Littérature

Nicolas Gogol, Nouvelles de Pétersbourg, Le Journal d’un Fou : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Écrite en 1934, Le Journal d’un fou est une nouvelle de Nicolas Gogol qui a été publiée dans le recueil Arabesques pour la première fois. Découvrons cette œuvre ensemble, tirée de Nouvelles de Pétersbourg.

Résumé détaillé de recueil Nouvelles de Pétersbourg – Le Journal d’un Fou de Nicolas Gogol

Le 3 octobre

En se rendant au travail, Poprichtchine, un modeste fonctionnaire, croise la voiture de son directeur. Il y voit la fille de celui-ci descendre pour faire des achats. Poprichtchine se cache pour ne pas être reconnu. Il entend soudain une voix et découvre que c’est Fidèle, le chien d’une des femmes présentes dans la rue, qui discute avec Medji, le chien de la fille de son directeur. Poprichtchine est surpris, d’autant plus qu’il apprend que les chiens ont eu une relation épistolaire. Il décide de suivre Fidèle et sa propriétaire. Il tombe alors sur la maison de Zverkov.

Le 4 octobre

Poprichtchine se trouve dans le cabinet du directeur, occupé à tailler les plumes tout en examinant les livres disposés dans la pièce. Il exprime le gouffre qui le sépare de son supérieur hiérarchique lorsqu’il est interrompu par l’arrivée de Sophie, la fille du directeur, qui cherche son père. Poprichtchine est secrètement amoureux d’elle et reste sans voix l’admirant, trouvant que sa voix ressemble à celle d’un canari. Lorsqu’elle laisse tomber son mouchoir, il le ramasse. Sophie quitte la pièce après l’avoir remercié. Peu de temps après, le valet demande à Poprichtchine de partir, ce qu’il fait en maudissant le serviteur. Il ne peut s’empêcher de retourner près de la maison, espérant revoir Sophie, mais celle-ci ne sort pas.

Le 6 novembre

Poprichtchine est en colère après son chef de bureau qui, en sachant son attirance pour la fille du directeur, s’est moqué de sa condition sociale et de son apparence. Poprichtchine pense que son chef devrait se regarder dans le miroir avant de juger les autres. Il est convaincu qu’il a encore beaucoup à prouver à l’âge de 42 ans. Il se considère comme noble et aspire à une vie plus luxueuse que son chef de bureau.

Le 8 novembre

Poprichtchine est allé au théâtre pour y voir un vaudeville* : Filatka, le benêt russe. Il explique à quel point il aime ce type de distraction. Dès qu’il a un peu d’argent, il s’y rend. Selon lui, c’est ce qui le différencie, car les gens de sa classe ne vont jamais au théâtre sauf s’ils obtiennent des places gratuites.

* Petite comédie légère, d’une intrigue amusante et vive, mêlée de couplets souvent composés sur un air connu et populaire.

Le 9 novembre

Aujourd’hui, Poprichtchine s’est rendu au travail. Son chef de bureau l’a complètement ignoré et il en a fait de même. En rentrant du travail, Poprichtchine est allé jusqu’à la maison du directeur, mais personne n’est sorti.

Le 11 novembre

Au bureau du directeur, Poprichtchine est occupé à tailler des plumes. Il fait de nombreux éloges sur son directeur. Pour lui, c’est un homme considérable. Il maudit son mutisme lorsqu’il se retrouve en leur compagnie. Son esprit s’égare sur la fille du directeur. Il aimerait tant pénétrer dans son intimité et découvrir l’univers dans lequel elle vit. En voyant Medji, il tente de l’interroger, mais celui-ci semble l’ignorer. Il se dit qu’il aurait plus de chance en allant à la maison de Zverkov pour y récupérer les lettres de Medji écrite pour Fidèle.

Le 12 novembre

Poprichtchine se rend à la maison de Zvarkov. Il tombe sur la petite fille avec des taches de rousseur qui accompagnait la vieille dame. Il lui explique qu’il souhaite s’entretenir avec son chien et celle-ci le laisse entrer. Poprichtchine récupère des morceaux de papier qu’il y a dans la niche. En quittant les lieux, il se fait mordre le mollet par Fidèle. En rentrant chez lui, il ne peut pas lire les lettres étant donné que Mavra est occupée à laver le sol. Il décide de se promener pour réfléchir. Dans cette partie, Poprichtchine considère une nouvelle fois que les chiens sont plus intelligents que les humains.

Le 13 novembre

En lisant les lettres, Poprichtchine tombe d’abord sur des messages futiles et peu intéressants. Toutefois, très vite, il apprend que Medji s’étonne que le gentilhomme de la chambre puisse plaire à Sophie, la fille de son maître. Il se dit alors que le fonctionnaire présent pour tailler des plumes pourrait également lui plaire. Poprichtchine se rend compte que le chien parle de lui. Il s’énerve quand Medji annonce qu’il le trouve laid en comparant ses cheveux à une botte de foin. Quand Poprichtchine apprend que Sophie compte se marier avec le gentilhomme de la chambre, sa colère redouble. Il maudit les généraux et les gentilshommes de la chambre pour qui tout est dû. Il se met à rêver de devenir général pour inspirer le respect aux gens autour de lui.

Le 3 décembre

Poprichtchine est bouleversé à l’annonce du mariage de Sophie avec le gentilhomme de chambre. Après avoir rêvé d’obtenir une meilleure position dans la société, Poprichtchine se demande ce qu’il a de plus que lui pour obtenir autant de considération. Il s’interroge également sur sa condition sociale et tente de comprendre pourquoi il n’est que conseiller titulaire.

Le 5 décembre

Poprichtchine nous fait part d’un épisode qui se déroule en Espagne où une doña est amenée à monter sur le trône. Il ne comprend pas vraiment comment cela est possible. En effet, pour lui, seul le roi peut siéger sur le trône. Il finit par conclure que le roi doit se cacher quelque part.

Le 8 décembre

Poprichtchine fait une fixette sur ce qui se passe en Espagne. Il se dit que tout cela n’est pas possible, que les rois et les empereurs n’accepteront jamais ça.

L’an 2000, le 43 avril

Poprichtchine annonce que le roi d’Espagne a été retrouvé et qu’il s’agit de lui. Quand il l’a annoncé à Mavra, cela l’a effrayé, mais il lui a pardonné de ne l’avoir pas si bien traité que cela. Il se rend compte qu’en tant que roi, il ne peut pas parler de chose élevée avec les “petites gens” comme Mavra. Il décide de ne plus aller au Ministère, car c’est un roi et non un conseiller titulaire.

Le 86 martobre, entre le jour et la nuit

Poprichtchine, n’étant pas allé au ministère depuis plusieurs semaines, reçoit la visite d’un huissier qui lui ordonne de s’y rendre. Il trouve cela amusant et s’installe au bureau sans présenter d’excuses à son chef. On lui donne des papiers à copier, mais il refuse de les prendre en charge. Lorsqu’on lui demande de signer, il inscrit son “vrai nom”, celui de Ferdinand VIII, au lieu de son statut de Conseiller titulaire. Il ne se lève pas pour saluer son directeur de bureau car, en tant que roi, il considère que son statut lui confère une certaine supériorité. Il est choqué de voir les gens autour de lui faire des courbettes pour le directeur. Il se rend chez son directeur pour parler à Sophie. En sortant, il est indigné de l’attitude des femmes et conclut qu’elles sont amoureuses du diable.

Pas de date du tout. Le jour était sans date

En se promenant dans la perspective Nevsky, une des principales artères de la ville de Saint-Pétersbourg, Poprichtchine y voit l’empereur passer. Il se dit qu’il ne doit pas révéler de suite qu’il est le roi d’Espagne. Il attend patiemment que la députation espagnole arrive. Pour être prêt pour l’occasion, il décide de rafistoler un manteau, lui-même, aux couleurs espagnoles. Lorsque Mavra le voit dans son nouveau manteau, elle pousse un cri.

Le 1er

Poprichtchine se demande pourquoi les députés espagnols ne sont pas encore arrivés. Il va voir à la poste, mais les employés se retrouvent incompétents.

Madrid, le 30 februar

Poprichtchine est heureux, car des députés espagnols sont arrivés chez lui pour l’amener en Espagne. En une demi-heure, ils ont réussi à arriver en Espagne. Poprichtchine a eu l’occasion d’y voir les “Grands” et les “soldats”, qu’il a facilement reconnu du fait qu’ils aient le crâne rasé. Le chancelier d’état l’a amené jusqu’à sa chambre où il lui a suggéré d’arrêter de se prendre pour Ferdinand VIII. Conscient qu’il s’agit d’une coutume espagnole pour le tester, Poprichtchine le défie et l’homme le frappe à coup de bâton. Toutefois, Poprichtchine se montre digne de ses nouvelles fonctions. Seul dans sa chambre, il se rend compte que l’Espagne et la Chine ne forment qu’un seul pays. Il décide de ne plus dire Espagne, mais Chine. Poprichtchine s’inquiète d’un événement qui va avoir lieu où la terre va se poser sur la lune. Il met en garde ses sujets, tous exécutent ses ordres, mais ils sont dispersés quand le chancelier d’état arrive. Ce dernier ramène Poprichtchine dans sa chambre et lui administre des coups de bâton.

Note : Poprichtchine est conduit dans un hôpital psychiatrique. Le chancelier est le gardien et ses “sujets” sont d’autres malades.

Janvier de la même année qui arriva après februar

Poprichtchine ne comprend pas les us et les coutumes de l’Espagne. Il a eu beau ordonner qu’on ne lui coupe pas les cheveux mais cela n’a rien donné. Il doute d’être vraiment au Palais d’Espagne. Il se demande s’il n’a pas été emprisonné par l’Inquisition et si l’homme qu’il prend pour le chancelier n’est pas un inquisiteur. Il se met à croire que c’est la faute des Français et surtout d’un certain Polignac.

Le 25

Poprichtchine reçoit la visite du Grand Inquisiteur. Ce dernier l’appelle, mais il se tait. Lorsqu’il l’appelle sous le nom de Ferdinand VIII, Poprichtchine bouge un petit peu, mais décide de ne pas se présenter pour ne pas être puni encore une fois. Pas de chance pour lui, l’homme a remarqué qu’il avait bougé lorsqu’il l’a appelé Ferdinand et lui a administré des coups de bâton. Poprichtchine méprise cet homme qui agit dans les intérêts de l’Angleterre.

Le 34 mo février is, aénne 349

Poprichtchine se demande ce qu’il a fait de mal. Il ne comprend pas pourquoi on le maltraite de cette façon. Il est complètement perdu. Progressivement, il plonge dans la folie et ses phrases sont sans queue ni tête. À la fin de la nouvelle, il clôt par : “Au fait, savez-vous que le dey d’Alger* a une verrue, juste sous le nez ?”

* Le terme “dey d’Alger” faisait référence aux gouvernants de la régence d’Alger, qui étaient en principe subordonnés à l’Empire ottoman entre 1671 et 1830.

Présentation des personnages

Aksenty Ivanovitch Poprichtchine est un habitant de Saint-Pétersbourg issu de la classe moyenne qui mène une vie routinière. Il est employé en tant que conseiller titulaire, un poste qu’il juge luxueux au Ministère. En effet, il travaille directement dans le bureau du directeur en tant que secrétaire et “tailleur de plumes”. Dès le début de la nouvelle, il essaie de montrer que sa vie n’est pas aussi médiocre qu’elle semble. Tout comme Akaki dans Le Manteau, il subit les moqueries de ses collègues. À quarante-deux ans, cet homme nourrit encore l’espoir de s’élever dans la société, toutefois, il n’a aucun objectif et ne se montre absolument pas ambitieux. Toute sa vie est imaginée. Il se voit gravir les échelons, épouser Sophie, la fille de son directeur. Ce sont d’ailleurs ces projets irréalistes qui le font plonger dans la folie dont les signes apparaissent dès le début de la nouvelle où il “surprend” une conversation entre deux chiens. Conscient que son statut social ne lui permettra jamais d’avoir l’objet de son désir (Sophie), il s’imagine un monde dans lequel il serait le roi d’Espagne. Ce nouveau statut qu’il croit avoir lui permet de se rapprocher de celle qu’il aime. Toutefois, il se montre d’autant plus méprisable envers les personnes autour de lui. Sa folie souligne encore plus la supériorité qu’il estime avoir sur les autres. Poprichtchine incarne clairement le type de personnage symbolisé par la grenouille de Jean de La Fontaine avec sa fable La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf.

Sophie, la fille du directeur surnommée “Son Excellence” par le protagoniste, incarne tout ce que Poprichtchine ne pourra jamais avoir. Bien qu’il essaie de se convaincre qu’elle s’intéresse à lui, comme le fait qu’elle fasse tomber un mouchoir pour qu’il le ramasse, comme si elle le faisait intentionnellement. En réalité, nous ne savons que très peu de chose sur ce personnage hormis que c’est une très belle femme. Poprichtchine serait donc attiré par elle pour son physique. Tout ce que nous savons sur elle provient d’une correspondance épistolaire entre deux chiens : Medji et Fidèle. Ainsi, nous apprenons les passe-temps de Sophie : la couture, les bals. Du fait de sa condition sociale, elle jouit d’une vie facile. Son père voudrait la marier avec un général ou un gentilhomme de la chambre. Elle serait amoureuse d’un certain Tieplov, un gentilhomme de la chambre qui contrasterait grandement avec le visage disgracieux de Poprichtchine. D’ailleurs, Sophie se moquerait de ce dernier. Si toutes ces informations nous permettent d’avoir des informations vraisemblables sur Sophie, nous ne pouvons pas les prendre pour argent comptant dans la mesure où elles ont été découvertes dans les lettres entre deux chiens, chose qui est absolument impossible. On comprend donc que toutes ces informations ne sont que des suppositions imaginées de toute pièce par Poprichtchine, lui-même.

Mavra semble être la logeuse de Poprichtchine. Elle est d’origine finnoise. Toutefois, nous manquons cruellement d’information à son sujet. Dans l’histoire, elle est la première victime de la folie de Poprichtchine. En effet, elle est effrayée lorsqu’il lui dit qu’il est le roi d’Espagne.

Le directeur de Poprichtchine est un homme qui, bien qu’il soit imposant, du fait de son statut social, se révèle bienveillant. À la différence de Poprichtchine qui est aigris et méprise les gens autour de lui, le directeur fait preuve de bonté. Il est très attaché à son chien, Medji et surtout à sa fille, Sophie.

Tieplov est un gentilhomme de la chambre. Sophie est amoureuse de lui et ils vont se marier.

Le chef du bureau se moque des illusions dans lesquelles Poprichtchine se baigne. Il tente de le ramener à la raison, mais ce dernier n’y perçoit que de la jalousie.

Le Chancelier d’Espagne est en réalité un gardien de l’asile psychiatrique qui punit Poprichtchine à de nombreuses reprises étant donné qu’il se prend pour le roi d’Espagne. Vers la fin de la nouvelle, Poprichtchine le prendra pour le Grand Inquisiteur participant au grand complot orchestré par les Français ou les Anglais étant donné qu’il se prend pour le roi Ferdinand VIII.

Les chiens : Medji est l’animal de compagnie du directeur et de Sophie tandis que Fidèle est le chien d’une femme âgée et d’une fillette avec des tâches rousseurs qui habitent dans la maison de Zverkov. Poprichtchine les personnifie et pense qu’ils sont très intelligents.

Analyse de l’oeuvre

Dans Le Journal d’un fou de Gogol, la démence de Poprichtchine, le personnage principal, est dépeinte de façon plutôt ordinaire et s’installe sournoisement. Les premiers éléments de la folie apparaissent dès le début de la nouvelle où le personnage principal “surprend” une conversation entre deux chiens. Poprichtchine occupe un poste dans un bureau à Saint-Pétersbourg où il prépare des plumes pour son supérieur. Bien que son travail soit ennuyeux et routinier, il le présente comme un emploi enrichissant dans lequel il jouit d’un certain nombre de privilèges. Cela illustre à quel point il est en décalage avec la réalité. Il est secrètement amoureux de Sophie, la fille de son directeur, mais sa condition sociale ne lui permet pas d’envisager cette relation. Néanmoins, il nourrit l’espoir en vivant dans un monde imaginaire. Sa folie se révèle peu à peu par l’introduction d’éléments bizarres et un décalage par rapport à la réalité comme ces correspondances entre les deux chiens qu’il trouve dans le panier de Fidèle.
L’origine de la folie de Poprichtchine est issue d’un désir d’ascension sociale et de reconnaissance. Cette nouvelle de l’auteur russe décrit une société fascinée par les positions hiérarchiques. Les divers personnages, des serviteurs aux supérieurs, illustrent les relations de pouvoir.

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