Littérature

Nicolas Gogol, Nouvelles de Pétersbourg, La perspective Nevsky : résumé, personnages et analyse

Page d’accueil de l’analyse littéraire sur La perspective Nevsky de Gogol (Nouvelles de Pétersbourg) , avec un récapitulatif, une exploration des personnages et une évaluation thématique.
Ecrit par Les Résumés

La Perspective Nevsky de l’écrivain russe, Nicolas (ou Nikolai) Gogol a été publiée en 1835 pour la première fois. Cette nouvelle, extraite du recueil Nouvelles de Pétersbourg, se déroule dans l’une des artères principales de la ville où se côtoient toutes les classes sociales Pétersbourgeoise. Partons à la découverte de cette avenue où l’illusion l’emporte sur la réalité.

Résumé détaillé de recueil Nouvelles de Pétersbourg – “La perspective Nevsky” de Nicolas Gogol

CHAPITRE 1

Deux hommes sur la perspective Nevsky

Le narrateur effectue une longue description de la perspective Nesky, l’une des artères principales de Saint-Pétersbourg, décrivant heure par heure l’animation de cette rue. C’est à ce moment que Pirogov entre en scène et demande à son compagnon Piskariov s’il a remarqué la jolie femme blonde qui vient de passer. Néanmoins, c’est une brune qui a charmé les yeux de Piskariov. Les deux hommes décident alors de se séparer pour suivre chacun la femme qui leur a plu.

La mésaventure de Piskariov

La filature

Le narrateur s’attarde sur la filature de Piskariov, un peintre timide et timoré. Il se surprend à avoir assez d’audace pour suivre cette jolie femme brune qu’il trouve séduisante. La femme croise le regard de Piskariov. Il pense comprendre qu’elle sait qu’elle est suivie. Gêné, Piskariov décide de laisser plus d’espace entre eux et fait semblant de regarder les enseignes tout en tâchant de ne pas la perdre de vue afin de voir où elle habite.
La jeune femme le regarde une nouvelle fois, et il lui semble qu’elle lui fait un sourire. Il continue à la suivre jusqu’au quatrième étage d’un immeuble situé sur la perspective Liteïny. Dans cet appartement délabré, Piskariov est écoeuré de découvrir que cette jeune femme, qui semble n’avoir pas plus de dix-sept ans, est une prostituée. Malgré sa beauté, il ne ressent aucun plaisir d’aller plus loin avec elle, d’autant plus que tout ce qu’elle dit lui paraît bête. Il finit par rentrer chez lui.

Quand le rêve surpasse la réalité

Le soir venu, un laquais arrive au moment où il s’apprête à dormir. Ce dernier lui fait savoir que la jeune femme qu’il a raccompagnée l’a envoyé le chercher pour l’amener dans son hôtel. Piskariov est perdu. Il se demande s’il s’agit bien de la même femme. Intrigué, il accepte d’y aller. Piskariov se retrouve dans une soirée mondaine où il retrouve cette jeune femme. Elle lui explique qu’elle se sent mal qu’il ait pu croire qu’elle se prostituait. Au moment où elle s’apprête à lui révéler un secret, un vieillard s’immisce entre eux. Il lui parle dans une langue étrangère et la jeune femme est obligée de le suivre. Elle s’assure que Piskariov va l’attendre. Ce dernier essaie de la rechercher, en vain. Il finit par se réveiller et comprend que tout ceci n’était qu’un rêve. Il essaie de se rendormir, mais il ne la revoit pas. Durant les jours qui suivent, il n’attend qu’une seule chose : que le soir arrive pour espérer revoir la femme de ses songes. Toutefois, celle-ci ne se présente pas.

Une réalité qui se retrouve décevante

Progressivement, Piskariov a des problèmes pour s’endormir. Il va voir un marchand pour obtenir de l’opium qui, selon certains, serait un très bon somnifère. Le marchand accepte de lui en donner en échange d’un tableau qui le présenterait en compagnie d’une superbe femme. Piskariov retourne chez lui, prend un peu d’opium et finit par revoir la femme de ses songes. Durant les nuits qui suivent, il la revoit régulièrement. Le jour, il ne pense à rien d’autre qu’à la revoir une fois la nuit venue. Dans l’un de ses rêves, ils sont mariés. Celui-ci le pousse à retourner à la perspective Liteïny afin de l’extirper de sa vie de prostitution, de l’aider et de pouvoir l’épouser comme dans ses songes. Il lui fait part de son plan, mais la jeune femme n’a nullement l’intention de changer de vie. Cela attriste Piskariov qui finit par partir. Il déambule dans les rues et ne retourne chez lui que le lendemain. Il s’enferme dans son atelier qu’il n’ouvre pas pendant plusieurs semaines. On finit par le retrouver mort, la gorge ensanglantée avec un rasoir dans la main. On l’enterre sans que personne ne le pleure.

La filature de Pirogov

Le narrateur revient à l’instant où Piskariov et Pirogov se sont séparés. Ce dernier suit la jeune femme blonde qui lui a plu. Il finit par entrer dans l’atelier de Schiller, un maître ferronnier allemand. Dès lors, il comprend que la jeune femme est mariée à cet artisan. On assiste à une scène où Schiller, complètement ivre, explique à son ami Hoffman que son nez lui coûte trop cher. Il le supplie de lui couper. (allusion à la nouvelle précédente Le Nez). À cet instant, Schiller se montre fort désagréable envers Pirogov. Le lendemain, ce dernier retourne à son atelier. Sachant que la veille, il n’a pas dû se présenter de manière correcte envers cet officier russe, Schiller se fait petit. Il accepte de s’occuper de ses éperons. Pirogov vient leur rendre plusieurs fois visite, mais Schiller est toujours présent. D’autre part, la jeune femme blonde ne répond pas à ses avances. Pirogov apprend que l’artisan quitte la maison tous les dimanches. Il profite de ce jour pour tenter de faire céder la femme de l’artisan. Il commence par danser avec elle, puis il se met à chanter avant de l’embrasser plusieurs fois. En rentrant complètement ivre, Schiller le surprend et décide, avec ses amis, de le fouetter. Indigné, Pirogov décide de les poursuivre afin de se venger. Néanmoins, il se rend dans une pâtisserie où il mange deux gâteaux feuilletés en lisant L’Abeille du Nord. Il finit par se calmer et renonce à se venger.
Le narrateur finit par préciser qu’il faut se méfier de ce que l’on voit dans la perspective Nevsky étant donné que tout n’est que faux-semblant.

Présentation des personnages

Piskariov est un jeune peintre timide et réservé qui réussit à avoir assez d’audace pour suivre cette jolie brune qu’il a repérée dans la perspective Nevsky. Cette attirance qu’il éprouve n’est que physique puisqu’il la trouve bête et que sa vie de prostitution l’écoeure. Toutefois, la beauté physique de la jeune femme éveille son âme d’artiste. Elle développe son imagination et très vite, le peintre se plaît à vivre dans un monde imaginaire où cette femme réelle devient une femme imaginaire qui incarne plus que ce qu’elle est véritablement. Il nourrit l’espoir d’en faire sa muse. Il décide de l’extirper de sa vie actuelle en lui proposant un mariage. Cependant, cette jeune femme n’est absolument pas la femme de ses songes. Elle se complaît dans cette vie de prostitution et elle se moque ouvertement des projets qu’il a en tête. Déçu, Piskariov comprend que ses rêves ne deviendront jamais réalité et il finit par se suicider.

Pirogov est un lieutenant russe très arrogant qui souhaite posséder la jeune femme blonde sous prétexte que son rang et sa condition sociale le lui permet. Bien que celle-ci refuse ses avances étant donné qu’elle est déjà mariée, cela ne freine pas l’ardeur de Pirogov. Le fait qu’elle soit inaccessible renforce son désir pour elle. Il finit par être surpris par Schiller en train de l’embrasser et reçoit des coups de fouet. Indigné, il décide de se venger, mais sa colère retombe aussi vite qu’elle est apparue. Contrairement à Piskariov, Pirogov ne se laisse pas consumer par toute cette histoire. Il incarne ces hommes qui, sous prétexte d’avoir du pouvoir, estiment que le monde doit se plier à leurs exigences.

La jeune femme blonde et la jeune femme brune sont deux personnages dont la beauté attire Pirogov et Piskariov. Si la femme brune accepte d’être suivie, car cela lui permet d’avoir un client en plus, la jeune femme blonde aurait bien aimé ne pas l’être. Ces deux femmes sont décrites comme étant très jolies, mais leur qualité s’arrêtent là. La jeune femme brune apparaît à Piskariov comme une sotte qui jouit d’une vie de prostitution. La jeune femme blonde est également perçue comme une femme idiote aux yeux de Pirogov. Toutefois, leur beauté continue d’entretenir l’imaginaire des deux hommes qui souhaitent les avoir pour eux pour des raisons différentes. Pirogov souhaite posséder la jeune femme blonde parce qu’il en a la possibilité. Il ne veut qu’assouvir ses pulsions. Piskariov, quant à lui, réfléchit en tant qu’artiste. Cette jeune femme brune se présente à lui comme une muse. Les deux femmes refuseront ce que ces hommes leur proposent, montrant ainsi qu’elles ont le pouvoir sur ce qu’elles veulent ou ce qu’elles ne désirent pas.

Schiller est un maître ferronnier allemand qui s’est fait la promesse d’obtenir au moins cinquante mille roubles. Il travaille énormément et n’hésite pas à faire des concessions pour économiser suffisamment. S’il le pouvait, il se débarrasserait de tout ce qui lui coûte énormément d’argent, comme nous le montre ce passage où il demande à son ami Hoffmann de lui couper le nez. Schiller est très porté sur la boisson. Tous les dimanches, il s’enivre. Ce moment, où il n’a plus le contrôle de lui-même, le pousse à avoir des réactions et des comportements impulsifs qui passent outre les grades instaurés à Saint-Pétersbourg. Ainsi, il n’hésite pas à fouetter Pirogov lorsqu’il retrouve ce dernier en train d’embrasser sa femme. Hoffman et Kuntz sont des amis à lui.

Analyse de l’oeuvre

Dans sa nouvelle La perspective de Nevsky, Gogol décrit les promenades type dans la célèbre avenue Nevsky à Saint-Pétersbourg. Cette longue avenue était considérée comme l’artère principale de la ville et un lieu de rencontre pour les habitants de toutes les classes sociales. Sur le plan formel, la nouvelle est écrite dans un style lyrique et poétique. Elle présente une vision panoramique de l’avenue, avec ses différents quartiers et ses scènes animées. L’auteur utilise une variété de techniques stylistiques pour créer une atmosphère riche et visuelle, notamment des descriptions colorées et des comparaisons inventives. En se concentrant sur les personnages de Pirogov et de Piskariov, Gogol tente d’illustrer les faux-semblants qui prédominent dans cette rue. Les deux jeunes femmes, si jolies soit-elle, sont toutes deux très bêtes. Néanmoins, les deux hommes continuent d’entretenir leur imaginaire à travers ses deux femmes. Piskariov estime que cette femme est prostituée parce qu’elle ne peut pas faire autrement, Pirogov pense que la jeune femme blonde va forcément finir par répondre à ses avances. À aucun moment, les deux hommes essaient de comprendre ce que veulent ces femmes. Ils supposent et tiennent ces faits pour acquis. Toutefois, la situation tragique ne touchera que Piskariov, ce qui permet à Gogol de mettre en évidence à quel point cette avenue peut être aliénante et déshumanisante pour les personnes les plus vulnérables.

Il est important de souligner que les deux hommes s’inscrivent dans une quête bien différente. S’ils suivent tous deux la jeune femme qui leur plaît, leur intention est nettement différente. Pirogov souhaite assouvir ses pulsions. Pour y arriver, il n’hésite pas à montrer que son statut d’officier russe lui donne droit à certains privilèges. Ce qui l’intéresse c’est donc avant tout le plaisir de la chair. Piskariov, quant à lui, est à la recherche d’un idéal de beauté. Son attirance pour cette jeune femme brune met en lumière son côté artiste. Lorsqu’il se rend compte que cette femme ne correspond pas à ce qu’il désire, il se met à rêver d’elle en façonnant un portrait qui serait plus en accord avec la beauté qu’elle incarne. Ainsi, ses rêves lui donnent la possibilité de créer une œuvre complexe, qui peu à peu le fera sombrer dans l’obsession. Il en perdra la raison et finira par se suicider.

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