Appelé également Edda Sæmundar, en référence à Saemund le sage (Sæmundr Sigfússon), l’Ancienne Edda est la source de connaissances la plus importante que nous ayons sur la mythologie scandinave. Cet ensemble de poèmes écrits en vieux norrois nous a servi à réaliser le résumé de cette cosmogonie scandinave.
Résumé de la Cosmogonie scandinave
“Autrefois, il n’y avait rien,
Ni sable, ni mer, ni vagues froides.
Ni terre, ni ciel non plus.
Seul existait l’abîme béant.
Le soleil ne connaissait pas sa demeure
Et la lune ignorait son royaume.
Les étoiles n’avaient pas trouvé leur place.
(L’Ancienne Edda – Parole d’une Femme Sage)
Au nord, il y avait Niflheim, l’empire des morts et au sud, Muspelheim, le pays du feu. De la glace de Niflheim et des nuages brûlants créèrent des brouillards et de leurs gouttes naquirent les Filles du Gel ainsi que le premier Géant, Ymir. Le fils de ce dernier fut le père d’Odin. Quand Odin arriva, il tua Ymir avec deux de ses frères. Le sang d’Ymir servit à créer la mer, son corps créa la terre et de son crâne naquit les cieux. Odin et ses frères créèrent le soleil, la lune et les étoiles grâce à des étincelles prises dans le pays du feu. Midgard fut le royaume de l’espèce humaine. L’homme fut créé à partir d’un frêne et la femme d’un bouleau.
À cette époque, il y avait encore les Nains, des créatures affreuses, qui vivaient sous la terre et les Elfes, des lutins splendides, pour prendre soin des ruisseaux et des fleurs.
Yggdrasil était un frêne qui servait de support à l’univers : “Yggdrasil a trois racines. Hel demeure sous la première, sous la seconde vivent les Géants du Gel et les hommes sous la troisième.” Selon certaines sources, il était dit que “l’une des racines montait jusqu’à Asgard”.
Trois Nornes gardaient le Puits d’Urda situait près d’une racine d’Yggdrasil : Urda (Passé), Verdandi (Présent) et Skuld (l’Avenir). Sous une autre de ses racines, Mimir, le Sage, gardait le Puits de la Connaissance.
Yggdrasil, tout comme les dieux d’Asgard, était destiné à mourir. En effet, les Géant gagneraient la Guerre.
Toutefois, bien que l’issue où le mal gagne sur le bien soit le socle de la mythologie nordique, l’Ancienne Edda apporte une lueur d’espoir. Elle dit que ces ténèbres apporteront un jour nouveau.
Présentation des différents dieux nordiques
La Cité d’Asgard où vivent les Aesir (ou Ases), le surnom donné par les dieux, a pour ennemi la Cité de Jötunheim où vivent les Géants. Ces derniers représentent un danger pour les dieux mais ils savent que la victoire finale appartient déjà aux Géants.
ODIN
Odin était le chef souverain des Aesirs. Ce dieu étrange était accompagné de deux corbeaux : Pensée (Hugin) et Mémoire (Munin) qui lui apprirent tant de choses. Il avait pour tâche de retarder le Ragnarok, le jour “où la terre et le ciel seraient détruits”. Au prix d’un de ses yeux, il obtint plus de sagesse auprès de Mimir, le Sage. Par la souffrance, il acquit la science des Runes qu’il transmit aux humains. Il vola l’hydromel aux Géants. Les Valkyries (Val : “tuer” et kyrja : “choisir”) font partie de sa suite et s’occupent de “choisir les morts” pour les emporter au Valhalla. Le jour consacré à Odin est le mercredi. La forme méridionale d’Odin étant Wotan ou Woden, en Angleterre, Wednesday est le jour de Woden (Odin).
LES AUTRES DIEUX
- Thor était le fils d’Odin qui contrôlait le tonnerre. Il était connu pour manier le Mjolnir, un marteau magique qui revenait toujours dans ses mains. Il était le plus fort des dieux. Le jeudi était le jour qui lui était consacré. (Thursday : jour de Thor).
- Freyr est l’Aesir qui prenait soin des fruits de la terre.
- Heimdall était le gardien du pont Bifröst, le pont arc-en-ciel qui reliait Asgard aux neufs mondes inférieurs. Il avait également pour mission de souffler dans le Gjallarhorn (corne) en cas d’attaque d’Asgard.
- Tyr était le dieu de la guerre. Le mardi, lui était consacré. En effet, Tuesday se disait autrefois Tyrsday, jour de Tyr.
Contrairement à la mythologie grecque, les déesses d’Asgard n’avaient que peu d’importance. Si Frigga était considérée comme une femme sage, elle restait très silencieuse.
FREYA
Bien qu’elle fut la déesse de l’Amour et de la Beauté, elle se rendait sur les champs de bataille pour réclamer ses morts. En effet, si une moitié appartenait aux Valkyries, l’autre était à Freya. Ce qui prouve à quel point la mort était considérée comme quelque chose de bénéfique, qu’il ne fallait pas craindre, chez les nordiques. Le Vendredi était le jour consacré à Freya (Friday).
Dans la mythologie Nordique, chacun avait une place bien attitrée :
- Le royaume de la mort était sous le contrôle total de Hela ;
- Asgard appartenait aux dieux ;
- Le Valhalla était l’endroit où les héros festoyaient après leur mort ;
- Midgard était le monde des hommes.
Analyse de l’oeuvre
La Mythologie Nordique était assez étrange puisque les dieux savaient pertinemment qu’un beau jour, Asgard tomberait. Même les mortels qui, une fois leurs actes héroïques, finissaient au Valhalla, savaient qu’un jour ou l’autre, tout cela prendrait fin. C’est une vision assez sombre comparée à la mythologie grecques ou romaines, qui prônent une vie éternelle en tant qu’ombres tout comme la religion chrétienne avec le principe du paradis et de l’enfer. D’ailleurs, pour atteindre le Valhalla, il suffit d’acte héroïque. C’est pourquoi, les nordiques vivaient pour mourir. Pour eux, la mort n’était pas à craindre, mais un moment où il fallait montrer aux dieux toute sa bravoure et tout son héroïsme.
Dans un désir de convertir le monde au christianisme, la mythologie nordique fut peu à peu remplacée. Dans cette lutte contre le paganisme, de nombreux ouvrages furent détruits ou brûlés si bien que, contrairement aux mythologies romaines ou grecques, nous n’avons pas pu conserver assez d’ouvrages à ce jour. En effet, ill reste “Quelques fragments survivent : Beowulf en Angleterre, les Niebelungenlied en Allemagne, et çà et là, des bribes disparates”.
Aujourd’hui, nous pouvons trouver La nouvelle Edda écrite par Snorri Sturluson à la fin du XIIe siècle ainsi que L’Ancienne Edda. En parlant de cette dernière, Edith Hamilton juge que : ”Beaucoup de ces récits sont splendides ; dans la mythologie grecque, il n’en est aucun qui les égale sauf ceux qui sont contés par les poètes tragiques.”. Ils racontent toutes des histoires tragiques et sombres d’hommes et de femmes dont ‘la seule lueur est l’héroïsme”.
L’Ancienne Edda témoigne un aspect qui diffère de l’héroïsme. En effet, cet ouvrage contient de nombreux proverbes qui prouvent que les hommes n’étaient pas tous en quête d’héroïsme. Certains auteurs, sans doute des héros, nous livrent un nouveau point de vue concernant la vie en utilisant une touche d’humour : “Un homme ne sait rien s’il ignore que la richesse engendre souvent un singe” ou “Un sot reste éveillé toute la nuit, pensant à mille choses. Lorsque vient le matin, il est épuisé de souci et son souci est tout pareil à ce qu’il était la veille.”, parfois même une certaine sagesse : “L’esprit ne connaît que ce qui repose près du cœur.”
Ils montrent également qu’ils connaissent la nature humaine : ”Les hommes braves vivent heureux partout. Un lâche craint toutes choses.”