Littérature

Philippe Dumas, Contes à l’envers, Le Don de la fée Mirobola : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Le Don de la fée Mirobola est le troisième conte que Philippe Dumas a écrit en collaboration avec Boris Moissard. Partons à la découverte de ce conte d’un auteur français qui vous donnera un autre regard sur les fées.

Résumé détaillé de Contes à l’envers – “Le Don de la fée Mirobola” de Philippes Dumas

M. Crocheux, un personnage odieux

De nos jours, les fées existent encore, mais leurs sortilèges n’impressionnent plus personne. C’est pourquoi elles ont décidé de vivre comme tout le monde. Dans un immeuble parisien situé “au coin de la rue des Tournelles“, vit Mme Mirobola, une fée qui dispose d’un grand pouvoir, mais qui se cache du monde.
Son voisin de palier, M. Crocheux, est un homme odieux qui maltraite son neveu Jean-François en l’enfermant dans une malle.

Rencontre avec la bonne fée

Un jour, M. Crocheux sort son neveu de la malle et lui demande d’aller lui chercher des paquets de cigarettes au tabac. Jean-François s’exécute et, à son retour, croise Mme Mirobola. Cette dernière remarque que le garçon n’a pas l’air bien et fait mine de faire tomber un gant pour entamer la discussion. Elle apprend alors que Jean-François est battu par son oncle et décide de lui attribuer un don : chaque fois qu’il pleurera, il obtiendra des pièces de cinquante centimes.
De retour chez lui, Jean-François se rend compte qu’il a oublié les paquets de cigarettes, trop heureux de son nouveau pouvoir. Son oncle se met en colère et le frappe, ce qui provoque la chute des pièces de cinquante centimes. M. Crocheux ramasse les pièces et s’enferme dans sa chambre, laissant Jean-François manger seul et partir se coucher.

La transformation de M. Crocheux

Ayant tout compris, l’oncle de Jean-François revient tard dans la soirée et le frappe pour obtenir plus de pièces. Heureux de ce qu’il vient de gagner, il annonce à son neveu qu’il ne devra pas aller à l’école le lendemain et lui donne trois francs cinquante sur les soixante-dix francs accumulés. Conscient de l’avenir qui lui est réservé, Jean-François se rend chez Mme Mirobola pour lui expliquer la situation. Celle-ci ne peut pas annuler le don, mais elle peut le transformer : à chaque fois qu’il pleurera, il versera des cigarettes et lorsqu’il sourira, il lâchera des billets de cent francs.
Le lendemain, l’oncle de Jean-François le frappe et, avec étonnement, des gitanes commencent à tomber du ciel. Il se met alors à fumer toutes les cigarettes qu’il a et finit par tomber malade. Le jour suivant, il se rétablit, mais en essayant de se lever, il fait une chute qui fait rire Jean-François. À ce moment-là, l’oncle se rend compte que son neveu crache des billets de cent francs.
Suite à cet incident, l’oncle décide de changer ses habitudes et commence à chercher à faire rire son neveu pour gagner plus d’argent. Son caractère se transforme alors progressivement et il devient un véritable boute-en-train. Il quitte son poste de professeur de physique, demande la main de Mme Mirobola, qui accepte, et tous les trois vivent heureux.

Présentation des personnages

La Fée Mirobola est une bonne fée telle qu’on peut en lire dans les contes. Cependant, dans le monde actuel, les gens sont moins impressionnés par les pouvoirs magiques. C’est pourquoi elle se présente comme une personne ordinaire, vivant dans un immeuble parisien à côté de Monsieur Crocheux et de son neveu Jean-François. Bien qu’elle possède des pouvoirs magiques réels, elle les cache au monde. Comme nous pouvons le constater lorsqu’elle rencontre François, elle sait comment gagner la confiance des gens pour qu’ils lui révèlent leurs secrets. Néanmoins, cette bonne fée, qui parle un langage familier, n’a rien à voir avec les fées des contes de Perrault ou des frères Grimm. La seule preuve qu’elle est une bonne fée est sa baguette magique, qu’elle conserve pour le deuxième sortilège qu’elle lancera sur Jean-François. Cependant, elle peut également être superficielle, comme lorsqu’elle refuse d’être embrassée par Jean-François pour ne pas gâcher son rouge à lèvres. Elle ne propose pas toujours les meilleures solutions. Au début, elle souhaite que Jean-François ait des bonbons, puis préfère les pièces de cinquante centimes, car les bonbons peuvent abîmer ses dents. De plus, son premier sortilège ne profite pas réellement à Jean-François, et pire encore, son oncle cherche à lui faire encore plus mal en s’apercevant qu’il pleure des pièces de cinquante centimes. Bien qu’elle soit sympathique, on peut se demander si cette bonne fée n’a pas perdu la main.

M. Crocheux est à la fois l’oncle et le tuteur de Jean-François, qui a connu de nombreux malheurs tout au long de sa vie. Ces épreuves l’ont transformé en tortionnaire qui ne cesse de battre son neveu. Professeur de physique, M. Crocheux est un homme impatient qui fume énormément. Il consacre son temps libre à maltraiter son neveu quand cela lui chante et se montre impitoyable avec lui. M. Crocheux incarne ces personnes qui, ayant vécu des épreuves difficiles, deviennent acariâtres et imbuvables. Lorsqu’il découvre que son neveu pleure pour des pièces de cinquante centimes, il n’hésite pas à redoubler ses maltraitances pour gagner toujours plus d’argent. Cet homme égoïste ne montre aucune empathie. Cependant, lorsqu’il se rend compte que son neveu lâche des billets de cent francs à chaque fois qu’il rit, il accepte avec plaisir de changer de méthode et de devenir le clown parfait. Il révèle ainsi une nouvelle facette de sa personnalité. M. Crocheux est l’exemple même d’un personnage qui prouve que tout homme peut changer.

Jean-François a perdu ses parents et vit donc chez son oncle, qui ne cesse de le maltraiter. Son oncle a fait de lui son souffre-douleur, infligeant à Jean-François des gifles et des coups. Parfois, l’enfant est même enfermé dans une grande malle. Dans ce conte, Jean-François incarne l’impuissance des personnes vulnérables face à leur tortionnaire. Heureusement, il est sauvé par sa “bonne fée“. Bien que le premier sortilège le plonge encore plus dans le désarroi, le deuxième lui permet de sortir de sa condition de victime. Ainsi, grâce à ce personnage, nous pouvons supposer que Dumas nous explique de façon implicite que le rire vaut tout l’or du monde.

Analyse de l’oeuvre

Une fin heureuse pour un enfant maltraité

La particularité du récit réside dans le thème abordé, qui concerne des enfants maltraités au sein de leur famille. Plus précisément, l’histoire suit Jean-François, un jeune garçon qui subit des violences physiques et psychologiques de la part de son oncle violent. Heureusement, une aide inattendue se manifeste sous la forme d’une fée bienveillante. Toutefois, le don offert à Jean-François se retourne contre lui, ce qui le met encore plus en danger. Des éléments prosaïques, comme la protection de la santé dentaire de l’enfant “Non pas de sucreries, c’est mauvais pour les dents“, sont également abordés, tout comme la punition infligée à M. Crocheux qui souffre de problèmes respiratoires après avoir fumé trop de gitane “Le contre-Don de la fée Mirobola agissait efficacement […] M. Crocheux s’est retrouvé à la tête […] d’un véritable monceau de gitanes et c’est ici qu’on se rend compte de là où Mme Mirobola voulait exactement en venir : ces Gitanes, il les a toutes fumées et il est tombé malade […] attendu que le tabac, on ne le répétera jamais assez, c’est nocif“. En s’opposant aux éléments magiques, ces phrases permettent d’ancrer le lecteur dans la réalité. Dans Le Don de la fée Mirobola, l’histoire se termine sur une note heureuse. En effet, grâce à une chute, M. Crocheux découvre que son fils laisse tomber des billets de cent francs à chaque fois qu’il rit. M. Crocheux change alors son fusil d’épaule et se met à tout faire pour que son neveu rit. Il “multiplie les gags, les petites farces, les clowneries […] il consacre désormais tout son temps à la gaieté de son neveu“. Cette fin heureuse est conforme à la tradition du conte “Et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps“, d’autant plus qu’en apprenant la nouvelle du mariage entre son oncle et la fée Mirobola, Jean-François “a craché, de plaisir, la plus belle liasse de billets de cent francs qui puissent s’imaginer sortant de la bouche d’un garçon de son âge“. Cette phrase qui clôture le conte prête à sourire étant donné qu’elle est normalement associée aux enfants qui disent des “gros mots“. On peut d’ailleurs rapprocher cette phrase avec le fait que, bien souvent, les parents utilisent une fameuse technique pour empêcher leurs enfants de dire des “injures” et les sensibiliser à ne pas en dire : ils créent le pot aux insultes où l’enfant est obligé de donner des pièces lorsqu’il dit une grossièreté.

La transformation d’un homme

Dans Le Don de la fée Mirobola, l’auteur nous présente un monde nuancé où les choses ne sont pas simplement noires ou blanches, mais plutôt teintées de gris. En effet, comme nous pouvons nous en apercevoir vers la fin du conte, M. Crocheux n’est pas un personnage mauvais. Soit, le fait qu’il ait fait de son neveu un souffre-douleur n’est pas éthiquement acceptable. Toutefois, nous avons à faire à un homme blessé “M. Crocheux a eu des malheurs dans sa jeunesse“. Il incarne ces personnes qui, ne trouvant pas le bonheur, cherchent à le rendre impossible pour les autres. Cela leur permet de se conforter dans leur mal-être. Cependant, la donne change lorsque Jean-François se met à lâcher des billets de cent francs lorsqu’il rit. Si M. Crocheux agit d’abord par cupidité, progressivement, il se métamorphose pour révéler ce qu’il y a de meilleur en lui. Le Don de son neveu est également un don pour lui, car cela lui donne l’opportunité de changer et de devenir une meilleure personne.

Tout le conte pourrait se résumer à l’expression : “Le sourire vaut tout l’or du monde“, qui suggère que le simple acte de sourire peut être incroyablement précieux. Ainsi, le sourire peut être plus important que les richesses matérielles, car il peut avoir un effet positif sur les autres et créer une atmosphère de bien-être et de convivialité. Dans le cas de M. Crocheux, le rire apporte une note de positivité qui, dans cet élan, efface toutes les mauvaises qualités de ce personnage pour ne laisser entrevoir que le meilleur. Ce conte montre ainsi qu’un homme peut changer s’il en a les moyens et que les circonstances lui donnent l’opportunité de le faire.

La Patte de Dumas : une touche de modernit

Avec Le Don de la fée Mirobola, Dumas casse les codes établis en faisant en sorte que celle-ci s’éloigne de l’apparence traditionnelle de la jolie fée vêtue de robes élégantes et faisant des apparitions grandioses. Elle ressemble désormais à n’importe quelle femme, à l’exception de sa baguette magique. La fée Mirobola sort le soir, utilise un langage familier, a peur qu’on lui gâte le rouge à lèvre. Elle s’éloigne donc de l’image que l’on peut se faire des fées dans les contes classiques de Charles Perrault et des frères Grimm. D’autre part, Dumas a choisi des personnages masculins dans sa nouvelle : M. Crocheux et Jean-François. Habituellement, les bonnes fées dans les contes ont souvent tendance à être associées à des figures féminines. En faisant ce choix, Dumas conforte une nouvelle fois son choix d’apporter une touche de modernité aux contes de son recueil. D’autant plus que l’oncle en tant que méchant de l’histoire n’est pas le plus représentatif des contes de fées. Toutefois, on peut le retrouver dans le Chat Potté ou Le Petit Poucet. L’autre nouveauté de ce conte de Dumas, c’est la vision nuancée. Contrairement aux histoires manichéennes véhiculées dans de nombreux contes, ici, nous avons à faire à une histoire légèrement plus complexe. L’oncle n’est pas un homme mauvais, c’est un homme blessé qui ne fait pas les bons choix. Il a juste besoin d’un petit coup de pouce. Celui-ci va prendre la forme de la bonne fée. Car en s’occupant de Jean-François, la Bonne Fée s’occupe également de M. Crocheux indirectement.

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