Voltaire, Micromégas : résumé, personnages et analyse
Résumé de Micromégas de Voltaire
Salut à vous !
Avez-vous déjà imaginé ce que des géants venant d’autres mondes pourraient penser de notre petite planète ? Micromégas, écrit par Voltaire en 1752, vous emmène dans une aventure fascinante. On y suit Micromégas, un jeune scientifique géant venant de Sirius, et son ami « le saturnien », un intellectuel de la planète Saturne. Ensemble, ils voyagent jusqu’à la Terre, et ce qu’ils y découvrent pourrait bien vous surprendre. Que croyez-vous qu’ils aient pensé en découvrant l’humanité pour la première fois ?
Nous allons commencer par un résumé et une analyse courte du texte pour que vous puissiez en saisir l’essentiel. Mais si vous avez envie d’aller plus loin, un résumé et une analyse plus détaillés vous attendent ici.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Censuré à Paris, le texte fut publié à Londres en 1752 en raison de critiques envers Fontenelle.
Résumé court
Dans Micromégas, Voltaire met en scène un géant de Sirius, Micromégas, banni de sa planète pour ses idées scientifiques. Lors de son exil, il rencontre un habitant de Saturne, plus petit que lui mais tout aussi curieux. Ensemble, ils entreprennent un voyage philosophique à travers le cosmos, visitant Jupiter, Mars, puis la Terre. Sur cette dernière, ils découvrent les humains, des êtres minuscules, mais dotés d’intelligence et d’orgueil. Intrigués par leur capacité à communiquer et à faire la guerre pour des causes futiles, les deux géants échangent avec eux sur la nature de la vie et du savoir. Avant de repartir, Micromégas promet un livre de philosophie, mais lorsqu’il est présenté à Paris, il s’avère être entièrement blanc, symbolisant l’inutilité des questions métaphysiques.
Analyse courte
Voltaire critique les institutions humaines, notamment la guerre, qu’il dépeint comme un mal inutile servant uniquement les ambitions des dirigeants. Selon lui, les hommes sont égocentriques, croyant être le centre de l’univers alors qu’ils sont insignifiants à l’échelle cosmique. Il dénonce également la censure religieuse et la métaphysique, qu’il oppose à la raison scientifique. Voltaire considère cette dernière comme la seule voie vers une compréhension plus éclairée du monde.
Le personnage de Micromégas symbolise cette quête de la raison, refusant de s’attacher aux préjugés et aux croyances irrationnelles. Son aventure avec le Saturnien met en lumière la relativité des choses et la nécessité d’adopter une perspective plus humble face à l’immensité de l’univers. Le conte se termine sur une note ironique, lorsque Micromégas offre aux humains un livre de philosophie, mais dont les pages sont blanches, rappelant que les vérités ultimes échappent toujours à la compréhension humaine.
En s’inspirant des récits de voyages utopiques et de la pensée des Lumières, Voltaire critique l’orgueil humain, l’intolérance et la rigidité des institutions, tout en louant les vertus du bon sens et de la réflexion rationnelle. Cette œuvre est à la fois une fable philosophique et une profonde réflexion sur les limites de la connaissance humaine et la place insignifiante de l’homme dans l’immensité de l’univers.
Résumé chapitre par chapitre
Chapitre 1 : Voyage de Micromégas sur la planète Saturne
Après des travaux scientifiques qui n’ont pas été bien reçus par les personnalités importantes de sa planète, Micromégas fut contraint de se rendre en cour de justice. La durée du procès s’est étalée sur 120 ans. Il fut chassé de Sirius et entrepris de voyager pour se former l’esprit.
Lors de son exil, il débarqua sur Saturne dont les habitants ne mesuraient que 1 000 toises (une toise vaut 2 mètres environ). Comparé à Micromégas, c’était des nains. Il se moquait d’eux, mais toujours gentiment. Cependant, en discutant avec le secrétaire de l’Académie de Saturne, ses idées reçues sont infondées. Il est en face d’un homme vif d’esprit. Une amitié naît entre les deux géants.
Chapitre 2 : Conversation de Micromégas avec le saturnien
Les discussions entre le saturnien et Micromégas concernent leurs planètes respectives : les ressemblances et les différences. Ils se mettent d’accord sur un point : peu importe l’âge où chacun va mourir, la vie est trop courte pour apprendre tout d’un coup. L’un comme l’autre a aussi peur de la mort. Le verdict final : Micromégas est supérieur à son ami sur tous les plans.
Après avoir passé de longues heures à discuter, les deux êtres se sont partagés leurs connaissances. Ils étaient tous deux curieux de nature. Ensemble, ils décidèrent d’entreprendre un voyage philosophique.
Chapitre 3 : Leur périple avant la terre
Avant que Micromégas et le saturnien ne quittent les lieux, la maîtresse de ce dernier est arrivée en pleurs le suppliant de ne pas l’abandonner. Mais finalement, avec les bons arguments donnés par le saturnien, elle l’a laissé partir.
Leur première destination est Jupiter où ils restèrent pendant un an. Leur intention était de publier un livre suite à leurs observations des lieux. Mais cette publication ne fut pas autorisée par l’inquisition. Mars constitue leur deuxième escale. Trouvant que la planète est de taille réduite et assez inconfortable pour eux, ils veulent poser pied sur Terre.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Voltaire s’inspire de Newton et Locke, valorisant l’observation scientifique.
Chapitre 4 : ce qui les attend sur terre
Affamés, les deux géants se nourrissent de montagnes, une fois arrivés sur la Terre. Ils partent à la découverte de cette planète étrangère et ne voient personne sur leur trajet. Le saturnien pense que la planète est inoccupée en raison des êtres trop microscopiques, invisibles à leurs yeux.
Le collier de diamants de Micromégas se brise en plusieurs morceaux. À cet instant, le saturnien se rend compte que ces derniers peuvent faire office de microscopes. Munis de la loupe, les deux camarades tombent sur une baleine qu’ils pensent être un habitant de la Terre. Ensuite, ils découvrent un bateau rempli de philosophes de retour du cercle polaire.
Chapitre 5 : Une toute nouvelle expérience
Micromégas contemple le bateau et le prend dans sa main, pensant que c’est un animal. L’équipage, quant à lui, croyait faire face à un ouragan. Ils se mirent à balancer des barriques de vin par-dessus bord pour alléger le poids du bateau. Les tonneaux qui tombaient sur la main du géant et les va-et-vient des humains provoquaient des chatouillis. En regardant de plus près, Micromégas voient des êtres minuscules qui bougeaient et s’activaient. Enfin, il découvre à quoi ressemblaient vraiment les Terriens.
Chapitre 6 : Les Terriens, des êtres à part
En étant attentif à tout ce qui se passe autour de lui, Micromégas constate que les Terriens communiquent entre eux par l’usage de la parole. À tort, le saturnien avait pensé que ces petits hommes ne peuvent pas communiquer entre eux, car ils n’ont pas d’âme. Contrairement à lui, Micromégas sentit le grand potentiel des Terriens. Il coupa l’un de ses ongles pour construire un entonnoir et s’en servait comme une trompette parlante. Ainsi, ils entendaient ce que l’équipage disait sur le bateau. Les heures passèrent et les deux géants étaient étonnés de tout ce qu’ils avaient entendu. Micromégas réussit à maîtriser le français en seulement quelques heures. Il propose alors aux Terriens une aide précieuse : sa protection.
Un des membres de l’équipage a estimé la taille du saturnien, simplement à vue d’œil. Il relate aussi le fait qu’il existe des petits êtres encore plus petits que les Terriens. Les abeilles en sont de bons exemples. Les deux en déduisent que ces derniers sont dotés d’intelligence. Chose qu’ils n’auraient pas du tout soupçonnée !
Chapitre 7 : Echange avec les humains
La conversation entre le sirien, les humains et le saturnien va bon train. Les Terriens leur expliquent que leur existence n’est pas heureuse malgré leur savoir. Le plus philosophe parmi l’équipage leur révèle que les êtres humains font la guerre et se battent jusqu’à la mort. Ces derniers le font pour accéder au pouvoir (acquérir un amas de boue pour un chef).
Les deux géants sont obnubilés par ces petits êtres minuscules qui ont un degré de connaissance élevé. Ils sont aussi surpris par leur orgueil. Un partisan de Saint-Thomas clame que toute vie humaine et toute création a été conçue par Dieu. En entendant cette affirmation, Micromégas et le saturnien éclatèrent de rire.
Avant de quitter la Terre, Micromégas fit une promesse aux humains. Il allait écrire un livre de philosophie qu’il leur offrirait par la suite. Lorsque ce dernier fut présenté à l’Académie des Sciences à Paris, stupéfaction ! Les pages étaient blanches. La raison : les principes finaux des choses ne nous appartiennent pas. Selon Voltaire, il est inutile de se poser des questions abstraites.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Micromégas préfigure la science-fiction en critiquant la société via des voyages interstellaires, tout comme La Machine à Explorer le temps de H.G. Wells.
Présentation des personnages
Deux personnages se donnent la réplique dans cette œuvre : Micromégas et le saturnien.
– Micromégas : âgé de 67 ans lors de ce récit, le nom de Micromégas signifie petit-grand (assez contradictoire). Il vivra jusqu’à ses 10 450 000 ans. Doté d’une incroyable intelligence et de 1 000 sens, le phénomène gravitationnel n’a aucun secret pour lui. Voltaire présente un personnage qui s’ouvre vers les autres et veut élargir ses connaissances à tout prix. Micromégas fait preuve de respect et d’indulgence avec les humains (des êtres inférieurs). Scientifique, explorateur et auteur, Micromégas représente l’esprit des Lumières. Voltaire reprend sa voix pour s’adresser aux lecteurs.
– Le saturnien : comparé à Micromégas, le secrétaire de l’Académie de Saturne a une taille plus petite. Son espérance de vie et ses capacités intellectuelles sont aussi limitées par rapport au sirien. Il ne tarit pas d’éloges sur Micromégas (Voltaire) pour que celui-ci puisse extérioriser ses idées qui sont vraies la majorité du temps. En accompagnant le sirien dans cette aventure, il apprend des choses qui lui échappaient auparavant.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les géants extraterrestres illustrent l’insignifiance humaine, critiquant l’anthropocentrisme.
Analyse de l’œuvre
La raison chez Voltaire
Voltaire pense que chaque être humain possède sa propre raison. Cette dernière ne s’acquiert pas avec de l’expérience, mais est innée. Chacun peut donc juger les choses à sa façon. Tout le monde est alors apte à comprendre le monde qui l’entoure et l’Univers.
Avec du bon sens, l’on peut faire la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux en ne prenant pas part au fanatisme de la religion. La raison puise ses racines dans le travail des sciences. Bien qu’innée, elle augmente avec l’expérience. L’Homme est ainsi préservé des passions et de toutes autres folies.
La Terre, vectrice de la déraison
Ce conte écrit par Voltaire nous emmène dans un univers astronomique où se mélangent littérature, science, politique, réflexions philosophiques et fantaisie.
Les injustices comme la fatigue ou la faim ne sont pas tolérées par le philosophe. Pour lui, ce sont des mauvais usages qu’on inflige à notre corps. Voltaire condamne également le travail inhumain et la censure religieuse. C’est cette dernière qui a expulsé Micromégas de sa planète. Le système judiciaire est, lui aussi, dénoncé du fait de sa proximité avec les plus puissants. Micromégas n’a pas été entendu par les juges. Ceux-ci l’ont condamné sans avoir pris la peine de lire les pièces du procès.
Ce récit accable également la guerre. Elle n’est jamais bonne pour qui que ce soit. Les objectifs de la guerre sont toujours la prise de pouvoir. Écraser les plus petits, que soit pour avoir ce que l’on veut. Les guerres ne profitent qu’aux souverains ou aux chefs de tribus.
D’autres instabilités humaines sont aussi mises en avant :
– L’ignorance des possibles : lorsqu’on ne sait pas apprécier les bonnes choses, cela crée cet état d’esprit / le saturnien qui pense que la Terre n’est pas occupée, vu que ses yeux ne peuvent pas voir les êtres microscopiques.
– Les idées reçues concernant l’éducation : la connaissance découlerait de mauvaises habitudes intellectuelles/ Le réflexe des marins quand ils ont vu Micromégas.
– Le fait de penser que l’Homme est le nombril du monde (l’anthropocentrisme) : cela génère un état de supériorité. Alors que l’Homme face à l’Univers est insignifiant.
– Les dangers de la généralisation/ le saturnien à la vue de la baleine pensait qu’il s’agissait d’un Terrien.
– Le livre avec les pages blanches donné par Micromégas signifie qu’il n’existe pas de vérité absolue et qu’il y aura toujours des problèmes non résolus.
Par le biais de Micromégas, Voltaire montre une humanité égoïste, imbue de sa personne et ignorante.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Voltaire s’inspire de Gulliver et des récits utopiques pour critiquer les institutions humaines.
Louange de la raison : Micromégas
Micromégas incarne la valeur de la raison qui s’oppose à l’humanité qui souffre d’une ambition démesurée. C’est un modèle qui doit être copié, étant donné qu’il symbolise à merveille le philosophe ultime. Il craint que le monde prétentieux ne puisse être sauvé. Il s’efforce de ne pas s’attacher aux préjugés en insistant que tous ne sont pas égaux. Des différences résident même si elles sont minimes.
Il faut aussi se méfier et ne pas confondre la réalité et l’imagination. L’on ne doit pas associer les envies ou les préjugés dans les situations qui peuvent survenir dans le présent ou le futur. Cet avertissement ressort fortement dans le récit.
La science vue par Voltaire est essentielle pour mettre les humains d’accord. Elle les pousse à donner leur avis. En revanche, la métaphysique a une tout autre vocation : celle de les séparer (visible dans le chapitre VII). Cette attaque va à l’encontre de Pascal dont la pensée est ancrée dans l’ontologie religieuse. Micromégas est un personnage relativiste qui n’aime pas être le centre de l’Univers d’où son nom petit-grand. Selon lui, les entités de l’Univers sont sises en son milieu, entre le tout et le rien.
Voltaire veut effacer du tableau noir l’orgueil présent chez l’être humain. L’orgueil était décelable, lorsqu’il fréquentait les humains. La prétention, quant à elle, ne fournit jamais de bons résultats pour ceux qui sont en quête du bonheur. Elle s’accompagne d’un sentiment d’insatisfaction qui ne disparaît jamais. L’objectif de Voltaire était de montrer que chacun a droit au bonheur, mais en sachant trouver un bon équilibre. Micromégas pointe du doigt le monde dans un récit ludique et drôle qui touche toutes les âmes.
Un écrit satirique
Une satire est un propos qui condamne quelqu’un ou quelque chose. On la voit chez Micromégas et dans tous les cas qu’on a vus antérieurement. Voltaire utilise le conte satirique pour le mal, la guerre, l’église, l’orgueil et la métaphysique.
– La satire des êtres humains : elle est suffisamment démontrée dans le récit, les Terriens sont orgueilleux.
– Celle de l’église : le muphti de Sirius dénonce la présence permanente et contraignante de la religion. La censure imposée par l’église contrecarre la science et la raison.
– Celle de la métaphysique…
La satire voltairienne est mise en avant par l’ironie, l’humour, la situation comique…
LE SAVIEZ-VOUS ?
Micromégas découle d’un manuscrit antérieur de Voltaire, considéré comme une “fadaise” philosophique.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Micromégas représente une critique voilée de la cour de Versailles et de Frédéric II.