RÉSUMÉ
L’Alchimiste de Paulo Coelho, un auteur brésilien, raconte l’histoire de Santiago, un homme ayant choisi la profession de berger au lieu de prêtre dans son voyage initiatique. Il se met en route vers la ville de Tarifa dans l’espoir de retrouver un amour passé. En proie à des rêves qui éveillent sa curiosité, Santiago consulte une gitane. Il lui demande de l’éclairer sur ses rêves et de lui en fournir une interprétation. Les propos de la vieille femme ne parvenant pas à dissiper ses doutes, le jeune berger reprend sa route, déçu. C’est dans la ville de Tarifa que se produit le déclic : le roi Melchisédec, avec qui il a discuté de son rêve, parvient à le troubler au point où Santiago prend la décision d’entreprendre sa “légende personnelle”.
Afin de rassembler les fonds nécessaires à son voyage, Santiago vend ses moutons. C’est le cœur rempli d’espoir qu’il se rend en Egypte. Puis, il navigue en direction de l’Afrique. Le jeune homme se heurte à ses premières difficultés : la barrière de la langue. Puis, il se lie, à tort, d’amitié avec un voleur qui le dérobera de ses biens. Ces premières désillusions le perturbent. Toutefois, il remonte rapidement la pente grâce aux pierres « Ourim et Toumim ». L’espace d’une année et demie, Santiago travaille chez un marchand de cristaux en vue de rassembler l’argent nécessaire à la suite de son voyage. Durant son service, le jeune homme a non seulement « redonné une âme » à la boutique ; mais il a également fait prospérer l’affaire. Une fois que Santiago pense dispenser des ressources nécessaires à sa quête, il quitte discrètement les lieux.
Santiago croise la route d’un anglais qui rêve de devenir un alchimiste. Celui-ci demande au berger de lui prêter main forte afin de trouver l’Alchimiste du désert. En effet, malgré ses études et ses connaissances, l’anglais manquait encore des qualités nécessaires pour recevoir le titre d’alchimiste. Il doit donc attendre une initiation. De ce fait, les deux hommes traversent le désert en s’échangeant des points de vue différents quant à la vie. En cours de route, Santiago rencontre un chamelier dont la philosophie de vie tournée sur le présent le marquera profondément. Puis, c’est au tour de Fatima d’entrer en scène. Cette femme du désert capture le cœur de Santiago qui, pour la première fois au cours de son aventure, songe à stopper sa quête. Ainsi, après avoir déposé ses bagages dans cette oasis, le héros reçoit une vision qui se concrétisera par la suite : les lieux subiront une attaque. Cet état de fait le promeut au rang de conseiller. Cependant, Santiago renonce à rester à l’oasis. L’alchimiste achève de le convaincre de poursuivre et terminer sa quête en suivant scrupuleusement chaque signe. Il se pose en guide spirituel et demeure à ses côtés lors de sa traversée du désert. Une fois que Santiago a appris le « langage du monde », l’alchimiste laisse au jeune homme le soin de continuer, seul, sa légende personnelle. Ainsi, au bout d’innombrables signes, le berger pense enfin toucher au but. Son trésor est sûrement enseveli aux pieds des pyramides d’Egypte.
Alors que Santiago cherchait son trésor dans les sables du désert, un groupe vient à sa rencontre, intrigué par les actions du berger. Un des hommes le raya alors en lui disant qu’il était impossible qu’il accomplisse sa quête en ses lieux. D’ailleurs, le trésor de l’homme en question se situait dans une église d’Espagne. C’est à ce moment que Santiago eut sa révélation. Le but de sa légende personnelle se trouvait dans une église où il avait jadis passé la nuit, au tout début de l’histoire.
ANALYSE
L’écriture de Paulo Coelho se distingue par sa simplicité et de son efficacité. Tout au long de L’Alchimiste, le lecteur assiste à l’évolution du personnage principal, et découvre en même temps que celui-ci des leçons de vie, pour le moins profondes. Le récit est surtout tourné vers un public adulte. Il a l’intention de partager quelques clés du bonheur. Parmi les leçons de vie disséminées dans l’œuvre, les suivantes se démarquent :
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L’homme choisit sa destinée
Santiago décide de prendre sa vie en main. D’un côté, malgré qu’il soit destiné à la carrière de prêtre, le jeune homme choisit de devenir berger. D’un autre côté, l’auteur expose sa position par l’intermédiaire de deux personnages aux caractères opposés. Santiago a décidé de suivre sa propre voix et de partir à la quête de sa légende personnelle ; tandis que le marchand de cristaux se conforte dans sa situation. Ce dernier essaie de se persuader que ce qu’il a lui suffit ; pourtant, il rêve de richesses et d’évasion. Les convictions de Santiago (« certaines fois, il est impossible de contenir le fleuve de la vie ») parviennent à influencer le comportement du marchand de cristaux. En effet, dans le récit, les désirs du cœur finissent inexorablement par se manifester.
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Les épreuves fournissent des leçons tout aussi précieuses dans la quête pour se trouver soi-même
Au cours de son voyage initiatique, Santiago est sujet à de mauvaises expériences. La plus notable reste sûrement celle de sa rencontre avec son faux ami, le voleur. Face aux épreuves de la vie, à travers le récit de L’Alchimiste, l’auteur incite le lecteur à prendre du recul. Si les événements dévient du chemin qu’ils étaient censés suivre à l’origine, au lieu de se perdre dans le désespoir, mieux vaut considérer les choses comme une opportunité de changements et de découvertes. La capacité de changer les épreuves en force motrice confère en quelque sorte un sens à l’existence humaine. (C.f. « Il eut soudain le sentiment qu’il pouvait regarder le monde soit comme la malheureuse victime d’un voleur, soit comme un aventurier en quête d’un trésor »). C’est dans cette optique que Santiago poursuit sa « Légende Personnelle », non sans embûches, mais avec de multiples occasions de grandir.
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Les richesses et autres biens matériels constituent une entrave à la quête personnelle
Le récit de L’Alchimiste contient une composante constante : chacun des protagonistes a dû renoncer à un moment ou à un autre à ses biens au cours de leur voyage pour accomplir leur « Légende Personnelle ». Par exemple, Santiago renonce à ses possessions (son troupeau) afin de financer ses rêves et aspirations. Les mésaventures du chamelier lui ont fait tout perdre. Néanmoins, en échange, il s’est ouvert à la spiritualité. En effet, ce n’est que lorsque le personnage est dépouillé de ses possessions qu’il est libre de se focaliser sur ce qui compte réellement : son essence. Débarrassé de ses richesses, le personnage peut enfin écouter son instinct. L’homme est un être rempli de ressources. Lorsque poussé dans ses ultimes retranchements, il est capable de déployer une force et une ingéniosité insoupçonnées. En d’autres termes, il capitalise sur les enseignements et expériences passés pour trouver le moyen d’avancer.
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Le langage du monde : « Tout est une seule et unique chose »
La phrase peut, certes, sembler redondante ; néanmoins, il s’agit là d’un caractère central de l’œuvre de Paulo Coelho. En effet, du point de vue de l’auteur, toute chose (animée ou non) est sujette à des lois. Par ailleurs, ces éléments et individus qui forment l’univers sont doués d’une âme : l’existence de chaque chose renferme un sens. Les éléments qui forment l’univers sont interconnectés. Ils forment un tout. En ce sens, la raison de l’existence de chaque être et de tout être est de servir à un dessein commun, plus grand, appelé le « Grand Œuvre ».
Néanmoins, selon l’auteur, la nature humaine parvient à occulter le langage du monde. Le vice, la quête de richesses, la vanité, … empêchent l’homme de se réaliser et d’accéder au bonheur. De ce fait, à l’image du marchand de cristaux, l’homme se cache derrière des excuses comme la charge de travail, ou tout simplement par la satisfaction que procure la situation présente, pour s’empêcher d’accomplir sa « Légende personnelle » (sa quête de soi). Néanmoins, si l’homme continue à se bercer d’illusions et à ignorer les signes qui permettent de percevoir le langage du monde, il est impossible à l’homme de se sentir comblé. Paulo Coelho soutient, dans son récit, que l’alchimiste a accès au langage du monde. C’est en cette qualité qu’il est apte à guider Santiago dans son voyage initiatique.
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Écouter la voix de son cœur afin d’accomplir sa « Légende Personnelle ».
D’une part, l’univers est régi par des lois qui gouvernent chaque entité. D’autre part, les éléments sont connectés les uns aux autres en vue d’accomplir le « Grand Œuvre ». Le lien qui lie l’Homme à l’âme du monde reste l’amour. Dans le récit de L’Alchimiste, Santiago réalise que Fatima représente sa quête ultime. En effet, l’amour qu’il porte à la jeune femme du désert sert de force motrice pour accomplir sa légende personnelle. Au cours de l’histoire, le personnage principal est soumis à un dilemme : rester auprès de celle qu’il aime et renoncer à sa quête ; ou bien reprendre la route et abandonner la femme de sa vie. A ce titre, l’amour constitue à la fois un élément perturbateur et une bénédiction. Cependant, ce que L’Alchimiste nous apprend, c’est qu’il faut écouter son cœur, car c’est là le seul moyen de se connecter à l’âme du monde (C.f. « l’univers n’a besoin d’aucune explication pour continuer sa route dans l’espace infini ».) En effet, écouter son cœur laisse libre cours à son intuition qui aidera grandement à façonner sa vie, par la suite.
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Le voyage prime sur la destination
L’Alchimiste retrace le voyage initiatique de Santiago. Au cours de sa quête à la recherche d’un certain trésor, le personnage grandit et évolue. Cependant, le lecteur, à l’image du héros, se rend compte que la recherche d’un trésor n’est autre qu’un prétexte pour initier la recherche de soi. Par ailleurs, ici, le trésor ne fait pas référence à des biens matériels. Il désigne le destin. En d’autres termes, Santiago part à la quête de sa destinée. Pour se faire, il n’a d’autres choix que de procéder à une quête vers la connaissance de soi-même.
Dans son œuvre intitulée L’Alchimiste, Paulo Coelho envisage de faire comprendre au lecteur que l’homme est maître de sa destinée. Ce sont ses choix et ses décisions qui façonnent son futur. Dans cette optique, ce n’est pas la destination qui prime : chaque tournant de la vie peut être changé, chaque décision modifiée. Le futur est à construire, le destin peut être changé. Ainsi, l’auteur argumente que les actions du présent conditionnent les événements futurs (C.f. « si tu améliores le présent, ce qui viendra ensuite sera également meilleur ».) En d’autres termes, Paulo Coelho recommande au public de vivre au présent.
Une leçon de L’Alchimiste : vivre au présent permet de s’affranchir de la crainte de la mort. En effet, lorsque sa Légende Personnelle est accomplie, les peurs deviennent triviales : le but de l’existence étant achevé, l’Homme est en droit de reposer en paix. En d’autres termes, l’œuvre de Paulo Coelho encourage le lecteur à suivre la voix du cœur, à écouter son intuition, à accomplir sa légende personnelle en vue de se connecter à l’âme du monde. Être à l’écoute des divers signes présents au cours du voyage aide à atteindre le bonheur et l’accomplissement du point de vue spirituel.