Littérature

Voltaire, Le Monde comme il va : résumé, personnages et analyse

Couverture de titre de l'analyse de lecture de Le Monde comme il va de Voltaire comprenant un récapitulatif par chapitre, un tableau des personnage, et une exploration.
Ecrit par Les Résumés

Sous-titré “Vision de Babouc écrite par lui-même”, Le Monde comme il va est un conte philosophique écrit par Voltaire au XVIIIe siècle. Examinons cette œuvre satirique de l’époque des Lumières

Résumé détaillé chapitre par chapitre de Le Monde comme il va de Voltaire

CHAPITRE 1

Babouc, missionné par l’ange Ituriel, a pour tâche d’inspecter Persépolis et de déterminer si la ville mérite d’être corrigée ou anéantie en raison des excès et des folies de ses habitants. Au cours de son périple, il est témoin des horreurs de la guerre entre les Perses et les Indiens, déclenchée par une dispute futile, et assiste aux actes de haine et de violence commis de part et d’autre. Par ailleurs, il découvre également des gestes de générosité et d’humanité. Finalement, la paix est proclamée et les chefs militaires sont récompensés malgré les pertes et les destructions engendrées par la guerre. Soulagé, Babouc est convaincu que Persépolis sera purifiée et non détruite.

CHAPITRE 2

En arrivant à Persépolis, Babouc, le voyageur, est confronté à une foule déconcertante et sale dans un enclos obscur qu’il prend pour un temple. Absorbée par un spectacle étrange et peu engageant, Babouc est perplexe face au bruit, à l’odeur, et à la vue d’un enterrement se déroulant dans ce qui est supposé être un lieu sacré. L’atmosphère est rendue insupportable par l’odeur des cadavres enterrés, ce qui lui fait craindre la propagation d’épidémies. Babouc en vient à penser que les anges pourraient avoir raison de vouloir détruire cette ville. Il faudrait en ériger une plus belle, peuplée de résidents plus propres et harmonieux. Il se dit que cela relève de la Providence.

CHAPITRE 3

Alors qu’il se rend chez une dame, Babouc explore la ville de Persépolis, ébloui par ses temples ornés, sa musique harmonieuse, ses fontaines publiques, et bien d’autres choses. Il admire les ponts majestueux, les quais impressionnants, les palais, et une vaste demeure qui accueille des soldats âgés et victorieux. Arrivé chez la dame, une femme séduisante qui vit dans une maison élégante, Babouc, subjugué par la beauté de la ville et la compagnie plaisante, s’interroge sur les raisons qui poussent l’ange Ituriel à vouloir détruire Persépolis.

CHAPITRE 4

Babouc découvre que la société de Persépolis est corrompue, emplie de tromperies et d’adultères. Il en conclut que la ville est vouée à la discorde et que l’ange Ituriel a raison de vouloir anéantir cette cité dépravée.

CHAPITRE 5

Un jeune magistrat inexpérimenté sollicite l’aide d’un avocat chevronné pour rédiger un jugement qu’il doit prononcer. Babouc critique ce système corrompu où les postes judiciaires s’achètent et les jugements se vendent. Un guerrier justifie l’achat des postes en le comparant à l’achat de son propre grade militaire. Babouc condamne cette société où les dignités sont mises aux enchères et conclut que cette gestion déplorable causera leur perte. Un homme riche se plaint de ne gagner que peu d’argent, révélant ainsi l’existence de rois plébéiens qui louent l’empire de Perse.

CHAPITRE 6

Après un dîner, Babouc se rend dans un temple où il assiste à une séance de discours moralisateur du mage, ennuyeux certes, mais l’intention est bonne. Par la suite, Babouc découvre une fête publique où des rois et des reines expriment des idéaux nobles et touchants. Ému, Babouc veut rencontrer la principale reine, mais la trouve dans un modeste appartement. Elle est enceinte et se retrouve en difficulté financière puisque l’un des princes lui a fait un enfant sans lui laisser d’argent. Babouc lui donne de l’argent.

Babouc visite des marchands qui vendent des objets inutiles. Un de ses amis lui révèle qu’il s’est fait avoir dans ses achats. Babouc note le nom du marchand pour le signaler à Ituriel lors du châtiment de la ville. Cependant, le marchand vient lui rendre sa bourse, qu’il a oublié sur son comptoir. Il lui avoue que la valeur des objets est déterminée par la fantaisie des gens. Cela lui permet de gagner sa vie. Babouc réalise que ces arts du luxe sont présents dans un empire prospère et qu’Ituriel est peut-être un peu sévère dans son jugement.

CHAPITRE 7

Babouc visite un collège de mages à Persépolis et découvre des paradoxes de richesse, d’humilité et de pouvoir. Il reçoit des demandes contradictoires de divers groupes religieux, chacun voulant dominer tout en éliminant les autres. Il constate l’absurdité et la cupidité de ces hommes soi-disant sages, renforçant l’envie d’Ituriel de les détruire.

CHAPITRE 8

Babouc invite les intellectuels et remarque que leur flatterie est hypocrite. Ces opportunistes sont compétitifs et rancuniers. Babouc reçoit des demandes de vengeances. Ils se séparent après le dîner, incapables de supporter la compagnie des autres. Babouc pense qu’ils ne manqueraient pas en cas de catastrophe.

CHAPITRE 9

Après avoir rejeté des écrits méprisables, Babouc rencontre un sage-lettré dignes d’attention. Il lui fait comprendre que malgré les abus et les différences d’opinions, les institutions des mages et les sociétés enseignent une même morale et contribuent au bien-être de la société. Babouc rencontre des âmes célestes parmi eux et découvre que même parmi les fous, il y a eu de grands hommes. Il se rend compte que les mœurs de Persépolis peuvent être dignes de pitié quand d’autres peuvent être admirables.

CHAPITRE 10

Les jeunes magistrats, bien qu’ils aient acheté leur charge, se révèlent compétents lorsqu’ils jugent. Contrairement aux vieux avocats qui s’appuient sur de nombreuses lois, les juges décident rapidement en suivant la raison plutôt que les livres. Babouc réalise que certains abus peuvent avoir des conséquences positives, comme la richesse des financiers qui permet de résoudre rapidement les problèmes financiers de l’empereur. De plus, les enfants de ces nouveaux riches peuvent être mieux éduqués et parfois surpasser les enfants des familles plus anciennes, montrant ainsi que la réussite ne dépend pas uniquement de l’origine sociale.

CHAPITRE 11

Dans sa clairvoyance, Babouc absout le financier, les magistrats et les héros de leur folie dévorante, ainsi que les érudits de leur jalousie dévorante. Cependant, même s’il maintient une certaine réserve, il demeure préoccupé par la question de l’infidélité féminine. Il rend visite à un ministre, redoutant d’assister au meurtre d’une femme par son époux, et demeure patient pendant quatre longues heures dans l’antichambre, où il écoute attentivement les critiques diverses des autres visiteurs concernant le ministre. Ce dernier n’est qu’un vieillard courbé par le fardeau des responsabilités, Babouc trouve une conversation véritablement captivante. Le ministre confesse son infortune, dévoilant ainsi l’illusion de richesse et de pouvoir qui l’entoure. Babouc pense qu’en cas de fautes, la punition appropriée serait de laisser le ministre à sa place plutôt que de l’exterminer.

CHAPITRE 12

La conversation du ministre et de Babouc est interrompue par une dame qui défend ardemment la valeur de son mari. La dame invite Babouc à un dîner avec son mari, sa maîtresse et un mage. Plus tard, Babouc participe à un autre dîner agréable organisé par une femme aimable et bienveillante nommée Téone. Babouc envisage de rester à Persépolis en raison de ses habitants agréables, mais il craint les conséquences de son rapport. Pour éviter de souligner les défauts de Persépolis, Babouc présente à Ituriel une statue composée de matériaux à la fois précieux et ordinaires, qu’il présente comme étant la ville qu’il a visitée. Cela suffit à le convaincre de ne pas corriger Persépolis.

Présentation des personnages

Babouc s’est vu octroyer la capacité de discerner avec acuité et d’instiller facilement la confiance par les cieux. Ituriel l’envoie à Persépolis afin qu’il puisse rédiger un rapport pour déterminer si la ville doit être préservée ou anéantie. Au fil des chapitres, l’avis de Babouc est assez mitigé. Par moments, il comprend l’aversion éprouvée par Ituriel, mais il lui arrive aussi de ne pas parvenir à la saisir. Toutefois, Babouc commence à dénigrer la ville, surtout après avoir eu affaire à des mages et des lettrés opportunistes. Sa rencontre avec des sages-lettrés va faire toute la différence. Il va comprendre que le monde n’est pas blanc ou noir. En découvrant les nuances, il réalisera que du bien peut se cacher dans le mal et vice-versa. Pour essayer de le faire comprendre à Ituriel, il décide de créer une statue représentant Persépolis, en utilisant à la fois des pierres précieuses et des pierres ordinaires pour souligner les nuances.

Ituriel est l’un des anges qui s’occupe de gérer le monde. Furieux des agissements des Perses et des abus, cet ange, garant de la Haute Asie, charge Babouc d’aller séjourner quelque temps dans la ville de Persépolis. Il souhaite vérifier s’ils doivent préserver ou détruire la ville.

Téone est la quintessence de la bonté. Cette femme, dont la beauté n’a pas d’égale, séduit Babouc avec ses nombreuses qualités. En la côtoyant, il avoue qu’il pourrait facilement oublier Ituriel. En rencontrant Téone, Babouc est persuadé que la ville de Persépolis ne peut pas être détruite. Certes, il y a du mal, mais il y a également tellement de bonnes choses, comme l’illustre cette femme avenante et vertueuse.

Analyse de l’oeuvre

Babouc à Persépolis : Un Voyage Imaginaire à la Quête de la Vérité

L’œuvre de l’auteur français est un conte qui présente des personnages imaginaires, une quête, un contraste entre le bien et le mal, un symbole précieux, et une réflexion sur la nature humaine. Le conte dévoile les défauts et les qualités des habitants de Persépolis et se termine par une décision de laisser les gens agir sans intervenir.

En tant que lecteur, nous accompagnons Babouc dans son périple à Persépolis. Les descriptions détaillées des lieux et des actions, ainsi que l’utilisation de verbes d’actions et de phrases de transition, rendent la lecture vivante et incitent le lecteur à suivre attentivement chaque étape du voyage. Les critiques de Babouc sur Persépolis permettent au lecteur de se forger sa propre opinion, tandis que les descriptions et réactions des personnages offrent une visite guidée de la ville.

Une vision nuancée

Dans Le Monde comme il va, Voltaire réalise une critique de cette vision manichéenne du bien et du mal, dans laquelle il n’y a pas de nuances ni de compromis entre les deux extrêmes. Tout est catégorisé de manière rigide et absolue, sans possibilité de mélange ou de coexistence des opposés. Cette vision est largement répandue à travers la religion, selon laquelle les bons iraient au paradis et les mauvais en enfer. Cependant, à quel moment pouvons-nous affirmer que telle ou telle chose est mauvaise ? Certes, certains faits sont inconcevables, comme tuer un autre être humain ou s’en prendre à des personnes plus faibles que nous. Néanmoins, pouvons-nous qualifier un homme de mauvais s’il tue un autre homme pour se défendre ?

Il est clair que Persépolis regorge de gens opportunistes, parmi les lettrés et les mages. Pourtant, certains lettrés viennent voir Babouc pour lui faire comprendre l’envers du décor : tout n’est pas noir et tout n’est pas blanc. La vie est une question de nuances. Ainsi, Voltaire, par l’intermédiaire de ces “sages-lettrés“, nous délivre une morale intéressante. D’une part, le bien est toujours présent, malgré la noirceur ambiante. Du fait de sa rareté, le bien est d’autant plus précieux que le mal est banal. D’autre part, il est nécessaire d’exercer un discernement et de cultiver une ouverture d’esprit afin de découvrir la vérité cachée derrière ce qui semble être négatif. Il est essentiel de relativiser les abus afin de reconnaître les aspects positifs et d’adopter une approche de jugement plus équilibrée. Contrairement aux directives d’Ituriel, qui sont extrêmes et dépourvues de subtilité, il est important de garder une perspective nuancée.

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