personnage symbolise aussi la peur de la mort et l’incapacité à accepter sa condition humaine. En poussant son hypocondrie à l’extrême, Argan devient la représentation de la vanité humaine face à la mortalité. De plus, son insistance à vouloir marier sa fille à un médecin souligne son désir d'assurer son propre bien-être à travers ses proches, mettant en lumière son égoïsme.

Angélique, la fille romantique d'Argan

Angélique, la fille aînée d'Argan, est souvent décrite comme une jeune femme séduisante et pleine de vie. C'est la représentation typique de la jeunesse et de l'innocence dans les comédies de Molière. Angélique incarne la grâce et la beauté féminine de l'époque, en contraste avec l'état maladif de son père. Son apparence extérieure reflète son énergie, son optimisme et son désir de vivre pleinement sa vie, notamment à travers son amour pour Cléante.

Angélique est un personnage déterminé mais vulnérable. Elle est profondément amoureuse de Cléante et incarne les sentiments romantiques purs. Malgré cet amour sincère, elle se retrouve dans une situation d'oppression familiale, subissant l'autorité tyrannique de son père, qui tente de la marier à Thomas Diafoirus, un homme qu'elle n'aime pas. Angélique représente l'obéissance filiale, mais elle aspire à plus de liberté et à suivre son propre cœur. Sa frustration et sa détresse face aux décisions imposées par son père font d’elle un personnage attachant, pris entre la loyauté familiale et ses désirs personnels.

Ce personnage symbolise la jeunesse opprimée par les normes et les conventions sociales de l'époque. Elle incarne la lutte entre les mariages arrangés, destinés à servir les intérêts des parents, et le mariage d'amour, une idée plus moderne. C'est également un symbole de l'innocence et de la pureté, un contraste flagrant avec l'hypocrisie et l'égoïsme des personnages comme Béline ou les Diafoirus. À travers Angélique, Molière critique la rigidité des conventions sociales et la volonté des jeunes générations de s'affranchir de ces contraintes.

Béralde, le frère moqueur d'Argan

Béralde, le frère d'Argan, se présente comme un personnage plus détendu que son frère. Il n'est pas obsédé par son état physique. Béralde est réfléchi, rationnel, et moqueur. Ce personnage joue le rôle de la voix de la raison face à l'hypocondrie et aux illusions médicales de son frère. Il est doté d'un esprit critique aiguisé et ne manque pas d'ironie lorsqu'il se moque des médecins et de leur jargon absurde. Contrairement à Argan, qui est gouverné par la peur de la maladie, Béralde incarne une certaine sagesse, cherchant à ramener son frère à la réalité. Il est également protecteur envers sa nièce Angélique et s'oppose fermement à son mariage forcé avec Thomas Diafoirus, défendant l'idée que le mariage doit être fondé sur l'amour.

Béralde représente la raison face à l'absurdité. C'est un contrepoint direct aux excès et à la crédulité d'Argan. À travers Béralde, Molière critique les pratiques médicales de l'époque, mais également l'aveuglement des gens face à l'autorité, qu'elle soit médicale ou parentale. Ce personnage est l'incarnation du bon sens et du libre arbitre, soulignant l'importance de la réflexion personnelle et de la méfiance envers les faux experts.

Béline, la femme manipulatrice d'Argan

Béline, la seconde épouse d'Argan, est une femme qui cultive l’apparence de la tendresse et de la dévotion envers son mari malade. Mais ce n'est qu'une façade. Si elle se présente comme une épouse attentionnée, appelant Argan « mon petit fils », son véritable objectif est d’hériter de sa fortune.

C'est une femme manipulatrice à la fois égoïste et calculatrice. Elle n’attend qu’une chose : la mort de son mari. Béline est un personnage froid, insensible, et dénué de tout scrupule moral. Elle n’hésite pas à mentir et à manipuler Argan, exploitant sa faiblesse et son hypocondrie pour mieux le contrôler. Béline entre souvent en conflit avec Angélique, la fille d’Argan, qu’elle perçoit comme un obstacle potentiel à son héritage.

Elle symbolise l’hypocrisie et l’intérêt matériel dans le mariage, une critique acerbe de Molière sur la société de son époque. Elle représente ces personnages vénaux et sans scrupules, prêts à tout pour atteindre leurs objectifs financiers. Béline est également un symbole de la fausse bienveillance : elle feint l'amour et la sollicitude, mais ses véritables motivations sont démasquées dans l'une des scènes clés de la pièce, lorsqu'Argan feint la mort pour révéler ses véritables sentiments. Par son personnage, Molière critique les mariages intéressés et l'avidité qui gangrène les relations humaines​.

Toinette, la servante rusée

Toinette, la servante d'Argan, est décrite comme une femme énergique et dynamique. C'est un personnage rusé, intelligent et très perspicace. Elle incarne l’esprit de la servante maligne de la commedia dell'arte, qui utilise son intelligence pour déjouer les plans des autres personnages. Toinette n’hésite pas à jouer des tours pour faire tomber les masques, révélant ainsi les véritables intentions de Béline et des faux médecins. Elle est profondément loyale envers Angélique et cherche à la protéger contre le mariage forcé avec Thomas Diafoirus, orchestré par Argan. Son sens de l'humour et sa capacité à se moquer subtilement des autres personnages ajoutent une dimension comique à la pièce. C'est un personnage plein de ressources, capable de manipuler les situations en faveur des plus vulnérables.

Toinette représente le bon sens populaire et l’esprit critique face à l'autorité. C'est l’incarnation de la ruse servile qui défie les puissants en les ridiculisant. Dans Le Malade imaginaire, elle devient le moteur de l'intrigue et un vecteur de vérité. Elle aide à démystifier les faux-semblants, que ce soit les charlatans médicaux ou la fausse affection de Béline. Toinette incarne également l’émancipation des classes inférieures. En effet, malgré son statut, elle contrôle en grande partie l’issue des événements grâce à sa ruse et à son intelligence.

Cléante, l'amoureux

Cléante, l'amant d'Angélique, est dépeint comme un jeune homme galant et séduisant, typique du personnage de l’amoureux dans les comédies de Molière. C'est un personnage sincère, amoureux et loyal. Il est profondément épris d’Angélique et cherche à l’épouser, malgré les obstacles posés par Argan, qui préfère la marier à un médecin pour garantir ses propres soins futurs. Cléante est déterminé à faire triompher son amour pour Angélique, mais il demeure courtois et respectueux tout au long de la pièce. Bien qu'il ne soit pas aussi rusé que Toinette, c'est un homme d'honneur. Il est prêt à affronter les défis avec patience et persévérance. Cléante n'hésite pas à jouer un rôle actif dans le déroulement de l'intrigue, comme lorsqu'il participe à une scène d'opéra pour séduire Angélique.

Cléante représente l’amour véritable et la jeunesse en opposition à la vieillesse et à la maladie incarnées par Argan. Il incarne également la force de l'amour face aux mariages arrangés et aux intérêts financiers qui régissent les décisions des personnages comme Argan. À travers Cléante, Molière met en lumière la critique des mariages basés sur des convenances sociales plutôt que sur des sentiments authentiques. De ce fait, Cléante devient le symbole de l’amour libre et désintéressé, contrastant avec les manipulations et l’égoïsme présents dans l'entourage d'Argan​.

Monsieur Diafoirus, le médecin charlatan

Monsieur Diafoirus est un médecin pompeux et pédant. Il est souvent représenté comme un homme d’âge mûr, habillé selon les conventions de son époque, en noir et en tenue de médecin. C'est un personnage orgueilleux et totalement enfermé dans ses certitudes médicales. Il est représenté comme un médecin grandiloquent, prêt à étaler son savoir théorique sans se soucier réellement de ses patients. Ce personnage est intéressé avant tout par le statut social et la fortune d'Argan, ce qui le pousse à vouloir marier son fils, Thomas Diafoirus, à Angélique. Malgré son prétendu savoir, c'est un charlatan. Il est incapable de reconnaître ses propres limites, et incarne la médecine de l'époque, plus préoccupée par l'apparence que par la réelle efficacité des traitements.

Ce personnage représente la satire de la médecine pédante et incompétente du 17e siècle. Par ce personnage, Molière critique les médecins qui, plutôt que de s'occuper du bien-être de leurs patients, sont plus intéressés par le prestige social et l'argent. Monsieur Diafoirus incarne la rigidité et l'inefficacité d’une science médicale déconnectée de la réalité. C'est aussi une critique de l’autorité aveugle : en se moquant de ce médecin pompeux, Molière dénonce l’absurdité des conventions et des figures d’autorité imposées, que ce soit dans la médecine ou dans les mariages arrangés​.

Thomas Diafoirus, le jeune médecin maladroit

Thomas Diafoirus est le fils de Monsieur Diafoirus. Il est décrit comme un jeune médecin maladroit, un peu pataud, et dénué de grâce. Un peu simple d'esprit, il incarne le stéréotype du jeune homme fraîchement sorti des écoles de médecine, rempli de théories mais dépourvu d’intelligence pratique ou d’adaptabilité. Il est souvent à contre-temps dans ses paroles et dans ses actions, incapable de faire preuve de la finesse et de la souplesse requises pour comprendre les situations sociales complexes. Son manque de tact et de charme le rend ridicule dans ses tentatives de séduire Angélique. Malgré son statut de médecin, il apparaît déconnecté de la réalité. Il est incapable de comprendre les besoins des autres, notamment ceux de sa prétendue fiancée.

Il représente la critique de Molière sur la médecine de son temps. Thomas incarne le médecin arrogant, mais incompétent, formé à réciter des théories sans véritable savoir-faire. Thomas est aussi un symbole de l'ineptie des mariages arrangés, forcés par des considérations sociales ou médicales plutôt que par des sentiments sincères. Par ce personnage, Molière se moque des jeunes diplômés sans expérience pratique, tout en critiquant les mariages de convenance où l’amour n’a aucune place.

Monsieur Fleurant, l'apothicaire pragmatique

Monsieur Fleurant, l'apothicaire d'Argan, est un personnage pragmatique et intéressé par la vente de ses remèdes. Il apparaît comme une figure dévouée à la médecine, mais sa véritable motivation réside dans le profit plutôt que dans le bien-être de son patient. Fleurant incarne un praticien qui ne remet jamais en question l’utilité de ses médicaments, même si ceux-ci sont inutiles ou excessifs. Il suit docilement les prescriptions des médecins sans faire preuve de réflexion ou d'indépendance critique. En tant que fournisseur de potions à Argan, il contribue à entretenir l'hypocondrie de celui-ci.

Ce personnage représente la critique de Molière envers la pratique médicale de son époque, en particulier la pharmacopée excessive et inefficace. Il incarne la figure du professionnel de la santé qui exploite la peur et la crédulité des patients pour vendre des traitements inutiles. Par son personnage, Molière dénonce la commercialisation de la médecine, où les apothicaires et les médecins profitent des maladies réelles ou imaginaires de leurs patients. Fleurant devient ainsi un symbole de l’inefficacité et de la cupidité de certains praticiens de santé, renforçant la satire générale sur le monde médical dans la pièce.

Monsieur Purgon, le médecin autoritaire et dogmatique

Monsieur Purgon, le médecin personnel d’Argan, est un personnage arrogant et inflexible. Il est profondément convaincu de l'efficacité de ses traitements, qu'ils soient nécessaires ou non. Ce personnage prescrit à Argan des remèdes absurdes, sans jamais remettre en question leur utilité. Il se scandalise lorsque celui-ci ose douter de ses compétences. Sa fierté est telle que, lorsqu’Argan remet en question ses soins, il menace de l’abandonner à une mort certaine. Purgon incarne l’archétype du médecin autoritaire, incapable d’accepter la critique, et qui voit toute contestation comme une attaque contre sa profession.

Il représente la satire de Molière contre la médecine de l'époque, et plus précisément contre les médecins dogmatiques et charlatanesques qui abusent de leur pouvoir. Il incarne la tyrannie médicale, où les traitements sont imposés sans tenir compte du bien-être du patient. À travers ce personnage, Molière dénonce le système médical rigide, plus soucieux de maintenir son autorité que de soigner véritablement. La réaction outrée de Purgon face à la moindre remise en question illustre l’arrogance et l’insensibilité de cette figure d’autorité, ajoutant une dimension comique à la critique de la profession médicale.