« L’Homme qui rit » est une œuvre littéraire de Victor Hugo, un auteur français, qui a été publiée en 1869. L’action de ce roman philosophique du 19ème se déroule en Angleterre entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, sous le règne de la reine Anne. Ce roman est connu pour la figure mutilée dans un rire permanent de son héros qui a beaucoup inspiré le monde cinématographique ainsi que le monde littéraire.
Résumé du roman
L’histoire commence par la description d’Ursus, qui signifie « ours » en latin. Ursus est un philosophe misanthrope très savant, disposé à soigner le peuple, qui parcourt le sud de l’Angleterre avec sa carriole et son seul ami, un loup qui s’appelle Homo, « homme » en latin. Homo restera fidèle à Ursus du début jusqu’à la fin de l’histoire. Ursus revêt souvent une peau d’ours pour dormir ou faire du théâtre, ce qui le fait ressembler à un animal. Tout au long du roman, Ursus est un paradoxe : son discours est haineux, alors que ses actions sont bonnes.
Un soir, en janvier 1690, Ursus et Homo rencontrent un enfant de dix ans vêtu de haillons, Gwynplaine, qui est le personnage principal du roman. Le jeune garçon vient d’être abandonné sur un quai d’Angleterre par un groupe de « comprachicos » ou « voleurs d’enfants » selon une invention de Hugo. Ces voleurs d’enfants sont spécialisés dans le commerce d’enfants, qu’ils achètent et revendent après les avoir mutilés. Ils ont mutilé Gwynplaine de telle sorte que son visage semble toujours rire.
L’enfant abandonné erre pendant longtemps sans savoir où aller, cherchant à retourner vers la ville. Il doit se battre contre la nuit, la neige et la mort. Il passe devant un gibet et voit le cadavre d’un condamné. L’épouvante l’empêche de mourir de froid. Il trouve à quelques pas de là un deuxième cadavre, celui d’une femme dans la neige qui tient un bébé encore vivant contre elle. Gwynplaine recueille le bébé et essaie de trouver refuge chez des habitants de la ville voisine, mais personne ne daigne les accueillir. Ursus remarque les deux enfants, les fait entrer dans sa roulotte errante et les adopte. Ce n’est que le lendemain qu’Ursus réalise que le sourire de Gwynplaine n’est pas vraiment un sourire, mais une mutilation de son visage fait par les « comprachicos » et que le bébé est aveugle.
15 ans plus tard, sous le règne de la reine Anne, on retrouve Ursus qui a monté une troupe de théâtre avec Gwynplaine et Dea, nom donné au nouveau-né qui est désormais une belle jeune fille de 16 ans. Le couple est profondément lié : la difformité de Gwynplaine est invisible à Dea qui ne voit que « la beauté de son âme » et l’infirmité de Dea pousse Gwynplaine à lui accorder toute son attention. Ils présentent une pièce de théâtre, Chaos Vaincu, qui rencontre un franc succès : le visage mutilé de Gwynplaine suscite l’hilarité générale des spectateurs.
Dans le même temps, on découvre les relations de jalousie de la reine Anne envers sa jeune sœur Josiane. Plus jeune et plus belle qu’elle, Josiane est promise à David Dirry-Moir, l’unique héritier illégitime de lord Linnaeus Clancharlie, mort durant son exil en Suisse. L’insouciance et le bonheur de Josiane agacent non seulement sa sœur Anne, mais aussi Barkilphedro, un homme dont elle est pourtant la bienfaitrice. Ce dernier ne supporte plus sa dépendance à Josiane : la reconnaissance qu’il avait envers elle s’est transformée en haine. Nommé responsable des objets trouvés en mer, Barkilphedro fait un jour une trouvaille qui deviendra son outil de vengeance : une bouteille jetée à la mer par les « comprachicos » 15 ans plus tôt. Dans cette bouteille se trouvent l’aveu de l’enlèvement de Gwynplaine et sa véritable identité.
À cette même période, Ursus présente son spectacle à Londres. Le succès est immédiat, mais fait des jaloux. Chaos Vaincu est alors le spectacle du moment, mais est jugé comme trop contestataire. Ursus est inquiété par plusieurs docteurs et théologiens qui trouvent ses prêches et ses harangues trop séditieux. Gwynplaine envenime les choses avec ses discours contre le pouvoir. Mais Ursus réussit à se sortir de la mauvaise situation et continue de faire jouer son spectacle. Chaos Vaincu est censé être l’ultime distraction. Pour tromper son ennui, Josiane est envoyée par David Dirry-Moir voir la pièce. Elle ne rit pourtant pas une seule fois et ne revient jamais à l’auberge. Quelque temps plus tard, elle envoie une lettre à Gwynplaine, lui déclarant vouloir se donner totalement à lui, elle qui est si belle et lui si hideux. Après une certaine hésitation, Gwynplaine choisit de rester avec Dea et ne répond pas au rendez-vous qu’elle lui propose.
À ce moment précis apparaît le wapentake, un serviteur de la couronne, qui ordonne à Gwynplaine de le suivre sous peine de mort. Le wapentake est la seule personne de la royauté qui, par un simple toucher, a les pouvoirs suffisants pour contraindre quiconque de le suivre sous peine de mort. Sans pouvoir prévenir ses proches, Gwynplaine suit le wapentake et s’éloigne. Impuissant, Ursus ne peut qu’espionner de loin. En recevant ses affaires plus tard, le vieil homme est persuadé que son élève est mort et se demande, désespéré, comment annoncer la nouvelle à Dea.
Gwynplaine est enfermé dans une prison souterraine. Il y est confronté à l’un des responsables de son enlèvement, qui lui révèle la terrible vérité : son nom est en réalité Fermain Clancharlie. Il est le seul fils légitime et héritier naturel de Linnaeus Clancharlie, en lieu et place de son demi-frère David Dirry-Moir. On lui apprend qu’il est le baron Clancharlie, pair d’Angleterre. Sous le choc de la nouvelle, Gwynplaine s’évanouit. Un peu plus tard, il se réveille habillé comme un prince dans une immense demeure en présence de Barkilphedro. Ce dernier lui apprend qu’il est désormais Lord et doit siéger à la Chambre des lords le lendemain.
Gwynplaine se rend à la Chambre des Pairs le lendemain, mais la séance est catastrophique. Il interpelle les lords sur leur arrogance et leur indécence. Il se pose en avocat des malheureux et des déshérités dans une harangue puissante, mais désordonnée. Un grand rire universel, provoqué par sa grotesque difformité, est la seule réponse qu’il reçoit. Les lords rient de sa performance, l’appelant « l’homme qui rit » en raison de sa bouche mutilée qui lui donne l’air de toujours rire, un histrion et un bouffon.
Ursus revient en ville pour donner sa représentation. Comme il ne sait pas comment annoncer la nouvelle à Dea, il tente de cacher l’absence de Gwynplaine et de duper Dea en jouant à la place de Gwynplaine et en imitant sa voix avec ses dons de ventriloque. Mais Dea n’est pas dupe et sent que Gwynplaine est absent. Quelques jours après la représentation, Ursus reçoit les affaires de Gwynplaine et est persuadé de la mort de son protégé. Ursus et Dea sont priés de quitter l’Angleterre sous peine d’emprisonnement et de mort pour Homo.
De son côté, Gwynplaine voit bien que la couronne n’est pas pour lui. Et même s’il est l’unique héritier naturel, il décide d’y renoncer pour retourner auprès d’Ursus et de Dea. Arrivé à la taverne d’Ursus, Gwynplaine appelle Ursus et Dea, mais ne reçoit que le silence pour réponse. Épouvanté par les pensées qui l’habitent et l’absence de ses proches désormais partis loin de lui, il pense à se donner la mort. Il est retrouvé de justesse par le loup Homo. Le loup le guide jusqu’au bateau qui emporte Ursus et Dea en direction de la Hollande. Mais Dea ne supporte plus cette énième émotion et décède dans les bras du jeune homme. Gwynplaine la rejoint en se jetant à l’eau et se noie de désespoir.
Les personnages
Gwynplaine
C’est le surnom d’« Homme qui rit » de Gwynplaine qui donne son titre au roman. Il est introduit dès le deuxième chapitre où on le découvre abandonné par les comprachiros et luttant seul contre une tempête de neige. Au péril de sa vie, Gwynplaine sauve un bébé qu’il a trouvé dans la neige. On le retrouve plus tard, à l’âge adulte, saltimbanque et clou du célèbre spectacle Chaos Vaincu. Le lecteur apprend ensuite qu’il est le fils légitime de lord Clancharlie qui a été exilé en Suisse à la suite de la république de Cromwell. Lord Clancharlie épouse Anne Bradshow qui meurt en mettant Gwynplaine au monde. À la mort de lord Clancharlie, le roi Jacques II fait secrètement vendre l’enfant à des comprachicos. Ces derniers l’opèrent pour faire de son visage un éternel sourire par le biais d’une énorme balafre allant d’une oreille à une autre. L’auteur fait de Gwynplaine un personnage héroïque, déjà courageux à l’âge de dix ans, puis tendre et attentionné envers Dea. L’éducation qu’Ursus lui a donnée en a fait un homme avec un grand sens de la justice et une honnêteté inébranlable. Conscient de sa laideur, il est ébloui par la beauté de Dea et son amour.
Dea
Dea, qui signifie déesse en latin, est le nom qu’Ursus a donné au bébé que Gwynplaine a recueilli au début du roman sur le sein de sa mère morte de froid dans la tempête de neige. Le nom choisi par Ursus rappelle son caractère céleste. 15 ans plus tard, Dea est une jeune fille fragile, à la beauté translucide. Non-voyante, celle-ci représente la lumière divine. Elle protège Gwynplaine de son écroulement. Dea est inaccessible, certains passages le confirment. Les deux jeunes gens se retrouveront dans la mort.
Ursus
Dès le début du roman, on a droit à la description de ce personnage. Érudit et un peu philosophe, il aime la liberté et la trouve avec son fidèle compagnon Homo, le loup. Malgré son cynisme, le personnage a un bon fond. C’est un idéaliste qui ressent de la tendresse envers les deux infortunés qu’il a sauvés. Ursus incarne la liberté et la sagesse du peuple.
Josiane
Fille illégitime de Jacques II et duchesse, elle est presque l’égale de la reine Anne. C’est Josiane qui prend possession des biens de lord Clancharlie en attendant de se marier avec son fils naturel David Dirry-Moir. Elle a 20 ans de moins que David Dirry-Moir et ne veut pas perdre sa liberté. Grande, belle et gracieuse, elle sait aussi être sensuelle, mais n’a jamais cédé à aucun homme auparavant, non pas par vertu, mais par mépris. Victor Hugo oppose sa méchanceté à son impressionnante beauté. L’auteur la retrace comme captivée par la difformité et s’ennuie avec les gens qui viennent du même milieu qu’elle. Son rang et sa grande beauté lui valent la jalousie de la reine et le désir de Barkilphedro. Josiane voit Gwynplaine comme une distraction principale : associer la beauté et la laideur, pourquoi pas ? Elle s’identifie à Eve, la tentatrice, celle à laquelle Gwynplaine ne peut pas résister. Selon François Jacob, c’est un être double : prostituée et déesse. C’est l’effigie contradictoire de Dea, son opposée.
Barkilphedro
Outil du destin, Barkilphedro est arrivé à ses fins : un poste convoité via les faveurs accordées par Josiane. Cette dépendance s’est ensuite transformée en haine au lieu d’être manifestée comme une reconnaissance. Barkilphedro n’arrêtera pas de se venger de sa bienfaitrice et de ragoter avec les trois individus avec qui il a établi une relation de confiance : la duchesse Josiane, la reine Anne et lord David. Victor Hugo le voit comme un serpent présomptueux et ambitieux, envieux, visqueux et avec de la noirceur dans l’âme.
Barkilphedro découvre en la confession des comprachicos un instrument pour mener sa vengeance à terme. Celui-ci avoue le véritable héritier de la fortune de Clancharlie. Ainsi, il peut forcer Josiane à se marier avec le monstrueux Gwynplaine. Ce projet le ravit et transporte également la reine Anne de joie. Il croit qu’il peut jouer avec Gwynplaine, faire de lui un objet de soumission, qui obéit à ses règles et ordres, mais les victimes de son complot se retrouvent être Dea et Gwynplaine.
David Dirry-Moir
Il s’agit du fils illégitime de lord Clancharlie. Sa mère, demeurant en Angleterre, est devenue l’amante de Charles II. Ce statut lui fait profiter de belles largesses du roi. Lord David Dirry-Moir devient par la suite l’un des favoris de son successeur Jacques II. Lorsque lord Clancharlie décède et comme aucun héritier ne s’est prononcé, les titres et les biens de son père biologique lui reviennent sous réserve d’épouser la duchesse Josiane. À la chute de Jacques II, il travaille sous les ordres de Guillaume, son successeur. Victor Hugo le décrit comme une personne élégante, un peu opportuniste et dandy, courageux au combat, mais sincère et franc. Ce personnage est important dans le monde des oisifs de Londres. Il se retrouve dans toutes les distractions un peu agressives et provocantes telles que la boxe, le combat de coq, les exactions sur la population… David Dirry-Moir ne refuse pas de s’encanailler en se déguisant en matelot sous le nom de Tom-Tim-Jack.
Analyse de l’œuvre
« L’Homme qui rit » est réputé être une œuvre assez complexe à cerner. Ce roman baroque allie désespoir et promesse de toute révolution dans son plaidoyer politique. Il comporte également des digressions érudites ou architecturales et met en scène des personnages fantasmagoriques dont l’identité se rapproche plus de l’animal. Ces derniers sont plus considérés comme des figures emblématiques que des héros de roman.
Plaidoyer politique : d’après Gwynplaine, la nature humaine est en mauvais état, car on lui a enlevé sa vérité, son intelligence, sa raison, son droit et son intelligence. Celle-ci lui ressemble ; comme elle, on lui a retiré les oreilles, les yeux et les narines. Comme à moi, dit-il, on lui a placé au cœur un marais de colère et sur le visage une cagoule de satisfaction – Gwynplaine a prononcé ce discours à la Chambre des Lords. En plus de l’humanité et de la mutilation de Gwynplaine, Victor Hugo évoque le sujet de la misère qu’on retrouve un peu partout dans son œuvre. D’un côté, il aborde l’oisiveté exagérée de la bourgeoisie qui s’ennuie et se distrait de l’oppression et de la violence. De l’autre, la passivité de la population qui préfère ne rien dire et se soumettre. C’est dans cette optique que le livre est pourvu de descriptions détaillées des richesses, privilèges et titres de cour. C’est ce que démontre ce discours prononcé par Gwynplaine. Il se bat pour défendre les opprimés. Mais nul ne lui prête attention. Les Lords présents préfèrent en rire.
L’érudition : l’érudition est quasi-permanente dans ce livre. Elle se fait insistante, angoissante et parfois même gratuite, mais c’est juste une impression, au final. Cette érudition est démontrée dans le projet de Victor Hugo : ici, les mots sont plus essentiels que les idées. Avec l’abondance des mots, on peut tenir compte du caractère confus de la pensée. Chaque digression hugolienne a un sens spécifique. La liste des possessions nobles inscrites sur les murs de la cariole d’Ursus qui servait de lecture à Gwynplaine, refait surface où ce dernier devient lord.
Livre très inspirant, je ne m’attendais pas à ça. A lire absolument !
L’homme qui rit est un livre très intéressant et inspirant. L’amour entre Dea et Gwynplaine est à prendre pour exemple, car il n’y a pas de complexe pour le physique dans leur relation. Un roman à lire !