Littérature

Stefan Zweig, Amok ou le fou de Malaisie : résumé, personnages et analyse

Couverture avant du rapport analytique sur Amok ou le fou de Malaisie avec un résumé détaillé, un portrait des figures, et une exploration littéraire.
Ecrit par Les Résumés

Amok ou le fou de Malaisie est une nouvelle écrite par l’auteur autrichien Stefan Zweig. Elle a été publiée pour la première fois en 1922. Découvrons ensemble cette œuvre du 20ème siècle.

Résumé détaillé d’Amok ou le fou de Malaisie de Stefan Zweig

Le voyage

À la dernière minute, le narrateur réussit à avoir une place pour embarquer sur le paquebot “Océania” afin de rentrer chez lui en Europe. Toutefois, cette cabine est étroite et le narrateur est incommodé par l’odeur et le bruit. Il se dirige sur le pont, mais le bruit assourdissant de la foule le met mal à l’aise. Il n’arrive pas à trouver un moment de calme dans tout ce brouhaha.

Au bout de trois jours, le narrateur commence à ignorer, non pas sans mal, ce qui le rend mal à l’aise sur ce navire. Jusqu’au jour où il se réveille à minuit après avoir bu plusieurs bières afin de trouver le sommeil plus facilement. Il n’entend que le bruit de la machine. Il sort de sa cabine : le pont est désert. Il contemple le ciel et profite de ce moment d’accalmie. Il aimerait trouver un endroit pour se poser et mieux profiter, mais les chaises ont été retirées pour la nuit.

Il se dirige vers la proue du navire, cherchant un endroit où il pourrait profiter de ce moment. Ses pieds tâtent un paquet de cordage. Il s’assoit et profite de cet instant magique. Il en perd la notion du temps.

La rencontre

Une toux sèche extirpe le narrateur de ses rêveries. Il se rend compte qu’il y a quelqu’un avec lui. Il distingue sa silhouette, une pipe et des lunettes mais la lumière de ce ciel étoilé s’impose entre eux. Ils se fixent en silence sans réellement se voir. Le narrateur allume une cigarette avec une allumette. Cette dernière lui permet de voir cet homme un bref instant. Il se rend compte que durant les quelques jours qu’il a passé sur ce bateau, il n’a jamais vu cet homme. En constant la figure de cet homme, il se rend compte qu’elle est “affreusement bouleversée, lugubre et semblable à celle d’un gnome”. Toutefois, il n’arrive pas à déterminer si cette brève vision qu’il a de cet homme est réelle ou s’il s’agit d’une hallucination due à la flamme de l’allumette. Finalement, le narrateur finit par se lever en souhaitant une bonne nuit à cet inconnu. Ce dernier lui répond avec une voix enrouée.

Le narrateur se dirige vers une cabine et se rend compte que son voisin le suit. Il lui explique qu’il vit un deuil et qu’il aimerait que personne ne sache qu’il est ici. Il ne veut pas se mêler aux autres. Le narrateur lui assure qu’il ne dira rien puis il rejoint sa cabine pour dormir.

Les retrouvailles sur le pont

Le lendemain, le narrateur ne dit pas un mot sur la rencontre qu’il a faite. Cependant, il essaie d’en apprendre un peu plus sur cet homme. Il consulte la liste des passagers. Il se met à attendre patiemment la nuit pour retrouver cette personne si singulière. Il se couche pour se lever à la même heure que la veille. Il se lève à minuit et regagne le pont à la recherche de cet homme. Lorsqu’il tombe sur lui, il se met à reculer. Le narrateur le prie de rester et il lui propose une de ses cigarettes. En allumant sa cigarette, l’homme lui demande s’il n’est pas fatigué, car il souhaiterait lui raconter une histoire sur le cœur. Le narrateur lui fait comprendre que c’est pour lui un devoir de montrer quelque bonne volonté quand on est face à une personne en détresse. Il lui confie que c’est un médecin et se met à l’interroger sur la notion de devoir. Il lui avoue qu’il n’a parlé à personne sur le bateau depuis 10 jours et que depuis sept ans il ne vit presque qu’avec les animaux et les indigènes. Puis il lui propose un verre de whisky et il se met à lui raconter son histoire, la nuit, permettant aux deux personnages de garder leur anonymat.

L’espoir d’une renaissance

Le médecin commence son récit en lui avouant la désillusion qu’il a eu en venant dans ce pays. Le rêve et l’exotisme de la Malaisie l’ont peu à peu entraîné dans un cercle vicieux où le charme s’est rompu et il ne voyait plus les choses de la même façon au bout de plusieurs années.

Il lui explique qu’il a fait ses études à Vienne, qu’il est devenu docteur en médecine et qu’il occupait un poste dans la clinique de Leipzig. C’était un médecin réputé qui est apparu dans une revue médicale, car il avait été un des premiers à pratiquer une certaine injection. Puis il est tombé amoureux d’une femme, qui jadis avait rendu son mari fou au point qu’il tire sur elle. Le médecin est lui aussi devenu complètement fou au point de voler l’argent de l’hôpital pour elle. Si son oncle a pu couvrir le déficit, cela ne lui a pas permis de sauver sa carrière. Puis il a entendu parler des médecins que l’on envoyait dans les colonies auxquelles on donnait des avances.

C’est ainsi qu’il s’est engagé pour une durée de 10 ans. La moitié de l’avance qu’on lui a donnée a servi à rembourser son oncle, l’autre partie fut donné à une femme qu’il a rencontré dans le quartier du port. Il est parti pour les colonies sans un sou, avide de connaître autre chose.

La désillusion

Sa première désillusion fut la destination. Le médecin s’attendait à ce qu’il soit envoyé à Batavia ou Socrabaya, mais au lieu de ça, il fut missionné dans une station de district à deux jours de marche de la ville la plus proche.
Au cours d’une de ses excursions, la voiture du vice-président s’est retournée non loin de son district. La jambe cassée, le médecin s’est mis à réaliser seul une opération complexe. Celle-ci fut parlée de lui. Toutefois, il a commencé à s’éloigner des Européens, en quête de solitude, attendant patiemment qu’il puisse enfin retourner en Europe.
Le médecin arrête de raconter son histoire, se ressert un whisky avant de reprendre.
Un jour, une femme se présente à lui. Elle garde son voile et ne se présente pas. Elle ne fait que parler de choses futiles sans lui expliquer les raisons qui l’ont amenée à venir le rencontrer. En questionnant cette dame anglaise sur ses troubles, le médecin se rend compte qu’elle est enceinte. Elle le sait, mais ne veut subir aucun examen.

La lutte face à une femme orgueilleuse

Le médecin pose le décor au narrateur sur ce qu’il est en train de vivre pour que celui-ci comprenne bien la situation. Le médecin sent un danger en cette femme. Il a ressenti tout de suite un mauvais pressentiment. Cette dernière lui explique que lors de la naissance de son premier enfant, tout s’était bien déroulé, mais aujourd’hui elle présente des troubles cardiaques. Le médecin souhaite l’ausculter, mais cette dernière refuse. Elle souhaite que le médecin puisse avoir confiance en ce qu’elle dit.
Le médecin met fin à toute ambiguïté et apprend enfin que cette dame souhaite se faire avorter. Il se cache derrière la loi, mais celle-ci est au courant que l’on peut la contourner grâce à une indication médicale. Le médecin désire que cette femme le supplie, mais cette dernière a déjà tout calculé. Elle l’a choisie car il vit retiré, qu’il ne la connaît pas, que c’est un bon médecin et qu’elle sait qu’il partira de ce pays s’il dispose d’une somme importante, soit douze mille florins (un peu plus de 6 000 euros). Le médecin explique au narrateur qu’il s’est d’abord senti faible face à cette femme qui souhaitait le commander. Puis il s’est rappelé que le bébé n’était pas arrivé tout seul. Elle avait forcément partagé une nuit, ou plusieurs nuits de plaisir avec un homme pour en arriver là. Jusque-là, il a toujours été habitué à sauver la vie d’indigènes qui ont été mordu par un serpent ou de femmes souffrants de la fièvres mais aujourd’hui, cette femme lui ordonnait de réparer son erreur. Il put enfin avoir la force nécessaire pour maîtriser l’orgueil de cette femme. Il lui expliqua qu’il ne voulait pas le faire pour l’argent. Il souhaitait qu’elle le supplie. Refusant de le faire, la dame anglaise se met à prendre congé du médecin en lui ordonnant de ne pas la suivre. Le médecin reste paralysé pendant de longues minutes avant de se ressaisir. Il part à sa poursuite en bicyclette. Il est arrêté par le Boy de la dame anglaise qui lui barre la route. Il parvient à lui faire mordre la poussière, mais la dame anglaise est partie. Il se rend compte que cette femme habite dans la capitale à huit heures de chemin de fer d’ici. Elle est mariée à un riche négociant qui est en voyage d’affaires en Amérique depuis 5 mois. Or, selon son expertise, la dame anglaise est enceinte de “deux ou trois mois tout au plus.”.

Le comportement du Amok

Envahis par le remords, il sait que face à son refus, cette femme sera dans l’obligation d’avoir recours à une faiseuse d’anges. Il se voit alors adopter le comportement de l’Amok. Une sorte de rage humaine qui plonge un Malais dans une folie meurtrière. Il abat tout animal et tout homme sur son passage. Il ne s’arrête qu’en s’effondrant ou en étant abattu. Ainsi, comme un Amok, le médecin abandonne son district sans en avertir son chef et il se lance à sa poursuite jusqu’en ville afin de la retrouver. Il arrive jusqu’à son domicile, mais le domestique lui apprend que madame n’est pas bien. Le médecin paie une chambre d’hôtel. Le whisky ainsi qu’une double dose de véronal l’aident à s’endormir.
Son obsession grandit au fur et à mesure que se rapproche le fameux jour du retour du mari de cette dame anglaise. Sachant que cette dernière n’a plus confiance en lui, il se risque à demander au vice-président de le nommer médecin de la ville. Celui-ci lui dit que cela devrait mettre du temps avant que cela ne s’officialise. Il l’invite à une réception organisée chez le gouverneur. Le médecin s’y rend en espérant pouvoir tomber sur la dame anglaise. Lorsque celle-ci arrive enfin dans la salle, il ne cesse de la scruter. Cette dernière est mal à l’aise. Tentant à tout prix de dissimuler cet enfant qu’elle porte, elle décide de quitter la réception. Il se rend compte qu’elle n’a plus besoin de ses services.
De retour à son hôtel, il tente le tout pour le tout et lui adresse une lettre en lui expliquant tout. En la menaçant de se suicider si elle ne vient pas le voir ce à quoi elle répond : “Trop tard ! Mais attendez chez vous, peut-être vous appellerais-je encore.

Le devoir du médecin

Le Boy frappe à sa chambre d’hôtel. Il paraît nerveux. Il l’emmène chez une femme, une Chinoise. Le médecin se rend compte que la dame anglaise a trouvé une autre personne pour réussir à se faire avorter. Entre la vie et la mort, le boy et le médecin l’emmènent chez elle afin de la soigner.
Le médecin saisit le narrateur en lui demandant s’il a déjà vu la mort d’aussi près ? Lui qui avait passé sa vie à voir la mort avec indifférence, il était à présent paralysé. Il se retrouvait impuissant et ne savait pas quoi faire face à cette situation. La dame anglaise a fait promettre au médecin que son secret ne devait pas être révélé puis elle a lutté pendant de longues heures avant d’embrasser la mort.
Lorsque le médecin officiel est arrivé, il lui a demandé de créer une fausse déclaration. S’il refuse dans un premier temps, le médecin le menace et il est contraint d’accepter. Le médecin rencontre l’amant de la dame anglaise, un jeune officier blond. Le médecin resta pendant plusieurs jours en compagnie de cet officier discutant de cette femme qui était morte. Il était obligé de se cacher, car le mari de la dame anglaise, ne croyant pas à la déclaration, était à sa recherche. Il a fini par rejoindre l”’Océania” sous un faux nom. Le mari qui cherchait à regagner l’Europe avec le cercueil de son épouse décédée avait également embarqué sur le paquebot. Le médecin était sûr qu’il souhaitait savoir comment sa femme était morte.
Le médecin quitta le narrateur et celui-ci ne l’a plus jamais revu. Une nuit, alors que le paquebot avait fait escale à Naples, un incident est arrivé. Le narrateur apprit dans les journaux que le mari avait fait porter le cercueil de sa femme et qu’ils étaient tombés à l’eau. Si le mari et les porteurs ont pu être sauvés, le cercueil a coulé. Le narrateur lu également que le corps d’un homme de 40 ans avait été dépêché. Si les journaux ne virent aucun lien entre ces deux histoires, le narrateur su que le médecin s’était donné la mort après s’être assuré que le cercueil soit en sécurité et qu’il ne puisse révéler son secret. C’était son devoir envers cette femme.

Présentation des personnages

Le narrateur est un personnage qui, après avoir vécu une idylle en terre étrangère, revient en Europe. La cabine dans laquelle il séjourne est étroite. Les machines font beaucoup de bruit et il n’y a pas une très bonne odeur. Il n’est pas plus à l’aise sur le pont : la foule et le bruit assourdissant des passagers l’empêchent de trouver des moments de recueillements. Réveillé en pleine nuit, il profite de ce moment de calme lorsqu’il tombe sur un homme.

Le médecin est un homme qui a suivi ses études à Viennes. Il est devenu docteur en médecine. Toutefois, il a souvent été dominé par des femmes orgueilleuses qui ont réussi à obtenir tout ce qu’elles veulent de lui. C’est d’ailleurs à cause d’une femme qu’il quitte l’Europe. Paradoxalement, c’est à cause d’une femme qu’il quittera la Malaisie et qu’il trouvera la mort. Son entêtement et son refus de donner à la dame anglaise ce qu’elle veut (avorter) est une façon pour lui de se rebeller contre ses femmes qui ont toujours eu le pouvoir sur lui. Toutefois, en proie aux remords, il se mettra à se comporter comme un Amok, obsédé par cette femme qu’il poursuivra jusqu’à la mort.

La dame anglaise est une femme aux yeux vert gris qui appartient à la société privilégiée dans les colonies. Elle habite dans la capitale. Elle est mariée à un riche Hollandais qui est parti en voyage d’affaires en Amérique depuis 5 mois. Elle a alors une aventure avec un officier. Elle tombe enceinte. En apprenant que son mari prépare son retour, elle va voir le médecin pour se faire avorter. Elle a tout calculé, tout prévu, sauf son refus. Elle trouvera la mort après s’être fait avorter par une faiseuse d’ange.

Le Boy de la dame anglaise est un indigène qui lui voue une fidélité sans faille. Il parle dans un anglais approximatif et est prêt à tout pour le bien-être de sa maîtresse.

Le mari de la dame anglaise est un riche Hollandais qui est parti en affaires en Amérique. Quand il revient et trouve sa femme morte, il décide de trouver le médecin. Ne croyant pas en la déclaration, il emporte son cadavre sur l’”Océania” pour apprendre la vérité sur sa mort. Le cercueil finit au fond de l’eau.

L’amant de la dame anglaise est un jeune homme blond qui est officier. Étant donné qu’il n’évoque jamais le sujet avec le médecin, nous pouvons penser qu’il ne savait pas que sa maîtresse portait son enfant quand elle est morte. C’est grâce à lui que le médecin arrive à embarquer sur le paquebot avec un faux nom.

Analyse de l’oeuvre

Dans ce roman à tiroirs, Stefan Zweig utilise une plume aiguisée et vive pour montrer à quel point la passion peut plonger un homme dans la folie en très peu de temps. Une passion qui vire à l’obsession, le médecin se comporte comme un Amok ou peut-être l’est-il complètement. Pendant sept longues années, il a passé son temps avec les indigènes ainsi que les animaux, on peut suggérer que face à la fuite de cette femme, la vive passion qu’il éprouve pour elle l’obsède au point de la retrouver. Si le médecin indique que ce sont les remords qui l’ont poussé à revenir auprès d’elle, nous pouvons nous demander si les fantômes de ses relations passées ne tiennent pas un rôle précieux dans son histoire. Il a toujours été mené à la baguette par les femmes. Il précise n’avoir rencontré que des femmes orgueilleuses qui le commandent. Pour une fois dans sa vie, il ose dire non ! Il se refuse à aider cette femme à moins qu’elle ne le supplie. En réagissant ainsi, il cherche à renverser la tendance. Toutefois, dans ce contexte, il est question de vie et de mort. Lorsqu’il s’en rend compte, c’est déjà trop tard : la dame anglaise est partie. Il tombe alors peu à peu dans la folie, c’est un Amok ! Il veut aider une femme qui, offusquée par ses paroles, ne veut plus de son aide. Et cependant, il est persuadé qu’il est le seul à pouvoir l’aider. Finalement, c’est peut-être pour cette raison qu’il prend sa mort aussi violemment. Il se rend compte qu’il l’a tué, en quelque sorte, car en refusant de la faire avorter, elle a dû aller voir une personne moins compétente qui n’a pas su la garder en vie. Ayant failli à son devoir de médecin de la garder en vie, il s’attache coûte que coûte à remplir son devoir envers elle, celui qu’elle lui a fait promettre sur son lit de mort : protéger son secret. Après s’être assurée que le cercueil s’engouffre dans l’eau, emportant le secret de cette femme dans le fond de l’eau, il se donne la mort pour emporter le secret dans sa tombe.

Nous pouvons aussi constater que les deux vies de ce médecin ont été rythmées par une présence féminine. Il quitte l’Europe à cause d’une femme qui a ruiné sa carrière. Il quitte la Malaisie à cause d’une femme qu’il n’a pas voulu aider.

Dans cette œuvre, Zweig réussit à décrire les sentiments humains tels qu’ils sont aussi. Amenant le narrateur, ainsi que le lecteur, à comprendre comment ce médecin, un homme dont nous ignorons tout, a pu plonger progressivement dans la folie.

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