Littérature

Philippe Dumas, Contes à l’envers, Le Pommier de Pomanchou : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Le Pommier de Pomanchou est un conte inédit qui n’est pas apparu dans la première version du recueil. Partons à la découverte de la dernière histoire de Contes à l’envers de Philippe Dumas et de Boris Moissard.

Résumé détaillé de Contes à l’envers – “Le Pommier de Pomanchou” de Philippe Dumas

Un remède spécial

Dans un pays régi par l’humidité, la fille du roi tombe malade. Les jours passent et elle dépérit au point d’inquiéter son père, qui demande l’aide d’un médecin. Celui-ci lui suggère d’aller chercher des pommes en France, dans le Pommier de Pomanchou, qui sont reconnues pour leurs bienfaits curatifs. Il explique au roi qu’il suffit d’en prendre trois : la première permettra à sa fille de se sentir moins mal, la deuxième lui permettra d’aller mieux, et en mangeant la troisième, elle ne sera plus malade. Toutefois, il met en garde le roi qu’avec cette troisième pomme, sa fille risque de tomber amoureuse du garçon qui le lui amènera. Le roi décide d’envoyer une fille, mais le médecin est formel : ce doit être un garçon pour que la magie opère. Souhaitant absolument guérir sa fille, le roi accepte à contrecœur. Il annonce aux gens de son peuple que le garçon qui lui ramènera les trois pommes aura la chance d’épouser sa fille.

La tentative des aînés

Trois frères ont appris la nouvelle de l’annonce proposant la main de la princesse en mariage. Leur mère, veuve et femme de ménage, travaille dur pour les élever. L’aîné et le puîné sont des mauvais garçons qui aiment boire et écouter du rap, tandis que le plus jeune est gentil mais peu attirant physiquement.

Séduit par la proposition, l’aîné décide de dépenser les économies de sa mère pour se rendre en France afin de cueillir ces fameuses pommes. Après un voyage en plusieurs étapes, il revient chez lui avec les pommes et s’arrête dans un bistrot pour boire une bière. Une ivrogne lui demande ce qu’il y a dans son sac. Celui-ci lui répond qu’il transporte trois crapauds couverts de pustules pour faire parler les vieilles chouettes. Arrivé au palais avec les pommes, l’aîné découvre avec horreur qu’elles ont été remplacées par les crapauds couverts de pustules. Le roi, furieux, le condamne à mort.

Voyant que son frère ne revient pas, le cadet décide de tenter sa chance à son tour. Il emporte également l’argent de sa mère et atteint le pommier six jours plus tard. De retour chez lui avec les pommes, il s’arrête dans le même bistrot que son frère et rencontre l’ivrogne qui lui demande ce qu’il y a dans son sac. Il lui répond qu’il transporte trois serpents venimeux. Lorsqu’il présente les pommes au roi, des serpents sortent du sac au lieu des fruits. Comme son frère, il est condamné à mort.

La bonne fée

Les jours passent et le plus jeune des frères réalise que ses aînés ne reviendront pas. Il prend alors la décision de partir à son tour, mais ses intentions sont nobles : il veut prendre soin de sa mère. Sans un sou en poche, il met trois semaines pour atteindre le pommier. À son retour au pays, comme ses frères avant lui, il se rend au bistrot, mais demande simplement un verre d’eau. L’ivrogne est toujours présente. Le jeune homme lui explique qu’il transporte des pommes pour soigner la princesse. Émue par la pureté de son cœur, l’ivrogne révèle son identité, elle se révèle être une fée. Elle lui fait don de trois objets : une bombe aérosol d’insecticide, une boîte de fromage contenant six bouts de chandelles et un anneau doré. Ces objets lui seront utiles lorsque le roi le mettra à l’épreuve.

La mise à l’épreuve

Le jeune homme se dirige vers le palais et présente les trois pommes au roi. La princesse en mange une et se sent mieux. Le roi demande alors à la princesse de manger les deux autres pommes. Après avoir mangé la deuxième, elle reprend des kilos. Finalement, avec la troisième pomme, elle guérit complètement et tombe amoureuse du jeune homme.

Cependant, le père de la princesse refuse que sa fille épouse le jeune homme en raison de son apparence physique disgracieuse. Mais la princesse insiste pour l’épouser. Le jeune homme prouve alors son utilité en chassant les moustiques dans la pièce avec une bombe anti-moustiques, en rallumant les feux dans le palais, et en portant un anneau doré qui le transforme en un beau jeune homme.
La princesse menace alors son père de retomber malade s’il refuse le mariage. Le roi capitule et le jeune homme devient prince. Étonnamment, le climat devient plus doux et les moustiques quittent le pays, laissant place aux touristes qui bénéficient à l’économie locale.

Présentation des personnages

Le roi est bien embêté, car sa fille unique est malade à cause de l’humidité de son royaume. Il fait venir un médecin pour tenter de trouver une solution. Ce roi est un homme rusé qui a d’autres aspirations pour sa fille que de l’épouser à un illustre inconnu. Toutefois, il accepte de se plier aux règles, du moins au début, pour que sa fille puisse enfin recouvrer la santé. C’est un roi qui ne montre aucune pitié. En effet, lorsqu’il voit que les deux frères se moquent de lui, il les fait exécuter et menace le frère cadet de faire de même s’il se paie sa tête. Toutefois, lorsqu’il s’aperçoit que le jeune garçon au physique disgracieux a bel et bien les trois pommes, il refuse qu’il épouse sa fille. Mais voyant que cette dernière insiste, il tente de gagner du temps en mettant le jeune garçon à l’épreuve afin de vérifier son utilité, ce que le garçon réussit à faire. Finalement, le roi est dans l’obligation de capituler et d’accepter l’union de sa fille avec le jeune garçon.

La princesse est tombée malade du fait de l’humidité qui règne dans le pays où elle vit. De jour en jour, elle dépérit, et ce, jusqu’à ce qu’elle mange les trois pommes. Si elle arrive à manger la première pomme, elle ne mange que les deux dernières pour faire preuve d’obéissance à son père. Toutefois, en mangeant le troisième fruit, le sortilège est lancé et elle tombe éperdument amoureuse du jeune garçon. Elle ne se montre plus obéissante envers son père et témoigne un caractère capricieux et déterminé, bien décidé à ne vouloir que lui. D’autant plus lorsque le jeune homme au physique disgracieux se transforme en bel étalon. Là, la princesse menace son père de retomber malade si elle n’obtient pas ce qu’elle veut, forçant ainsi son père à obéir à ses choix. Elle symbolise la toute-puissance de l’amour.

Les deux grands frères sont deux mauvais garçons, tatoués et percés, qui passent leur temps à s’alcooliser et à taguer les murs. Bien que ces jeunes adeptes de rap aient un physique avantageux, ils se révèlent être tous deux des personnages exécrables. Leurs actions sont purement égoïstes. Ils désirent se marier avec la princesse pour jouir d’une situation de vie plus confortable. Pour y parvenir, ils sont prêts à puiser sans scrupules dans l’argent que leur mère économise. Toutefois, les deux frères échouent à cause de l’intervention de l’ivrogne qui se révèle être une bonne fée.

Le frère cadet est un personnage au physique disgracieux, il dispose d’”une physionomie plutôt ingrate, avec un nez en poignée de porte et une tendance aux orgelets”. Toutefois, c’est un enfant sage et gentil au cœur pur à la fois serviable et intelligent. S’il décide de partir, il ne le fait pas pour lui mais pour assurer un meilleur train de vie pour sa mère. D’ailleurs, il est plutôt conscient de son physique en estimant que le roi n’acceptera jamais qu’un homme aussi peu séduisant épouse sa fille. Néanmoins, il ne fait pas cela pour avoir la main de la princesse, il le fait pour gagner une récompense qui lui permettra de prendre soin de sa mère. Il part sans un sou, pour s’assurer que sa mère ait assez d’argent pour subvenir à ses besoins. Il fait preuve de générosité en tendant le verre d’eau qu’il souhaitait boire à l’ivrogne. Ce personnage incarne la beauté intérieure dans toute sa splendeur. Grâce à l’anneau magique de la bonne fée, il devient un si joli garçon que le roi lui-même ne peut pas refuser sa main à sa fille unique.

La clocharde ou l’ivrogne se trouve être la bonne fée de ce conte. Cet attirail lui permet de sonder le cœur des garçons et vérifier celui qui aura le cœur le plus pur afin de lui proposer son aide. Pour les autres garçons, elle devient un personnage antagoniste qui est responsable de leur malheur. Bien qu’elle se présente comme une clocharde, elle ne cache pas son penchant pour l’alcool. Cette créature surnaturelle apprécie grandement les plaisirs de la boisson, comme on peut le voir lors du mariage du frère cadet avec la princesse.

Le médecin n’a pas un rôle très significatif dans ce conte. Il n’est présent que pour apprendre au roi qu’il existe en France, dans le département de l’Orne, le pommier de Pomanchou dont les pommes sont connues pour être un remède spécial pour les maux. C’est lui qui apporte le contexte à l’histoire. C’est le personnage qui apporte la quête que le héros devra mener à bien s’il souhaite épouser et se montrer digne de la princesse.

La mère des trois fils n’a pas un grand rôle dans l’histoire. C’est une femme veuve qui élève ses trois enfants du mieux qu’elle peut en travaillant dur en tant que femme de ménage. Avec l’annonce du roi, les deux premiers fils de cette femme témoignent leur ingratitude en souhaitant épouser la princesse pour fuir leur condition misérable. Leur décision est motivée uniquement par leur bien-être personnel. La mère est victime de leur égoïsme et voit ses économies se réduire pour qu’ils puissent atteindre leur but. Heureusement que cette femme peut compter sur son dernier fils qui lui restera fidèle tout au long du conte.

Analyse de l’oeuvre

Des personnages sortis de leur contexte

Le médecin faiseur de quête

Dans ce conte, le rôle du médecin est inhabituel. En tant que scientifique, il est surprenant de le voir jouer le rôle d’un faiseur de quête. C’est pourtant lui qui annonce au roi l’existence d’un “remède spécial” pour sa fille : des pommes qui “soignent les enfants de roi“. Cela implique que les pommes ne peuvent pas soigner les gens ordinaires, ce qui est étrange pour un médecin. De plus, il semble être unique en son genre, car il est superstitieux. Il affirme au roi que les pouvoirs des pommes ne peuvent fonctionner que si elles sont apportées par un garçon. Ainsi, le “remède spécial” ne peut soigner que les enfants de roi, en particulier les filles, car seuls des garçons peuvent apporter les pommes. Le médecin est catégorique : cette condition est écrite dans des livres de médecine qui sont tous unanimes sur le sujet.

La bonne fée alcoolique

Dans Le pommier de Pomanchou, la bonne fée se présente sous les traits d’une clocharde alcoolique aux trois frères afin de sonder leur cœur. Pour autant, ce personnage a l’air de prendre son rôle très au sérieux, elle “cultive son malheur en vidant verre après verre un litron de mauvais vin”. Quand vient le deuxième frère, elle est “toujours attablée au même endroit […] en compagnie de sa bouteille de vin – une autre, bien sûr.”. Quand elle croise le frère cadet, elle est “toujours devant son vin”. Toutefois, à la différence des premiers frères, la bonne fée se risque à lui demander s’il pourrait lui offrir une nouvelle bouteille de vin pour remplacer celle qu’elle vient tout juste de finir. A cet instant, la bonne fée a conscience que le jeune frère est un garçon au cœur pur, toutefois, en tant qu’alcoolique, l’appel de la boisson vient en premier. Elle souhaite s’assurer de disposer d’une bonne bouteille de vin avant de pouvoir se révéler en tant que “bonne fée”. Néanmoins, le jeune garçon n’a pas d’argent. Si les lecteurs ont des doutes quant à l’alcoolisme de la bonne fée, ceux-ci sont annihilés lors du mariage du jeune frère avec la prince où l’on peut assister à une scène cocasse où la “bonne fée” vide tranquillement bouteille sur bouteille. C’est assez surprenant de voir cette créature surnaturelle en proie aux ravages de l’alcool. Habituellement les fées présentes dans les contes sont des personnages qui symbolisent la pureté dans sa forme la plus pure. Ainsi, en prêtant un défaut humain à cet être fantastique, Dumas en fait un personnage plus humain.

La notion de beauté intérieure

Dans ce conte, Dumas traite de la notion de “beauté intérieure”, un concept présent dans la philosophie et la littérature depuis des milliers d’années. L’idée que la beauté intérieure est plus importante que la beauté extérieure a été popularisée par le philosophe grec Platon dans son ouvrage Le Banquet, écrit vers 385 av. J.-C. dans lequel Socrate défend l’idée que la beauté n’est pas simplement une question d’apparence physique, mais qu’elle réside également dans la moralité et dans la sagesse d’une personne. Dans la description du frère cadet, Dumas fait l’étalage de nombreuses qualités intérieures dont dispose le garçon : “c’était un garçon sage, honnête, travailleur, serviable, intelligent, respectueux, grand lecteur“. Par ailleurs, l’auteur précise un détail qui semble être “capital“, il était “coiffé avec la raie au milieu, ce qui est l’indice absolu de toutes ces qualités réunies chez un même homme“.
Dans les années 70, ce type de raie était populaire chez les adolescents. Cette coiffure symbolisait souvent une appartenance à la culture hippie ou bohème, qui prônait une esthétique naturelle et décontractée. Aux antipodes de l’univers urbain revendiqué par les frères aînés.

Cependant, dans un monde où la beauté physique est souvent considérée comme la norme, il peut être difficile de se faire valoir, même si l’on possède une beauté intérieure incontestable. En effet, que l’on le veuille ou non, notre apparence physique est la première chose que les autres perçoivent de nous, et elle peut souvent être à l’origine de préjugés et de jugements hâtifs. Cette idée est illustrée dans le conte de Dumas lorsque le roi “fit la grimace. Il se souvenait de sa promesse, mais ne se voyait pas la tenir au profit d’un prétendant au nez en poignée de porte et aux cils ravagés d’orgelets“. Il tente de ramener sa fille à la raison en lui promettant “dix fiancés plus jolis que celui-ci“. Néanmoins, l’anneau magique “transforme le crapaud en prince“, “il devint d’une beauté prodigieuse“. Ce changement soulève alors une question : l’anneau, était-il réellement magique, ou a-t-il simplement permis à la beauté intérieure du jeune homme de briller ?

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