Littérature

Nicolas Gogol, Nouvelles de Pétersbourg, Le Nez : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Achevée en 1835, la nouvelle Le Nez de Gogol apparaît huit ans plus tard dans son recueil : Nouvelles de Pétersbourg. Partons à la découverte de ce précurseur de l’absurde.

Résumé détaillé chapitre par chapitre du recueil Nouvelles de Pétersbourg – “Le Nez” de Nicolas Gogol

CHAPITRE 1

Le nez dans le pain à l’oignon

Le 25 mars, un barbier de Saint-Pétersbourg, Ivan Iakovlievitch, découvre avec stupeur qu’il y a un nez dans son pain à l’oignon. Ce n’est pas n’importe lequel, il s’agit de celui d’un haut fonctionnaire, Kovaliov, qui vient entretenir sa barbe tous les mercredis et les dimanches. La femme d’Ivan Iakovlievitch, Prasskovia Ossipovna le menace de le dénoncer aux autorités.

Tentatives pour se débarrasser du nez

Craignant d’être attrapé, Ivan Iakovlievitch décide de sortir avec le nez, enveloppé dans un chiffon, pour le jeter. Mais partout où il va, il est reconnu. Il est donc contraint de le garder. Finalement, il réussit à le jeter dans la Néra depuis le pont d’Issaki, mais il est interpellé par un commissaire de police. Ivan Iakovlievitch ment en disant qu’il profitait de la vue, mais le commissaire est suspicieux. Ivan est embarrassé, car il ne sait pas comment sortir de cette situation délicate.

CHAPITRE 2

Où est passé le nez de Kovaliov ?

En se réveillant, Kovaliov, qui aime à se faire appeler “le major”, souhaite observer dans le miroir le bouton qu’il a eu la veille sur le nez. Il constate avec stupeur que son nez n’est plus là. Il décide de se rendre à la police. Manque de chance pour lui, aucun fiacre n’est disponible. Il fait donc le chemin à pied et dissimule son nez sous un mouchoir pour donner l’illusion qu’il saigne du nez. Il se rend dans une pâtisserie déserte pour s’observer dans le miroir une dernière fois. Son nez est toujours absent et il ne sait pas quoi mettre à la place. En sortant de la pâtisserie, il reconnaît son nez qui pose fièrement sur le visage d’un autre homme. À en juger son apparence, Kovaliov pense qu’il s’agit d’un conseiller d’État. Le major décide de le suivre pour s’entretenir avec lui. Le major se demande alors comment l’interpeller. Il lui explique la situation, mais ses paroles sont décousues et il s’emmêle les pinceaux. Agacé par la conversation, le conseiller d’état finit par lui échapper pendant un moment d’inattention. Le major n’arrive pas à le retrouver.

Du bureau des annonces au commissaire de police

Dans un premier temps, il décide de se rendre à la police. Mais craignant que le malotru ne quitte la ville, il demande au cocher de l’amener au bureau des annonces. Lorsqu’il fait part de son ennui, on lui fait comprendre que son annonce ne peut pas être publiée. L’homme à qui le major s’adresse croit d’abord qu’il s’agit d’une plaisanterie. Toutefois, lorsque le major retire le mouchoir, il se rend compte qu’il n’a plus de nez. Néanmoins, il lui explique qu’il ne peut rien faire pour lui et se moque de lui en lui demandant s’il veut du tabac. Agacé, le major quitte le bureau des annonces pour se rendre chez le commissaire de police. Au moment où il arrive au poste de police, le commissaire s’apprête à faire une sieste. Il accueille froidement le major qui vient le déranger en faisant des remarques désobligeantes sur son grade. Outré, le major quitte l’établissement et finit par rentrer chez lui.

Le nez est enfin retrouvé mais…

Le major retrouve son domestique Ivan allongé sur le divan en train de cracher sur le plafond. Après lui avoir fait des remontrances, il se rend seul dans sa chambre pour tenter de comprendre pourquoi il n’a plus de nez. Il se rappelle être allé chez le barbier, Ivan Iakovlievitch, mais il avait encore son nez en partant. Il conclut donc qu’il s’agit d’un sortilège, probablement jeté par Alexandra Podtotchina, parce qu’il a refusé d’épouser sa fille. Quand un commissaire lui apporte son nez, le major n’arrive pas à le remettre en place. Il appelle un médecin, qui lui explique qu’il devra probablement vivre sans nez. Malgré une offre de rachat, le major refuse de se débarrasser de son nez amputé. Convaincu que c’est Alexandra qui est responsable, il lui envoie une lettre, mais sa réponse le fait douter. Cette histoire suscite un grand intérêt dans les cercles mondains de Saint-Pétersbourg, où elle est largement commentée et discutée.

CHAPITRE 3

Un matin du 7 avril, le major a la grande surprise de constater que son nez est revenu à sa place. Bien qu’il soit heureux, il se garde de crier victoire trop vite. Il se présente à plusieurs personnes, s’observe plusieurs fois dans le miroir et réalise que son nez est bel et bien de retour. Depuis ce jour, le major est toujours heureux et courtise toutes les femmes qu’il peut.

CHAPITRE 4

Dans ce chapitre, le narrateur s’interroge sur des événements qui restent sans réponse. Il se demande comment le nez du major a pu se retrouver dans le pain du barbier, et comment les écrivains peuvent-ils écrire des histoires aussi saugrenues. Finalement, il conclut en expliquant que même si cette histoire est bizarre et unique, elle pourrait arriver.

Présentation des personnages

Kovialov est un conseiller collégial de Saint-Pétersbourg au XIXe siècle. C’est un homme vaniteux, narcissique et matérialiste, obsédé par les apparences et la position sociale. Fier de sa situation sociale, il se fait appeler “le major” pour se distinguer des autres et se donner encore plus d’importance. Il aime courtiser les femmes et refuse de se marier à la fille d’Alexandra Podtotchina étant donné qu’il se trouve trop jeune. De plus, il élève la dot à deux cent mille roubles. Il aime profiter de la vie. Le fait qu’il ait perdu son nez le plonge dans le plus grand désarroi. En effet, son apparence est altérée, il sait qu’il risque d’être anormal dans la société. Sa vie sociale est menacée. Néanmoins, on pourrait penser que cette privation temporaire aurait pu guérir ce personnage orgueilleux, mais il n’en est rien. Lorsque son nez revient à sa place, Kovialov retourne à sa vie comme si rien ne s’était passé.

Le nez de Kovialov n’est pas un personnage à proprement parler. Toutefois, dans cette nouvelle, il se dégage de son propriétaire pour mener une existence qui lui est propre.

Ivan Iakovlievitch est un barbier très porté sur la boisson. Cet ouvrier russe dispose d’une barbe mal entretenue et ses habits sont assez sales. Selon Kovialov, Ivan a les mains qui sentent mauvais. On a donc à faire à un personnage qui, contrairement au major, ne se soucie absolument pas de son apparence physique. Il vit avec son épouse, Prasskovia Ossipovna, qu’il craint et qui ne cesse de le tourmenter. En effet, on le voit d’entrée de jeu lorsqu’il refuse de lui demander du café avec son pain à l’oignon pour éviter sa colère. Il n’a pas un rôle très significatif dans la nouvelle. C’est lui qui s’aperçoit, dans le chapitre I que son pain à l’oignon renferme le nez de Kovialov.

L’employé du bureau des annonces est décrit comme un homme grisonnant, portant des vêtements usés et des lunettes. Courtois, il effectue son travail consciencieusement et écoute attentivement l’histoire de Kovalev. Sa décision de ne pas publier l’annonce est mûrement réfléchie. Il sait pertinemment qu’il ne peut rien faire pour lui. Il souhaite témoigner sa sympathie à Kovalev en lui offrant une prise. Toutefois, ce dernier y perçoit un affront. Du fait de sa simplicité et sa discrétion, cet employé contraste avec Kovialov qui s’affiche comme un personnage vaniteux.

Le commissaire est un homme qui, à l’instar de Kovialov, affiche fièrement sa condition sociale. Lorsque le major vient le déranger pour sa sieste, il n’hésite pas à faire des remarques désobligeantes sur son grade pour lui rappeler qu’en tant que commissaire il lui est supérieur. Tout comme avec Akaki dans Le Manteau, le commissaire ne sert pas à grand-chose. Il ne prend pas le temps d’écouter Kovialov et ne s’occupe pas de l’affaire.

Le médecin présente une image soignée avec une apparence agréable. Sa femme est séduisante et ils vivent dans le meilleur appartement de l’immeuble. Cependant, cette apparence distinguée cache en réalité son incompétence. Il frappe la tête de Kovialov deux fois et doit utiliser ses doigts pour vérifier que le nez de ce dernier est bel et bien absent. Les traitements qu’il recommande sont également très étranges, comme le fait de se laver régulièrement à l’eau froide ou de conserver le nez dans un bocal. Ces méthodes soulignent clairement son incompétence. D’autre part, le médecin se révèle être un personnage hypocrite. En effet, il prétend que l’argent n’est pas le moteur de sa discipline, pour autant, avec Kovialov, il n’apporte aucune solution concrète et, pour autant, il se fait quand même payer. De plus, il va jusqu’à lui proposer de racheter son nez.

Alexandra Podtotchina n’apparaît pas dans la nouvelle, mais elle est énormément citée par Kovialov. Le fait qu’il la connaisse montre qu’il connaît des personnes de haut rang. En effet, cette femme est l’épouse d’un officier supérieur. Elle veut absolument que Kovialov épouse sa fille. Ce dernier, ayant refusé sa proposition, est persuadé que cette femme est responsable de ses tourments.

Analyse de l’oeuvre

Gogol mélange réalisme et merveilleux dans cette nouvelle pour décrire la société russe en crise. Le réalisme est représenté par la bureaucratie et les différentes couches sociales, tandis que le merveilleux est illustré par l’événement étrange de la disparition du nez de Kovialov. Ce phénomène symbolise sa perte d’identité et d’ambitions, et les personnages acceptent cette intrusion du merveilleux sans trop de réticence.

Dans la nouvelle Le Nez de cet auteur russe, le nez joue un rôle crucial en incarnant les aspirations du protagoniste, Kovialov, un assesseur de collège. Symbolisant son statut social et sa respectabilité, le nez est essentiel à l’identité de Kovialov. Lorsqu’il le perd, il se voit privé de sa place dans la société. Il est incapable de participer à des activités mondaines.
Dans la société fortement hiérarchisée de l’époque, une bonne capacité olfactive est perçue comme un symbole de supériorité sociale. En effet, il se distingue par Ivan, car, du fait de son sens développé, il est en capacité de sentir que les mains de son barbier dégagent une mauvaise odeur. Ainsi, pour Kovialov, perdre son nez équivaut à une diminution de son statut social. De plus, l’importance qu’il accorde à son nez indique que cette partie du corps possède une signification sociale. Il aurait pu supporter la perte d’un bras ou d’une jambe, mais l’absence de nez est inimaginable pour lui. Kovialov est un personnage séducteur qui aime plaire aux femmes. Être dépourvu de nez augmente le risque de déplaire. Si cette perte avait été due à une aventure telle qu’un duel, il aurait pu la revendiquer comme une marque de gloire passée. Toutefois, dans la situation actuelle, cette perte est plus ridicule qu’honorable.

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