Littérature

Nicolas Gogol, Nouvelles de Pétersbourg, Le Portrait : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Le Portrait est une nouvelle écrite par l’écrivain russe Nikolaï (ou Nicolas) Gogol, initialement publiée en 1835 à Saint-Pétersbourg. Cette œuvre fait partie du recueil Arabesques. L’histoire se déroule dans le contexte de la Russie du XIXe siècle, une époque marquée par des transformations sociales et culturelles importantes. Découvrons cette dernière nouvelle du recueil Nouvelles de Pétersbourg (1843).

Résumé détaillé de recueil Nouvelles de Pétersbourg – “Le Portrait” de Nicolas Gogol

CHAPITRE 1

Tchartkov, un peintre à la fois mélancolique et prometteur, entre dans une boutique de tableaux qui attire toutes sortes de personnes. Jeune et pauvre, il déplore la dégradation de son art, tandis que le vendeur fixe les prix comme s’ils s’agissaient de vulgaires babioles. Intrigué par le regard très réaliste d’un portrait d’un vieillard, Tchartkov acquiert ce tableau délabré pour 20 kopecks, ce qui représente tout l’argent qui lui reste.
De retour chez lui, Tchartkov fait face à des problèmes financiers et à la menace d’expulsion. Il se rappelle alors le portrait du vieillard qui semble presque vivant et qui lui cause un grand malaise. Effrayé, il le recouvre d’un drap, mais celui-ci tombe, révélant des yeux pénétrants qui le suivent. Dans un rêve, le vieillard sort du tableau et offre mille ducats, mais Tchartkov se réveille terrifié.
Au moment où Tchartkov reçoit la visite de son propriétaire et d’un commissaire pour qu’il puisse payer son loyer, le peintre s’aperçoit qu’un rouleau de mille ducats tombe du tableau. Avec cet argent, il veut poursuivre sa vie de peintre. Il se rappelle de la mise en garde de son professeur qui lui expliquait que le travail acharné pouvait l’amener vers la réussite. Mais l’argent le corrompt rapidement faisant de Tchartkov un artiste paresseux. Grâce à un article élogieux, il attire des clients exigeants. Les commandes affluent, mais son talent s’évanouit à mesure que sa renommée grandit. Bien qu’il s’enrichisse, sa peinture perd tout intérêt.
Invité à l’Académie pour donner son avis sur une toile parfaite réalisée par un de ses anciens camarades, Tchartkov réalise qu’il a perdu son temps au lieu de perfectionner son style. Il blâme le portrait du vieillard et sombre dans la folie. Il tente de se relancer, mais s’aperçoit qu’il ne dispose plus de son âme d’artiste. Dès lors, il se met en quête d’acheter tous les tableaux qu’ils trouvent beaux afin de les détruire par vengeance. Finalement, Tchartkov succombe à la démence et finit par se laisser mourir.

CHAPITRE 2

Lors d’une vente aux enchères d’objets provenant d’un défunt, un portrait réaliste d’un vieil homme est proposé à un prix exorbitant. Alors que les acheteurs se disputent pour l’acquérir, un jeune homme intervient, revendiquant le tableau. Pour les convaincre, il raconte une histoire sur le quartier Kolomna, peuplé de laissés-pour-compte et de personnes méprisées, où un usurier profite d’eux. Les rumeurs disent que ceux qui traitent avec lui sont maudits et rencontrent une fin tragique.
Le père du personnage, un peintre talentueux mais reclus, peint un portrait saisissant de l’usurier, si réaliste que les yeux du sujet effraient le père. Cependant, il ne parvient pas à le terminer. L’usurier veut garder le tableau pour prolonger sa présence terrestre. Après sa mort, le père devient neurasthénique, convaincu que l’usurier était le diable incarné. Redoutant la malédiction du tableau, il envoie son fils à sa recherche.
Le jeune homme admet avoir passé quinze ans à chercher un tableau correspondant à la description de son père. Cependant, lorsque le jeune homme désigne le portrait, il se rend compte que celui-ci s’est volatilisé.

Présentation des personnages

Tchartkov est un jeune peintre ambitieux et imprégné des idéaux romantiques qui cherche à se faire connaître. Passionné par l’art, il a le malheur de tomber sous le charme d’un portrait de vieillard chez un antiquaire. Intrigué par le regard réaliste du portrait, il dépense ses dernières économies pour acquérir cette toile qui l’attire et le repousse à la fois. Il finit par se rendre compte qu’une grosse somme d’argent est cachée dans le cadre. Cela va sonner le glas de sa carrière artistique. En effet, l’argent va le corrompre au point de divertir le public et de trahir ses principes d’artiste. Gogol utilise le personnage de Tchartkov pour satiriser le monde artistique russe de l’époque, qui était souvent perçu comme superficiel et corrompu. Il montre à quel point l’argent détruit les artistes prometteurs.

Lise est une jeune femme de dix-huit ans qui, à la demande de sa mère, pose pour Tchartkov. Celui-ci n’a pas son mot à dire et est dans l’obligation de respecter scrupuleusement ce que souhaite la mère de la jeune fille. D’artiste, le peintre Tchartkov passe à celui de prestataire.

Le fils du peintre est présent dans la seconde partie pour venir récupérer le tableau du portrait du vieillard. Il explique à l’assemblée quelles sont ses relations avec cette peinture et quelle est son histoire.

Le peintre est un artiste doué qui s’est retrouvé à devoir peindre le portrait d’un usurier de Saint-Pétersbourg. En se rendant compte que sa vie devenait de plus en plus malheureuse au fur et à mesure qu’il progresse dans sa peinture, il décide donc d’abandonner sa toile. Il n’aura donc finalisé que les yeux. Toutefois, il eut du mal à se débarrasser de cette toile qui finissait toujours par revenir dans sa vie.

L’usurier de Saint-Pétersbourg est un homme qui effraie les gens. On l’associe au diable dans la mesure où toutes les personnes qui avaient à faire à lui se retrouvaient maudites. Les gens finissaient par mourir.

Analyse de l’oeuvre

Le Portrait de Gogol utilise une structure narrative enchâssée, composée d’une histoire principale et d’une histoire secondaire. Cette structure permet de mettre en parallèle les destins des deux artistes principaux et de souligner les leçons morales de l’histoire. Il est intéressant de noter le contraste existant entre Tchartkov, qui représente l’artiste en quête de succès matériel, et l’artiste de la seconde partie, qui symbolise la véritable intégrité artistique. Le ton oscille entre le satirique, le tragique et le grotesque, reflétant ainsi les différentes facettes de l’expérience humaine.

L’art et la morale

Gogol explore les dangers de l’obsession pour le succès matériel et le pouvoir, montrant comment cela peut corrompre l’âme et détruire la créativité. Tchartkov est un artiste prometteur qui, influencé par l’argent, délaisse son talent pour s’enrichir davantage. Sa quête de pouvoir et de richesse lui assure une vie luxueuse et prolifique. Néanmoins, il se détache de l’esthétisme et trahit ses valeurs et idéaux d’artiste. En effet, Le Portrait de Gogol soulève la question du rôle de l’art dans la société et de la responsabilité de l’artiste. Tchartkov est confronté à un dilemme moral entre le succès facile et la véritable réalisation artistique. Bien qu’il connaisse le succès et la richesse, il se réduit à un simple prestataire destiné à honorer les commandes demandées. Il incarne ainsi la dégradation de l’art sous l’influence de l’argent et la cupidité d’une société qui ne valorise plus les véritables talents. Ainsi, Gogol nous amène à nous interroger sur le rôle de l’art. Faut-il privilégier l’expression artistique pure, ou l’art doit-il servir à véhiculer un message moral ou éducatif ?

La perte d’âme : le prix du succès artistique

Cependant, l’argent n’est pas le seul élément négatif de cette histoire. En introduisant le portrait du vieil homme, Gogol ajoute une dimension mystique et effrayante. On peut supposer que l’argent que Tchartkov récupère derrière le cadre de l’œuvre est une sorte de pacte” avec le diable. En acceptant cet argent, Tchartkov réussit sa vie, mais à quel prix ? S’il obtient de nombreuses commandes, il perd progressivement son âme d’artiste. Cette notion de perte le conduit à devenir jaloux des autres œuvres, au point de vouloir détruire ce qu’il ne sera plus jamais capable de réaliser. D’autre part, le portrait soulève des questions sur la nature de la réalité et la présence de forces mystérieuses qui peuvent influencer le cours de nos vies. Gogol suggère que l’art peut servir de lien entre le monde matériel et le monde spirituel, et que les artistes ont la responsabilité de naviguer entre ces deux mondes avec prudence et intégrité.

L’héritage de Gogol

Le Portrait est considéré comme une œuvre majeure de la littérature russe du XIXe siècle et a influencé de nombreux auteurs, dont Dostoïevski. L’histoire aborde des questions universelles sur l’art, la moralité et la quête de pouvoir, ce qui rend cette lecture pertinente même encore aujourd’hui.
L’influence de Gogol sur Dostoïevski est visible dans Le Double (1846), où le personnage principal est confronté à une version surnaturelle de lui-même et les questions de moralité et d’identité sont au cœur de l’intrigue. De même, dans Crime et Châtiment (1866), Dostoïevski examine les conséquences de la quête de pouvoir et de succès, et explore les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés.

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