L’Enfant Éléphant est un conte étiologique de Rudyard Kipling qui apparaît dans son recueil Histoires comme ça qu’il adresse à sa fille aînée décédée quelques années auparavant d’une pneumonie. Explorons ensemble le monde imaginaire de l’écrivain britannique qui est connu pour avoir écrit Le Livre de la Jungle.
Résumé détaillé du Recueil Histoires comme ça – “L’Enfant Eléphant” de Rudyard Kipling
La curiosité est un vilain défaut
L’histoire se déroule en Afrique, à une époque lointaine où l’éléphant n’avait pas encore de trompe, mais un tout petit nez “de la taille d’une botte“. Un Enfant Éléphant, d’une insatiable curiosité, posait de nombreuses questions. Il demanda à sa grand-tante l’autruche pourquoi les plumes de sa queue poussaient ainsi, il interrogea sa grande tante la girafe sur ses taches. Il essaya de comprendre auprès de son gros oncle, l’hippopotame, pourquoi celui-ci avait des yeux rouges. Il chercha à savoir auprès de son oncle poilu, le babouin, pourquoi le melon avait ce goût si particulier. L’Enfant Éléphant n’eut pour seule réponse qu’une bonne fessée. Toutefois, cela ne calma pas cet Enfant Éléphant et un beau jour, il voulut savoir ce que mangeait le crocodile pour son dîner. Encore une fois, il eut droit à des fessées de la part des membres de sa famille. L’oiseau Kolokolo lui expliqua qu’il devait aller vers le grand fleuve Limpopo pour savoir ce que mangeait le crocodile. Dès le lendemain, l’Enfant Éléphant annonça son départ et en expliquant ses motivations, il reçut encore des coups.
À la recherche du Crocodile
L’Enfant Éléphant était parti avec une provision de bananes, de sucre de canne et de melon. Sur le trajet, il jetait les peaux de melon par terre, car il ne pouvait pas les ramasser étant donné qu’il n’avait pas de trompe. Peu de temps avant d’arriver au fleuve, l’Enfant Éléphant rencontra le Serpent-Python-bicolore des Rochers. N’ayant jamais vu de crocodile de toute sa vie, il lui demanda s’il n’en avait pas vu dans les parages, puis il lui posa la fameuse question qui le taraudait. Une fois de plus, le jeune pachyderme reçut des coups. Il se dirigea alors vers le bord du fleuve où il posa sa patte sur une bûche qui, en réalité, était le crocodile.
Les avantages d’une longue trompe
Toutefois, comment aurait-il pu le savoir ? Il n’en avait jamais vu. Le Crocodile se présenta à l’Enfant Éléphant et l’invita à s’approcher pour qu’il puisse enfin avoir sa réponse. Au moment où l’Enfant Éléphant était proche de lui, il ouvrit sa gueule qu’il referma sur son nez. Apeuré, l’Enfant Éléphant se mit à tirer pour dégager son nez, encouragé par le Serpent-Python-bicolore, tandis que le Crocodile le tirait vers lui. Pendant qu’ils tiraient tous les deux, le nez de l’Enfant Éléphant s’allongeait de plus en plus. Le Serpent-Python-Bicolore des Rochers vint prêter main forte au jeune pachyderme qui arriva enfin à se dégager du Crocodile.
Pendant la lutte, son petit nez de la taille d’une botte avait maintenant grandi en une longue trompe. Il était bien embêté. Toutefois, le Serpent-Python-Bicolore lui montra tous les avantages dont il pouvait profiter avec ce nouvel appendice nasal : tuer les mouches, arracher de l’herbe pour se nourrir, prendre de l’eau pour se rafraîchir et surtout, c’était une belle trompe pour donner des fessées. L’Enfant Éléphant retourna chez lui, où il ramassa les peaux de melon avec sa trompe. Sa famille voulut l’accueillir en lui donnant une belle fessée, mais il leur fit comprendre qu’il n’y connaissait rien et, avec sa trompe, il se mit à les fesser. Tous les Éléphants se ruèrent au fleuve Limpopo pour obtenir une trompe et plus personne ne fut fessé. Voilà pourquoi aujourd’hui, tous les Éléphants ont une trompe comme appendice nasal.
Présentation des personnages
L’Enfant Éléphant est un jeune pachyderme curieux qui vit en Afrique avec sa famille. Toutefois, il n’obtient aucune réponse aux questions qu’il se pose. À chaque fois qu’il cherche à comprendre pourquoi les choses sont ainsi, il reçoit des coups. En tant qu’Enfant, il est émerveillé par tout ce qu’il voit et cherche à obtenir des réponses, mais le monde des adultes le freine dans toutes ses entreprises. Il incarne à merveille l’expression : “la curiosité est un vilain défaut“, dont l’équivalent en anglais est “curiosity killed the cat“, dans le sens où la curiosité est toujours punie. Et c’est exactement ce qui arrive à ce jeune éléphant qui n’obtient que des coups pour sa curiosité. Toutefois, il est intéressant que cela ne calme pas les ardeurs de ce jeune pachyderme qui souhaite trouver les réponses par lui-même. Ainsi, la curiosité est aussi un moyen de s’émanciper et de grandir, malgré les obstacles qui peuvent se dresser sur le chemin.
La grand-tante Autruche joue un rôle secondaire dans l’histoire. Elle est là pour s’opposer à la curiosité du jeune pachyderme, en gardant pour elle le secret des plumes de sa queue et en utilisant sa patte dure pour donner une fessée à l’éléphant. Elle permet également de rappeler au lecteur que l’histoire se déroule en Afrique.
La Grand-tante Girafe joue un rôle similaire à celui de la grand-tante Autruche. Resituer l’histoire en Afrique et être un obstacle au jeune pachyderme en lui donnant une fessée avec son sabot. Gardant ainsi son secret sur ses tâches.
L’oncle hippopotame se sert également de son sabot pour fesser le jeune pachyderme et garde pour lui le secret sur ses yeux rouges.
L’oncle poilu, le babouin, est un animal très poilu comme le suggère l’auteur en utilisant la répétition du mot “poilu” pour le qualifier. Tout comme les autres personnages, il ne veut pas répondre au jeune pachyderme toutefois, la question ne le concerne pas personnellement puisque le jeune éléphant lui demande une explication sur le goût du melon. Il le fesse avec sa patte poilue.
L’oiseau Kolokolo est le seul animal qui ne va pas fesser le jeune pachyderme. Il va même l’inviter à comprendre par lui-même ce que mange le Crocodile en lui suggérant d’aller trouver l’animal au fleuve Limpopo. Cet animal incarne le faiseur de quête dans ce conte étiologique.
Le Serpent-Python-bicolore des Rochers, tout comme les oncles et les tantes du jeune pachyderme, frappe le jeune éléphant à l’aide de sa queue écailleuse lorsque ce dernier lui pose la question qui le taraude. Toutefois, même si ce personnage s’impose comme un obstacle, il viendra prêter main forte au jeune pachyderme lorsqu’il luttera contre le Crocodile. C’est également ce personnage qui lui donnera tous les avantages dont il peut jouir de ce nouvel appendice nasal. Ce personnage incarne l’idée que tout changement est un mal pour un bien. C’est un animal positif.
Le Crocodile est un prédateur redoutable qui, dans le récit, cherche à profiter de l’ignorance du jeune pachyderme pour déguster un bon repas. Sans le vouloir, il est le responsable du nouvel appendice nasal du jeune pachyderme et il sera contraint, par la suite, de renouveler l’expérience, contre son gré, avec tous les éléphants de la région.
Analyse de l’oeuvre
Schéma narratif
Étape | Action |
---|---|
Situation initiale | En Afrique, un Enfant Éléphant avec une insatiable curiosité se fait battre par tous les adultes lorsqu’il tente de comprendre pourquoi les choses sont ainsi. |
Élément déclencheur | Une nouvelle question émerge dans l’esprit du jeune pachyderme : “Qu’est-ce que le Crocodile mange au dîner ?”. Il se fait battre pour cette question toutefois, l’oiseau Kolokolo, en tant que faiseur de quête l’invite à s’en rendre par lui-même en se rendant au fleuve Limpopo. |
Péripétie 1 | Le jeune Éléphant part avec des provisions de bananes, de sucre de canne et de melons. Il se fait fesser une dernière fois. |
Péripétie 2 | Le jeune Pachyderme trouve le Serpent-Python-bicolore des Rochers qui le frappe lorsqu’il lui pose la question sur le Crocodile. |
Péripétie 3 | Le jeune Éléphant trouve enfin le crocodile qui lui demande d’approcher pour qu’il obtienne sa réponse. |
Péripétie 4 | Le Crocodile ouvre sa gueule et saisit le nez du jeune Pachyderme. Ce dernier tente de se libérer, le Serpent-Python-bicolore des Rochers vient à sa rescousse et il finit par se dégager. |
Péripétie 4 | Le jeune Éléphant se retrouve avec une trompe en guise de nez. Le Serpent-Python-bicolore des Rochers lui montre tous les avantages dont il peut bénéficier de ce nouvel appendice nasal. |
Dénouement | En revenant chez lui, le jeune pachyderme utilise sa trompe pour donner une fessée aux différents membres de sa famille. Tous les Éléphants se ruent au Fleuve Limpopo pour avoir une trompe. |
Situation finale | Tous les éléphants ont une trompe et plus personne n’est fessée. |
Un conte étiologique sur la curiosité et la quête personnelle
Dans ce conte étiologique du XXème siècle, Kipling cherche à expliquer de manière imaginaire comment l’éléphant a obtenu sa trompe. L’auteur emmène le lecteur dans un voyage symbolique avec une morale à la clé. Le récit de L’Enfant Éléphant montre à travers les différents personnages que l’éléphant est désavantagé par rapport aux autres animaux qui ont des moyens de défense tels que des pattes dures pour l’autruche, des sabots pour la girafe et l’hippopotame, des pattes poilues pour le babouin, une queue écailleuse pour le serpent et une mâchoire puissante pour le crocodile. En comparaison, le jeune pachyderme n’a qu’un tout petit nez “de la taille d’une botte“, un oxymore qui souligne son impuissance face au monde qui l’entoure.
La curiosité joue un rôle important dans cette histoire. En tant qu’enfant, le jeune pachyderme est curieux de tout ce qui l’entoure et veut comprendre pourquoi les choses sont ainsi faites, mais le monde des adultes le refroidit. On peut noter une mention particulière au dernier animal qui frappe l’éléphant : le serpent-python-bicolore des rochers, qui est un animal à “sang-froid“. Avec cet animal, l’auteur souligne l’idée que les adultes tentent, comme ils le peuvent, de refroidir les ardeurs de cet enfant un peu trop imprudent.
En s’imposant comme des obstacles, les différents adultes du conte suggèrent l’idée que la curiosité peut représenter un danger, et c’est le cas puisque celle-ci entraîne le jeune éléphant au fleuve Limpopo pour trouver un adultes peuvent les exposer à des crocodile qui n’a qu’une seule envie, celle de le manger. Ainsi, la curiosité peut aller de pair avec l’imprudence. Toutefois, il est intéressant de noter que lorsque l’Enfant Éléphant annonce à sa famille qu’il part pour le fleuve Limpopo afin de savoir ce que mange le Crocodile, il ne reçoit que des coups qu’il interprète comme une façon bien à eux de lui dire bon courage : “Alors, tous ensemble, ils lui donnèrent une fessée de plus pour lui porter chance, quoiqu’il leur demandât bien poliment d’arrêter.” Néanmoins, nous nous rendons bien compte que les adultes réagissent ainsi parce qu’ils sont conscients du danger et ne veulent pas que l’enfant se rende au fleuve Limpopo. Mais lorsque le jeune pachyderme s’en va, personne n’est là pour l’arrêter dans sa quête. Outre la moralité sur les dangers que la curiosité peut représenter, l’auteur suggère qu’en voulant défendre les enfants en leur cachant les dangers que peut représenter le monde qui les entoure, les dangers sont beaucoup plus périlleux que le simple fait de leur apporter une réponse.
D’autre part, le voyage entrepris par le jeune éléphanteau peut être interprété comme une quête personnelle. En racontant cette histoire, Kipling veut probablement montrer que les enfants ont besoin de découvrir leurs propres limites, même s’ils sont protégés par leurs parents. Nous pouvons les aider à poser certaines limites, mais en tant qu’êtres individuels, ils ont un besoin intrinsèque d’explorer le monde indépendamment de leur famille.
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