Littérature

Racine, Esther : résumé, personnages et analyse

Esther de Racine
Ecrit par Les Résumés

Inspiré de l’histoire d’Hadassah bat Avihaïl (Esther) dans la version biblique, la pièce de théâtre Esther est une tragédie écrite par Racine, un dramaturge français. Elle a été jouée à Saint-Cyr, le 26 janvier 1689, pour la première fois. Explorons ensemble cette œuvre théâtrale.

Résumé détaillé de la pièce de théâtre Esther de Racine

ACTE 1

SCÈNE 1

Dans son appartement du palais royal à Suse, Esther raconte à sa confidente, Élise, comment elle a épousé le roi Assuérus, après qu’il ait répudié son ancienne épouse, la reine Vasthi. Son oncle Mardochée, qui l’a élevé comme son propre père, l’a aidé à sa nomination en tant que reine. Esther lui explique que le roi l’a choisi pour sa beauté, mais qu’il ignore qu’elle est juive. En tant que Reine, elle utilise sa position pour protéger les Juifs en Perse et a même découvert une conspiration contre le roi grâce aux conseils de Mardochée. Esther prend soin des jeunes filles juives qui ont été transportées en Perse et les instruit dans un lieu privé.

SCÈNE 2

Un groupe de femmes israélites, gardées cachées par la reine Esther, utilisent le chant pour exprimer leur douleur et leur chagrin sur l’exil de leur peuple, en espérant qu’un jour leur ville sera restaurée.

SCÈNE 3

Mardochée avertit Esther que tous les Juifs sont en danger d’être éliminés par Aman, le favori du roi. Un décret ordonnant l’exécution de tous les Juifs, sans distinction d’âge ou de sexe, dans un délai de dix jours a été signé par son époux, le roi. Mardochée demande à Esther de révéler sa véritable identité au roi, car c’est son devoir en tant que membre de la communauté juive. Malgré les risques encourus, Esther consent à se présenter devant le roi pour tenter de sauver son peuple.

SCÈNE 4

Esther s’adresse à son Dieu et exprime son dessein de protéger la foi de son peuple. Elle affirme être prête à risquer sa vie pour plaider en faveur de son peuple. Elle s’assure que son Dieu sera avec elle dans cette entreprise.

SCÈNE 5

De jeunes femmes israélites chantent avec émotion pour implorer leur dieu de les sauver. Leur lamentation porte sur leur sort funeste et les offenses commises par leurs aînés. Les jeunes femmes demandent à leur dieu de les protéger.

ACTE 2

SCENE 1

Aman, le favori du roi, discute avec Hydaspe, l’officier intérieur du palais. Bien que les Juifs ont toujours persécuté son peuple, Aman avoue que ce n’est pas pour ça qu’il souhaite les exterminer, il avoue qu’il souhaite se venger de l’impertinence de Mardochée, un Juif qui refuse de se prosterner devant lui. Toutefois, il est contrarié, car il doit encore attendre dix jours avant que les Juifs ne soient exterminés.

SCENE 2

Après avoir relu ses annales, le roi Assuérus prend conscience que sans l’aide de Mardochée, il aurait été tué par deux traîtres persans pendant son sommeil. En conséquence, il prend congé de ses deux officiers et il demande à être seul avec Asaph, un autre de ses officiers.

SCENE 3

Assis sur son trône, Assuérus demande l’identité de l’homme qui a déjoué le complot qui visait à l’assassiner. Asaph lui révèle que cet homme, du nom de Marchodée, se trouve chaque jour devant les portes du palais. Celui-ci n’a jamais réclamé de remerciement. Toutefois, il lui apprend que Marchodée, étant juif, est condamné, par le décret royal, à être exterminé comme tous ceux de son peuple. Le roi est étonné qu’un Juif ait pu lui sauver la vie. Il demande à ce qu’on fasse venir Hydaspe pour qu’il aille quérir Marchodée.

SCÈNE 4

À la demande du roi, Hydaspe entre et lui fait savoir que son favori, Aman, souhaite le voir. Le roi accepte de le consulter pour qu’il puisse l’éclairer sur la récompense qu’il peut attribuer à l’homme qui lui a sauvé la vie.

SCÈNE 5

Pensant que le roi Assuérus souhaite le récompenser, Amam suggère au roi d’organiser une grande cérémonie où l’homme en question serait honoré publiquement. Ainsi, tout le monde devrait fléchir le genou. En proposant une telle entreprise, Amam souhaite faire en sorte que Mardochée soit obligé de plier le genoux en le voyant. Toutefois, il finit par comprendre que l’homme qui recevra la récompense n’est autre que Marchodée. Pour couronner le tout, le roi demande à Aman de s’occuper de mener le destrier pour clamer haut et fort les honneurs du Juif.

SCÈNE 6

Seul sur scène, Assuérus sait que l’honneur qu’il accorde à Mardochée est sans précédent. Toutefois, il souhaite utiliser cette opportunité pour améliorer sa réputation. En gratifiant Mardochée, il prouve qu’il n’est pas ingrat envers ceux qui le servent fidèlement. Ainsi, il différencie les innocents des coupables.

SCÈNE 7

Esther entre dans la pièce accompagnée d’Élise et de quatre Israélites qui soutiennent sa robe. Cette arrivée inattendue provoque la colère du roi qui reconnaît alors son épouse. Celle-ci s’évanouit, suscitant l’inquiétude d’Assuérus qui cherche à lui prouver son amour. Il lui affirme qu’il est prêt à tout pour elle. Esther lui révèle alors qu’elle a une demande à formuler et souhaite que lui et son favori, Aman, soient présents. Le roi accepte et demande qu’Aman soit invité le soir-même au cours du repas.

SCENE 8

Élise est avec le chœur israélite qui partage leurs inquiétudes concernant la colère du roi envers leur peuple et la volonté de son favori, Aman, qui a l’intention d’exterminer les Juifs. Elles chantent des louanges à Dieu en lui témoignant leur foi inébranlable. Elles acceptent d’être persécutées et exécutées plutôt que d’idolâtrer de faux dieux. En entendant du bruit dans l’autre chambre, Élise estime qu’il est temps qu’elles aillent rejoindre la reine.

ACTE 3

SCENE 1

Dans les jardins d’Esther, Zarès, l’épouse d’Aman, conseille à son mari de dissimuler sa colère envers Mardochée. Cependant, Aman se sent humilié d’avoir aidé Mardochée à obtenir cette reconnaissance et éprouve un sentiment de trahison. Pour le calmer, Zarès souligne que ses actions étaient principalement motivées par son désir de servir son propre pouvoir. Elle lui propose de fuir la cour pour l’Hellespont, où leurs ancêtres ont été chassés par les Juifs il y a longtemps. Leur conversation se termine lorsque Hydaspe arrive.

SCÈNE 2

Hydaspe annonce à Aman qu’Esther l’attend pour le recevoir. Aman demande si Mardochée sera également présent au festin. Hydaspe tente de le rassurer en lui expliquant que les devins ont estimé que les songes d’Assuérus étaient de mauvaise augure. Selon leurs prédictions, un étranger va tenter de tuer le roi et la reine. Cela a donc accentué la défiance d’Assuérus envers les Juifs.

SCÈNE 3

Les Israélites expriment leur mécontentement lorsqu’elles s’aperçoivent de la présence d’Aman assis à la table du roi. Elles louent leur Dieu qui protège les innocents et combat l’injustice. Elles prient pour que la terre tremble sous son règne et que ses ennemis soient soumis à sa force.

SCÈNE 4

Le roi Assuérus s’entretient avec son épouse en lui assurant de réaliser tout ce qu’elle souhaite. À genoux, Esther lui confie que son père, étant Juif, elle est condamnée, selon le décret royal, à être exécutée avec son peuple. Elle implore alors son époux de sauver son peuple en lui révélant qu’Aman sert simplement ses intérêts. En effet, elle lui confie que celui-ci souhaite exterminer tous les Juifs parce qu’il en veut à son “père”, Marchodée, pour des raisons personnelles. Choqué par ces révélations, le roi décide de se retirer pour réfléchir et demande à ce qu’on fasse venir Mardochée.

SCÈNE 5

Aman avoue à Esther qu’il a trahi et trompé les Juifs. Il supplie la reine pour qu’elle puisse apaiser la colère du roi afin qu’il lui laisse la vie sauve. Pour réparer ses torts, il est prêt à mettre à mort les ennemis des Juifs, mais Esther le rejette avec mépris et lui rappelle que son Dieu le jugera bientôt pour ses crimes. Ne sachant plus comment faire pour se tirer d’affaires, Aman, désespéré, se jette aux pieds d’Esther.

SCÈNE 6 & 7

En trouvant son favori aux pieds de son épouse, il prend conscience que celui-ci est bel et bien coupable. Aman est accusé de trahison par le roi qui demande à ce qu’il soit immédiatement exécuté pour ses crimes. Les gardes emmènent Aman. Assuérus libère les Juifs et déclare à Mardochée qu’il lui donne les biens et la puissance d’Aman.

SCÈNE 8

Asaph annonce au roi la mort de son ancien conseiller, dont le corps est traîné dans les rues par une foule en colère. Mardochée profite de cette occasion pour rappeler à Assuérus le danger qui menace les Juifs. Le roi décide d’annuler le décret imposé par Aman.

SCÈNE DERNIÈRE

Le chœur célèbre la victoire de Dieu qui a puni les coupables et sauvé les innocents. Les Israélites témoignent de la bonté et de la puissance de Dieu dans leur vie. Elles invitent leur peuple à se libérer de leur captivité. En ayant risqué sa vie pour sauver son peuple, elles célèbrent la reine Esther ainsi que son mari, le roi Assuérus.

Présentation des personnages

Assuérus est le roi de Perse. En tant que souverain absolu de son royaume, c’est un homme puissant et autoritaire, mais également susceptible et impulsif. En effet, il répudie sa femme, Vashti, parce qu’elle s’est mal comportée, et n’accepte pas que l’on vienne s’adresser à lui tant qu’il n’en a pas donné l’ordre. Il se présente donc comme un roi tyrannique et cruel. Toutefois, c’est un homme influençable qui change plusieurs fois d’avis, influencé par ses conseillers, notamment Aman. Par ailleurs, ayant été victime d’une tentative d’assassinat, il ne se sent pas en sécurité d’autant plus lorsqu’il réalise son songe prémonitoire. Son amour pour Esther, dont il ignore l’origine juive, lui permettra de prendre les bonnes décisions, dévoilant ainsi son côté humain. Tout au long de l’intrigue, ce personnage complexe évolue et incarne les paradoxes du pouvoir. Il est intéressant de noter que contrairement au personnage biblique, le personnage de Racine est moins capricieux et moins cruel.

Esther est une belle jeune femme juive qui a été sélectionnée pour devenir la nouvelle reine de Perse, à la place de la répudiée Vashti. À la mort de ses parents, elle a été élevée par son oncle, Mardochée. C’est une femme à la fois intelligente et courageuse. Au début de l’intrigue, c’est un personnage timide et réservé qui, malgré le luxe et l’opulence de la cour royale, n’a jamais renié ses origines juives ainsi que sa foi. Elle se sert de sa position sociale pour protéger son peuple et consent à aller voir son époux, Assuréus, pour lui révéler les motifs personnels qui poussent Aman à souhaiter exterminer les Juifs. Vertueuse, cette femme témoigne que même lorsque les religieux sont confrontés à l’adversité et à la persécution, ils peuvent rester fidèles à leur foi ainsi qu’à leurs origines. En souhaitant révéler ses origines juives à son époux, le roi Assuérus, elle est prête à se sacrifier pour sauver son peuple.

Mardochée est l’oncle d’Esther. À la mort des parents de sa nièce, il va la prendre en charge et l’éduquer afin de lui transmettre la culture juive. C’est lui qui découvre le complot visant à assassiner le roi Assuérus. Mardochée est un personnage à la fois sage et courageux qui refuse de se prosterner devant Aman. Ceci est la cause de l’intrigue, car ce dernier, ne supportant pas une telle impertinence, décide de punir l’homme en question en exterminant tous les Juifs. Fidèle à sa foi, il est prêt à mourir et à résister plutôt que de capituler devant l’oppresseur. En tant qu’aîné, il incarne la transmission des valeurs et des traditions à la nouvelle génération.

Aman est un personnage antagoniste qui utilise sa position de favori du roi Assuérus pour le convaincre de signer un décret royal visant à exterminer les Juifs de Perse. Sa volonté de tuer les Juifs est alimentée par un motif personnel : le refus de Mardochée de plier le genou lorsqu’il le voit. Ce geste symbolise une impertinence qui irrite cet homme vaniteux et souligne sa personnalité antisémite. Par sa soif de pouvoir, Aman incarne ces hommes immoraux prêts à réaliser des actes cruels et injustes. Sa condamnation à mort à la fin de la pièce symbolise la justice divine où les méchants sont punis.

Zarès est la femme d’Aman, qui ne fait qu’une seule apparition dans la pièce de théâtre. Elle cherche à convaincre son mari de fuir avec elle, car elle sent sa fin imminente et souhaite qu’il renonce à ses ambitions démesurées au profit d’une vie paisible. En un sens, Zarès incarne le choix d’un destin plus agréable. Si Aman avait accepté de fuir avec elle, il aurait pu éviter la mort.

Hydaspe est l’officier du palais intérieur d’Assuérus, qui se distingue d’Aman car il utilise sa position pour conseiller et servir loyalement son empereur. Contrairement à Aman, qui cherche à assouvir ses ambitions personnelles, Hydaspe est un conseiller avisé et fidèle à sa fonction.

Asaph est un autre officier d’Assuérus. À l’instar d’Hydaspe, c’est un conseiller loyal et sage qui apporte de bons conseils au roi. C’est un conseiller prudent qui évite toutes décision hâtive.

Elise est la confidente d’Esther et l’accompagne du début à la fin de l’intrigue. Elle joue un rôle crucial dans la compréhension de la pièce de Racine, car c’est grâce à leurs échanges que le spectateur comprend les tenants et aboutissants de l’histoire.

Hormis ces personnages, nous avons également Thamar, une Israélite de la suite d’Esther, les Gardes du roi Assuérus et le Chœur de jeunes filles israélites.

Analyse de l’oeuvre

La pièce de théâtre Esther de Racine s’inspire d’une histoire biblique tirée du livre d’Esther. L’histoire suit Esther, une belle Juive qui est choisie comme épouse par le roi Assuérus sans savoir qu’elle est juive. Les Juifs sont menacés par le Premier ministre, Aman, qui obtient l’ordre du roi de les exterminer. Cependant, Esther réussit à démontrer la méchanceté d’Aman et les Juifs se vengent en massacrant soixante-quinze mille personnes, tandis qu’Aman est pendu. La pièce de Racine suit l’histoire biblique, mais introduit quelques changements, comme des chants de piété et des personnages secondaires. La pièce célèbre également le couple royal et fait référence à la situation des jansénistes.

Dans sa pièce de théâtre Esther, Racine utilise un vocabulaire plus étendu que toutes ses autres tragédies, hormis celle de Médée. En effet, les termes amoureux sont moins présents, mais il y a davantage de termes religieux et symboliques, ainsi que des termes relatifs aux vêtements et à la nourriture. Racine évite les détails anecdotiques pour privilégier la poésie symbolique et l’élévation spirituelle.
Le thème du roi est évoqué de manière générique, et le manichéisme de la pièce est mis en avant par l’utilisation d’oppositions morales et de descriptions concrètes célébrant la vertu.

La pièce de théâtre Esther de Racine ne doit pas être vue de manière réaliste. Elle doit être comprise comme une histoire symbolique avec une leçon importante présentée sous forme de fiction dramatique simple. La pièce raconte l’histoire d’un peuple juif fidèle à Dieu et montre comment leur loyauté envers lui a marqué leur histoire. Racine critique donc les mauvais ministres, à travers Aman, et célèbre les bons rois, grâce à Assuérus, qui sont tolérants envers les fidèles d’autres religions. Il dénonce également les gens qui flattent et mentent pour se faire bien voir. Il critique les personnes qui usent de leur position pour réaliser des crimes odieux, en faisant croire que cela sert l’intérêt de leur pays alors qu’en réalité, ils ne le font que pour des raisons personnelles. Avec Esther, Racine veut montrer que le vrai Dieu est le seul qui peut influencer la décision finale d’un dirigeant envers son peuple.

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