Écrit en 1516, L’Utopie est une œuvre de Thomas More décrit une société idéale située sur une île imaginaire. Le terme “utopie” vient de ce livre et a été créé par l’auteur anglais lui-même pour décrire une société parfaite qui n’existe pas (“u-” signifie “non-” et “topos” signifie “lieu” en grec, donc “utopie” signifie “non-lieu” ou “lieu qui n’existe pas“). Au fil des siècles, L’Utopie de Thomas More a suscité de nombreuses interprétations. Certains voient le livre comme une critique sérieuse et un modèle pour la réforme sociale et politique. Tandis que d’autres le considèrent comme une œuvre satirique. Elle met en lumière les contradictions et les impossibilités d’une société parfaitement égalitaire et harmonieuse. Quoi qu’il en soit, L’Utopie a eu une influence durable, inspirant une tradition littéraire de la description de sociétés idéales et donnant son nom au genre utopique. Les questions que More a soulevées sur la justice, l’égalité, la liberté et le bonheur continuent d’être pertinentes et stimulantes pour les lecteurs contemporains. Étudions cette œuvre ensemble.
Résumé chapitre par chapitre de L’Utopie de Thomas More
Livre 1
À travers des dialogues animés et des récits de voyage, ce livre explore les défis de la gouvernance et la quête d’une société idéale. Raphaël Hythloday, voyageur érudit, présente ses observations sur diverses formes de gouvernance et critique les faiblesses des sociétés européennes, appelant à des réformes éclairées. Il présente également la société utopique d’Utopie, contrastant avec les convictions des interlocuteurs et suscitant la curiosité. Les thèmes de la justice, de la sagesse, de l’équité et de l’intégrité dans la gouvernance sont mis en lumière, critiquant les dirigeants négligents et soulignant l’importance de la recherche du bonheur commun.
Livre 2
Prologue
L’Île d’Utopie, en forme de croissant, est un havre protégé par des dangers naturels, accessible uniquement par les Utopiens. Anciennement reliée au continent et appelée Abraxa, elle a été transformée en île par Utopus, reflétant une civilisation avancée et harmonieuse. Les 54 villes d’Utopie partagent une langue, des lois et des institutions, avec Amaurote comme capitale. Les citoyens alternent entre la vie urbaine et agricole, cultivant largement et partageant l’excédent. La vie en Utopie est ordonnée, les biens sont obtenus sans échange, et la communauté célèbre régulièrement ensemble.
Chapitre 1 – “Des villes d’utopie et particulièrement de la ville d’Amaurote“
Amaurote, ville principale d’Utopie, est établie sur une colline près du fleuve Anydre et est célèbre pour son architecture, ses jardins abondants et sa planification urbaine minutieuse, reflétant la vision du fondateur Utopus. Les résidents, attachés à l’harmonie et à la communauté, perpétuent une culture de jardinage compétitive et changent de maison tous les dix ans. L’évolution architecturale a transformé les demeures d’origine en élégants édifices à trois étages, avec des innovations telles que des toits plats incombustibles et des fenêtres vitrées, témoignant d’un progrès continu et d’un héritage bien préservé.
Chapitre 2 – “Des Magistrats“
En Utopie, un système politique élaboré est en place, composé de syphograntes, de protophilarques et d’un prince, élus à divers niveaux pour garantir une représentation équitable. Le prince est élu à vie, sauf en cas de soupçon de tyrannie. Des conseils réguliers et des séances du sénat traitent des affaires publiques, avec des dispositions pour empêcher les discussions précipitées et garantir la délibération. Les assemblées et discussions hors du sénat sur les affaires publiques sont sévèrement réglementées. Elles reflètent une vigilance constante contre la tyrannie et la préservation de la liberté et du bien public.
Chapitre 3 – “Des arts et métiers“
En Utopie, l’agriculture est une compétence essentielle pour tous. En plus de cela, chaque individu maîtrise une industrie spécifique, tandis que les vêtements sont uniformes et fabriqués par chaque famille. Tous s’adonnent à six heures de travail quotidien, organisées pour équilibrer effort et repos, avec du temps libre pour les études ou loisirs éducatifs. Les citoyens d’Utopie sont encouragés à se cultiver, et les cours publics sont ouverts à tous. Les soirées sont consacrées aux divertissements instructifs et la société valorise la production utile plutôt que le luxe. Les bâtiments et vêtements en Utopie sont conçus pour la durabilité, réduisant ainsi la nécessité de travaux et de dépenses constants.
Chapitre 4 – “Des rapports mutuels entre les citoyens“
La société en Utopie est organisée autour de familles où l’aîné dirige, et l’équilibre démographique est maintenu par des règles strictes. En cas de surpopulation, les émigrants fondent des colonies, appliquant les lois utopiennes et intégrant ou repoussant les peuples indigènes. Les marchés, gratuits, fournissent abondamment de la nourriture et des biens. Les repas communautaires, supervisés par des syphograntes, valorisent l’égalité et le respect entre les âges. Les hôpitaux spacieux offrent d’excellents soins, et les esclaves et les femmes s’occupent des tâches ménagères. Les enfants sont élevés dans la communauté, et l’allaitement est une fonction honorée. Cette structure vise à créer une société équilibrée, harmonieuse et autosuffisante.
Chapitre 5 – “Des voyages des Utopiens“
En Utopie, chaque citoyen jouit d’une liberté conditionnelle pour voyager, pourvu qu’il contribue au travail et respecte des règles strictes. La société utopienne fonctionne sur une base d’équilibre et de générosité, où l’abondance est partagée et la misère est inconnue. Trois députés de chaque ville gèrent la distribution des ressources à l’échelle nationale. L’île maintient des réserves pour deux ans et pratique un commerce extérieur équitable, accumulant d’importantes richesses. Ces richesses sont stratégiquement utilisées, notamment en temps de guerre, démontrant une utilisation pragmatique de l’or et de l’argent, contrairement à d’autres sociétés.
L’or et l’argent sont méprisés en Utopie et seuls les vrais trésors de la nature sont valorisés. Les Utopiens préfèrent la simplicité, méprisent le luxe et ont des connaissances approfondies en sciences. Ils explorent les éléments du bonheur humain, voient la volupté comme essentielle et critiquent les fausses joies. Le bonheur pour eux réside dans le développement de l’intelligence et la contemplation de la vérité. Ils distinguent les plaisirs corporels et valorisent la santé, privilégiant les plaisirs de l’esprit et la pratique de la vertu. Les Utopiens cultivent la beauté et sont doués pour les arts et inventions, mais limitent le commerce extérieur pour gérer leurs exportations et améliorer leur navigation.
Chapitre 6 – “Des Esclaves“
En Utopie, les prisonniers de guerre ne sont réduits en esclavage que s’ils ont pris les armes. Les esclaves étrangers deviennent libres en touchant la terre d’Utopie. La servitude pèse surtout sur les citoyens coupables de grands crimes. Les malades incurables reçoivent des soins, mais ceux qui souffrent de manière insupportable peuvent choisir de mettre fin à leur vie avec l’aide des prêtres. Les mariages sont retardés, et il est interdit de se marier avant dix-huit ans pour les filles et vingt-deux ans pour les garçons. Les adultères sont punis sévèrement, et la beauté extérieure n’est pas privilégiée lors du choix d’un conjoint. Les Utopiens ont un gouvernement basé sur des principes de justice et de bonté. Ils n’ont pas de traités avec d’autres nations, car ils estiment que la justice et la charité sont des liens plus forts que les conventions diplomatiques.
Chapitre 7 – “De la Guerre“
Les Utopiens détestent la guerre mais s’y préparent rigoureusement. Ils n’engagent le combat que pour défendre leurs frontières, secourir leurs alliés opprimés, ou obtenir réparation d’injustices. Leur objectif n’est pas la gloire, mais le bien de l’humanité. Ils évitent de tuer inutilement et préfèrent capturer les ennemis. Leur tactique est basée sur la ruse et la prudence. Ils sont ingénieux dans la conception de machines de guerre. Ils respectent les trêves, préservent les terres conquises, et imposent des sanctions aux vaincus. Les revenus de leurs conquêtes contribuent à la richesse de leur république. Enfin, ils n’engagent la guerre sur leur propre territoire qu’en dernier recours.
Chapitre 8 – “Des Religions de l’Utopie“
À Utopie, la diversité religieuse est présente mais la tolérance est prônée et la liberté religieuse est respectée. Les Utopiens, honorant la vie après la mort, méprisent les matérialistes et valorisent la discussion pour résoudre les divergences. Ils honorent leurs morts avec joie et refusent la superstition, tout en vénérant l’univers comme manifestation divine. La vie célibataire et la vie maritale sont respectées pour leur dévouement religieux. Les prêtres, élus et respectés, jouent un rôle crucial dans l’éducation et la morale, favorisant la paix et la vertu. Des fêtes marquent le passage du temps, basé sur les cycles solaires.
En Utopie, les temples, vastes et propices à la réflexion, accueillent toutes croyances. Les fidèles, après s’être confessés en famille, célèbrent la divinité universelle, Mythra, par des cultes et des prières, demandant prospérité et paix. La musique exprime les émotions et les sacrifices excluent l’immolation d’animaux. Les prêtres symbolisent par leurs robes le dévouement. L’Utopie, avec sa richesse collective, élimine l’avarice et la misère, offrant un modèle stable, malgré l’orgueil des riches, qui présente des éléments bénéfiques pour d’autres sociétés.
Présentation des personnages
Thomas More (Personnage du livre et auteur) est présenté comme un homme curieux et intellectuellement engagé, intéressé par les idées et les possibilités d’une société meilleure. Il représente la quête de la connaissance et de la compréhension des sociétés idéales.
Raphael Hythloday est un voyageur et philosophe. Il est très observateur, critique envers les sociétés européennes de son temps, et fervent défenseur de la société utopienne qu’il décrit. Hythloday incarne l’idée de l’explorateur éclairé, celui qui a vu des alternatives et qui critique la société existante.
Peter Giles est curieux et intéressé par les récits de Hythloday. Il sert de médiateur entre More et Hythloday, facilitant la conversation et représentant l’intérêt du public dans la discussion.
Le Roi d’Utopie est sage et réfléchi, cherchant le bien de son peuple. Il symbolise l’autorité idéale, guidant la société vers le bien-être commun.
Les Citoyens d’Utopie sont décrits comme vêtus simplement, tous portant des vêtements semblables pour éviter la vanité et l’orgueil. Ils sont présentés comme heureux, satisfaits et vivant en harmonie. Ils valorisent la communauté et le bien-être commun. Ils représentent l’idée d’une société égalitaire et harmonieuse.
Analyse de l’oeuvre
Quelles sont les techniques littéraires exploitées dans cette oeuvre de Thomas More ?
L’art de l’ironie chez More
L’ironie est un élément central dans L’Utopie de Thomas More. Ce dernier utilise cette technique pour remettre en question et critiquer subtilement les normes sociales et politiques de son temps. En présentant une société imaginaire qui semble à première vue idéale, More révèle ironiquement les failles et les contradictions de la société réelle dans laquelle il vit.
L’un des exemples les plus évidents de cette ironie est le nom du personnage principal, Raphael Hythloday. Le terme “hythlos” peut être traduit par “sottise” ou “baliverne“. Cela suggère que le récit de Hythloday peut être perçu comme un tissu de sottises ou de fables. Il met ainsi en doute la véracité ou la faisabilité de l’Utopie qu’il décrit.
Cette ironie sert également à stimuler la réflexion du lecteur. En ne présentant pas ses idées de manière directe ou dogmatique, More encourage le lecteur à remettre en question ses propres préjugés. Il l’invite à réfléchir de manière critique à la nature de la société idéale.
Échos Socratiques
La structure dialogique de L’Utopie est également significative. Inspiré des dialogues socratiques, ce style permet à More d’explorer et de débattre des idées philosophiques et sociales de manière dynamique. Les personnages principaux, Thomas More, Raphael Hythloday et Peter Giles, représentent différents points de vue. Ils s’engagent dans des discussions approfondies sur la nature de la société idéale.
Ce format de dialogue permet non seulement une exploration détaillée des idées, mais il reflète également la tradition humaniste de la recherche de la vérité à travers le discours et le débat rationnel. Il engage le lecteur dans la conversation, invitant à la réflexion et à la formation de ses propres opinions.
Le réalisme des détails dans L’Utopie
La description détaillée de la société utopienne est une autre technique littéraire utilisée par More. Il ne se contente pas de brosser un tableau général de l’Utopie, mais il décrit minutieusement les différents aspects de la société, y compris l’organisation politique, économique, sociale et religieuse, ainsi que la vie quotidienne des citoyens.
Cette attention au détail confère une impression de réalisme et de plausibilité à l’Utopie de More. Elle permet au lecteur de visualiser cette société idéale et de la comparer de manière plus concrète avec sa propre réalité. Cette technique sert à renforcer l’impact de la critique sociale de More. Elle vise à souligner les différences entre l’idéal utopique et la réalité.
Les Injustices de l’Angleterre Élizabéthaine à travers le prisme de L’Utopie de More
L’Utopie de Thomas More se présente comme un commentaire aigu sur les sociétés de son époque, mettant en lumière leurs injustices et inégalités, surtout celles présentes en Angleterre.
More examine la notion de propriété privée et son impact sur la société. En Utopie, il n’y a pas de propriété privée; tout est commun et partagé parmi les citoyens. Cette organisation contraste fortement avec les sociétés européennes où la propriété privée crée des divisions, des inégalités et des conflits. More questionne donc la justice des systèmes économiques basés sur la propriété privée. Il soulève des questions sur la distribution équitable des richesses.
More critique également le système judiciaire de son temps, mettant en avant les inégalités et les injustices qu’il génère. En Utopie, la justice est administrée de manière équitable. Les peines sont conçues pour être réformatrices plutôt que punitives, ce qui tranche avec les pratiques punitives et souvent arbitraires de l’époque de More.
Les questions relatives aux guerres et à la paix sont également explorées. More critique la propension des royaumes européens à s’engager dans des conflits pour des raisons souvent triviales ou égoïstes. En revanche, les Utopiens évitent autant que possible la guerre et cherchent des solutions pacifiques aux différends.