Le Chat qui allait son chemin tout seul est un conte pour enfants écrit par Rudyard Kipling présent dans le recueil intitulé Just So Stories (Histoires comme ça dans la version française) publié en 1902. Ce conte a remporté le prix Nobel de littérature en 1907. Partons à la découverte de ce conte du XXème siècle d’un auteur britannique plein de sens.
Résumé détaillé du recueil Histoires comme ça – “Le Chat qui allait son chemin tout seul” de Rudyard Kipling
L’arrivée de la Femme dans la vie de l’Homme Sauvage
À une époque très lointaine, le monde était totalement sauvage. L’homme l’était également jusqu’à ce qu’il rencontre la femme. Celle-ci voulut qu’ils s’installent dans une caverne. Ainsi, l’homme n’était plus sauvage. Un soir, la femme fit brûler un feu ce qui intrigua les animaux sauvages. Le chien sauvage voulut apprendre ce qui se passait pour le rapporter aux autres animaux. Il demanda au chat sauvage de l’accompagner, mais celui-ci ne voulut pas, prétextant : “Je suis le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent.“. Ceci rompit l’amitié entre ces deux animaux sauvages. Le chien alla jusqu’à la caverne suivie par le chat qui avançait doucement pour ne pas se faire remarquer par le chien. Quand elle le vit, la femme appâta le chien sauvage qui devint le Premier Ami. Il devait accompagner l’homme durant la chasse et surveiller la caverne durant la nuit, en échange de quoi, il avait droit à des os. Le Chat sauvage trouva le chien stupide et il retourna auprès des autres animaux sans rien dire.
Tous les animaux sont apprivoisés sauf le Chat Sauvage
Peu de temps après, le Cheval Sauvage essaya de savoir ce qui était advenu du Chien sauvage. Il revint et devint le Premier Serviteur en échangeant d’herbe. Tout comme la Vache sauvage qui devint la Donneuse de bonne nourriture pour le lait blanc qu’elle produisait. Le Chat Sauvage essaya d’obtenir habilement les faveurs de la Femme, mais celle-ci expliqua qu’ils n’avaient plus besoin de compagnons supplémentaires. Néanmoins, ils passèrent un marché. Si la Femme faisait une louange au chat sauvage, il pouvait jouir de la caverne pour toujours. Si elle lui faisait deux louanges, il pouvait s’installer auprès du feu pour toujours. Au bout de trois louanges, le Chat sauvage pourrait profiter du lait de la vache, trois fois par jour, et ce, tout en continuant “de faire son chemin tout seul”. Le Chat Sauvage accepta le marché et s’en alla.
Le marché entre la Femme et le Chat Sauvage
Au bout d’un certain temps, le Chat sauvage apprit par une chauve-souris sauvage que l’Homme et la Femme avaient eu un enfant. Le Chat Sauvage se dit qu’il était temps de revenir. Au moment où il arriva, la Femme avait mis son enfant en dehors de la caverne en lui donnant des cailloux pour qu’il puisse jouer avec. Toutefois, le bébé continuait de pleurer. Le Chat Sauvage calma le bébé et la chauve-souris le fit remarquer à la Femme qui loua la “chose” qui avait apaisé son bébé. Le Chat sauvage put profiter de la Caverne. Ce dernier proposa ensuite de réaliser un jeu pour apaiser le bébé et lui chanter une chanson pour qu’il puisse s’endormir. La femme le remercia ce qui permit au Chat Sauvage de s’installer près du feu. En voyant la souris sauvage, le Chat Sauvage demanda à la femme s’il pouvait le manger. En débarrassant la caverne de cette souris, le Chat eu droit à une troisième louange de la femme. Dès lors, il put profiter du lait. Le Chat Sauvage avait gagné, mais la Femme lui fit comprendre qu’il avait fait un marché avec elle, et non avec l’Homme.
L’échec des négociations entre l’Homme, le Chien et le Chat Sauvage
Lorsqu’il revint avec le chien de sa partie de chasse, sa femme lui expliqua le marché qu’elle avait fait avec le Chat sauvage. L’homme et le chien voulaient eux aussi faire un marché avec le Chat sauvage. Ce dernier accepta de chasser les souris et de prendre soin du bébé, à condition de “faire son chemin tout seul”. L’homme et le chien n’acceptant pas cette condition, ne conclurent pas de marché avec le Chat sauvage. C’est pourquoi de nombreux hommes jettent des objets sur les chats et que les chiens courent après eux pour les effrayer. Le Chat, quant à lui, chasse les souris tout en prenant soin du bébé, mais il est libre de ses mouvements.
Présentation des personnages
La Femme est le personnage clé de cette histoire. Elle incarne l’élément perturbateur dans ce monde sauvage. Elle civilise l’Homme et s’arrange pour que les animaux sauvages soient apprivoisés. C’est un personnage intelligent et rusé qui sait comment arriver à ses fins. Si elle se laisse berner par le chat, elle réussit un tour de passe-passe étant donné que le chat sauvage n’a conclu un pacte qu’avec elle. Si elle est reconnaissante envers le chat, son mari et son chien n’ont pas à l’être. La Femme représente la “civilisation“. C’est elle qui crée “le foyer” et réunit tous les animaux pour qu’ils s’imbriquent dans la société qu’elle est en train de créer. Elle apporte une touche surnaturelle à ce conte puisque le feu est perçu comme quelque chose de magique.
L’Homme sauvage est le premier à être civilisé par la femme. Cette dernière crée un foyer avec lui en l’installant dans une caverne qui deviendra leur habitation. Ainsi, l’homme jouit d’un certain confort : abris, chaleur et des compagnons pour l’aider dans ses diverses tâches. En apprenant le marché que le Chat Sauvage a fait avec la Femme, l’Homme souhaite faire la même chose avec le chat toutefois, il n’accepte pas la condition que le chat apporte. Ce personnage symbolise le changement, le passage de l’homme sauvage et nomade à celui d’homme sédentaire et civilisé.
Le Chat Sauvage est un personnage important dans cette histoire puisqu’il symbolise le refus de se conformer aux volontés humaines. Il est opportuniste puisqu’il souhaite profiter du confort de la caverne : abris, chaleur, tout en profitant du lait produit par la vache. Néanmoins, il refuse d’être apprivoisé et souhaite garder son indépendance. Il illustre à la perfection ce type de personnes qui veulent “le beurre et l’argent du beurre“. En tant que personnage rusé, il passe un pacte avec la Femme et s’éclipse pendant un long moment, au point que la Femme en oublie le marché. Il revient un peu plus tard au moment le plus opportun, ce qui montre que ce personnage est patient. Tout comme la Femme, il arrive à obtenir ce qu’il souhaite, mais, en choisissant de garder son indépendance, il n’arrivera pas à conclure un pacte avec l’Homme et le Chien.
Le Chien, le Cheval et la Vache Sauvages sont tous trois des animaux qui acceptent de se laisser apprivoiser par la Femme en échange de quelque chose. Ainsi, c’est un échange de bons procédés où les animaux acceptent d’être assignés à un rôle à condition d’être “rémunérés” en quelque sortes. On peut donc y lire une sorte d’allégorie sur le travail. De plus, ces personnages, qualifiés de “stupides” par le chat, symbolisent la soumission et l’obéissance envers l’Homme et la Femme.
La Chauve-souris sauvage ne joue pas un rôle très important dans ce conte. Elle est présente simplement pour avertir le Chat Sauvage que l’Homme et la Femme ont eu un enfant, lui indiquant que c’est le bon moment pour mettre en place ses desseins pour forcer la Femme à lui faire trois louanges. La Chauve-Souris est d’ailleurs celle qui permet à la Femme de louer le Chat Sauvage une première fois lorsqu’il lui explique qu’une “Chose Sauvage” a joué avec son Enfant pour l’apaiser. En évitant de mentionner le Chat Sauvage, elle fait preuve de ruse et montre qu’elle est en capacité de duper la Femme.
L’Enfant ne joue qu’un rôle secondaire dans ce conte. Il est simplement présent pour que le Chat Sauvage puisse recevoir deux des trois louanges de la part de la Femme. D’autre part, sa présence permet d’expliquer l’origine de la relation si particulière qui existe entre un Enfant et un Chat.
Analyse de l’oeuvre
Schéma narratif
Étape du schéma narratif | Description |
---|---|
Situation initiale | Le monde est sauvage dans lequel l’Homme vit en tant qu’être primitif, nomade et incivilisé. |
Élément perturbateur | La rencontre de l’Homme sauvage avec la Femme qui veut vivre dans une caverne permettant à l’Homme de passer de l’être Sauvage à l’être civilisé. |
Péripéties |
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Élément de résolution | Le Chat sauvage peut jouir du marché qu’il a passé avec la Femme cependant, il n’arrive pas à conclure un pacte avec l’Homme et le Chien. |
Situation finale | Les hommes jettent des objets sur les chats et les chiens courent après eux pour les effrayer. Le Chat, quant à lui, chasse les souris tout en prenant soin du bébé, mais il est libre de ses mouvements. |
Un Chat pas si indépendant que ça
Dans Le Chat qui allait son chemin tout seul, Rudyard Kipling réalise un conte sur l’indépendance. Celle-ci est soulignée par l’un des personnages principaux : Le Chat Sauvage. En effet, dans la croyance populaire, le chat est connu pour être un animal indépendant d’où la phrase répété tout au long du conte : “Je suis le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent.“. Ceci traduit le fait que le Chat fait ce qu’il veut, quand il veut et que sa survie ne dépend que de lui-même. Il refuse donc de suivre les autres animaux lorsqu’ils vont à la caverne. Cependant, cette indépendance n’est qu’une apparence et on se rend vite compte que le Chat est plus attaché à sa liberté qu’à son indépendance. Effectivement, lorsqu’il se rend compte qu’il est tout seul, le Chat décide de se présenter à la Femme. Toutefois, nous avons à faire à deux personnalités aussi malines l’une que l’autre. Ils concluent un marché, mais la Femme est persuadée qu’elle ne fera jamais aucune louange au Chat. Ainsi, le personnage du Chat dans le conte de Kipling se trouve être plus proche de l’animal que l’on connaît aujourd’hui. S’il se montre comme un animal attaché à son indépendance, il a en réalité besoin de compagnie et d’interaction pour son bien-être. C’est pour cette raison que le Chat conclut un marché avec la Femme et qu’il attend le moment opportun pour que la Femme puisse respecter ses engagements. Néanmoins, ce Chat Sauvage est très attaché à sa liberté, c’est la raison pour laquelle il n’arrive pas à trouver de consensus avec l’Homme et le Chien. Même s’il reçoit des objets sur lui ou qu’il est poursuivi par le chien, il continue à combler ses deux besoins indispensables à son bien-être : jouir d’interactions sociales tout en préservant sa liberté.
Le Chat Sauvage, symbole de résistance à la civilisation
D’autre part, le Chat Sauvage dans cette histoire joue un autre rôle important quoique moins explicite. Il est celui qui entre en lutte contre la civilisation. En refusant de se soumettre à la Femme, il refuse d’être exploité et ne souhaite pas se laisser apprivoiser. En effet, La Femme est celle qui permet à l’Homme de se civiliser. Elle crée un foyer et s’arrange pour rassembler tous les éléments nécessaires à leur survie ainsi qu’à leur confort pour la venue de leur enfant :
- Une grotte pour s’abriter ;
- Un feu pour se réchauffer ;
- Un chien pour la chasse et pour les protéger la nuit ;
- Un cheval pour transporter l’homme et d’autres choses ;
- Une vache pour jouir du lait.
Consciente que le Chat ne souhaite pas participer à cet environnement qu’elle a créé, elle refuse de lui donner une place. Effectivement, elle sait pertinemment que le Chat n’acceptera jamais d’être soumis.
La Femme représente donc la “civilisation” tandis que le chat incarne l’”être incivilisé”.
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